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De nature et de caractère diamétralement opposés, il y avait peu de chance que les sirènes de l'amour rapprochent un jour la très belle et bouillonnante quinquagénaire Kazu et Noguchi, son aîné de dix ans, au caractère peu expansif voire par moment taciturne.
La droiture de Noguchi, sa simplicité en toutes choses, sa façon de dire merveilleusement bien des choses difficiles à dire, attirèrent tel un puissant aimant la volubile Kazu qui avait de tout temps eu un faible pour les hommes d'âge mûr.

La rencontre entre ces deux fortes personnalités eut lieu lors d'un dîner réunissant des hommes politiques d'un certain âge à l'Ermitage, un des restaurants les plus réputé de Tokyo pour sa cuisine exquise et son parc d'une beauté paradisiaque.
Bien que d'origine modeste Kazu avait réussi, grâce à un dynamisme incroyable et sans doute aussi par un tissu relationnel habilement entretenu, à acquérir l'Ermitage dans l'immédiat après-guerre.
Le mariage n'avait pas changé grand-chose à leur façon de vivre à tous les deux, la direction de l'Ermitage permettant à Kazu de vivre chez son mari seulement en fin de semaine.

Noguchi est ancien ministre et sur l'insistance du Parti Réformateur accepte de représenter celui-ci à l'élection du préfet de Tokyo.
Bien que très proche des sommités du Parti Conservateur, clientes de longue date de l'Ermitage, Kazu va se lancer avec audace dans une précampagne électorale afin de mieux faire connaître Noguchi aux tokyoïtes. Elle va jusqu'à hypothéquer l'Ermitage, à l'insu de son mari, pour aider financièrement le Parti Réformateur.
Le pondéré Noguchi monte rapidement en puissance dans l'opinion grâce à l'énergie et au talent oratoire de son épouse.
Mais le Parti rival, très puissant financièrement, est bien sûr sans scrupules et les calomnies à l'encontre de Kazu cassent soudain la dynamique de victoire.

Kazu et Noguchi arriveront-ils malgré l'adversité à remporter cette bataille électorale ? Leur amour si récent sera-t-il assez solide pour dépasser une éventuelle première déconvenue ? Ces personnalités intrinsèquement si éloignées trouveront-elles la force de faire, chacune de son côté, des concessions pour la survie du couple ?

« Après le banquet » n'est pas un livre sur la politique, celle-ci est un élément secondaire du bouquin et Mishima l'utilise à seule fin de tester la solidité du couple Kazu-Noguchi.
La beauté de l'écriture est encore une fois omniprésente dans ce roman de Mishima. L'antagonisme à l'intérieur de ce jeune couple de personnes d'âge mur est très bien exposé et la fin de l'histoire, au dénouement incertain, particulièrement réussie.
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Il n'y a rien à pas à dire, j'adore vraiment la littérature japonaise. Je trouve que celle-ci est toujours remplie de fraîcheur et qu'il s'en dégage toujours une atmosphère de bien-être et une profonde morale. C'est le cas ici.
Même si le sujet est assez délicat puisqu'il s'attaque au monde de la politique et de toutes les manigances ou des tricheries en cas de campagne électorale (en ce sens là, on se rend compte que les Occidentaux ne sont pas si éloignés des Orientaux que ce que l'on voudrait bien croire), Yukio Mishima parvient néanmoins à orienter son ouvrage sur un sujet plus sensible encore et auquel quiconque, qu'il soit Noir ou Blanc ou encore ait les yeux bridés, est confronté tôt ou tard, celui de la vieillesse.

L'histoire de ce roman est celle d'une femme d'une cinquantaine d'années, Kazu, tenancière d'un restaurant réputé, l'Ermitage, et d'un ancien ministre, Noguchi, un sexagénaire appartenant au parti politique Réformateur qui vont décider, malgré leur âge avancé, d'unir leurs vies. Cependant, ils vont vite se rendre compte, en dépit de quelques bons moments partégés ensemble, qu'un large fossé les sépare. En plus de leurs opinions politiques divergentes (le restaurant de Kazu est réputé pour accueillir et pour adhérer au parti des Conservateurs), Naguchi est un homme égoïste qui, après s'être fait évincé par son adversaire lors des élections en tant que député pour la région de Tokyo, n'aspire qu'à la tranquillité et ne peut pas concevoir que sa femme, elle, soit quelqu'un d'énergique qui ait besoin d'être entourée et de se sentir appréciée. Kazu est en effet une femme débordant d'énergie qui s'est investie à fond dans la campagne électorale de son mari et qui ne supporte pas, une fois celle-ci terminée, d'une façon assez déplaisante pour le couple autant que pour le parti d'ailleurs, de rester confinée dans l'oisiveté, retirée dans un modeste appartement et éloignée du monde.

Cette femme est un exemple pour la gente féminine car elle était prête à tout pour son mari et peut-être même plus. Il est vrai qu'elle servait par la même occasion son désir, celui de savoir qu'étant mariée, elle appartient donc à une famille et se voit par conséquent attribuer une tombe dans un caveau familial et était assurée que quelqu'un viendrait la prier après sa mort mais, prise au dépourvu par l'incompréhension de son mari, qui ne fait d'ailleurs pas le moindre effort pour la comprendre, elle choisit finalement de renoncer à ce luxe-là pour, qui sait, retrouver, son monde à elle ?

A découvrir ! Je ne connaissais pas particulièrement cet auteur mais celui-ci ext venu confirmer ce que je disais au début de cette critique : j'adore la littérature japonaise !
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Dans un Japon de l'entre deux guerres, une femme indépendante, propriétaire d'un restaurant chic de Tokyo, en relation avec des gens puissants du pays, belle et distinguée, la veuve Kazu tient à sa liberté. Elle croit sa vie amoureuse terminée mais, à plus de cinquante ans, se voir vieillir seule est difficile à accepter, qui priera pour elle lorsqu'elle ne sera plus? …. Sa rencontre avec le diplomate Nogushi changera sa vie.

Ce roman est d'une sensibilité … l'écriture est simple et décrit bien les sentiments et les réflexions de Kazu. Une femme si libre, si énergique, qui se demande jusqu'où aller pour l'amour d'un homme, jusqu'où aller pour ne pas mourir seule. Nogushi est un homme qui parle peu, qui semble assez antipathique et indifférent …

Après le Banquet, c'est lorsque le couple se retrouve confronté à lui-même. C'est lorsque l'un fait face à la vérité de l'autre, fait face à ses failles, fait face à la viabilité du couple … Un très beau texte .
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Ce livre porte bien son nom : je me sens en effet comme après un banquet, mais pas n'importe lequel LE banquet Mishma, celui qui me délecte toujours des plus exquises pages de littérature, mon péché mignon, mon auteur préféré ! Vous l'aurez compris, j'ai ( comme d'habitude ) adoré Mishima. Après le banquet est à la fois le récit d'une histoire d'amour vouée à l'échec, mais aussi un bon tableau des élites politiques japonaises des années soixante.

Parlons de la politique ! C'est toujours intéressant d'avoir un témoignage par lequel transparaît l'opinion de l'auteur sur la politique japonaise, surtout quand on sait que le roman est publié en 1960, soit peu avant le début de l'engouement de l'auteur pour la politique. Certes vous me direz, cela présage d'une vue biaisée,et .... Halte là sceptiques ! Mishima a été condamné pour diffamation pour ce livre, dans lequel un ancien premier ministre s'est un peu trop reconnu. Il y a donc une grande lucidité dans la peinture que Mishima fait du monde politique et ce livre a gêné .Une peinture négative : on sent poindre de l'accusation envers ces politiciens du parti libéral démocrate qui usent de toutes les combines pour gagner et font couler l'agent corrupteur à flots ( ce qui explique qu'ils soient au pouvoir depuis 1945 quasi sans discontinuer) Pas d'indignation moralisatrice à la BHL et FOG et consorts ( qui se prétendent écrivains... ) mais on jurerait presque poindre l'amertume de Mishima, âme théâtrale pour qui convaincre se fait par l'émotion que l'on donne par les mots. Les rivaux socialistes sont aussi soignés par l'auteur, ils sont dépeints en idéalistes qui préfèrent les débats dans les petits groupes fermés que la relation avec le peuple dont ils se veulent les défenseurs. C'est ici que j'adore Mishima : au lieu de chercher à produire un contre exemple édifiant, comme le feraient tous les moralisateurs que je ne souffre plus, il nous suggère une autre façon de faire de la politique avec Kazu. Elle va au contact des foules, serre les mains, montre des émotions. Cependant , Kazu, loin de vouloir le bien du peuple, ne fait cela que par plaisir narcissique. Chez Mishima, il n'en a pas un pour rattraper l'autre en politique, et personnellement je ne trouve pas cela caricatural ( pour le Japon du moins, si vous connaissez un peu leur classe politique qui n'a guère évolué depuis ces années, il y a de quoi désespérer ... )

Le sujet premier néanmoins, c'est cette historie d'amour vouée à l'échec entre Noguchi, ancien ministre social démocrate, et kazu propriétaire d'un restaurant fréquenté par des conservateurs. Il y a beaucoup à dire, mais la chose la plus frappante à mes yeux, c'est la manière dont Mishima organise ce qu'on peut appeler l'histoire d'échec. ce terme reflète pour moi davantage la relation des deux personnages que celui d'histoire d'amour. Je n'ai guère aimé le personnage de Noguchi : il n'est pas démonstratif, ombrageux ( oups je le suis aussi ) et ne manifestera quasi jamais une affection pour sa femme( je n'ai pas de femme, je ne peux donc pas me comparer à lui sur ce point ) Il reste froid et peu fédérateur. Kazu est sociable et avenante, émotive, déterminée. L'échec de leur relation est liée à leur caractères contraires. C'est aussi Kazu qui provoque cet échec. J'ai le sentiment qu'arrivant à la cinquantaine, et n'ayant plus rien à accomplir, elle cherche à ne pas vieillir seule en se persuadant de l'amour de Noguchi, qui semble lui entrer dans cette relation doit par inertie ou convention. Toutefois, elle réalise que son mari la bride dans ce qu'elle a de plus cher : son autonomie, sa liberté, et ses plans pour se servir de son mari pour de grands projets ( gagner une élection ) est mise à mal par l'adversité du monde politique qu'elle ne connaît pas mais surtout par son mari qui ne lui fait pas confiance. Kazu choisira ainsi sa liberté in fine.

Encore une fois, Mishima fait la peinture fascinante et juste d'un milieu, avec son style magnifique, et nous fait le portrait d'une nouvelle femme forte ( comme dans L'école de la chair ) qui sacrifie ses passions et rêves pour restaurer sa liberté; incarnant un peu un personnage que ne renieraient pas les féministes. du grand art !
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« Après le banquet » est pour l'instant le livre de Mishima que j'ai le moins aimé.

Bien entendu le style limpide et éclaboussant de classe de l'écrivain est toujours présent mais l'histoire entre ces deux « seniors » sur le déclin m'a paru moins forte, moins intensément dramatique et retorse que dans ses oeuvres les plus marquantes.

A travers les personnage de Kazu et de Noguchi, Mishima oppose deux visions de l'existence l'une centrée sur le corps, la force vitale, l'énergie d'entreprendre, la prise d'initiative se traduisant par des actions physiques, l'autre plus statique fondée sur l'esprit, la morale, l'idéalisme et la tradition.

Un moment attirée par le prestige de la deuxième force, Kazu comprend que son intérêt est de suivre la première voie qui est celle de sa nature profonde.

Le corps ou l'esprit ? Mishima semble avoir souvent opté pour une exaltation du premier nommé.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Après le banquet dépeint la fresque d'une fin de vie qui prouve que la vieillesse n'est pas synonyme de régression. La romance se mêle à la politique, deux entités que Kazu prend à la légère et dont elle confond les ambitions, pourtant si distinctes l'une de l'autre. Au final, une question demeure : y'a-t-il prédominance de l'esprit (Noguchi) sur le corps (Kazu) ? Et bien, comme pour la quasi-totalité de son oeuvre, Y. Mishima tend à trancher pour le second car, comme le dit le proverbe japonais, il n'y a pas d'esprit fort sans un corps puissant.
Lien : http://www.blolit.no-ip.fr
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Encore un roman de Mishima dont la profondeur d'analyse et le propos n'apparaît ni dans la quatrième de couverture ni même après avoir lu l'oeuvre !
C'est à froid, comme une sorte "d'after taste", que l'on comprend que l'on vient de lire un ouvrage majeur, proposant une vrai réflexion et pas un simple roman de gare Japonisant, comme les première pages pourrait le laisser penser.

à la lecture des différents commentaires, on voit que chacun à trouvés se qu'il cherchait, et c'est là la grande force de ce livre et de cet auteur.

Certains y ont vu une réflexion sur la viabilité d'un couple aux caractères diamétralement opposés, mais ont mis la politique au second plan.
D'autres y on vu un pamphlet féministe.
Certains et c'est mon cas ont focalisés leurs attention sur l'aspect politique et y ont vus les prémisses de l'engagement politique de Mishima, une dénonciation de l'absence de moral en politique, un scepticisme vis à vis de la démocratie et une écriture aux relents misanthropique suggérés plus qu'affirmés.
Chaque lecture est unique , chaque lecteur lit un livre différent, c'est la force des grands écrivains.
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Que dire de l'écriture de Mishima qui représentait pour moi dans mon adolescence la quintessence de la perfection. Roman moderne, ample et tellement simple en même temps. Beau
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