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Citations sur Petit éloge de l'errance (49)

Comment ne pas sombrer dans un pessimisme noir s'il s'avère que même l'épreuve cruelle d'une catastrophe comme celle de Fukushima ne peut être l'occasion d'un changement significatif de la société ? Comment garder un sain équilibre dans une communauté qui se tient constamment au bord d'une catastrophe possible ? Comment ne pas se laisser envahir par l'angoisse qui vous prend devant l'acceptation, par la majorité anonyme et silencieuse, du monde tel qu'il va ?
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Tous les regards, consternés, se braquèrent sur lui qui, déjà, tournait les talons. En dérogeant ainsi à la norme de comportement, en bafouant les conventions, en résistant aux forces silencieuses mais tyranniques des usages communautaires, il était parfaitement conscient de la portée de son geste, c'est-à-dire de son isolement choisi, de la distance qu'il instaurait vis-à-vis de son groupe, de l’enclenchement d'une longue et interminable errance à laquelle il se condamnait pour ainsi dire de son propre chef.
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Le premier événement rapporté par Lederer est la célèbre tentative d'assassinat du prince Hiro-Hito perpétrée par le jeune ... Daisuke Namba. Ce qui a attiré l'attention du professeur allemand, ce n'est pas l'acte meurtrier lui-même, mais ce qui s'est produit ensuite après l'événement à proprement parlé : la démission collective du gouvernement, la révocation disciplinaire de ceux qui étaient chargés de la sécurité du prince depuis le préfet de police jusqu'aux moindres gardes qui étaient loin d'être en état de prévenir l'attentat, le père de l'assassin qui abandonne ses fonctions de député pour se cloîtrer à jamais dans sa maison désormais entourée de haies de bambous, l'entrée en « deuil » de tout le village natal de Namba, et, enfin et surtout, le départ forcé du proviseur de l'école primaire où celui-ci avait reçu les premiers rudiments de connaissance ainsi que la démission de l'instituteur qui, jadis, s'était occupé directement de l'enfant – cette responsabilité en cascade qui, loin de s’arrêter ou de s'épuiser quelque part, ne cessée de descendre à l'infini, c'est cela qui est apparu aux yeux de Laderer comme quelque chose d'absolument inconcevable et incompréhensible en regard de la conception occidentale de l'individu et de la société politique.

2649 – [Folio n° 5821, p. 77]
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On ne choisit pas sa naissance. On ne choisit pas ses parents. ON ne choisit pas son pays. On ne choisit pas ses origines ethniques et raciales. On ne choisit ni son époque, ni son lieu et sa date de naissance, ni donc a priori sa langue. Mais parmi toutes ses données hors de notre maitrise, ce qui nous fixent, nous arrêtent, nous enferment dans une détermination préalable sans issue ou presque, seul l'espace de la langue semble nous offrir des ouvertures, des échappatoires, si infimes soient-elles. En fait, on peut choisir sa langue, si l'on veut; une langue, des langues dans toute la gigantesque symphonie communicante des langues.
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La colique et la diarrhée qu'elle entraîne, c'est ma petite madeleine. La douleur au ventre me ramène chaque fois à celle que j'ai supportée sans succès dans cette sombre salle de classe, au milieu d'une bande de loupiots sans pitié. J'étais un étranger étrange qu'on cherchait à éloigner à cause de ma monstruosité miasmatique des cabinets, je revis le cauchemar obsédant d'une souillure diarrhéique qui m'a mis au ban de la société.
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On ne choisit pas sa naissance. On ne choisit pas ses parents. On ne choisit pas sa généalogie. On ne choisit pas son pays. On ne choisit pas ses origines ethniques et raciales. On ne choisit ni son lieu et sa date de naissance , ni donc a priori sa langue. Mais parmi toutes ces données hors de notre maîtrise, qui nous sont définitivement imposées du dehors et qui nous fixent, nous arrêtent, nous enferment dans une détermination préalable sans issue ou presque, seul l'espace de la langue semble nous offrir des ouvertures, des échappatoires, si infimes soient-elles.
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(La communauté nationale) n'est pas, en d'autres termes, une construction politique qui passe par un pacte; elle est plutôt d'essence ethnique dans la mesure où elle est caractérisée par la permanence et la pureté imaginaire du sang. Elle "précède" les individus ; elle les englobe et les engloutit.
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La langue n’est pas une propriété privée. C’est une terre généreuse sans propriétaire où se déroule une fabuleuse fête permanente à entrée gratuite.
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C'est cet effort d'absence volontaire, de déracinement voulu, de distanciation active par rapport à son milieu qui paraît toujours naturel, c'est donc cette manière de s'éloigner de soi-même- ne serait-ce que momentanément et provisoirement- , de se séparer du natal, du national, et de ce qui , plus généralement, le fixe dans une étroitesse identitaire, c'est surtout cela que j'appellerai "errance".
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J'ai de l'aversion pour ceux qui tirent un plaisir malsain de leur position de supériorité supposée. Pullulants et envahissants, ils sont partout présents dans la société.
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