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3,9

sur 480 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Jun et Anna se sont rencontrés à Paris en 1937, où le jeune altiste japonais est venu se perfectionner, sous la direction du célèbre professeur Maurice Vieux, alors qu'Anna est élève de l'École normale primaire. Mais bientôt Jun, obligé de retourner dans son pays, est engagé malgré lui dans la guerre Sino-japonaise qui le brise, au point qu'il en oublie sa promesse faite à Anna... Une histoire d'amour que découvre bien des années plus tard la petite-fille de Jun et Anna, Mizuné, altiste elle-même.

Akira Mizubayashi croit indéniablement au pouvoir de la musique, celui que certaines oeuvres ont de transmettre la vérité d'un sentiment, d'une situation, d'une époque. C'est ce que l'on comprend avec Reine de coeur, un roman ambitieux qui s'ouvre sur une scène insupportable, métaphorique d'un Japon nationaliste, mortifère pour ses ennemis comme pour les Japonais eux-mêmes. Les mouvements suivants, même si parfois teintés de naïveté, sont à la hauteur d'une symphonie, telle la huitième de Chostakovitch qui après d'épouvantables tempêtes laissent place à de gracieux temps calmes...
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Je ne connaissais pas cet auteur japonais qui publie ses romans en français et les traduit lui-même ensuite en japonais. J'ai aimé son écriture dépouillée, voire détachée mais aux grands élans de coeur.
J'ai été touchée par l'histoire qui m'a adroitement promenée d'une époque à l'autre, de 1937 à 2011, nous racontant des fragments cruciaux de la vie de Jun et Anna, deux amoureux séparés soudainement par la deuxième guerre mondiale, plus spécifiquement la guerre sino-japonaise en Mandchourie, lorsque Jun, étudiant japonais au Conservatoire de Paris doit rejoindre sa patrie pour y prendre les armes, et laisser Anna à quai à Marseille où elle a voulu l'accompagner pour lui dire au revoir.

Les liens brutalement arrachés vont-ils pouvoir se retisser, par delà l'océan, dans un autre temps ?

« Dans le noir de ma nuit sans étoile, je pose mille baisers lumineux et sonores sur tout ton corps qui s'étend devant moi comme un paysage enchanté. »

La musique fait corps avec l'histoire, l'histoire prend corps grâce à la musique; j'ai été très sensible à la musicalité de ce roman qui m'a bercée pendant toute la lecture, qui m'a quasiment émue aux larmes lors d'un certain long passage dont je ne dirai rien pour ne pas divulgâcher.

Ce fut pour moi une belle rencontre avec la plume et l'archet d'Akira Mizubayashi.
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Après Âme brisée , un de mes coups de coeur il y a deux ans, ce nouveau roman mêle une fois encore la musique , la guerre et le deuil impossible .

Jun, un jeune musicien japonais est venu à Paris pour y perfectionner sa pratique de l'alto. Il fait la connaissance d'une jeune femme française, Anna serveuse dans le café de son oncle, Fernand , où il va déjeuner tous les jours. Sous l'oeil bienveillant de l'oncle, les deux jeunes tombent amoureux ...

Mais la guerre sino-japonnaise en cette année 1939 inquiète Jun, il a laissé ses parents au Japon et le dernier bateau retournant dans son pays va partir . Brisé par le chagrin, Jun quitte Anna , sa reine de coeur .

Enrôlé dans l'armée impérialiste , le jeune homme va découvrir les pires horreurs de la guerre et , paniqué, il va être contraint par la force d'obéir aux ordres d'officiers abjects qui ont repéré la délicate âme du musicien . Un déchirement pour lui , une dissociation de tout son être .

Pendant ce temps, Anna , enceinte , part sur les routes de l'exode avec Fernand .

Dans le second mouvement , la musique revient au premier plan avec une jeune altiste , Mizuné qui est intriguée par un roman racontant une histoire ressemblant étrangement à celle de ses grands parents . Elle part à la rencontre de son auteur ...

Ce roman est découpé en quatre mouvements , telle une symphonie . La musique de Chostakovitch avec la symphonie numéro 11 dite de 1905 d'abord puis la symphonie numéro 8 rythme cette histoire avec fracas, des symphonies écrites par ce compositeur tourmenté par les conséquences catastrophiques sur l'homme de la révolution et de la guerre . Des oeuvres marquantes , que je trouve assez difficiles à apprécier de prime abord mais que l'écrivain vient adoucir avec la Symphonie concertante de Mozart, dialogue entre un alto et un violon d'une douceur reposante avec des moments de magie que nous fait partager Akira Mizubayashi . Ses descriptions des émotions à l'écoute de ces symphonies sont admirables .

Peut-être ai-je été moins enthousiasmée à la lecture de ce beau roman , on y retrouve les mêmes thèmes et le même type de construction mais j'ai pris beaucoup de plaisir à sa découverte et à l'écoute des symphonies indispensable pour rentrer en pleine phase avec les propos .
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Reine de coeur de Akira Mizubayashi, le premier livre que je lis de cet auteur.

Après toutes les belles critiques, dur de ne pas parler des mêmes sujets. le récit est court et tourne autour des mêmes personnages.
C'est une histoire pleine d'émotion, bouleversante. Pour être franche rien de bien nouveau dans les faits mais bien écrite et elle ne m'a pas laissé indifférente.
En 1939 durant la guerre sino-japonaise.
Le livre s'ouvre sur une scène terrifiante pour Jun qui ne veut pas obéir à un ordre de son supérieur.
Au même moment, Anna enceinte fuit la guerre dans une voiture conduite par son oncle.
Nous allons suivre leur vie avant et après. Leur destinée aurait pu être magnifique et heureuse mais un petit grain de sable s'est glissé où il ne fallait pas...
Ils se sont connus à Paris Jun était étudiant au Conservatoire de Paris il venait déjeuner au restaurant de l'oncle d'Anna. Cette dernière voulait devenir institutrice, durant ces heures de liberté elle aidait à servir les repas.
Un bel amour les a réunit, mais la guerre a été la plus forte et Jun a du rejoindre son pays le Japon.
Bien des années plus tard, nous faisons connaissance de Mizuné, une jeune altiste parisienne qui découvre un roman qui lui rappelle le parcours de ses grands-parents et je vous laisse découvrir la suite....
La guerre, beaucoup d'amour et énormément de musique, ce sont les sujets principaux de ce livre.
Belle lecture.
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Lu dans la foulée d'"Âme brisée", ce roman me laisse perplexe et un peu déçue.
On retrouve les thèmes déjà évoqués dans "Ame brisée":
*les horreurs et la barbarie de la guerre, beaucoup plus présentes dans ce roman, qui brisent les hommes physiquement et psychologiquement
* le deuil impossible d'un amour perdu qui traverse les années et conduit à la rencontre improbable du petit-fils japonais, écrivain et de la petite-fille française, altiste.
*la musique qui unit les peuples, la musique qui sauve la part d'humanité en chacun, la musique qui cristallise les émotions et la littérature, présente ici à travers un livre mais aussi des journaux intimes et des carnets, qui grave la mémoire, la transmet. Toutes deux donnent corps aux fantômes des êtres chers.
* l'arrière-plan historique, le même que dans "Âme brisée", celui de la Guerre de Quinze Ans au Japon mais aussi la deuxième guerre mondiale en France.
* l'importance d'être riche de deux langues (japonais et français) comme l'était le personnage principal d' "Âme brisée", comme l'est l'auteur qui permet un espace de liberté plus large, un moyen d'échapper à son pays surtout lorsqu'on en a honte.
Mise à part l'impression de lire toujours un peu la même chose, il m'a été très difficile de me laisser porter par l'écriture à cause d'allers-retours temporels désordonnés, des changements de pays, du nombre très important de personnages. Par ailleurs, certaines scènes paraissent incongrues car non reliées au corps du roman (la scène de l'exode en mai 1940 au cours de laquelle Anna découvre un cadavre affreusement mutilé and so what?, les mots hurlés par Jun à l'hôpital de Tokyo pendant ses crises de délire qui doivent avoir un sens mais ne sont jamais expliqués...).
Il n'en reste pas moins que l'écriture d'Akira Mitzubayashi est belle, très sensorielle par la musique, les sons, les sensations ressenties par les personnages.
Je viens de commencer "Suite inoubliable" et espère retrouver les émotions ressenties à la lecture d'"Âme brisée".
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Après le gros coup de coeur qu'avait été Âme Brisée, j'étais plus qu'enchantée à l'idée de lire le nouveau roman Mizubayashi.

En juin 1939, Jun, étudiant altiste au conservatoire de Paris rentre chez lui au Japon, laissant derrière lui Anna, jeune française future institutrice dans son pays également aux portes de la guerre.

Quel avenir peut-il y avoir pour ces deux jeunes gens dont les pays sont ennemis ? Sauront-ils se retrouver ? Quel lien y a-t-il entre Mizuné, altiste solo et Otto, écrivain primé ?

Ce roman est structuré en mouvements, 5 exactement, à l'image d'une symphonie. Symphonies dont il est une fois de plus question, l'univers de Mizubayashi mêlant agilement musique et langue française.

Le premier mouvement est extrement violent : têtes décapitées, bombes explosant des corps, les morts se suivent, toutes sanglantes, exprimant les horreurs de la guerre et leur impact sur les innocents qui assistent à ces massacres.

Les mouvements suivants s'enchaînent, de façon fluide et harmonieuse. Pas de temps mort dans cette histoire, ou plutôt dans ces histoires. Anna et Jun, Mizuné, Otohiko, les pièces du puzzle s'emboîtent pour former un tableau grandiose, aux notes des symphonies de Chostakovitch et de Richard Strauss.

Mizubayashi joue avec la langue française et la langue japonaise de façon extrêmement habile, les descriptions sont particulièrement précises pour faire entendre un tas de détails sonores, et faire ressentir intensément les émotions des personnages, au combat, lors du travail avec la musique... Un vrai chef d'oeuvre linguistique !

Si l'histoire est puissante et poignante, elle m'aura tout de même laissé une impression moins forte qu'Ame brisée qui m'avait bouleversée et qui avait été pour moi un réel coup de coeur.

Reine de coeur aura été une lecture passionnante, j'ai d'ailleurs lu le roman d'une seule traite en quelques heures, mais c'est surtout le style de l'auteur et cette façon particulièrement habile de jouer avec les mots qui me laisse cette fois un souvenir marquant.
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Dans la lignée du très beau Ame brisée le grand romancier japonais a écrit en français le non moins chaleureux Reine de coeur. Il y a tout dans ce beau livre, l'amour, la guerre, les mots et, plus que tout, la musique. C'est aussi un hommage d'un jeune couple réuni par les hasards de la vie à leurs grands-parents, fracassés, eux, par les horreurs de la guerre.

On entre dans ce livre brutalement, une scène de la guerre sino-japonaise, particulièrement brutale. Et le livre oscille tel un métronome entre le pire de l'homme, qui hélas a fait ses preuves et qui a encore une belle carrière devant lui, et le meilleur, en l'occurrence les somptueuse pages sur l'interprétation de la Huitième Symphonie de Chostakovitch. Ce monument de 70 minutes accapare une douzaine de pages extraordinaires. Et ces pages donnent grande envie d'écouter cette oeuvre hors normes.

Akira Mizubayashi voue un culte à la littérature française, à la langue notamment. Cela transpire tout au long ce roman sur la mémoire et la transmission, dont on sort l'âme enchantée, brisée aussi pour citer le premier roman en français de l'auteur. L'âme est aussi le coeur du violon et sur l'émotion que peuvent procurer ces quatre cordes point n'est besoin de s'appesantir. Quelques lignes sur la prégnance de la guerre dans les entrailles de cette Huitième Symphonie selon Mizubayashi.

Les yeux d'Oto étaient fixés non seulement sur le bras droit de Mizuné qui manoeuvrait fougueusement son archet, mais aussi sur son corps qui se penchait naturellement lorsque son instrument produisait des sons graves. Bientôt les altos cédaient leur place aux violons qui, maintenant le principe des notes martelées, subissant régulièrement l'intrusion des violoncelles et des contrebasses comme des coups de poing reçus en plein ventre, suscitaient l'intervention des clarinettes et d'autres instruments à vent émettant, quant à eux, comme des cris stridents proférés par des bouches tordues de douleur. Bref, une fois de plus, les violences de la guerre déferlaient dans la salle implacablement.

Ce n'est là qu'un court aperçu. Je ne crois pas avoir jamais lu aussi tellurique, aussi obsessionnel, aussi cataclysmique sur la musique. Chostakovitch a connu des hauts et des bas, des heures claires et bien des tourments. le Japon aussi. Mizubayashi, qui traduit lui-même ses livres français en japonais, est à lui seule une belle passerelle.
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Reine de coeur, le roman d'Akira Mizubayashi exploite les mêmes thèmes que son précédent livre. Je n'ai donc pas eu le même coup de coeur et pour cette raison, j'ai aimé, sans plus.

Le livre débute par plusieurs chapitres qui ne semblent pas avoir de liens entre eux, mais il y en a un bien sûr.

Histoire no1 : un jeune soldat japonais, Jun Mizukami, est contraint par son supérieur, Ashibé, d'exécuter au sabre un prisonnier de guerre. Il le blesse sans le tuer, Ashibé prend la relève, tue avec indifférence.

Histoire no2 : Fernand et sa nièce, Anna, fuient Paris, nous sommes en 1940, c'est l'exode.

Histoire no 3 : le 25 mai 1945, Ayako, infirmière de l'hôpital militaire de Tokyo, sort de chez elle pour acheter des médicaments pour sa mère malade. Or les forces américaines bombardent Tokyo avec des B29. Ayako s'apprête à vivre les expériences les plus traumatisantes de sa vie.

Bien plus tard, Marie-Mizuné et Otto reconstitueront le puzzle.

J'ai trouvé les chapitres désordonnés. Certes, cela n'a pas nui à ma lecture, un peu ennuyée néanmoins. J'ai détesté, en revanche, la fin de ce livre, je ne lui ai découvert aucun sens. Pourquoi ? Parce qu'elle masque une réalité que j'aurais aimé voir développer.

Par ailleurs, la structure du récit est la même que celle d'Âme brisée. Par conséquent, l'intrigue est bien moins imprévisible, du moins pour moi qui avais lu le précédent.

Lien : https://dequoilire.com/que-v..
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Premier contact pour moi avec cet auteur japonais, francophone et mélomane averti ,qui structure son récit en cinq mouvements, lui donnant ainsi la respiration d'une oeuvre musicale.
Akira Mizubayashi déroule deux problématiques qu'il va nouer étroitement dans son roman:
La première, s'attache aux traumatismes qui marquent la fureur guerrière, l'auteur met en scène la deuxième guerre mondiale dans sa polyphonie meurtrière du Pacifique à l'Atlantique. Il jette dans cet enfer deux personnages que la guerre va broyer, et le traumatisme survivra à travers leurs petits enfants résolus à se souvenir, à renouer les fils brisés, au 21ème siècle.
En écho, la seconde s'articule sur la huitième symphonie de Chostakovitch, composée en cinq mouvements, écrite en 1943, l'année de la victoire de Stalingrad, oeuvre majeure, d'une puissance évocatrice inouïe, pour dire la folie meurtrière de la guerre et en même temps, l'irrépréssible élan de l'homme vers la paix. La musique de Chostakovitch est le trait d'union qui va relier entre eux sur trois générations, les personnages de cette histoire.
Le récit excelle à mettre en lumière ce que la musique peut traduire de la tragédie humaine, comme la littérature, elle aussi, est capable de le faire. Il n'est pas innocent qu'un livre figure également le fil rouge de cette histoire. Au delà des guerres destructrices, le livre de Mizubayashi rend un vibrant hommage à l'expression artistique, qui permet de sublimer le désespoir.
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Reine de coeur est un magnifique roman sur le pouvoir de l'art, la force de l'amour et les atrocités de la guerre.

Ce roman est divisé en plusieurs chapitres correspondant aux mouvements d'une symphonie. Diverses temporalités s'entremêlent, offrant à l'histoire une certaine ampleur et un rythme particulier. Nous sommes en 1939 et nous suivons Jun, un jeune homme étudiant la musique au Conservatoire de Paris. Il rencontre Anna, une jeune serveuse avec qui un lien particulier se crée dès le premier échange de regard. Une belle histoire d'amour naît. Malheureusement, Jun est rappelé au Japon, car ce dernier entre en guerre et devient donc l'ennemi de la France. Les deux amants se promettent alors de se retrouver une fois la guerre terminée. Puis, nous suivons aussi l'histoire de Mizuné, jeune musicienne, qui est prise d'un certain trouble en lisant un roman qui reprend dans les grandes lignes l'histoire de ses grands-parents. Elle se lance alors à la recherche de la vérité.

Nous retrouvons les thèmes qu'Akira Mizubayashi affectionne tout particulièrement : l'universalité de la musique, le pouvoir de la langue, l'amour, la transmission et bien sûr les horreurs perpétrées durant la guerre. D'un style épuré, il nous entraîne dans les tréfonds de l'Histoire Japonaise durant la seconde guerre mondiale, au coeur des troupes Japonaises présentes en Chine. Certaines scènes peuvent heurter la sensibilité du lecteur tant elles sont cruelles et violentes, mais nécessaires pour montrer les atrocités qui ont été commises par l'armée japonaise au nom de l'empereur. Comment continuer à vivre quand on a été témoin de cette horreur ? Comment se reconstruire ? Comment rester un être doué de sensibilité et d'humanité quand tout autour de nous n'est que noirceur et cruauté ?

Akira Mizubayashi nous offre un roman dans la même lignée qu'Ame brisée, un livre se qui lit avec beaucoup d'émotions en écoutant les diverses symphonies évoquées.
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