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EAN : 9782073032119
256 pages
Gallimard (17/08/2023)
3.87/5   500 notes
Résumé :
« En lui, la musique parlait français depuis qu’il l’avait vécue en France. En se livrant à la conversation avec Hortense, il avait la sensation d’interpréter un duo avec elle, sensation qu’il ne connaissait pas lorsqu’il s’exprimait dans sa langue maternelle, le japonais. »

Pamina est une jeune luthière brillante, digne petite-fille d’Hortense Schmidt, qui avait exercé le même métier au Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. Embauchée dans l’ateli... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (77) Voir plus Ajouter une critique
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En 1945, au Japon, un graffiti en latin rapproche deux dissidents. L'un est musicien, l'autre étudiant, tous deux succombent avec l'empire nippon. L'un a confié un violoncelle à sa tendre amie, l'autre a laissé sa bibliothèque à ses proches. Soixante dix ans plus tard, la providence permet aux deux familles de se connaitre et de communier dans le souvenir des disparus.

De cette romance, où se retrouvent quelques protagonistes et des lieux d'Âme brisée, Akira Mizubayashi, dégage une série d'enseignements en montrant comment l'accès à une langue étrangère permet de se libérer de l'endoctrinement d'un régime dictatorial, comment la culture classique (les « humanités » aujourd'hui jugées démodées) est la base de la liberté de pensée, d'expression et de conscience.

L'auteur, un japonais qui écrit et publie en français, rappelle l'importance d'une bibliothèque familiale : « Le but de mes parents consistait, à n'en pas douter, à proposer des lectures éclairantes et émancipatrices qui allaient dans le sens opposé à celui du chemin des sujets bruyamment prôné par les autorités militaires et impériales. C'était là mon école. C'était là mon monde séparé de celui qui m'encerclait. En transportant partout cette école avec moi, en moi, en poursuivant la voie qui était celle de mes parents, j'ai fini par me trouver vers l'âge de vingt ans dans l'immense forêt des livres en français. Et c'est là que j'ai bâti ma demeure. C'est là que j'ai construit ma forteresse. »

La prière de Bach « In terra pax hominibus bonae voluntatis. Dona nobis pacem » ou la musique de Pablo Casals, sont un hymne à la paix ; la dictature, l'oppression, l'impérialisme brisent la paix et l'âme. La musique, la lecture, la culture sont l'ultime rempart d'une civilisation contre la folie humaine.

« Suite inoubliable » conclut la trilogie entamée avec « Ame brisée » et prône l'esprit critique, la curiosité intellectuelle et la liberté de penser qui sont l'apanage de tout Babeliote !

Pour mémoire, ma lecture d'Ame brisée
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Après le violon dans Ame brisée et l'alto dans Reine de coeur, Akira Mizubayashi complète sa trilogie musicale – son trio à cordes littéraire ? - avec le violoncelle. Cette troisième partition romanesque, jouant elle aussi l'alternance entre les années quarante et nos jours, est une nouvelle variation sur le thème de la résistance et de la transmission, à travers la musique, des valeurs humanistes mises à mal par la guerre.


Violoniste prodige formé à Paris dans les années 1930, le jeune Ken Mizutani, revenu à Tokyo, reçoit en 1945 « le fatidique petit papier rouge d'incorporation ». Forcé de rejoindre les rangs d'une armée impériale que « le démon de la guerre et du despotisme, bafou[ant] les consciences », emmène de manière suicidaire vers une déroute inexorable, le jeune homme doit se résoudre à quitter les siens et son violoncelle. Quelque soixante-dix ans plus tard, Pamina, la luthière à qui l'illustre violoncelliste Guillaume Walter a confié pour révision son Goffriller de 1712 à la si particulière teinte « rouge cerise sombre », découvre en détablant l'instrument, cachée dans un tasseau, une lettre datée de 1945 et signée d'un certain Ken Mizutani...


Découpée en six danses comme chacune des six suites pour violoncelle de Bach, qui, avec le concerto d'Elgar et le chant des oiseaux – devenu un symbole de paix et de liberté depuis son arrangement pour violoncelle par le catalan Pablo Casals engagé contre le franquisme –, forment la bande originale du roman, la narration est une nouvelle fois une ode vibrante à la musique, en même temps qu'un chant d'amour à la langue française. Comme l'auteur, à ce point épris du français que c'est en cette langue qu'il choisit d'écrire ses romans, le personnage Ken Mizutani sent « en lui la musique parler français depuis qu'il l'a vécue en France ». Alors que son pays, « gangrené par une dictature exacerbée fondée sur le culte fanatique de l'empereur », sombre dans une « folie cauchemardesque », cette musique et cette langue, qu'il associe à l'époque des Lumières en Europe, représentent pour lui « une lueur d'espoir », la voix de l'humanité qui survivra aux ténèbres passagères de l'Histoire.


Est-ce la répétition du schéma narratif d'un livre à l'autre de la trilogie ? le charme de la jolie parabole qui, dans l'opus initial, prenait pour la première fois tout son sens, perd de sa puissance dans cette ultime variation qui, faute d'ajouter au propos, parvient aussi beaucoup moins bien à occulter la récurrence des stéréotypes et la tendance à l'idéalisation de la narration. Reste une lecture agréable, non dénuée de beauté, emplie d'un plaisir mélomane et tout entière vouée au culte de la musique et des hommes qui la composent, l'interprètent et en fabriquent les instruments d'exception.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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* Ahhhh Bach et le violoncelle *

Tout d'abord, j'aimerais en lisant cette critique que vous écoutiez ceci : https://www.youtube.com/watch?v=XqPGnyWk9zc
Ce sont les Suites pour violoncelle de Bach, celles dont on parle dans ce bouquin.

Suite inoubliable, c'est une histoire d'amour multidimensionnelle.
Celle d'un violoncelliste et de sa luthière, amour qui survivra par-delà la mort grâce à un violoncelle exceptionnel.
L'amour d'un père pour son fils, qui survivra au travers d'une inscription de paix.
L'amour d'une jeune luthière digne successeur sa grand-mère et qui découvrira l'histoire de sa famille au travers l'"Amor" et la "Pax animae".
C'est l'amour de la musique qui transparait à chaque page.

Cette musique nous transporte à travers les âges, époque contemporaine, seconde guerre mondiale et l'appel sous le drapeau des jeunes japonais.

Un très joli roman d'amour qui m'a transportée... comme la musique de Bach.
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Ayant fait l'acquisition de cet ouvrage l'année dernière pour la bibliothèque dans laquelle je travaille, je m'étais promis, je ne sais pas pourquoi (peut-être est-ce parce que j'adore la littérature japonaise que je le lirai un jour et maintenant que c'est chose faire, je suis à la fois ravie - que dis-je, enchantée et bouleversée par cette lecture mais aussi déçue de l'avoir déjà terminée.

L'histoire s'étale sur plusieurs époques, dans différents endroits de la planète (de la France au Japon plus exactement mais avec un point crucial : celui de la musique qui apaise l'horreur de notre inhumanité durant la période du III Reich, mais aussi celle de toutes les guerres passées, en cours et malheureusement à venir. Ici, c'est l'oeuvre de Jean-Sébastien Bach qui bouleverse les uns et les autres mais grâce à un instrument particulier : le violoncelle. Pas n'importe quelle violoncelle vous vous en doutez bien, celui réalisé en premier lieu par Matteo Goffriller en 1712 puis plus tard reproduit à l'identique par Hortense Schmidt. Vous devez bien penser que les oeuvres composée par Bach n'ont ps non plus été interprétées par des violoncellistes quelconques mais par des musiciens exceptionnels qui entretenaient tous deux des relation très particulière, fusionnelles mêmes avec leurs luthières respectives. D'un côté, il y a Hortense donc qui, en ce début de Seconde guerre mondiale, entretint une relation avec Ken Mizutani, un jeune japonnais âgé de 25 ans qui fut appelé sous les drapeaux en ce début de conflit mondial et qui, malheureusement, y laissa la vie et de l'autre, plus joyeux cette fois ci Pamina, une jeune luthière qui n'a de cesse d'apprendre (son père tenait lui-même un magasin de musique) sous la tutelle de Jacques et qui se lia avec Guillaume Walter, un brillant violoncelliste lui aussi. Soixante-dix ans séparent nos deux histoire et pourtant, entre elle, ce violoncelle n'aurait pas pu les rendre plus proches les uns des autres.

Petite aparté : ayant récemment assisté à un ballet de Tchïikovski "Le Lac des Cygnes" interprété par un orchestre et des danseurs en grande partie de nationalité ukrainienne donc pour la plupart en recherche d'un endroit sûr pour résider, je me dis que je boucle la boucle avec ma petite expérience personnelle tant j'ai moi-même été emporté dans un autre monde en écoutant l'orchestre jouer (dans lequel il y avait bel et bien un violoncelle).

La musique apaise les moeurs, les tensions mais peut-elle rapprocher des individus aussi éloignés les uns des autres, tant sur le plan géographique que dans leur manière de vivre ? Oui, j'en suis convaincue car la musique, elle est universelle et elle nous rapproche, nous émeut et c'est la raison pour laquelle je ne peux que vous recommander cette lecture car en ce qui me concerne, j'ai vraiment eu un gros coup de coeur pour cette dernières
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En démontant un violoncelle très rare pour le réparer, Pamina, une jeune luthière, découvre une lettre qui la mène sur les traces de son passé…
Comme les précédents opus, ce nouveau texte de Akira Mitzubayachi se décline autour de la musique et de la seconde guerre mondiale, entre passé et présent, le Japon et la France. On y retrouve d'ailleurs (avec plaisir) certains personnages d'âme brisée et de reine de coeur.
Étonnamment, bien que je connaisse la chanson (la mélodie de ce 3eme volume est sensiblement la même que celle des 2 précédents romans), je n'ai pas pu résister à la musique et je me suis laissée embarquer 😉
Certainement la douceur japonaise…
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critiques presse (7)
LeJournaldeQuebec
22 février 2024
Très agréable à lire, un roman qui devrait beaucoup plaire aux mélomanes.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaLibreBelgique
06 octobre 2023
Composé autour d’un violoncelle, "Suite inoubliable" d’Akira Mizubayashi revient sur les années de guerre au Japon.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaCroix
02 octobre 2023
En une fiction sur « la présence des absents », Akira Misubayashi tire des larmes au sujet de l’art de tirer des sons en temps de guerre.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LesEchos
12 septembre 2023
A travers l'épopée d'un jeune violoncelliste japonais fauché par la guerre en 1945 et de son instrument précieux, l'écrivain francophile signe une ode vibrante à la musique, instrument de paix et de résistance face aux dictatures.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeMonde
28 août 2023
Il y a ainsi chez Akira Mizubayashi, avec pudeur pourtant, une forme de sensualité dont l’ensemble du ­roman transmet la vibration, comme un message simple de résistance, un appel à la beauté ­libre en réponse à tout conflit meurtrier, quelle qu’en soit l’époque.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
24 août 2023
Il y a [...] avec pudeur, une forme de sensualité dont l’ensemble du roman transmet la vibration, comme un message simple de résistance, un appel à la beauté libre en réponse à tout conflit meurtrier.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Culturebox
18 août 2023
L'écrivain offre une plongée dans le monde de minutie et de patience de ces artisans hors pair, sublimée par une tendre histoire de famille où chacun a un rôle à jouer.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (64) Voir plus Ajouter une citation
Paix sur la Terre aux hommes de bonne volonté. Accorde-nous la Paix.
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À chaque visite, je me glisse vers mon enfance à la fois insouciante et tourmentée. Et je me demande chaque fois pourquoi je me suis tournée vers les études européennes, pourquoi je me suis passionnée pour le français à tel point qu'à un moment donné, je n’ai pas résisté à la tentation d'aller vivre en France. Je voulais m'immerger dans cette langue. C'est sans doute grâce à la bibliothèque que mes parents avaient installée dans leur cabinet médical de Shinano-Oïwake à l’intention de tous leurs patients et des villageois. J’ai dévoré les livres de cette bibliothèque singulière.

Le but de mes parents consistait, à n'en pas douter, à proposer des lectures éclairantes et émancipatrices qui allaient dans le sens opposé à celui du chemin des sujets bruyamment prôné par les autorités militaires et impériales. C'était là mon école. C'était là mon monde séparé de celui qui m'encerclait.

En transportant partout cette école avec moi, en moi, en poursuivant la voie qui était celle de mes parents, j'ai fini par me trouver vers l'âge de vingt ans dans l'immense forêt des livres en français. Et c'est là que j’ai bâti ma demeure. C'est là que j’ai construit ma forteresse.
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Vous n’avez pas écrit ces mots en japonais, ni en anglais, mais en latin. Pour vous protéger, bien sûr. Si vous les aviez écrits en japonais et que la Police militaire sût vous identifier comme auteur de ces mots, vous auriez risqué la prison, ou même pire, la torture. En les gravant en latin que presque personne ne comprend dans ce pays, vous pouviez échapper à l'interrogatoire musclé des militaires.

Des mots de résistance en latin ! Avec ces mots, vous avez silencieusement manifesté votre volonté d'opposition au fanatisme militaire qui ronge le pays comme un cancer généralisé ! Ce pays où parler de paix et de liberté est considéré comme un crime de lèse majesté l

J'étais heureux de comprendre chacun de vos mots; je me suis félicité d'avoir étudié non seulement le français mais encore, un petit peu, le latin pendant mes années d’apprentissage à Paris.
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Lorsqu'en me transportant dans le Paris de mes années d’études, je me suis faufilé dans les chœurs qui chantent l'œuvre de Beethoven et qui chuchotent avec une tendresse infinie : « Et in terra pax hominibus bonae voluntatis », j'ai eu du mal à retenir mes larmes.

Quelle douceur après « Gloria in excelsis deo » chanté en fortissimo dans toute la puissance des voix humaines accompagnées de l'expression éclatante de l’orchestre tout aussi puissant !

Ensuite, la mélodie de «Dona nobis pacem» de la Messe en si et celle de Missa solemnis ont résonné dans ma tête tour à tour. J'ai cru entendre la prière ardente de Bach pour le retour de la paix et toute la colère de Beethoven face aux horreurs de la guerre.
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Sera-ce mon dernier livre achevé ? Je l'ignore. Ce qui est sûr, c'est que je ne suis pas encore prête à quitter ce monde, même s'il est toujours plus désolant de le voir en proie à des tueries massives à cause de la poursuite effrénée, par les uns et par les autres, des ressources matérielles rares.

Déjà, au XVIIIe siècle, Rousseau ne faisait-il pas cette remarque si visionnaire : «ce sont le fer et le blé qui ont civilisé les hommes et perdu le genre humain » ?

Non, non, je ne souhaite pas encore disparaître de ce monde, alors que, lasse d’assister au théâtre des délires guerriers, toujours vivaces, jamais calmés, aussi bien qu'à l’indéracinable culte des héritiers des rois et des empereurs d'antan, je ne suis plus tellement tentée de vouloir l'habiter, ce monde aveuglé qui n’arête pas d'engendrer hécatombes sur hécatombes.
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