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4,2

sur 2092 notes
Dans le Japon de 1938, en pleine guerre contre la Chine, un quatuor à cordes composé par 3 étudiants chinois et 1 professeur japonais, joue pour le plaisir. L'édifice où ils répètent est perquisitionné par des militaires. Accusés de complot, l'un des soldats détruit le violon de Yu, le professeur. La scène est vue par Rei, le fils de Yu, dissimulé dans une cachette. L'ensemble est arrêté. Rei est découvert par un lieutenant mélomane, qui lui remet le violon cassé. Rei ne verra plus jamais son père. Des années plus tard, un luthier possède parmi ses créations un violon sublime et s'intéresse de plus près à une violoniste japonaise. Quel est le lien entre ces personnages ?

J'ai adoré ce roman ! Non seulement parce qu'il parle violon, mais parce qu'il le fait d'une manière magistrale, il donne la voix à celui qu'on entend le moins et qui est tout aussi indispensables que violonistes et les compositeurs : les luthiers. Ce roman parle d'une quête, de sauvetage (résilience ?), de la mémoire des objets. Et surtout, du merveilleux pouvoir de la musique, capable de faire communier les gens, de traverser le temps et de ressusciter les morts.
La plume de l'auteur est sublime et on ressent sa passion pour la musique, c'est pédagogue, on apprend des choses sur la lutherie, on vit la musique, on ressent les émotions des personnages quand ils écoutent un morceau ou quand ils visitent un lieu significatif. Je ne saurai dire plus que me répéter à l'infini, un livre superbe ! Une belle découverte que je regrette d'avoir lu que maintenant ! Pour la note triviale, l'auteur japonais l'a écrit en français. Wow, j'admire et je me le mets comme exemple à suivre !
Si vous aimez les ambiances musicales, si vous aimez les romans sur un "heritage familial", les histoires qui traversent le temps et les cultures, ou tout simplement une belle lecture (avec plus de suspense qu'un roman policier), ce livre est pour vous.
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A 11 ans, Rei assiste à la répétition du quatuor formé de son père et d'amis chinois quand des militaires japonais font irruption dans la pièce. Caché dans une armoire, il sera le témoin de l'arrestation de son père qu'il ne reverra plus jamais. Sauvé par un officier présent à ce moment et adopté par des français, il grandira loin de son pays natal avec dans le coeur, une blessure indicible. Devenu luthier, Rei consacrera sa vie à restaurer le violon de son père, victime de la violence des militaires. Ce roman est une ode à la reconstruction, à la résurrection et c'est au destin du violon que seront liés tous les destins des personnages, ainsi que les âmes du père de Rei et du lieutenant Kurokami, le sauveur de Rei.
Profondément bouleversant et humaniste, le roman de Mizubayashi est également une voix qui s'élève contre toutes les dérives chères à la folie des hommes et une voix portée d'espoir et d'humanisme. Respect.
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Je termine « Âme brisée » de Akira Mizubayashi qui m'a bouleversé.
Tout le roman baigne dans un univers musical. Ainsi, à chaque évocation, je ne pouvais que réécouter la pièce musicale mentionnée pour en retrouver l'atmosphère. Il y a même quelques portées musicales pour illustrer les commentaires associés à l'extrait de l'oeuvre. Rosamunde de Schubert, la Gavotte en rondeau de Bach, A la mémoire d'un ange d'Alban Berg ..... ont accompagné ma lecture. Et avec cette dernière oeuvre, j'ai retrouvé Alma Malher qui fût l'épouse de Gustav Malher (probablement mon compositeur préféré ; mais c'est là une autre histoire).
L'intrigue est celle de Jacques (Rei-Jacques) orphelin japonais adopté par un couple français, à la recherche spirituelle de son père disparu dans les troubles de la guerre sino-japonaise de 1937/1945.
Il ne possède de son père, Yu Mizusawa, que les restes de son violon saccagé par un militaire japonais et que lui a remis le lieutenant Kengo Kurokami, par amour de la musique.
Rei-Jacques choisit de devenir luthier et consacrera sa vie à cet artisanat qu'il porta à l'excellence afin de ressusciter « l'âme brisée » du violon de son père.
Une fois ressuscité, ce violon sera donné par Rei-Jacques à Midori Yamazaki, violoniste internationale qui n'est autre (aspect romanesque) que la petite fille de Kengo Kurokami, le lieutenant amoureux de la musique.
Ce violon qui incarnait pour Rei-Jacques son père disparu en devint aussi son fils par le long et laborieux travail de restauration. C'est ce fils qu'il s'est fabriqué (Rei-Jacques n'a pas eu d'enfant lui-même) qu'il offre en un quasi-mariage à Midori.
D'autres thèmes accompagnent cette recherche de la filiation :
- être reconnu en tant que personnalité propre et pas uniquement par des caractéristiques attribuées aux habitants de son lieu de naissance (pendant cette guerre sino-japonaise peut-il y avoir des amitiés entre chinois et japonais),
- les différences sociales portées par les langues, ici la comparaison entre le japonais et le français,
- les lieux historiques de la lutherie italienne ((Crémone) et française (Mirecourt).
- les raffinements de la civilisation japonaise dans l’art de boire le thé notamment.
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Tokyo, dimanche 6 novembre 1938.
En pleine guerre sino-japonaise, un enfant de onze ans assiste, impuissant, à l'arrestation de son père.
Violoniste talentueux, son père formait avec trois musiciens chinois un quatuor qui était en train de répéter une oeuvre de Schubert, lorsqu'ils ont été arrêtés. C'est par le trou de la serrure de l'armoire dans laquelle son père l'a caché qu'il observe la scène. Il ne reverra jamais son père.
Il récupèrera néanmoins son violon qu'un caporal japonais a piétiné et dont la pièce maîtresse -l'âme- a été brisée. L'enfant deviendra luthier et mettra douze ans à restaurer le violon de son père, le seul objet qu'il en ait gardé. A la fin de sa vie, grâce à la musique classique et aux réseaux sociaux, il retrouvera une des membres du quatuor et la petite-fille du lieutenant...
Un scénario original qui n'est pas dépourvu d'émotion. Âme brisée est en effet le roman d'un retour aux sources, qui mettra du baume au coeur du héros meurtri par la vie : après celle du violon, c'est sa propre âme qui en sortira régénérée.
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Quelle émotion ! Quelles émotions plutôt. Une douce musique, une histoire qui se déroule de 1938 à nos jours,un récit écrit en français par un japonais. Un petit garçon assiste à l arrestation de son père et à la quasi destruction du violon de celui ci et il n aura de cesse une grande partie de sa vie de le ressusciter, choisissant même le métier de luthier. le récit est doux, mélancolique, des rapports humains intenses, sérénité et amour, il y a tout cela.
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S'il n'a pas forcément la notoriété de bien des auteurs contemporains, Akira Mizubayashi n'en finit pas, livre après livre et sans faire grand bruit, de conquérir de nouveaux lecteurs. Grand amoureux de la culture et des lettres françaises, l'écrivain japonais a choisi la langue de Flaubert pour son oeuvre littéraire, comme dans « Ames Brisées » où la musique occupe une place centrale.

Alors qu'il accompagnait son père qui avait rendez-vous avec ses amis chinois pour travailler le quatuor du Rosamun de Schubert, Rei assiste impuissant, depuis l'armoire où on l'a caché, à l'arrestation du groupe pour suspicion d'activités clandestines.

À seulement 11 ans, l'enfant voit son père durement tabassé puis emmené par des soldats japonais. Il ne le reverra jamais. de lui, il ne reste que son violon, piétiné et presque totalement détruit…

Il passera le reste de sa vie en France, loin de son pays natal, jusqu'à perdre l'habitude de parler en japonais. Ses parents adoptifs, amis de son père, l'avait appelé Jacques en pensant au plus grand violoniste français de leur temps, Jacques Thibaud.

Il n'a jamais voulu se séparer du violon abîmé de son père, et va alors se donner comme objectif de vie de devenir un grand luthier afin de restaurer et de redonner vie à ce violon...

Le récit s'étale de 1938 à nos jours et s'inscrit donc dans le contexte de la guerre sino-japonaise, où les autorités japonaises soupçonnaient de nombreuses personnes de comploter contre le pays. Les premières pages nous transplantent à Tokyo le 6 novembre 1938 : un quatuor amateur y répète le Rosamunde (D. 894) de Schubert, avant que ne fasse les soldats fassent irruption – l'instrument du premier violon est saccagé et l'homme disparaît à jamais, laissant son fils terrorisé caché dans une armoire.

La suite du récit nous entraîne de Tokyo à Paris en passant par la Chine, via Mirecourt et Crémone, le Japon et sa culture y tiennent une place prépondérante.

On voit la cérémonie du thé, on sent l'odeur des cerisiers en fleurs, on partage la déférence dans les relations, on ressent la présence des ancêtres. Mais surtout on est emporté par la force de l'histoire, la tragédie de la guerre, le long chemin vers une renaissance qui n'oublie rien et s'enrichit du passé, du temps, de la rencontre.

La culture japonaise est bien mise en valeur comme sa cuisine, et cela participe à notre plaisir. Souvent – mais pas trop - des mots japonais sont insérés et permettent de mieux s'imprégner de l'ambiance. On découvre aussi Mirecourt, la ville de Jean-Baptiste et Nicolas-François Vuillaume, célèbres maîtres luthiers et que le pernambouc – un arbre qui ne pousse qu'au Brésil - servait à fabriquer les archets.

Le récit, d'une écriture fine et poétique, est rythmé sur le temps, celui de la musique de Schubert ou Jean-Sébastien Bach qui nous accompagne le temps de la lecture, celui de la rencontre, celui de la reconstruction. Deux personnages principaux vont faire ce chemin, Rei devenu un vieil homme et cette jeune violoniste célèbre qui joue et re-joue le Rosamunde…

Un roman sensible et délicat, dans lequel la musique est omniprésente et où l'on retrouve les thèmes de prédilection d'Akira Mizubayashi : le déracinement et l'impossible deuil. Un brin académique mais magnifique et résolument poétique.
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On est en 1938. le Japon et la Chine se bastonnent férocement depuis quelques mois pour de sombres histoires de quequette.

Oui car dans le classement des raisons les plus ridicules pour déclencher une guerre, celle-ci vaut son pesant de riz.

Les soldats japonais s'entraînent au bout du pont Marco Polo proche de Pékin. Mais, il se trouve qu'un des soldats japonais manque à l'appel. Les japonais accusent les chinois de l'avoir enlevé et demandent à fouiller les maisons à proximité du pont, requête refusée par les chinois. du coup, ça part en sucette et Pékin est assailli. Manque de bol, le soldat en question réapparaît 2 heures plus tard après être allé tirer un coup dans un bordel du quartier. S'il voulait la discrétion, bah, c'est mort. Quoiqu'il en soit, la guerre est lancée et durera jusqu'à 1945 où elle sera arrêtée par le largage de la bombe atomique sur Nagasaki. Rien que ça... Finalement, Clinton et DSK n'étaient que des petits joueurs face à ce petit coquin de soldat.

Cela dit, cette anecdote n'a strictement rien à voir avec l'histoire du livre hormis le fait qu'elle se passe à Tokyo en 1938 et que c'est le début de la guerre. Il y a encore en vigueur des accords sino-japonais qui permettent à des chinois de suivre des études au Japon mais çane va pas durer longtemps. A cette époque, les soldats japonais font surtout la chasse aux traitres communistes qui pactiseraient avec les "chinetoques". 

Yu, japonais, veuf, est un grand amateur de musique classique. Il joue du violon depuis des années et se débrouille plutôt très bien. Il aime aussi partager l'émotion que lui procure le son de l'archer sur son violon Vuillaume avec d'autres musiciens. En ce moment, Yu répète le quatuor pour cordes "Rosamunde" de Schubert avec trois amis chinois, également amateurs de musique classique (un second violon, un alto et un violoncelle), avec qui il aime parfois refaire le monde et se dire à quel point la musique se fout totalement des frontières et des guerres de quequettes (ces dernières étant petites parait-il chez les asiatiques, je ne me base sur aucune étude sérieuse pour dire ça, c'est ce que la légende raconte).

Tous les quatre aiment fermer les rideaux pour avoir une atmosphère plus intimiste, plus profonde.

Mais ça, ça ne plait pas vraiment au caporal Tanaka, qui va trouver ça louche et va  déclencher une inspection en règle pour voir s'il ne s'agirait pas de vilains complotistes coco qui oeuvreraient contre les intérêts de l'empire suprême japonais ...

Yu aura juste le temps de cacher son fils Rei dans une armoire avant de se faire démonter la mâchoire par le charmant Tanaka, qui en profitera également pour écraser le violon de Yu, façon paillasson.

Rei, toujours dans son armoire, ne reverra jamais son père, arrêté et emprisonné, voire sans doute tué.

Le silence revenu, il finira par en sortir et récupérera le violon agonisant de son père avant d'essayer de rentrer chez lui où personne ne l'attendait et où personne ne l'attendrait plus jamais.

Cet épisode évidemment traumatisant pour un gamin d'une dizaine d'années ainsi que ce violon à l'âme brisée constitueront le premier acte du reste de sa vie et ce souvenir douloureux le guidera tout du long où il tentera de réparer l'irréparable.

Un bouquin émouvant pour tout amoureux de musique classique (ou de musique en général) qui sait que l'instrument de l'artiste est le prolongement de son corps et le son qui en sort l'expression de son âme.

scob
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Voilà un livre doucement bouleversant que j'ai beaucoup apprécié et aimé.
La guerre et ses sadiques, mais il suffit d'un
La guerre et ses gestes d'humanité, mais il suffit d'un.
Les conséquences de cette guerre et la résilience.
Une écriture qui coule en toute simplicité. C'est ce qui fait sa force.
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Ce roman est une invitation au voyage, entre la France et le Japon, entre la barbarie de la "Guerre de 15 ans" et l'universalité de la musique, entre les fantômes et les vivants. Si je dis que la musique est présente tout au long du récit, je sais déjà que certains vont penser : "Ce roman n'est vraiment pas pour moi." Quelle erreur ! Il n'est pas besoin d'être musicien, ni même mélomane, pour vivre cette histoire tout en poésie et délicatesse. Depuis que j'ai découvert la littérature japonaise, je ne cesse de m'émerveiller de sa puissance enveloppée de douceur.

Les 238 pages de ce livre se lisent d'une traite, au rythme de la plume incisive, mais aussi caressante, d'Akira Mizubayashi. Écrivain japonais, il écrit en français, éliminant ainsi les traductions imprécises, souvent approximatives, nuisant à la beauté du texte. "Âme brisée" est l'aventure d'une vie. Celle d'un petit garçon de 11 ans dont l'âme s'est brisée en même temps que celle du violon de son père, victimes, toutes les deux, de la violence aveugle et sourde des hommes. C'est également un conte métaphorique sur l'amour, celui indestructible entre un père et son fils, celui universel de la musique entre les peuples, celui indéfectible entre un homme et une femme et celui, fidèle, entre un chien et son maître.

Ainsi, j'ai suivi, pas à pas, le petit Rei, tapi au fond de son placard, puis solitaire le long des rues tokyoïtes, accompagné du violon saccagé de son père Yu, et enfin, dans son atelier de luthier en France, acharné dans sa tâche de restauration.

Lors d'une interview, l'auteur a expliqué la dédicace peu commune qu'il a choisie pour son livre, "À tous les fantômes du monde" : "Le fonctionnement normal de la mémoire est l'oubli et, pour se rappeler un fait, il faut aller en chercher le souvenir. Or, cette fonction est perturbée quand il y a eu traumatisme et la mémoire, incapable d'oublier, engendre des fantômes. Yu devient un fantôme que la mémoire de son fils n'oublie jamais. Ce roman raconte comment le fantôme peut aller au bout de sa mort et disparaître."

Pour moi, m'immerger dans la littérature japonaise est l'assurance d'aller à la rencontre d'une histoire pleine de sensibilité. Il n'est pas facile d'exprimer ce que la finesse de ce roman réveille au fond de l'âme. Je ne suis ni musicienne, ni peintre, encore moins écrivaine, mais je sais quand une oeuvre musicale, picturale ou littéraire me touche. Qu'importe si elle n'a pas la faveur du plus grand nombre, ni de valeur insensée, l'important est l'émotion qu'elle m'apporte.

L'adage "La musique adoucit les moeurs" trouve tout son sens dans ce récit subtil où violence et douceur se côtoient. À chaque page, la musique pose un baume sur le coeur de Jacques dévasté par la douleur muette du déracinement. Aller à la rencontre des fantômes de son passé, qui n'ont cessé de l'habiter pendant des années et auxquels, par le truchement de la restauration du violon de son père, il a consacré sa vie, est la meilleure des façons pour les laisser s'en aller avec bienveillance et sérénité pour, enfin, revenir à la vie et respirer librement, en toute quiétude, avec la certitude d'être à la bonne place.

le choix des notes par un compositeur pour raconter une histoire, décrire une ambiance ou provoquer une émotion, m'a toujours subjuguée. Akira Mizubayashi donne une interprétation flamboyante d'un mouvement frémissant de la Gavotte en rondeau de Bach : « Les aigus sonnaient comme une longue enfilade de gouttes d'eau pure versées par un ciel bas et tourmenté, étincelant aux premiers rayons du soleil pénétrant obliquement les feuillages verdoyants d'une forêt boréale luxuriante, tandis que les médiums et les graves étaient comme ouatés, glissant sur une étendue de velours, suscitant une impression de chaleur intime émanant d'une cheminée de marbre restée allumée toute la nuit. La musique avançait, revenait, montait, descendait avec une liberté euphorique ; elle faisait penser à une danse joyeuse et sautillante qui semblait exprimer le bonheur de marcher dans un paysage enchanté. »

J'ai aimé tant de choses dans ce roman. le couple Jacques/Hélène, lui luthier, elle archetière. Ils ont besoin l'un de l'autre, comme l'union des instruments qu'ils créent pour donner naissance à la musique. Les relations entre les personnages et leurs descendants à des décennies d'écart. le précieux legs à la génération suivante comme un témoin de la puissance de la Musique contre la Barbarie, malgré le passage du temps entre la petite fille d'un militaire mélomane et le fils d'un musicien muselé.

En quatre parties et deux mouvements, l'auteur écrit une symphonie d'émotions incroyable. Ses mots sont entrés dans mon coeur en écoutant "Rosamunde", l'oeuvre bouleversante de Schubert. Pour les amateurs, il serait dommage de ne pas allier les deux plaisirs, la lecture et l'écoute.

"Âme brisée" est un bijou de littérature blanche, lumineux, résolument optimiste, mais aussi un plaidoyer subtil, empreint d'humanité, contre l'obscurantisme. C'est un immense coup de coeur dont il a été difficile de m'extraire pour passer à autre chose tant j'ai été bouleversée par la force allégorique, la beauté et le romantisme de ce récit. Merci Monsieur Mizubayashi, pour ce moment rare et précieux où l'âme a l'impression de tutoyer les étoiles.
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Âme : ce mot polysémique désigne entre autres l'âme humaine, composante, avec le corps et l'esprit, de la personne humaine, et l'âme d'un violon, pièce essentielle de l'instrument entre la table et le fond.
Ce parallèle est adroitement installé, puis filé, par Akira Mizubayashi dans "Âme brisée", paru en 2019, à partir d'un épisode de 1938 à Tokyo où Yu, le père de Rei, et ses compagnons de musique ont été arrêtés par la police militaire alors qu'ils répétaient en quatuor, le violon de Yu ayant été brisé à cette occasion par un caporal. Rei ne reverra plus son père Yu, exécuté ensuite après torture.
Rei, enfant de onze ans, est donc témoin de cette scène, caché dans une armoire, et après le départ de la police et des captifs, récupère le précieux violon brisé de son père et est adopté par Philippe, un français vivant alors à Tokyo et ami de son père, et rentre ensuite en France avec son père adoptif.
La comparaison est ensuite filée tout au long du livre : Rei devient un excellent luthier et met plus de 20 ans à réparer le violon de son père, et différents concours de circonstances lui permettent ensuite de revoir des acteurs, ou leurs descendants, de ce drame de 1938.
Il donne son violon magnifiquement restauré à une violoniste qui se trouve être la petite fille du lieutenant Kurotami, membre de groupe de police militaire de 1938, mais peu à sa place dans une telle unité (amateur très éclairé de musique classique, il s'était montré compréhensif vis-à-vis des musiciens et humain vis-à-vis de Rei lorsqu'il l'a découvert dans son armoire) et, dans une sorte d'apothéose survient un merveilleux concert à Paris donné par cette violoniste avec cet instrument, et auquel Rei assiste bouleversé. On sent alors que Rei a surmonté son traumatisme d'enfance à l'issue d'un long processus (longue cicatrisation psychologique en même temps que longue et minutieuse réparation du violon...).
C'est raconté avec beaucoup de subtilité et de délicatesse par Akira Mizubayashi qui joue avec les émotions procurées par l'art (ici la musique, bien sûr, et la littérature). du même coup, Akira Mizubayashi parvient ici à abolir la fuite du temps dans un bel hymne à l'art et à la vie. Cela a certes déjà été fait en littérature, mais c'est revisité ici d'une façon très émouvante.
Une très belle histoire, qui pourrait être vraie et qui touchera tous les lecteurs.
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