La musique, le Japon, le violon, une enfance rompue et un violon brisé, une patiente et double reconstruction la nudité d'un récit pur.
Et la plume d'
Akira Mizubayashi dont j'ai tellement aimé Petit Éloge de l'Errance et
Mélodie: chronique d'une passion...
Pour couronner le tout, chez mes amis babeliotes , des critiques magnifiques, sensibles, enthousiastes...
J'avais tout pour me délecter.
Hélas! Quelle déception! Je me suis sentie comme le petit garçon du conte d'Andersen , Les Habits neufs de l'Empereur , qui, alors que tous s'extasient devant les habits de l'Empereur, constate simplement "Le Roi est nu!".
J'ai un copain qui m'a fait rire, un jour, de façon mémorable en décrétant devant un meuble ou un vêtement confondant de pureté et d'un prix ahurissant: " Moi je dis: la vraie simplicité c'est toujours très cher ! " . Pour le parodier gentiment ( Pardon, Alain, de détourner cette parole historique!) je dirais "la vraie simplicité c'est parfois très plat, voire très ennuyeux".
Compte tenu de la levée de boucliers qui se prépare déjà, je dois argumenter un peu.
Vraie simplicité , d' ailleurs, ou manque d'imagination?
Les premières pages sont parfaites, accrochent le lecteur, le happent. Mais tout le reste est une reprise laborieuse du thème initial ( enfance et violon brisés, la scène fondatrice) , au mépris de toute vraisemblance: la petite fille du gentil militaire mélomane, sauveur du violon et de l'enfant, est devenue musicienne, violoniste virtuose et joue devant l'enfant devenu vieil homme et... luthier LES morceaux de musique qui fondent son souvenir traumatique, plus tard, la jeune musicienne chinoise qui accompagnait le père disparu fait une tardive et ultime apparition , juste avant de mourir, et donne au vieux luthier le pull rose de sa mère que justement elle portait ce jour-là et que miraculeusement elle avait conservé. ..
Fausse simplicité à mon sens, et qui épuise le thème du recollement des morceaux jusqu'à. ..la corde !
Reste la musique...mais là aussi, j'avais dans l'oreille l'extraordinaire partition d'
Alexis Ragougneau dans
Opus 77. Quelle différence! Si j'ai "entendu" vraiment Chostakovitch, je n'ai guère entendu la gavotte en rondeau de Bach ni la Rosamunde. Les pages musicales m'ont paru d'un didactisme souvent maladroit , sans susciter mon émotion.
Je ne parlerai pas des dialogues le plus souvent vides et sans fonction ou de cette mode d'insérer des courriels dans le fil d'un roman qui s'en passerait bien....
De temps en temps, pourtant, j'ai retrouvé mon Akira: quand il parle de Momo, le chien sheba, quand il évoque son nomadisme culturel, son attachement viscéral à la France des Lumières et sa mélancolie profonde d'exilé perpétuel. Avec les premières pages, très fortes, c'est ce qui a sauvé ma lecture.
Pardon, les amis , de mettre dans ce concert de louanges ma petite note discordante..