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4,19

sur 2041 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
La musique, le Japon, le violon, une enfance rompue et un violon brisé,  une patiente et double  reconstruction   la nudité d'un récit pur.
Et la plume d'Akira Mizubayashi dont j'ai tellement aimé Petit Éloge de l'Errance et Mélodie: chronique d'une passion...
Pour couronner le tout, chez mes amis babeliotes ,  des critiques magnifiques, sensibles, enthousiastes...

J'avais tout pour me délecter. 

Hélas! Quelle déception! Je me suis sentie comme le petit garçon du conte d'Andersen , Les Habits neufs de l'Empereur , qui, alors que  tous s'extasient devant les habits de l'Empereur, constate simplement "Le Roi est nu!".

J'ai un copain qui m'a fait rire, un jour,  de façon mémorable en décrétant devant un meuble ou un vêtement  confondant de pureté et d'un prix ahurissant: " Moi je dis: la vraie simplicité c'est toujours très cher ! " . Pour le parodier gentiment ( Pardon, Alain, de détourner cette parole historique!)  je dirais  "la vraie simplicité c'est parfois très plat, voire très ennuyeux".

Compte tenu de la levée de boucliers qui se prépare déjà,  je dois argumenter un peu.

Vraie simplicité , d' ailleurs, ou manque d'imagination?

Les premières pages sont parfaites, accrochent le lecteur, le happent. Mais tout le reste est une reprise laborieuse du thème initial ( enfance et violon brisés,   la scène fondatrice) , au mépris de toute vraisemblance: la petite fille du gentil militaire mélomane,  sauveur du violon et de l'enfant,  est devenue musicienne,  violoniste virtuose et joue devant l'enfant devenu vieil homme et... luthier LES morceaux de musique qui fondent son souvenir traumatique, plus tard, la jeune musicienne  chinoise qui accompagnait le père disparu fait une tardive et ultime apparition , juste avant de mourir, et donne au vieux luthier le pull rose de sa mère que justement elle portait ce jour-là et que miraculeusement elle avait conservé. ..

Fausse simplicité à  mon sens, et qui épuise le thème du recollement des morceaux jusqu'à. ..la corde ! 

Reste la musique...mais là aussi, j'avais dans l'oreille l'extraordinaire partition d'Alexis Ragougneau dans Opus 77. Quelle différence! Si j'ai "entendu" vraiment Chostakovitch, je n'ai guère entendu la gavotte en rondeau de Bach ni la Rosamunde.  Les pages musicales m'ont paru d'un didactisme souvent  maladroit , sans susciter mon émotion.

Je ne parlerai pas des dialogues le plus souvent vides et sans fonction ou de cette mode d'insérer des courriels dans le fil d'un roman qui s'en passerait bien....

De temps en temps, pourtant, j'ai retrouvé mon Akira: quand il parle de Momo, le chien sheba,  quand il évoque son nomadisme culturel, son attachement viscéral à la France des Lumières et sa mélancolie profonde  d'exilé perpétuel. Avec les premières pages, très fortes, c'est ce qui a sauvé ma lecture. 

Pardon, les amis , de mettre dans ce concert de louanges ma petite note discordante..
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" - le peu de choses que je sais du passé de mon père, ça vient de ma mère, pas de lui.
- Ah oui? Alors c'était une personne plutôt sombre, mélancolique?
- Oui. Tout à fait. Ma mère se plaignait du caractère taciturne et renfermé de mon père, mais elle disait aussi: "Il faut le comprendre. Toute sa famille a été tuée à Hiroshima par ce monstrueux champignon..."
- Toute sa famille!
- Oui, ses parents, ses grands-parents, sa soeur et son mari, leurs enfants, son petit frère... enfin tous calcinés... Lui, il était officier de l'armée de terre. Il vivait à Tokyo. Il a donc échappé à cette catastrophe... Quelques jours après la date fatidique du 6 août, il est allé à Hiroshima... Et là, évidemment, il a vu les horreurs... dont il n'est jamais revenu... dont il n'a jamais parlé."
Alors voilà, je renonce. Je suis incapable d'écrire une critique de ce livre, tellement touchant, tellement premier degré, tellement convenablement écrit (oui mais par quelqu'un dont le français n'est pas la langue maternelle) et tellement éloigné de ce que j'appelle, moi, la littérature.
Au pays d'Akira Mizubayashi, les âmes brisées se réparent: celles des violons et celles des musiciens. Car les musiciens parlent une langue commune et sont capables de construire un monde juste où les blessures se referment. Qui ne voudrait vivre dans un tel monde?
Akira Mizubayashi est une sorte de Paulo Coelho estimable, sans esbrouffe, un auteur qu'on a envie d'aimer.
Après, c'est sûr que l'amour, ça ne se commande pas.
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Je poursuis mon incursion dans le rayon francophone de ma bibliothèque municipale. Akira Mizubayashi est un écrivain et universitaire japonais qui écrit en français et a reçu de nombreux prix à ce titre.

Ame brisée raconte, dans la Japon de 1938, l'histoire de Rei, jeune garçon cruellement arraché à son père alors que ce dernier répétait avec trois amis un quatuor pour cordes de Schubert. Faisant irruption dans cet après-midi feutré, des militaires tortionnaires détruisent ou quasi le violon, emmènent le quatuor amateur et laisse Rei seul caché dans une armoire. Revenu une dernière fois dans la pièce, l'un des militaires, plus mélomane et cultivé que les autres, découvre le garçon, lui restitue les ruines du violon de son père et ne le dénonce pas. Rei ne reverra jamais son père vraisemblablement mort sous la torture.

Adopté par un couple français d'amis, Rei devient Jacques. Il termine de grandir en France et décide de devenir luthier. C'est sa vie qui nous est contée ainsi que sa rencontre avec Hélène et sa quête de réparation qui se poursuit sur plusieurs décennies.

Il y a dans ce récit de quoi faire pleurer d'effroi, de stupeur et d'émotion n'importe quel lecteur pour peu qu'il ait un coeur. Les similitudes entre l'âme du violon et celle du père défunt, entre sa réparation et la filiation que cela crée entre Rei et cet ancien – nouvel instrument sont solidement ancrées dans la trame. Des voyages, des retrouvailles improbables, un cheminement initiatique que toute une vie aura préparé achèvent de broder leurs fils autour du thème.

J'ai sans cesse oscillé entre l'adhésion à la mélodie proposée et l'agacement de la voir aussi laborieusement mise en place. Certains passages sont maladroits au point d'en devenir grotesques (« le garçon leur apporta les entrées qu'ils avaient commandées. – Bon appétit, Hélène. – Merci. Bon appétit à toi aussi. – Merci… » Argghhh !! Au secours !!). Quand ailleurs, la jolie clausule de ce chapitre : « le temps se défossilisait, recommençait à trembler. »

Ca m'a rappelé La patience des traces qui m'avait laissée aussi sceptique, dans un entre deux inconfortable jamais dedans, jamais complètement en dehors non plus. Ici, et je ne sais si c'est dû au dialogisme entre deux langues et deux cultures si différentes que le japonais et le français, mais j'ai eu le sentiment d'un roman un peu gauche, attendrissant d'intentions mal rendues, emprunté.

Le plus sage est sans doute de succomber à l'émotion suscitée, d'accepter le voyage pour ce qu'il peut offrir et de ne pas s'appesantir sur les encombrements qui l'empêchent. Mais j'aurais aimé être totalement ravie et je regrette de ne l'avoir été qu'à peine.
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Voilà un roman qui a séduit de nombreux lecteurs.
En effet cette histoire, que j'ai lue presque comme un conte (sans doute à cause d'un style très simple due au fait que l'auteur, japonais, écrit en français), a beaucoup de charme.

Un épisode tragique au Japon voit un violoniste être arrêté, son violon est cassé et son petit garçon doit se cacher dans une armoire.
Sauvé par un militaire mélomane, recueilli par des Français, il deviendra luthier, n'aura de cesse de réparer ce violon et de revenir sur l'épisode tragique qui a coûté la vie à son père.
Une jeune violoniste prodige japonaise refermera la boucle de cette histoire.

De nombreux thèmes s'entremêlent, l'enfance, le conflit sino-japonais, la résilience, et surtout le musique, encore la musique.
Tout commence par ce quatuor de Schubert, et c'est cette passion pour la musique qui sauvera Rei grâce à un militaire fou de de musique, puis qui animera Rei toute sa vie.

Voilà une belle histoire que j'ai trouvée très romanesque mais toutefois un peu artificielle, la faute sans doute à une écriture toute en retenue, très « japonaise », qui décrit sans entrer du tout dans la psychologie des personnages
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"C'est ainsi que nous avançons, barques à contre-courant, sans cesse ramenés vers le passé."
Gatsby le Magnifique


Commençons piano. L'interprétation par Frank Bradley de la sonate au clair de lune dans un hommage à Beethoven avec l'ORCW en la salle Arsonic m'a retourné les tripes à jamais ; le 1er mouvement justement interprété comme une marche funèbre porteur d'une sombre et profonde mélancolie m'avait touché au plus haut point alors que la grande majorité des enregistrements font preuve d'une légèreté qui ne m'émeut guère.


Alors que les cordes sont tapées au piano, pincées au clavecin, elles sont frottées par l'archer au violon, exercice délicat ou tout manque de technique se traduit par de stridentes dissonances ô combien désagréables à l'oreille. le son du violon joué à la perfection s'associe à une pointe d'acidité, un léger scintillement. Alors accordons-nous, ce qui m'a manqué dans cette écriture ce n'est ni la technique et ni le style, au contraire l'auteur fait preuve de virtuosité au point de m'arracher quelques larmes dans certains passages. Je crois plutôt ne pas avoir totalement accroché à la partition, à des passages trop lisses ou trop attendus.


J'ai écouté Rosamunde sur ma chaîne tout en lisant, comme beaucoup je crois, malheureusement ma version en CD manque de relief par rapport à la description qu'en fait Akra Mizubayashi. Je mets donc en lien celle du quatuor Ebene qui lui correspond mieux. Il suffit de si peu pour entrer ou non en vibration à l'unisson. le fait que Rei dans cette histoire d'amour et de transmission perde son papa de manière brutale à huit ans et se trouve enchaîné à vie par ce souvenir douloureux me touche plus que la succession de trop de hasards doucereux. A moins que mon âme brisée ? ...
Mon coeur balance quand je repense à ce petit bonbon acidulé.


Akira Mizubayashi dévoile probablement son âme secrète dans ce récit, aussi à mon tour vais-je terminer par une note plus légère en vous révélant un petit secret. J'aime offrir les livres qui m'ont plus à des personnes que j'apprécie. Cela choque parfois de recevoir ainsi mon propre exemplaire déjà utilisé et accompagné de la liste des citations que j'ai relevées, alors qu'il s'agit en fait d'offrir une petite part de moi-même. Mais pour celui-ci la transgression est plus grande : il s'agit d'un livre acheté en cadeau et que j'ai décidé sans vergogne de lire avant de l'offrir, avec l'esprit du luthier qui s'oblige à jouer du violon d'un virtuose pour tester sa sonorité.


"Est-ce ainsi que les hommes vivent?
Mais leurs baisers au loin les suivent"
Aragon/Ferret


Schubert Rosamunde D804 par le quatuor Ebene
https://www.youtube.com/watch?v=mhVZneMZM1A

Bach Gavotte en rondeau BWV 1006 par Yehudi Menuhin
https://www.youtube.com/watch?v=8hxEGIOzyu8

Alban Berg concerto à la mémoire d'un ange par Yehudi Menuhin
https://www.youtube.com/watch?v=VAuClDbehtk

Le Bateau-usine de Kobayashi Takiji
Et vous, comment vivrez-vous ? de Genzaburô Yoshino
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J'avais pris soin, pour une fois, de ne pas lire les billets de Babelio, me laissant porter par un bouche à l'oreille qui gonflait la dithyrambe, de lecteur en lecteur.
Diable, tisser un récit à partir du Rosamunde de Schubert et de la gavotte en Rondeau de Bach en passant par Tokyo, Hiroshima, Mirecourt, Crémone pour finir en apothéose à la salle Pleyel , ce devait être du lourd, du très, très lourd. J'adore la littérature japonaise. Je retourne dès que possible au Japon…
Bon je suis super déçu, vraiment.
Il y a absolument tous les ingrédients que j'aime ( jusqu'à l'évocation du génial Bateau-Usine) mais ça ne prend pas, les petits soufflés s'effondrent irrémédiablement, les uns après les autres.
Le récit est tout plat , l'Allegro tout lent , l'Andante cousu de fil de soie blanche.
Si certains ont lu un chef d'oeuvre ( j'ai finalement bien sûr jeté un coup d'oeil sur les critiques) , je suis totalement passé à côté, à travers plutôt ,tant j'ai trouvé le récit lisse et modeste.
J'ai ma petite hypothèse : le livre n'est pas traduit mais écrit directement en français.
C'est peut-être là que ça coince. Enfin pour moi. Il faut bien que je trouve une explication ??
Je me rassure en voyant que pas mal ont fait la même analyse. Ah la littérature….!!!
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Tokyo en 1938 : Rei assiste à une répétition de musique organisée par son père avec trois musiciens chinois. le concert improvisé tourne au drame après l'arrivée de soldats japonais et le petit garçon ne reverra jamais son père. Il récupérera juste son violon brisé
Paris bien des années plus tard : Jacques Maillard est luthier. Quel est le lien avec le petit Rei ? Pourquoi va-t-il consacrer sa vie à la réparation des violons ?

Voilà un roman que j'ai lu sans déplaisir mais sans beaucoup de passion non plus. Trop lisse. Comme un plat qui manquerait de sel et de poivre.

L'histoire est tragique et l'intrigue plutôt bien trouvée mais jamais je n'ai réussi à être emportée par ma lecture. Peut-être que les personnages ne sont pas assez incarnés ? le personnage principal semble en effet le plus souvent dénué d'émotions et sa vie semble se dérouler comme un encéphalogramme plat. de même, ses rencontres avec les protagonistes du drame m'ont paru un peu artificielles.

Les critiques très élogieuses et les prix attribués me font penser que je suis passée à côté du charme que semble receler ce roman pour beaucoup….
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Je ne connaissais pas Akira Mizubayashi et je découvre avec ce roman un écrivain sensible et nourri d'une double culture qui constitue une indéniable ouverture sur le monde.
Il nous raconte ici une très belle histoire qui ne peut manquer de toucher et d'émouvoir.
L'attachement de toute une vie au seul objet que le jeune Rei a pu conserver lorsque son père, en 1938 dans un Japon en proie à la guerre expansionniste de son empire est brutalement arrêté : son violon, piétiné par les militaires, complètement cassé. Adopté par un couple français ami de son père, Rei devient Jacques et n'aura de cesse, en devenant luthier, de renouer le fil qui le relie au souvenir de son père disparu. Par les instruments qu'il fabrique avec amour, par la musique dont l'amour lui a sauvé la vie.
Une très belle histoire, donc.
Ceci dit, j'ai déploré une narration qui tire un peu en longueur au détriment de certains passages vraiment très beaux. Des dialogues parfois assez pauvres aussi.
Mon manque de connaissance musicales m'a également certainement privée de quelques sensations.
Néanmoins, l'émotion fut au rendez-vous.
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La délicatesse de l'écriture japonaise est au service de la sérénité, de la résilience et de la pudeur qui entourent les personnages.
Mais -avec 2 étoiles il y a forcément un mais- j'ai trouvé le tout très artificiel. Trop court, ou plutôt rendu trop long par des redites, un format nouvelle m'aurait peut-être davantage convaincue. Les personnages manquaient d'incarnation, de matière, je n'ai pas réussi à me les representer, bien que le « personnage principal » soit le violon.
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Il y a des drames dont on ne se remet jamais. Certes, la vie continue, on essaie de se plonger dans le travail mais là, au plus profond de nos âmes brisées, toujours la tristesse persiste.
C'est une belle histoire que nous conte Akira Mizubayashi et son personnage porte cette pudeur et ce respect que l'on se plait à imaginer chez les vieux japonais.
On aimerait comprendre que l'art soit un sanctuaire inviolable mais la barbarie n'a que faire des artistes et en cela cette histoire est intemporelle.

Il ne faut pas s'arrêter aux premières pages, il est vrai, assez maladroites et bien trop descriptives pour juger de la forme de ce roman qui prend sa plénitude au fils des pages.
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