AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,19

sur 2023 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Au début du roman deux histoires se côtoient.
Dans la première, quatre musiciens amateurs, trois étudiants chinois restés au Japon malgré l'animosité croissante entre les deux pays depuis l'incident de Mandchourie en 1931, et un japonais Yu accompagné de son fils Rei, épris de musique classique occidentale, répètent au Centre culturel de Tokyo, en 1938. Soudain, irruption de soldats. Yu enjoint à son fils de se cacher rapidement dans une armoire. Rei, par le trou de la serrure assiste à la scène...
Dans la deuxième, nous entrons dans la vie d'un couple Jacques et Hélène, lui luthier et elle archetier. Ils se sont connus en 1950 à Mirecourt, petite ville des Vosges et capitale de la lutherie française.
Le lien de la musique est évident, mais apprendre ensuite que Jacques est Rei m'a surprise! Rei, cet enfant de 11 ans a assisté de sa cachette à l'arrestation de son père et de ses trois amis. le lieutenant Kurokami ne l'a pas dénoncé lorsqu'il l'a découvert et lui a même remis le violon de son père, détruit par un militaire.
J'ai été littéralement charmée et envoûtée par ce roman écrit tout en délicatesse. Mais la poésie des mots qui accompagne le roman n'empêche pas Akira Mizubayashi de nous faire ressentir ce que l'humanité peut receler de cruauté, notamment en période de guerre. Il fait ici référence à la politique expansionniste de l'Empire japonais et il n'oublie pas de parler du monstrueux champignon d'Hiroshima et du bombardement de Tokyo le 10 mars 1945.
De plus, La culture japonaise est bien mise en valeur comme sa cuisine, et cela participe à notre plaisir. Souvent, mais pas trop, des mots japonais sont insérés et permettent de mieux s'imprégner de l'ambiance.
J'ai découvert aussi, grâce à ce roman, que Mirecourt était la ville de Jean-Baptiste et Nicolas-François Vuillaume, célèbres maîtres luthiers et que le pernambouc, arbre qui ne pousse qu'au Brésil, servait à fabriquer les archets.
Lors des dialogues entre les membres du quatuor, est abordé également le sujet des nuances existant entre les langues. Yu s'exprime ainsi : "Je pense que pour Philippe, la langue, en l'occurrence le français, est un bien commun que ses usagers partagent équitablement. Les relations sociales de supériorité et d'infériorité ne sont pas encastrées dans la langue... comme dans le cas du japonais ". La littérature et la musique sont les pièces maîtresses de ce magnifique roman. Ce sont grâce à ces deux formes d'art que Rei va arriver à dépasser l'énorme blessure que la vie lui a infligée.
Avec ce roman, l'auteur a réussi de façon magistrale à nous faire ressentir au plus profond de nous-mêmes, que nous l'ayons déjà vécu ou pas, ce que pouvait être la perte d'un être cher, le déracinement et l'oubli impossible à faire. J'ai lu ce roman d'une seule traite tant j'ai été happée par cette écriture si poétique. Je me suis laissée emporter par cette émouvante recherche du père, sublimée du début à la fin par la musique.
Âme brisée est un titre à double évocation. C'est en effet l'âme du violon de Yu qui est brisée, (L'âme du violon étant la petite pièce de bois interposée, dans le corps de l'instrument, entre la table et le fond, les maintenant à la bonne distance et assurant la qualité, la propagation comme l'uniformité des vibrations), ce qui va briser l'âme de son fils Rei.
Ce roman, découvert dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire 2019 de Lecteurs.com, s'apparente à une véritable mélodie où les émotions foisonnent et m'a profondément bouleversée, parfois jusqu'aux larmes. Un bijou à lire absolument et à relire...
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          24424
Cette fiction est un concentré d'émotions, d'amour de la musique, d'élévation des sentiments, de luminosité, d'amour des animaux. J'ai été bouleversée, touchée, par l'écriture d'Akira Mizubayashi. L'auteur m'a transportée dans le monde de la Beauté et dans cette période, c'est un baume, une vision optimiste de l'humanité malgré le drame qui sert de point de départ à ce récit et qui est un véritable réquisitoire contre la guerre et ses ravages.

D'une poésie à couper le souffle, j'ai ressenti la même plénitude, la même intensité émotionnelle à la lecture de « L'éternité n'est pas de trop » de notre François Cheng national. L'écriture est belle, fluide, classique et respectée comme seules les personnes étrangères, amoureuses de notre langue, savent le faire. L'auteur écrit directement en français. Sa plume nous tire les larmes des yeux tant la beauté et la symbolique de certains passages évoquent, pour certains d'entre nous, des moments connus, des similitudes de souvenirs peuvent alors s'échanger entre l'auteur et le lecteur. D'ailleurs ce livre est dédié « A tous les fantômes » ! « La musique était tellement incarnée qu'elle possédait la puissance de rappeler les âmes du royaume des morts » (page 223).

Le Japon est en guerre de 1937 à 1945 et a envahi la Chine. le récit s'ouvre sur un beau dimanche ensoleillé en 1938, dans le centre culturel municipal de Tokyo. Un quatuor à cordes entame la répétition en la mineur opus 29 de Schubert dit Rosamunde. Soudain des bruits de bottes se font entendre, Yu Mizusawa fait signe à son petit garçon de 11 ans en train de lire, de se cacher dans une armoire. Rei obéit, prend son livre et ferme la porte de l'armoire. L'un des soldats violente son père et lui arrache son violon qu'il va briser sous les yeux de l'enfant qui regarde par le trou de la serrure. le lieutenant Kurokami, grand mélomane, arrivant après l'agression, découvre la cachette de l'enfant qu'il ne trahira pas et une fois la salle vide, désolé, confiera le violon détruit à Rei dans son armoire. L'enfant ne reverra plus son père.

A cet instant, le traumatisme psychologique subi par l'enfant le projette dans un sentiment d'abandon, de solitude. Sa vie s'arrête. Rei se retrouve seul avec le violon de son père totalement saccagé. C'est un Nicolas François Vuillaume de 1857 sur lequel Yu a interprété une dernière fois La Gavotte en rondeau de Bach. le lecteur peut imaginer facilement la charge symbolique qu'incarne l'instrument qui restera la personnification de son père.

Le titre de cette fiction nous renvoie à la petite pièce en épicéa essentielle à la propagation du son d'un instrument à corde. Sous l'impact de la douleur traumatique, l'Ame du violon comme l'Ame de Rei se sont brisées devant l'horreur.

C'est l'histoire d'une reconstruction et d'une résurrection sur plus de cinquante ans. Rei et le violon marcheront de concert si j'ose m'exprimer ainsi. Rei tout en restaurant le violon, restaure sa propre personnalité et ainsi jusqu'à une fin heureuse ou les destins croisés de quelques personnes permettront à Rei de reconstituer le puzzle de sa vie depuis ce drame où son âme a explosé jusqu'à la guérison de celle-ci. « le temps de défossilisait , recommençait à trembler » la vie s'était comme arrêtée sous la violence du traumatisme, et sous la musique, elle reprenait son souffle.


On ressent l'humanisme de l'auteur dans cette fin qui jette un regard positif sur l'humanité. Certes l'être humain peut se montrer cruel, d'une noirceur profonde, mais Akira Mizubayashi se veut attentif à la beauté des êtres dans toutes leurs manifestations et c'est un véritable remède qu'il partage avec son lecteur.


Dans cette fiction, j'y ai vu l'Art contre la barbarie. Comment la musique, langage universel, abolit les frontières du temps et de l'espace, survole les continents, en donnant vie à l'âme d'un disparu par le truchement de la filiation, de la fidélité, de la beauté des gestes. Il y a aussi de très belles pages sur la lutherie et l'archèterie. « Dès lors, son art de luthier, celui de rendre les sons de l'âme, de la vie intérieure, de la plus noire mélancolie comme de la joie la plus profonde à travers les instruments qu'il fabriquait ».

Marcel Proust fait même une petite apparition dans « la madeleine de ce petit garçon » devenu septuagénaire « un bol de riz mélangé à un oeuf cru ».

Akira Mizubayashi doit vivre la musique du plus profond de son être pour écrire des pages sublimes sur « A la mémoire d'un ange » du concerto de Berg dédié à la fille d'Alma Malher. La trame du livre s'appuie sur Schubert et Bach « Gavotte en rondeau » et se décompose en chapitre dont les dénominations s'apparentent à un morceau de musique.

Je ne suis pas musicienne, plutôt mélomane en toute humilité. Après la peinture, je ne voulais pas quitter le monde de la création et l'histoire de ce violon m'a séduite. Ce livre parle à toutes celles et ceux qui sont sensibles à l'Art, qui perçoivent les messages en premier lieu avec leur coeur et ensuite avec leur intellect afin de pouvoir se plonger dans l'intimité de l'auteur, recevoir celle-ci. Je ne remercierai jamais assez les artistes pour le bonheur qu'ils nous procurent en contemplant, en écoutant, en lisant leurs oeuvres chacun de nous avec sa sensibilité, son inclination.

« Face à la musique de Schubert, les larmes coulent sans questionner l'âme auparavant, puisqu'elle se précipite sur nous avec la force même de réalité sans le détour de l'image. Nous pleurons sans savoir pourquoi ; parce que nous ne sommes pas encore tels que cette musique nous promet d'être mais seulement dans le bonheur innomé de sentir qu'il suffit qu'elle soit ce qu'elle est pour nous assurer qu'un jour nous serons comme elle ». Théodor W. Adorno
Commenter  J’apprécie          18531
Cet ouvrage qui, sans aucun doute, m'a le plus ému et émerveillé depuis le début de cette année, associe une intrigue captivante, des personnages attachants et une écriture ciselée.

L'âme d'un instrument à cordes est une petite pièce de bois interposée, dans le corps de l'instrument, entre la table et le fond, qui les maintient à la bonne distance et assure la qualité, la propagation comme l'uniformité des vibrations.

Ame brisée est l'histoire du violon de Yu Mizusawa, un intellectuel japonais, dont l'instrument, victime de la soldatesque nippone en 1938 à Tokyo malgré l'intervention du lieutenant Kurokami, est emporté par son jeune fils Rei.

Qu'advient-il de Rei et de sa famille à l'issue du conflit mondial conclu par une bombe atomique sur Hiroshima ?
Que devient ce violon, ou plutôt ses restes ?
Comment arrive-t-il en Lorraine à Mirecourt, chez Jacques et Hélène Maillard, un couple d'artisans luthiers experts en restauration d'instruments anciens ?
Par quel miracle Midori Yamazaki, petite fille de Kenzo Kurokami, hérite-t-elle de ce violon ?

Akira Mizubayashi, écrivain japonais écrivant en français, nous offre cette oeuvre en quatre mouvements rythmés par le Quatuor à cordes en la mineur opus 29 "Rosamunde" de Franz Schubert, La Gavotte en rondeau, Partita n°3 en mi majeur de Jean-Sébastien Bach et le Concerto à la mémoire d'un ange d'Alban Berg.

Roman magnifique, aussi bouleversant qu' « Opus 77 » d'Alexis Ragougneau, écrit d'une plume sensible et élégante, étayé par une double culture, c'est un hymne à la paix et à la culture. A lire et à relire !
Commenter  J’apprécie          15313
Âme brisée - Akira Mizubayashi - Roman - Éditions Folio - Lu en septembre 2022.

"A tous les fantômes du monde"

L'âme, qu'est-ce exactement ?
Les objets ont-ils une âme ?
Qu' est-ce que l'âme d'un violon ?

L'âme humaine, esprit, conscience, elle est immatérielle
L'âme d'un violon, elle, est bien matérielle, c'est l'ultime petite pièce de bois que le luthier va placer au coeur de l'instrument, c'est elle qui va donner au violon sa sonorité, ses vibration, son âme.

Et donc, oui, certains objets ont une âme, j'y crois.

Dans son magnifique roman, Akira Mizubayashi nous raconte l'histoire de ce violon fracassé, de son âme brisée par les bottes d'un soldat japonais sous les yeux apeurés d'un petit garçon chinois que son père a eu le temps de cacher dans une armoire avant le drame.

Nous sommes à Tokyo, en 1938, dans un centre culturel où quatre musiciens chinois sont réunis pour une répétition. Parmi ces quatre violonistes, le père du petit Rei.

L'animosité des Japonais vis-à-vis de la Chine commence en 1931 lorsque le Japon envahit la Mandchourie.

Le père de Rei ne reviendra jamais de son arrestation par des soldats japonais ce dimanche 6 novembre 1938.

"... mais la guerre m'a privé de toute ma famille, c'est-à-dire de mon père ... puisque ma famille n'était composée que de mon père. Nous n'étions que deux" page 154

Le petit Rei sera adopté par un ami de son père et son épouse, des Français, ami qui est aussi le parrain de Rei.

Et ce petit bonhomme tout perturbé va se retrouver propulsé en France où il vivra dans cette nouvelle famille qui l'aime et l'entoure au mieux.

Mais Rei restera sa vie durant dans le questionnement, il deviendra maître luthier et réparera au fil des ans le violon de son père afin de lui rendre son "âme" et il y arrivera. le violon de son père revivra grâce à la petite-fille du soldat japonais qui sachant que le petit garçon était dans l'armoire, ne l'a pas dénoncé et lui a remis l'instrument brisé dans les bras.

L'auteur m'a envoûtée par son écriture tout au long du parcours de Rei, par les rencontres qui ont permis à cet enfant de se relever d'un traumatisme violent. Il avait déjà perdu sa mère très jeune.

Je suis entrée dans l'atelier d'un luthier, métier de passion que j'ai découvert, un métier qui rend vie aux âmes brisées des violons.

C'est aussi une histoire de résilience, la guérison de l'âme blessée d'un petit garçon.

C'est un livre magnifique, plein d'émotion !

Merci Monsieur Akira Mizubayashi.
Commenter  J’apprécie          10816
Un auteur japonais et une thématique autour de la musique, je suis bien loin de mes lectures habituelles.
Il s'agit d'une belle histoire et d'un parcours de vie passionnant, d'un récit habilement construit qui fera vibrer les cordes les plus sensibles et de cordes il en sera d'ailleurs question.
Le résumé est malheureusement un peu bavard puisque révélant un bon quart du récit, cela-dit ce qu'il reste à découvrir est bien plus important, nous allons voyager au propre comme au figuré, voyager dans le temps et en pensée au son de la musique classique, voyager culturellement aussi.
Nous allons apprendre des choses sur la musique et les instruments de musique, sur le métier de luthier, l'auteur nous invite ici à ressentir une sensibilité propre au monde des musiciens, et il le fait avec virtuosité.
Il sera aussi question d'une quête intime et personnelle qui ne laissera pas le lecteur indifférent, la recherche d'une vie, celle qui vous construit en avançant et vous donne force et espoir jusqu'au but final.
Une quête obsessionnelle commencée enfant et qui s'apparente à la recherche du graal.
J'ai aimé cette lecture pour la sensibilité omniprésente tout au long du récit, pour la somme des choses apprises qu'elles soient culturelles, techniques ou historiques mais aussi pour sa justesse de ton que certains trouveront peut-être trop pudique.
Il me reste à remercier Martine (alias enjie77) dont le billet inspiré m'a permis cette belle découverte.
Commenter  J’apprécie          9014
1938, le Japon a envahi la Mandchourie. Dans un centre culturel à Tokyo, un quatuor à corde sino-japonais répète l'opus 29 en la mineur de Franz Schubert, « Rosamunde ». Yu, premier violon, n'a que le temps de cacher son fils Rei dans une armoire lorsque les militaires japonais viennent appréhender les quatre musiciens. Un officier dirigeant le commando, découvre le jeune Rei dans sa cachette. Il n'en souffle mot, mais lorsqu'ils s'en vont tous, le jeune garçon est désormais orphelin…
S'il existe une littérature Feng-Shui, Akira Mizubayashi en est l'un des plus remarquables artisans. Son écriture claire, épurée est confondante de sobriété. L'auteur ne s'embarrasse d'aucune fioriture, d'aucun effet de style, il va à l'essentiel. La poésie de son texte nous transporte à travers une histoire triste mais qui, grâce à la pureté des mots d'Akira Mizubayashi, ne sombre jamais dans l'hystérie de la tragédie shakespearienne, ce qui participe à la beauté unique de ce texte.
Il nous emmène dans un voyage à travers le temps, où les disparus prématurés vont être les héros fantômes qui vont faire triompher le travail de mémoire de Rei allias Jacques Maillard, luthier. C'est une histoire sur le souvenir, élixir de jouvence pour que nos défunts acquièrent l'immortalité.
« Âme brisée » est un magnifique roman, léger, admirable, merveilleux, à consommer sans aucune modération.
Editions Gallimard, Folio, 259 pages.
Commenter  J’apprécie          698
«  Les notes de musique s'égrenaient comme une enfilade de gouttes d'eau argentées sur une feuille de bambou après une forte averse » .
«  Une mélodie simple , touchante, lancinante, transparente comme un ruisseau de larmes , commença à couler sur les cordes du premier violon » .
«  On joue de la musique européenne au Japon,.........Monsieur.
La musique traverse les frontières , c'est le patrimoine de l'humanité » ...
Quelques extraits de ces sublimes pages!
Je n'aurai pas de mots assez forts ni convaincants pour évoquer au mieux cette jolie parabole dédiée à la musique de l'âme, à l'amitié , à l'amour , au souvenir, à la poésie , à la fidélité , défiant la mort...

C'est l'histoire longue d'un violon brisé et reconstruit à l'image d'un petit garçon nippon, Rei Mizusawa, dont le père , Yu, professeur d'anglais , passionné de musique classique occidentale , périra , battu et torturé , pour avoir , en plein conflit sino- japonais , constitué un quatuor à cordes , avec trois étudiants chinois, restés au Japon en 1938, malgré la guerre dans laquelle la politique expansionniste de l'Empire est en train de plonger l'Asie .
.Devenu orphelin Rei dit «  Jacques » atterrira en France ,, adopté par Jacques et Isabelle Maillard .
Il n'aura de cesse sa vie durant d'entretenir la passion de cet instrument maudit , en devenant luthier lui- même et en épousant Hélène , une archetière .
Ils répétaient au Centre culturel de Tokyo le quatuor à cordes en la mineur opus 29 de Franz Schubert appelé «  Rosamunde » lorsque cinq soldats en uniforme surgissent dans la salle.
le violon de Yu est brisé , les musiciens sont embarqués , soupçonnés de comploter contre le pays.
Réfugié grâce à son père dans une grande armoire , Rei , onze ans , collégien ,assiste à toute la scène.

Il ne reverra jamais son père, échappera à la violence des militaires grâce au lieutenant Kurokami qui lui confie le violon détruit .
Cette blessure d'enfance irréversible , non cicatrisée le marquera sa vie entière .
En parallèle nous pénétrons dans la vie d'un couple ,très longtemps après , au coeur de Mirecourt , la ville de Jean Baptiste et Nicolas François Vuillaume, petite ville Lorraine connue dans le monde entier , la ville des archers et des luthiers , où ont vécu Rei , devenu Jacques Maillard, luthier et Hélène archetière , comme Crémone en Italie ...

J'ai été littéralement happée , séduite par la poésie délicate de cette oeuvre où l'instrument vit, s'éveille , s'anime , prend vie , où l'auteur écrit des pages magnifiques.
Il vit la musique comme un art à la fois intime et universel.
Un texte lumineux entre réalisme cru et magie du conte où les émotions foisonnent, la musique, la tendresse et l'harmonie affleurent au fil des pages semblables à une mélodie douce , sensible, attachante, sur fond de Schubert.

Un petit bijou touchant pétri d'humanité évoquant la question du souvenir douloureux, le déracinement, le deuil impossible au fil des jours.
La langue est élégante, émouvante et ample .
Une oeuvre bouleversante , fine , à recommander , cette « Âme brisée. » un jour de 1938, l'âme d'un petit garçon et celle d'un violon , détruits par une violence inimaginable !
Ce livre restera longtemps dans mon coeur !
Encore une bonne idée de mon libraire !


Commenter  J’apprécie          6913
Rei est un petit garçon en cet automne japonais de 1938. Sa mère décédée à ses trois ans, il vit avec son père professeur mais aussi violoniste amateur.
Rei , tout en lisant ardemment un livre, écoute son père répéter avec des amis chinois. Lorsque débarque l'armée impériale.

Livre magnifique , d'une sensibilité hors du commun qui m'a bouleversée.
Il y a deux histoires qui se fondent très vite l'une dans l'autre, autour d'une destinée tragique et de la quête du deuil. le trait d'union est un violon, le violon du père de Rei , saccagé par les militaires et que Rei va récupérer des mains d''un lieutenant plus sensible que ses comparses.

Ce roman, empli de nostalgie, d'amour, est bercé par une écriture fluide qui fait la part belle à la douceur , à la patience .
La musique est ici magnifiée, c'est un vecteur de vie, une force surpuissante que même les bombes ne peuvent faire taire. C'est un livre qui pousse ceux qui comme moi ne connaissent pas les oeuvres citées à les découvrir d'urgence, à fermer les yeux et à se projeter dans cette histoire magnifique qui fait du tragique une base pour construire une existence exemplaire.
Les messages sont nombreux mais ramènent souvent à l'universalité. Celle de la musique certes, mais aussi celle de l'homme , qui s'il nait au hasard dans tel ou tel pays est avant tout un être humain avant d'être un Chinois ou un Japonais. On peut être militaire , dans l'une des armées les plus cruelles au monde qu'il fût , et être un homme bouleversé, dont le restant de la vie va consister à effacer ses méfaits.
Et enfin , il y a cette déification de l'instrument, prolongement du corps et vecteur d'un combat pour faire vivre ce que la barbarie a tué.
Un livre incontournable, dont j'espère ne pas avoir trop dévoilé de détail tellement la découverte au fil des pages suscite l'émotion.
Commenter  J’apprécie          6715
Magnifique !
Pris au hasard, un vague souvenir en tête d'une critique enthousiaste lue sur Babelio.... Et puis j'ai commencé la lecture, hypnotisée par ce violon, ce violoniste et ce petit garçon....
1938. Japon. On ne peut plus parler de montée du militarisme et du nationalisme. Là on est déjà au-delà. Une intervention militaire interrompt un quatuor à cordes composé de 3 Chinois et 1 Japonais. le violon est détruit par un soldat, préfigurant ce qui va arriver au violoniste japonais, traître à la Patrie puisque la guerre avec la Chine a commencé, et en plus il joue de la musique de blancs (Schubert et Bach). Dans une armoire, caché, un jeune collégien, fils du violoniste.... Témoin de la disparition de son père.

Un livre magnifique. Un texte a l'image d'un Lied de Schubert : beau, doux, mais infiniment triste.

*

Petit détail pour celles et ceux qui ont reconnu l'animal qui me représente : il s'agit de Totoro du grand Miyazaki. Dans le livre Ame brisée le jeune collégien était plongé dans un livre ("Dites-moi comment vous allez vivre") avant l'intervention des militaires. Ce livre n'a jamais été traduit en français. Mais il va pouvoir être découvert bientôt sur grand écran : Miyazaki est en train de réaliser un film tiré de ce livre.... film prévu au mieux pour 2023 vue la rapidité du maestrio....
Commenter  J’apprécie          6610
Un beau livre émouvant dédié «À tous les fantômes du monde».
Le père de Rei en est devenu un en novembre 1938. Malgré la guerre sino-japonaise, il répétait dans un centre culturel de Tokyo avec des musiciens amateurs chinois le premier mouvement de Rosamunde, «oubliant tout ce qui était en dehors de la musique schubertienne, à l'écart du reste du monde». Pour Yu, Yanfen, Kang et Cheng, l'amitié et leur amour commun de la musique n'ont pas à pâtir des obsessions bellicistes du Japon.
Mais le bruit des bottes s'approche, Yu cache son fils dans l'armoire, des militaires s'introduisent dans la pièce, embarquent les quatre musiciens au Quartier général, non sans avoir auparavant jeté à terre et piétiné l'instrument du père de Rei.
L'âme du violon se brise - l'âme, cette petite pièce de bois qui assure la qualité des vibrations.
Akira Mizubayashi n'a pas peur des émotions, mais ça n'empêche pas la finesse, une belle délicatesse, une vraie grâce dans cette histoire de reconstruction.
Un livre qui a une âme, une qui fait vibrer le lecteur par sa belle humanité.
Commenter  J’apprécie          649




Lecteurs (4092) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1084 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..