Livret de famille

Dans ces quinze courtes nouvelles (et non pas quatorze comme l'annonce la quatrième de couverture), il est question essentiellement d'Identité, comme le laisse entendre le titre de l'ouvrage d'ailleurs.
Pour la majorité d'entre elles, il est question de l'Occupation allemande, des juifs sans papiers et obligés de se cacher .
Concernant celles qui sont fortement inspirées de la vie même de l'auteur, c'est avant tout une recherche des racines, d'une enfance que l'on voudrait se remémorer afin de ne jamais l'oublier dont il est question.

Le lecteur passe facilement d'une nouvelle à l'autre, qui ne sont pas nommées mais simplement indiquées par un numéro de chapitre, sans trop de difficultés et sans vraiment être désorienté. Cet ouvrage fait en quelque sorte une boucle (et je crois que c'est là où les rédacteurs de la quatrième de couverture ont voulu en venir en ne considérant qu'il n'y avait que quatorze nouvelles bien qu'il y ait quinze chapitres) car l'on peut facilement ramener la dernière à la première en tant que continuité de l'histoire. Certes, les avis seront certainement partagés là-dessus mais c'est en tout cas l'impression que cela m'a donné et je trouve que ce serait alors un véritable trait de génie de la part de l'auteur.

Pourquoi n'ai-je pas alors accordé la note maximum à cet ouvrage, me direz-vous ? Tout simplement parce que certaines nouvelles m'ont plus enchanté que d'autres mais dans l'ensemble, c'est vraiment un très bon livre qui vaut le coup d'être découvert !

Une nouvelle plongée dans le prodigieux monde modianesque, fait de souvenirs à la fois précis et incertains.

Plus qu'un livret de famille, c'est un album de famille que l'on feuillette ici.

L'agencement du roman en 15 petites histoires, parfois très courtes, est moins désordonné qu'il n'y paraît de prime abord.
La première et le dernière nous mènent dans le temps présent, celui de Patrick, sa femme, sa fille bébé: la différence est que la première fait encore ressurgir une ombre du passé en la personne du vieux Monsieur Koromidé, alors que la dernière ne fait plus référence au passé, mais au thème obsédant de la mémoire, envahissante chez le père, encore absente chez sa petite fille. "Elle n'avait pas encore de mémoire", c'est sur ce constat "d'état de grâce" que se termine le livre.
Et en quelque sorte en résonance avec les histoires du début et de la fin, la nouvelle du milieu, la VIII, nous évoque le retour de l'auteur au temps de son baptême.

Les autres histoires mettront en scène des moments de la vie de la "famille", la grand-mère, la mère quittant Anvers en guerre, le père emmenant son fils à une étrange partie de chasse, les retrouvailles avec l'appartement où se rencontrèrent et s'aimèrent ses parents, la balade avec l'oncle Alex.
D'autres récits évoquent des bribes du temps de la vie de Patrick, adolescent en Suisse troublé par la résurgence d'un être malfaisant, ou amant de la jeune et belle Denise Dressel pour laquelle il s'évertuera à écrire l'histoire de son père absent (et peut-être mort), jeune adulte scénariste d'un film improbable, ou en Tunisie avec sa future femme, ou enfin, simple témoin de la mort soudaine d'un homme dont il cherchera à retenir un peu du passé...

Même si cette petite fresque autobiographique n'est pas aussi puissante que l'autre, Un Pedigree, ni au niveau des récits majeurs que sont par exemple Dora Bruder, Rue des Boutiques Obscures, Dans le café de la jeunesse perdue, La petite Bijou,...toute la magie de Modiano est cependant là: l'écriture fluide, la construction si musicale des phrases, et surtout la mémoire, l'irruption du passé dans le présent, avec l'atmosphère des lieux, et si souvent une mélancolie, une angoisse latente et une incertitude, mais aussi, ce qui distingue notre Patrick de notre Marcel, cet autre explorateur de la mémoire, une empathie et une tendresse profonde pour les gens.

"Tout un monde lointain, absent, presque défunt vit dans les profondeurs" de ce Livret de famille et nous procure, comme toujours chez Modiano, le "charme profond, magique, dont nous grise, dans le présent, le passé restauré".

Quatorze nouvelles où l'on retrouve les obsessions de MP pour les fantômes du passé et la mémoire des lieux. le lecteur qui se laisse prendre par la nostalgie rêveuse qui nimbe chacune des pages deviendra vite un inconditionnel de l'auteur, c'est ce qui m'est arrivé depuis que j'ai entrepris de lire son oeuvre dans l'ordre de parution des bouquins. Ma seule réserve sur celui-ci tient au format de la nouvelle, que j'apprécie moins qu'un roman (encore que ceux de Modiano ne sont jamais bien longs). Mais on y savoure toujours cet art inimitable de la description teintée de mélancolie : les pages consacrées à un voyage en train du père et du fils, à des après-midi paresseuses au bord d'une piscine d'hôtel ou à une déambulation entre Sidi-Bou-Saïd et la Marsa sont délectables.

Livret de famille est un recueil de court récits écrits par Patrick Modiano, prix Nobel de littérature 2014.
15 récits qui abordent tous la question de l'identité. Identité que l'on cache ou qui pose problème ; Identité inconnue ou totalement inventée.

Les différents récits montrent bien que l'identité ne se résume pas à la possession de papiers mais se construit aussi par la généalogie et les souvenirs. Quand l'un des trois vient à manquer, l'individu est en souffrance (comme ces pères qui disparaissent, cet ancien roi qui se cache, cet ancien artiste dont personne ne se rappelle, …). C'est aussi pourquoi une des nouvelles se consacre entièrement à l'inscription d'un nouveau-né à l'état civil, juste avant que les bureaux ne se ferment.

Modiano nous invite donc à travers ses différents personnages à une réflexion très intéressante sur le besoin d'identité et comment chaque personnage va se débrouiller avec la sienne, et cela peut aller jusqu'au meurtre. J'ai admiré la grande imagination de l'auteur car ses récits se déroulent dans toutes sortes de milieu, mais toujours un peu en marge de la société.

Comme beaucoup, je pensais trouver une histoire, un roman mais il s'agit de quinze histoires différentes (comme des nouvelles) . Certaines sont très courtes (la 15ème a 4 pages)

C'est comme une boite de photos de famille que l'on ouvre, sans ordre et sans titre ni commentaire. Mais le jeune Patrick se dévoile un peu, et évoque ses proches : son père (si important dans ses souvenirs) sa mère, sa fille, sa femme sa soeur...Le lecteur subit le désordre de la mémoire et le brouillard qui enveloppe les souvenirs (pourtant certains ne sont que des petits détails très précis mais sans grande importance) .

L'époque de la guerre, de l'occupation, de la collaboration enveloppe la lecture et reste parfois souterraine mais bien présente. On est loin de la jeunesse lumineuse et entreprenante!

Pour ceux et celles qui découvrent Modiano par ce livre, j'imagine qu'il doit y avoir beaucoup d'interrogations mais pour ceux qui connaissent l'univers de Patrick Modiano, alors ils se retrouveront dans l'ambiance modianesque dès les premiers paragraphes, et c'est un vrai plaisir de lecture

J'ai lu "Livret de famille" via le Quarto de Gallimard consacré à Modiano. C'est en lisant sur ce livre que je me suis aperçu que c'était effectivement des nouvelles et non pas un roman. Venant de Modiano je pensais que c'était sa signature brumeuse le fait que son histoire ne soit pas linéaire. Dommage je ne l'aurai pas lu de la même manière et j'aurai sans doute, je pense, pris plus de plaisir sachant que c'étaient des nouvelles. Les nouvelles sont liées entre elles, liées par le personnage de Patrick, toujours ou presque narrateur. Modiano est un auteur touchant, son oeuvre est singulière. Il faut le lire pour se faire une idée, car beaucoup le trouveront ennuyeux et sans intérêt. Modiano c'est seulement pour ceux savent...

Modiano est un auteur qui cultive le mystère. Je l,ai surnommé L'Écrivain Détective. Son domaine, des sujets recherchés, disparus, des lieux oubliés...Son enquête, retracer la vie de famille, et d'inconnus qui se révèlent indubitablement des personnes déjà vues, croisées, ou entendues parler. P.Modiano provoque les événement dont il nourrit ses remarquables romans.
Il est l'un de mes auteurs préférés. Il raconte merveilleusement bien de magnifiques histoires avec des personnages vivants et colorés qui évoluent dans de fantastiques décors.
De l'intelligence dans un style simple, particulier et admirable...Je le lis avec l'impression de ne jamais arrêter de le lire, puisque ses mots me font énormément un bien immense.