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3,55

sur 718 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
2e Modiano de l'été et d'abord incrédule et circonspect devant le luxe de précisions quant à la filiation du narrateur ,cela avant de comprendre quelques pages plus loin que ce dernier n'est autre que l'Auteur lui même. Dans le cas de l'autobiographie ,l'exigence généalogique n'a évidemment plus rien de gratuit. Sans tomber dans la psychanalyse à trois sous il est difficile de ne pas faire le lien entre l'enfance de Modiano et les personnages de ses livres, entre ce gamin ballotté de familles de substitution en internats ,entre des parents honoraires ,entre la Bohême de l'un et les fréquentations interlopes de l'autre. Bref impossible de ne pas mettre en dialogue une réalité qui à l'air d'une construction fictive d'un coté et des personnages qui cherchent et se cherchent autant au détour d'une impasse du 11e Arrondissement qu'aux confins de leur propre psyché. Difficile également de na pas voir le lien entre ce gamin surnuméraire et spectateur du bon vouloir de parents aux prises avec un destin chimérique et cet ecrivain reconnu au regard douloureusement concentré qui ne parvient pas à terminer ces phrases ,scènes déroutantes et désormais légendaires, advenues chez le Pivot du Vendredi soir.
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Un Prix Nobel, forcément, cela donne envie de s'intéresser à l'oeuvre de l'auteur ainsi mis en lumière. Donc on s'intéresse à l'histoire de l'homme devenu célèbre, racontée par lui-même en 2005, et qui se consacre à ses vingt premières années.

Voici une autobiographie assez désabusée, qui tente de rendre compte du passé selon une chronologie scrupuleuse (quoique assez fatigante à la fin) de 1945 à 1967. Dommage qu'il n'ait pas poussé jusqu'à 68, on aurait aimé savoir comment il a vécu ces moments-là.

Modiano est donc fils d'un juif et d'une flamande mais ce ne sont pas ses origines qui nous intéressent le plus. Il est surtout le fils de gens désargentés mais vivant dans un contexte bourgeois-bohème avant l'heure, de préférence dans des quartiers « branchés » comme Saint-Germain des Prés, aux activités artistiques pour la mère, comédienne à la modeste carrière, activités plus énigmatiques et pas forcément légales pour le père, présenté comme « affairiste » et dont on soupçonne qu'il prend des libertés avec la loi. D'ailleurs, gravitent autour de ces deux-là authentiques mauvais garçons et vrais voyous, gens du spectacle et amis généreux qui les « soutiennent ». Car le propre de leur mode de vie c'est de dépenser un argent qu'ils n'ont pas, d'hôtel en maisons amies, de restaurants chics en périodes de disette.

Rien de tout cela ne serait très grave si le jeune Patrick n'avait constamment la certitude non seulement de ne pas intéresser ses parents mais d'être celui qui gêne. D'où cette de jeunesse entre nourrices, pensionnats, internats, vacances chez les copains, toujours aussi éloigné que possible de parents qui ne l'aiment pas, ne s'intéressent pas à lui sauf quand il est question de lui imposer la loi paternelle. Nous sommes avant 68, on n'est majeur qu'à 21 ans et même parvenu à cet âge, on est encore sous la coupe paternelle tant qu'on n'a pas l'indépendance financière.

On est navré pour Modiano d'une jeunesse si sèche et si pauvre d'amour, heureux de le voir prendre la route et trouver son indépendance, fier (à la place de ses parents) de le voir écrire très jeune son premier livre et devenir – enfin – indépendant. Un chemin difficile mais qui, probablement, l'aura aidé d'une manière ou d'une autre. Pas de quoi tout de même dire « merci papa, merci maman » !
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Voilà l'autobiographie à la mode Modiano. On y retrouve une construction par collage de fragments issus de la mémoire de l'auteur. Les évènements sont livrés de façon brute entourés de la subjectivité de l'auteur, sans que celui-ci essaie de mettre les choses dans une perspective plus large ou dans le contexte de l'époque, ou si peu. Tout est parcellaire et reste ainsi entouré d'un halo de mystère, surtout quand il s'agit du père. C'est un peu comme si Modiano avait retrouvé une boîte remplie de vieilles photos de famille et les avait classées et affichées en séquence dans un ordre chronologique, sans rajouter de commentaires sur ce que les photos ne montrent pas. A la fin, le lecteur ne sait donc pas tout mais comprend très bien ce qu'a pu vivre Modiano, un rescapé de sa jeunesse sans aucun doute.
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Page 45 : A part mon frère Rudy, sa mort, je crois que tout ce que je rapporterai ici ne me concerne en profondeur. j'écris ces pages comme on rédige un constat ou un curriculum vitae, à titre documentaire et sans doute pour en finir avec une vie qui n'était pas la mienne.
Oui, c'est écrit comme une liste de souvenirs, certains tenaces car plus anxiogènes ou satisfaisants que d'autres. Né en 1945, probablement un enfant non désiré d'un père (juif) mi-trafiquant, mi-truand, on n'arrive pas vraiment à définir son activité réelle (le fils ne le sait pas lui-même), et d'une mère belge, artiste de boulevard, toujours endettée et surtout pas sensibilisée à l'éducation d'enfants. Dès l'âge de 11 ans, il passe de pensionnats en pensionnats, à Paris, en province et loin en Haute Savoie en 1960 ; c'est l'objectif du père pour éloigner au maximum ce fils embarrassant. Il y a connu les brimades et la faim. A aucun moment il ne parle d'amitié ou de complicité avec d'autres garçons que ce contexte si particulier aurait pu créer et entretenir. L'affection, la tendresse et l'intérêt ne sont pas au menu de ses parcours d'enfant et d'adolescent. Il cite nombre de personnages rencontrés chez son père, tous plus ou moins issus de la pègre, certains ayant connu la prison, d'autres suicidés ou assassinés ! Il passera son baccalauréat à Annecy, le seul diplôme qu'il ait obtenu dit-il. Suivent quelques années de galère partagées avec sa mère fauchée en permanence, qu'il aide financièrement comme il peut.
Une description sans pathos mais sans allégresse non plus. Un regard lucide, sans amertume ni ressentiment envers ses géniteurs. Une parole qui devait être libérée.

Lien : https://www.babelio.com/conf..
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L'enfance d'un prix Nobel de littérature ou comment prouver qu'on peut s'en sortir malgré tout.
Comme souvent avec Monsieur Modiano on découvre avec son écriture pleine de délicatesse et de sensibilité son enfance si particulière. Fils d'un juif et d'une artiste flamande, il est brinquebalé d'amis (pas tous recommandables) en pensionnats divers. Les sentiments ont peu leur place durant ces vingt et une premières années.
Il accompagne son père lors de ses rendez-vous avec des personnages tantôt louches, tantôt hommes d'affaires, parfois les deux. Sa mère l'oublie ou se rappelle à son bon souvenir quand elle a besoin d'argent.
Avec une grande distanciation, il se raccroche à certains de ces personnages rencontrés comme à des bouées de sauvetage pour se construire malgré tout.
Petit livre intimiste, plein de pudeur comme sait si bien les écrire ce si grand écrivain.
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Une biographie au style particulier, grand, direct, descriptif sans dentelle. Modiano nous livre une prouesse littéraire : il se montre détaché de son texte et des événements et pourtant réussit à susciter l'émotion du lecteur.
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Je n'ai encore rien lu de Modiano... Mais j'ai beaucoup entendu parler de lui...

J'ai franchement bien aimé ce livre, écriture épurée, autobiographie très riche qui met bien en relief les périodes de ce 20ème siècle avec beaucoup de témoignages, de lieux communs parisiens et de noms de proches du milieu artistique dont certains ne nous sont pas du tout inconnus...

Maintenant, j'aimerais lire un de ses romans...

Ce lien m'a éclairée sur ce récit... et m'invite à d'autres lectures de Modiano, par conséquent, je le partage :

https://www.lemonde.fr/livres/article/2014/10/10/s-il-ne-fallait-lire-que-cinq-livres-de-patrick-modiano_4504509_3260.html
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Un narrateur qui semble considérer son sujet avec distance. Une succession de noms, de prénoms, d'initiales, d'adresses dans Paris (restaurant chics, appartements miteux, entrepôts, bureaux cinémas...) et de villes plus ou moins lointaines (Annecy, St-Lô, Genève Bordeaux, Londres, Vienne...). Des péripéties de peu d'envergure (conversations gênantes, combines minables, secrets, silences, voyages en train, errances à pied...). Et des dates, beaucoup de dates, car ce roman est un voyage dans le passé ; comme le sont tous les romans de Patrick Modiano.
Mais si ce fond terne sur lequel déambulent ces personnages insignifiants (comme c'est le cas dans presque tous les romans de Patrick Modiano) finit par nous prendre à la gorge, par nous couper le souffle, comme s'en plaint le narrateur, étouffé par ses souvenirs, c'est que cet homme qui ramasse les débris de son passé a pour prénom Patrick et pour nom Modiano.
Ce rejet, cette solitude, ces égarements, ce vide, ce sont les siens. Comme sont les siens ce père et cette mère qui, en même temps que la vie, lui ont donné la certitude qu'il était encombrant. Les mots de Modiano, acérés et froids comme les crocs d'un chien blessé, révèlent d'une manière cruelle et magnifique la plaie qu'il porte depuis l'enfance. Un texte bouleversant.
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Découverte de Modiano par ce livre autobiographique. Très bonne effet de style, il m'a fait découvrir l'auteur mais aussi sa vie, ça m'a donné envie de connaitre un peu mieux les autres oeuvres de ce Nobélisé.
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Patrick Modiano: Un pedigree (2005)
Recherche d'une impossible neutralité dans une chronique de ses 21 premières années. Des noms, des lieux, le sentiment est refoulé.
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