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3,55

sur 718 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Plongeant dans les méandres de la jeunesse de Patrick Modiano, "Un pedigree" offre un aperçu unique de ses vingt et une premières années, un périple autobiographique aboutissant à la genèse de sa carrière d'écrivain. Ayant découvert la plume de l'auteur à travers son dernier roman "La danseuse", qui m'avait séduite, certains d'entre vous m'avaient recommandé ce "pedigree".

Ce récit sobre débute, avec une énumération de noms, une entrée en matière qui peut sembler hermétique. Cependant, cette approche énumérative sert de préambule à une fresque humaine, une galerie de personnages qui ont marqué l'auteur dans ses premières années. On y découvre une jeunesse façonnée par des figures souvent énigmatiques, des rencontres et des lieux singuliers, éléments fondateurs de la personnalité de Modiano.

Ce récit autobiographique se démarque par son ton neutre, dépourvu d'émotions exacerbées. L'auteur se contente de relater des faits, des souvenirs, des livres, des personnes, comme s'il se tenait en observateur distant de sa propre ; créant une atmosphère étrange, à la fois distante et immersive. Une exploration délibérément objective de son passé ?

La jeunesse de Modiano est marquée par l'absence, celle de ses parents peu présents, la perte de son jeune frère, et pourtant, le lecteur ne peut qu'être admiratif du parcours de cet écrivain, lauréat du prix Nobel de littérature. L'auteur parvient à traduire une certaine nostalgie à travers ses souvenirs, évoquant une époque où il était encore à la recherche de sa voie.

La plume de Modiano se révèle singulière. Son récit abrupt peut dérouter initialement, mais au fil des pages, il devient touchant.
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Ce livre confirme mon amour inconditionnel pour Modiano. J'ai créé mon compte babelio suite à la lecture de ce livre, pour laisser jne critique surcce livre que je trouve assez peu connu, en tout cas pas autant qu'il le devrait. Ce texte, pourtant très personnel, m'a profondément touchée. Cette impression qu'il parlait de moi, de nous tous, à certains instants. Une langue épurée et belle (comme sait également le faire Kundera) pour parler de sa vie, de son enfance. Petit bijou
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Avec « Un pedigree », Patrick Modiano reconstitue l'histoire de ses vingt-et-une premières années, à partir d'informations qu'il a récoltées, et des souvenirs de ses parents et de personnages qui l'ont marqué. Une autobiographie ? Plutôt un inventaire, « métamorphosé par l'imagination », qu'il écrit « comme on rédige un constat ou un curriculum vitae, à titre documentaire et sans doute pour en finir avec une vie qui n'était pas la mienne. »
Ce livre n'a pas vraiment d'histoire, parce que sa vie d'enfant et d'adolescent lui échappe totalement. C'est une impression de grande solitude qui se dégage de cette période.
Très tôt, sa mère le confie à d'autres. Elle est actrice, et enchaîne des petits rôles. Elle laisse son fils d'abord chez ses grands-parents maternels, puis chez des amis. Il se voit souvent comme un chien face à elle. Il dit d'elle qu'elle « était une jolie fille au coeur sec. »
Il ne se sent pas en sécurité près d'elle, pas aimé. « Ses colères brusques me troublaient et comme j'allais au catéchisme, je faisais une prière pour que Dieu lui pardonne. »
Son père a une image trouble et mystérieuse. Souvent absent, il est insaisissable, et le jeune Patrick Modiano n'en espère plus grand-chose. Il cherche toujours à se débarrasser de son fils, même s'il semble s'inquiéter de loin pour son avenir. le jeune homme souffre de longues périodes en pensionnat. Là où même les lectures sont surveillées. En 1962, il est renvoyé quelques jours pour avoir lu « Le Blé en herbe » de Colette. Il ressentait la « douleur sourde de l'abandon. »
À travers ce style documentaire, où tous les détails sont consignés avec précision, l'auteur se tient en retrait. Comme il le dit, il a vécu ces événements en « transparence », procédé cinématographique qui fait défiler en arrière-plan les paysages, en laissant les acteurs immobiles.
La seule grande émotion qu'il ressentira sera pour Rudy, son jeune frère, mort à l'âge de dix ans d'une leucémie.
Ses parents ne s'aiment plus, et leur couple se disloque. le père s'est remarié avec « la fausse Mylène Demongeot », que l'adolescent dérange. Elle veut qu'il reste au pensionnat.
Patrick Modiano résiste. À ses vingt-et-un-ans, il écrit une lettre à son père, commençant par « cher Monsieur. » Il lui dit « Bref, j'ai décidé d'agir selon mon plaisir et de passer outre à vos décisions. » Son père lui répond qu'il prend acte de sa décision.  Il ne se verront plus jamais. Plus tard, l'auteur regrettera d'avoir écrit cette lettre. Elle coïncide avec la réponse favorable de Gallimard pour son premier roman. le moment pour lui d'être reconnu comme écrivain, de prendre possession de sa vie, enfin.
Avec « Un pedigree », Patrick Modiano met sa jeunesse à distance, tout en explorant la question du père.
« Il ne s'agit que d'une simple pellicule de faits et gestes. » Et pourtant, un livre central dans la bibliographie de l'auteur. Superbe reconstitution d'une jeunesse escamotée et maltraitée.

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Des les premières pages, submergé par le défilement des noms, des lieux, des dates, arrière fond de vies instables et dangereuses, le lecteur comprend ce qu'a pu subir et ressentir l'enfant puis l'adolescent Patrick Modiano, trimballé de lieu en lieu comme une valise tantôt coûteuse, tantôt défraîchie en fonction de la bonne ou mauvaise fortune du Père ou de la Mère. Sans tendresse ni attention pour leurs deux fils, l' un et l'autre s'efforcent avant tout de percer dans leur domaine respectif: les affaires généralement louches du père entouré de prête-noms, de relations borderline entre la légalité et le commerce souterrain, toujours dans des salons de palaces pour les rendez-vous et dans des appartements délabrés pour la non -vie de famille...Les absences répétées de la mère toujours en tournée pour jouer dans des spectacles lointains et à ses retours obligeant son fils aîné à mendier et/ou exiger des subsides du Père pour pouvoir acheter le nécessaire pour la survie d'une famille. Ce scénario désespérant se répétant puisque les parents, séparés, ne côtoyaient que par intermittence les deux garçons, alors confiés à droite et à gauche, petites valises consignées, privées de leur enfance et plus largement de leur vie, ainsi que l'énonce Modiano . Ce constat glaçant devient, malheureusement définitif pour Rudy le cadet, qui disparaît encore enfant foudroyé par une leucémie. La solitude est alors insupportable pour l'aîné qui cherche par tout moyen à exister, à travers des vols de subsistance, des fugues pour échapper aux horribles pensionnats où il est relégué, afin de se libérer de cette vie de chien, moitié en chenil, moitié sans collier, sans pedigree, sinon à travers la découverte de la création par l'écriture. Prix Nobel de Littérature , après un pedigree, un couronnement. Ce mémorial d'une enfance empêchée de vivre vient, comme un point de capiton, amarrer toute une oeuvre obsédée par la place du souvenir du passé , la précision de rapport de police des noms, dates et lieux remplaçant l'humus des souvenirs oubliés dans lequel tout être humain peut ordinairement s'enraciner...
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Page 45 : A part mon frère Rudy, sa mort, je crois que tout ce que je rapporterai ici ne me concerne en profondeur. j'écris ces pages comme on rédige un constat ou un curriculum vitae, à titre documentaire et sans doute pour en finir avec une vie qui n'était pas la mienne.
Oui, c'est écrit comme une liste de souvenirs, certains tenaces car plus anxiogènes ou satisfaisants que d'autres. Né en 1945, probablement un enfant non désiré d'un père (juif) mi-trafiquant, mi-truand, on n'arrive pas vraiment à définir son activité réelle (le fils ne le sait pas lui-même), et d'une mère belge, artiste de boulevard, toujours endettée et surtout pas sensibilisée à l'éducation d'enfants. Dès l'âge de 11 ans, il passe de pensionnats en pensionnats, à Paris, en province et loin en Haute Savoie en 1960 ; c'est l'objectif du père pour éloigner au maximum ce fils embarrassant. Il y a connu les brimades et la faim. A aucun moment il ne parle d'amitié ou de complicité avec d'autres garçons que ce contexte si particulier aurait pu créer et entretenir. L'affection, la tendresse et l'intérêt ne sont pas au menu de ses parcours d'enfant et d'adolescent. Il cite nombre de personnages rencontrés chez son père, tous plus ou moins issus de la pègre, certains ayant connu la prison, d'autres suicidés ou assassinés ! Il passera son baccalauréat à Annecy, le seul diplôme qu'il ait obtenu dit-il. Suivent quelques années de galère partagées avec sa mère fauchée en permanence, qu'il aide financièrement comme il peut.
Une description sans pathos mais sans allégresse non plus. Un regard lucide, sans amertume ni ressentiment envers ses géniteurs. Une parole qui devait être libérée.

Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Je poursuis mon exploration des rues de Paris et du labyrinthe de la mémoire par l'intermédiaire de l'oeuvre de Modiano. Cette fois, c'est via une autobiographie faite de tranches de vie, de souvenirs, d'éléments de détails et de noms qui permettent à l'auteur, semble-t-il, de se réfugier dans un monde à la limite de la fiction. Modiano fait état d'un passé familial décousu et raconte sans fard les lieux multiples qu'il a fréquentés de l'enfance à la sortie de l'adolescence, les spectres qui ont hanté ses détours, les personnages qui ont croisé sa route et tout cela dans son style fait de pudeur et de minimalisme qui le caractérise. J'aime.

Parallèlement à cette lecture, j'écoutais avec bonheur la série dédiée à Patrick Modiano dans le cadre de la compagnie des auteurs sur France Culture (https://www.franceculture.fr/emissions/series/patrick-modiano).
Lien : https://rivesderives.blogspo..
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Un pedigree n'est pas une histoire d'amour entre un maître et son chien, bête de concours, c'est une autobiographie des origines, dirons-nous pompeusement. C'est écrit de manière extrêmement dépouillée, sans tralala. Pas très engageant, de prime abord, pour un livre d'un peu moins de cent trente pages. L'auteur confesse lui-même "j'écris ces pages comme on rédige un constat ou un curriculum vitae, à titre documentaire et sans doute pour en finir avec une vie qui n'était pas la mienne. Il ne s'agit que d'une simple pellicule de faits et gestes. Je n'ai rien à confesser ni à élucider et je n'éprouve aucun goût pour l'introspection et les examens de conscience". Ça passe crème quand on est labellisé écrivain chez Gallimard. Restons fidèle à l'esprit : père juif cosmopolite, affairiste franchement louche. Mère flamande, comédienne, ayant eu son petit succès. Union très libre, demi-monde. Parents très peu présents, sinon fantomatiques, soutient moral et financier quasi nul. Jeune frère trop tôt disparu. Enfance passée chez des amis de rencontre, puis adolescence en pensionnat.

Franchement çà n'est pas aussi pénible que çà en a l'air. Après un début laborieux, litanie des relations d'occasions des époux Modiano, on est assez touché et peiné pour le jeune garçon, avec une jeunesse qui ne brille pas vraiment par la stabilité et la sécurité affective. Patrick est la patate chaude que les parents se renvoient quand ils ne s'en délestent pas tout bonnement chez un tiers. Pas inintéressant si on connait l'auteur, çà nourri pas franchement le lecteur en fringale de sommets littéraires. Une madeleine.
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Dans un pedigree plus que dans tout autres de ses romans, Patrick Modiano use d'un style neutre. Il dit lui même « comme on rédige un constat ». Malgré ça, c'est très agréable, on y retrouve ce qui fait le plaisir de le lire, les errances, les lieux, les rues, les endroits ou se déroule l'action, les cafés ( très importants, chez Modiano) notamment ceux ou la jeunesse se perd, les personnages décrit en peu de mots, mais qui suffisent à bien les visualiser. C'est sa vie que l'on suit, jusqu'à l'âge de 21 ans et la publication de son premier roman. On pourrait croire qu'il lui a suffit d'avoir des parents qui n'assument pas leur rôle de parents, où du moins qui l'assument mal, et qui ont des parts d'ombre pour qu'il soit devenu écrivain et qui plus est ayant obtenu le Prix Nobel. Tout au long de son enfance et adolescence, ses parents se sont continuellement débarrassé de lui, soit en le plaçant dans des internats, où chez des amis, de préférence loin d'eux. Son père qui a des relations d'affaires pas très claires, veut diriger son éducation sans se soucier de ses aspirations. Sa mère, comédienne, toujours à la recherche d'argent. Les deux vivant dans le même immeuble, mais séparément. Les échanges de lettres, avec sa mère, et plus encore avec son père sont émouvantes. Cette enfance chahutée, sa passion pour la lecture, et son besoin d'écrire dès l'adolescence sont autant d'éléments qui l'ont amené à fouiller dans le passé, dans les souvenirs, pour créer ses personnages qui arpentent les quartiers de Paris où d'ailleurs, où bien ceux dont il cherche la trace de leur existence (Dora Bruder), ceux qu'il a vu sur un quai du métro, et dont il veut retrouver l'image, ceux qui roule par exemple dans « une Morgan rouge ». Ce sont ces détails qui font que personnellement j'aime lire Patrick Modiano.
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Un narrateur qui semble considérer son sujet avec distance. Une succession de noms, de prénoms, d'initiales, d'adresses dans Paris (restaurant chics, appartements miteux, entrepôts, bureaux cinémas...) et de villes plus ou moins lointaines (Annecy, St-Lô, Genève Bordeaux, Londres, Vienne...). Des péripéties de peu d'envergure (conversations gênantes, combines minables, secrets, silences, voyages en train, errances à pied...). Et des dates, beaucoup de dates, car ce roman est un voyage dans le passé ; comme le sont tous les romans de Patrick Modiano.
Mais si ce fond terne sur lequel déambulent ces personnages insignifiants (comme c'est le cas dans presque tous les romans de Patrick Modiano) finit par nous prendre à la gorge, par nous couper le souffle, comme s'en plaint le narrateur, étouffé par ses souvenirs, c'est que cet homme qui ramasse les débris de son passé a pour prénom Patrick et pour nom Modiano.
Ce rejet, cette solitude, ces égarements, ce vide, ce sont les siens. Comme sont les siens ce père et cette mère qui, en même temps que la vie, lui ont donné la certitude qu'il était encombrant. Les mots de Modiano, acérés et froids comme les crocs d'un chien blessé, révèlent d'une manière cruelle et magnifique la plaie qu'il porte depuis l'enfance. Un texte bouleversant.
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L'enfance d'un prix Nobel de littérature ou comment prouver qu'on peut s'en sortir malgré tout.
Comme souvent avec Monsieur Modiano on découvre avec son écriture pleine de délicatesse et de sensibilité son enfance si particulière. Fils d'un juif et d'une artiste flamande, il est brinquebalé d'amis (pas tous recommandables) en pensionnats divers. Les sentiments ont peu leur place durant ces vingt et une premières années.
Il accompagne son père lors de ses rendez-vous avec des personnages tantôt louches, tantôt hommes d'affaires, parfois les deux. Sa mère l'oublie ou se rappelle à son bon souvenir quand elle a besoin d'argent.
Avec une grande distanciation, il se raccroche à certains de ces personnages rencontrés comme à des bouées de sauvetage pour se construire malgré tout.
Petit livre intimiste, plein de pudeur comme sait si bien les écrire ce si grand écrivain.
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