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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Lire le monstrueux ouvrage de Yann Moix, ce pavé dans la marre de la rentrée littéraire, m'a demandé une véritable préparation. Parce que je n'avais jamais lu monsieur Moix et que je le détestais par principe. Tout en cet homme m'était insupportable. Il suffisait qu'il apparaisse au coin d'un article ou sur mon écran, pour qu'enfle en moi un agacement titanesque.

Il a donc fallu que j'accepte de me livrer à ma lecture en mettant de côté mes sentiments personnels. Lire franchement donc, pour que seule l'oeuvre me préoccupe. Il m'aura fallu une dizaine de jours pour arriver à bout de ma lecture. Et voilà. Je me retrouve devant mon écran et il faut que je garde ma franchise pour essayer de partager mon point de vu sur Naissance.

Non, pour moi Naissance n'est pas un chef d'oeuvre, et non, je ne fais toujours pas parti des admirateurs de monsieur Moix. Mais je ne le déteste plus.

Dans son ouvrage, l'auteur nous offre toute sa démesure et tente de créer un monument littéraire en free-style. Je le reconnais, Moix a du talent. Dommage qu'il s'en serve mal. Ce qu'il nous sert ici, c'est du vomi de fin lettré. Il a donc du talent mais il semble tourner en rond dans sa névrose sans que ses diatribes donnent naissance à autre chose qu'à des jeux de mots. le livre d'un lecteur cultivé qui nous livre tout ce qu'il a digéré.

Il manque une théorie au livre, une fondation, un objectif. Moix semble seulement adopter les ruptures littéraires qu'il a retenues. le Nouveau Roman déjà, qui a voulu déconstruire le genre romanesque. Mais là où Butor a admirablement tordu, malmené et déconstruit le roman, Moix tente de tout détruire, il ne laisse rien. C'est jeter la littérature avec la boue de la tradition littéraire. Et lorsque l'auteur joue avec les mots, les énonciations, l'argot, le vocabulaire, la langue, il a la verve facile, certes, mais surtout la verve veine. Même son nihilisme sent le renfermé.

Monsieur Moix tente de construire une cathédrale sur du sable. Même sa volonté de ne pas être aimé (alors qu'on sent à quel point il voudrait le contraire) retombe sans panache. N'est pas Nabe qui veut. Pour cela il ne suffit pas d'aimer le Jazz et la provocation.

Naissance a, pour moi, pris la forme de préliminaires interminables qui tournent autours de l'orgasme sans jamais m'y amener. L'éloge ultime de la frustration littéraire. Une masturbation sans éjaculation.

Et pourtant, à cause ou grâce à cette lecture, je ne déteste plus Yann Moix. Comme je l'ai déjà, je reconnais enfin qu'il a du talent. Mais plus que cela, j'ai entrevu son humanité. Et comment haïr ce que l'on parvient à comprendre ? Car ce que je vais retenir de Naissance, c'est l'ego boursouflé et abîmé de son auteur. C'est sa névrose talentueuse qui n'a pas su aller au bout de son Art. Et je comprends. Je comprends cette haine de soi, et cet ego rendu monstrueusement important par le renflement de cicatrices trop nombreuses. Je comprends sa haine de l'époque et des autres. Je comprends son amour pour la littérature qui est finalement son seul instinct de survie.

Alors bien que je ne puisse pas adhérer à l'oeuvre que je viens de lire, je suis contente que cette dernière ait obtenu le prix Renaudot. Parce que l'empathie a presque totalement remplacé mon agacement. Ce n'est pas lui-même que Moix aime, c'est sa haine de soi. Il idolâtre cette dernière, la porte aux nues, la nourrie de musique et de littérature.

Que ce prix le console de ne pas être plus. de ne pas avoir choisi de vivre au lieu de mourir sans cesse. Et lui permette d'enfin de se créer une naissance par la reconnaissance. Ainsi, un jour peut-être, l'oeuvre de monsieur Moix sera à la hauteur de son intelligence et de sa souffrance. Il se pourrait alors que je fasse partie des ses plus fervents admirateurs.
Lien : http://altervorace.canalblog..
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J'aime l'écriture, ses courtes phrases, le rythme qu'il impose, sa façon de s'adresser au lecteur. Après cet éloge, pourquoi je referme son livre, oui pourquoi alors qu'une part de moi voudrait continuer sa lecture ? Il y a trop d'injures, trop de listes qui n'apportent rien, Yann Moix dégoise tant et tant que trop c'est trop ! Pourtant je respecte son Prix Renaudot, je dois me raisonner pour ne pas continuer la lecture de Naissance, est-ce cela, entre autres, qu'ont ressenti les membres du jury de ce prix ?
Pour mon confort, le livre est trop volumineux, mille cent quarante-trois pages, cela compte et c'est lourd !
Et pourtant, tant qu'il est en ma possession, je l'ai emprunté, j'en grappillerai quelques chapitres.
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Un double pavé de fini ! J'aime parfois m'affronter à des livres qui me résistent, des livres qu'alternativement j'aime et déteste, qui me donnent envie de les rejeter comme de les admirer.

J'ai presque envie de placer Naissance aux côtés de l'Ulysse de Joyce, de la Recherche du Temps perdu de Proust, du Voyage au bout de la nuit de Céline. Il a les trouvailles syntaxiques et littéraires du premier, les questionnement philosophico-égocentriques du deuxième, les écoeurements successifs du troisième.

J'ai pourtant tendance à le placer plutôt en dessous de ces chefs d'oeuvre. D'abord parce que Moix lui même les cite au sein même de son roman. Comme s'il se plaçait lui-même en imitateur... Soyons moins sévères, en continuateur. Il y a d'ailleurs des originalités chez Moix qui ne sont point copie de ces maîtres.

Il y a aussi chez Moix un sens de la mesure trop dans l'entre deux. Certaines de ses énumérations à rallonge auraient eu grand bénéfice à être raccourcies. Ou alors il fallait tomber dans l'outrance encore plus outrée, celle de Joyce, pour tomber dans le génie.

Certains passages de questionnements personnels sont très réussis et les accents proustiens sont plutôt jolis. Mais j'ai eu plus de mal tout au long du roman avec la volonté qu'a l'auteur de nous plonger dans l'abject, dans le dégoutant, à la Céline, mais en cherchant à le saupoudrer d'humour et d'ironie. C'est sans doute sa manière à lui de gérer sa propre histoire de violence familiale subie... Mais pour moi qui y suit professionnellement confronté très régulièrement, la nausée l'a emporté sur le plaisir littéraire.
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ENFIIIIIIN terminé ! Je ressors de cet énorme chantier avec une impression mitigée. Celle de comprendre parfaitement où veut en venir Yann Moix, mais avec le cerveau torturé, lassé, déprimé, agressé, violenté, achevé, suicidé, détruit, explosé, fatigué. Et sachez que cette succession de mots que je viens d'accomplir n'est qu'un très petit aperçu des listes interminables de ce roman.

La volonté du livre : détruire l'objet livre. La narration est très compliquée, le suspense inexistant et un amas d'informations, détails, dialogues, discours et listes inutiles. La volonté elle est là : l'excès. Yann Moix veut jouer avec nos nerfs, il a le fantasme de l'il-lu, il veut nous tuer avec sa naissance.

Alors pourquoi trois étoiles ? Parce que certains passages sont grandioses. Certaines réflexions passionnantes. Certaines scènes hilarantes. Certaines descriptions brillantes. Certaines idées inimaginables. Et qu'il y a là une folie, une jubilation qu'on trouve rarement.
Pourquoi seulement trois étoiles ? Parce que le livre est vraiment trop excessif. Les LISTES sont à vomir, parfois quatre, cinq pages de suite uniquement avec des groupes nominaux, c'est tout simplement insupportable et on se met vite à les tourner sans les lire, histoire d'avancer un peu dans l'"histoire". Certains personnages sont horripilants (Marc-Astolphe est tout d'abord burlesquement très drôle puis tout simplement à baffer) et l'écriture elle-même peut parfois être rébarbative.

Ce roman a eu le Renaudot. Et je peux le comprendre. Oui, le roman est brillant. Oui, le roman est original. Oui, il est opposé à tout ce qu'on a pu lire avant et oui Yann Moix a le talent de pouvoir écrire parfaitement dans de nombreux styles, sur de nombreux propos. Mais pour un lecteur lambda, voire même un lecteur assidu, il reste tout de même beaucoup trop de moments ennuyeux, poussifs, lourds pour savoir l'apprécier à sa juste valeur (en particulier, le dernier chapitre, vraiment bien trop long). Je tiens quand même à saluer le niveau exceptionnel d'un écrivain capable d'écrire si bien pendant tellement de pages.
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On choisit toujours ses parents lit-on en quatrième de couverture de ce pavé de Yann Moix, que couronna le prix Renaudot en 2013). Naître, c'est semer ses géniteurs. Non pas tuer le père, mais tuer en nous le fils. laisser son sang derrière, s'affranchir de ses gènes. Chercher, trouver d'autres parents: spirituels. Pour l'auteur de "Cinquante ans dans la peau de Michael Jackson" ct de "Podium", toute naissance est devant soi.
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Dure lecture et j'avoue être contente de l'avoir fini, car j'ai failli à plusieurs moments l'arrêter, mais il y avait toujours un chapitre après qui me redonnait le goût de continuer.
Il est difficile de pouvoir entrer dans ce livre tellement nous sommes dans la perversité de la maltraitance, dans l'irréaliste.
J'ai trouvé que c'était une lecture gênante, car on ne peut prendre du plaisir à lire ce livre, mais il est là clairement pour nous déconcerter, et le but est atteint.
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