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sur 2573 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Arnolphe, dit M. de la Souche, désespère de pouvoir trouver un jour son bonheur sur le plan conjugal. Il considère les femmes comme des êtres frivoles, dénuées de bon sens. Il a peur d'être cocufié. Il pense ainsi que la meilleure solution serait d'en épouser une ne connaissant rien au monde et à ses perversions. L'ingénue est toute trouvée puisque sa pupille, Agnès, a été élevée dans un couvent. Mais bien évidemment, rien ne se passe comme prévu. Agnès n'éprouve absolument rien pour lui et s'est entichée d'Horace, le fils d'un ami de son tuteur, Oronte.

Si cette pièce a obtenu un franc succès, on peut également imaginer à quel point elle a dû choquer. Car sous des dehors naïfs, la petite Agnès cache un autre caractère. Une scène (acte II, sc. 5) montre à quel point elle peut faire tourner Arnolphe en bourrique. Lorsqu'il lui demande quelles sont les nouvelles, elle lui dit que le petit chat est mort. Bon, certes, c'est bien malheureux pour la pauvre bête, mais elle se garde bien de lui dire qu'elle a vu Horace. Arnolphe est obligé de lui tirer les vers du nez car elle ne répond que par de petites phrases. Peur d'en dire trop ? Et puis, il y a ce passage, fabuleux, lorsqu'elle lui annonce, toujours aussi naïvement (mon oeil ! ) qu'elle a vu Horace et qu'elle ne comprenait pas lorsque la voisine disait qu'elle l'avait blessée. Elle voulut aussitôt réparer sa faute :


Agnès.

Voilà comme il me vit, et reçut guérison.
Vous-même, à votre avis, n'ai-je pas eu raison ?
Et pouvois-je, après tout, avoir la conscience
De le laisser mourir faute d'une assistance,
Moi qui compatis tant aux gens qu'on fait souffrir
Et ne puis, sans pleurer, voir un poulet mourir ?

[...]

Arnolphe.

Non. Mais de cette vue apprenez-moi les suites,
Et comme le jeune homme a passé ses visites.



Agnès.

Hélas ! si vous saviez comme il était ravi,
Comme il perdit son mal sitôt que je le vi,
Le présent qu'il m'a fait d'une belle cassette,
Et l'argent qu'en ont eu notre Alain et Georgette,
Vous l'aimeriez sans doute et diriez comme nous...


Arnolphe.

Oui. Mais que faisait-il étant seul avec vous ?


Agnès.

Il jurait qu'il m'aimait d'une amour sans seconde,
Et me disait des mots les plus gentils du monde,
Des choses que jamais rien ne peut égaler,
Et dont, toutes les fois que je l'entends parler,
La douceur me chatouille et là dedans remue
Certain je ne sais quoi dont je suis toute émue.


Arnolphe, à part.

Ô fâcheux examen d'un mystère fatal,
Où l'examinateur souffre seul tout le mal !
(À Agnès.)
Outre tous ces discours, toutes ces gentillesses,
Ne vous faisait-il point aussi quelques caresses ?


Agnès.

Oh tant ! Il me prenait et les mains et les bras,
Et de me les baiser il n'était jamais las.


Arnolphe.

Ne vous a-t-il point pris, Agnès, quelque autre chose ?
(La voyant interdite.)
Ouf !


Agnès.

Hé ! il m'a...


Arnolphe.

Quoi ?


Agnès.

Pris...


Arnolphe.

Euh !


Agnès.

Le...


Arnolphe.

Plaît-il ?


Agnès.

Je n'ose,
Et vous vous fâcherez peut-être contre moi.


Arnolphe.

Non.


Agnès.

Si fait.


Arnolphe.

Mon Dieu, non !


Agnès.

Jurez donc votre foi.


Arnolphe.

Ma foi, soit.


Agnès.

Il m'a pris... Vous serez en colère.


Arnolphe.

Non.


Agnès.

Si.


Arnolphe.

Non, non, non, non. Diantre, que de mystère !
Qu'est-ce qu'il vous a pris ?



Remarquez à quel point elle le fait attendre, à quel point ses paroles sont ambiguës. Tous les sous-entendus peuvent se percevoir, ce qui induit le barbon en erreur. Et après, on me fera croire que cette Agnès est une ingénue ? Je pense que Molière a joué justement avec cela. Et c'est bien d'ailleurs ce qui lui vaudra le courroux de ses détracteurs (vous me direz, quand on veut trouver quelque chose à redire, on trouve toujours) qui estimaient que les bienséances n'étaient pas respectées, qu'il y avait trop d'obscénités. Bref, pour revenir à notre Agnès, elle finit quand même enfin par lâcher :



Agnès.

Il m'a pris le ruban que vous m'aviez donné.
À vous dire le vrai, je n'ai pu m'en défendre.


Arnolphe, reprenant haleine.

Passe pour le ruban. Mais je voulais apprendre
S'il ne vous a rien fait que vous baiser les bras.


Agnès.

Comment ? est-ce qu'on fait d'autres choses ?



"Est-ce qu'on fait d'autres choses ," ose t-elle répondre !!! Allez, je sais bien qu'elle a été élevée dans un couvent mais quand même ! Ah, il est fort ce Molière, très fort ! Et sous une apparente simplicité se cache là quelque chose de mordant, de féroce. Qu'on vienne après me dire que Molière, "c'est trop gnan gnan !"

Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Une comédie, drôle, enlevée, délicieusement coquine. Molière reste résolument moderne, et lire ses oeuvres fait le plus grand bien. le sourire est au rendez-vous, et l'amour triomphe. Que demander de plus?
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Ce qui me fait peur du mariage sont les femmes mariées! Une réflexion d'un homme moderne, Alfie (interprété par Jude Law) qui prolonge cette peur du mariage et de la femme infidèle que sentait cet autre héros moliéresque.

Comment choisir sa femme, sans devenir un cocu après? Arnolphe (bizarre, c'est comme une version grotesque du nom d'Alfie) a cru savoir la bonne solution: élever une fillette jusqu'à l'âge mûr puis se marier avec elle! Une idée que certains, et même à notre époque, ont tenté d'exécuter!

Personnellement je considère L'école des femmes comme la première grande pièce de Molière, elle marie farce et grande comédie (au sens classique). Molière exploite tous les types de comique: de situation (le tuteur et l'amant se confient l'un à l'autre), de mots (beaucoup de jeux de mots et de mots à double sens...), de gestes (issu de la farce). En tout cas, on éclate de rire avec tous les quiproquos et le sérieux d'Arnolphe dans les situations les plus hilarantes, les serviteurs niais...

Bien évidemment, le talon d'Achille pour Molière, c'est le dénouement (c'est ce qu'on dit), mais chez ce grand dramaturge, ce qui importe c'est le déroulement de la pièce.

La première que j'ai lue de Molière et celle qui m'a poussé à lire toutes les autres grandes pièces de Molière.
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Epouser une sotte est pour n'être point sot.

Elle était fort en peine, et me vint demander
Avec une innocence à nulle autre pareille, si les enfants qu'on fait se faisaient par l'oreille".L'Ecole des femmes, I, 1 (v. 162-164).

Comment encore parler de “l'école des femmes”??? Et si l'on révisait ses classiques? , au théâtre de la Renaissance on a joue Molière et c'était épatant.
L'école des Femmes”, vous savez la réplique culte: “le petit chat est mort...”


Molière, comédien et dramaturge du 17ème siècle a été l'un des premiers auteurs à se positionner comme défenseur de la gente féminine.
Les femmes d'aujourd'hui et de demain lui en seront toujours éternellement reconnaissantes !


L'école des femmes” une pièce écrite en 1662 nous parle avec une sacrée modernité du sentiments amoureux, de la jalousie, de la bêtise crasse de l'amour possession.

Arnolphe s'est beaucoup ri des cocus de son entourage, mais à 42 ans il veut faire une fin et se marier. Il a porté son dévolu sur Agnès une jeune fille qu'il a fait élever dans un couvent. Epouser une ingénue rien de telle pour chasser sa crainte de porter des cornes. Évidemment rien ne se passera comme prévu.

Oui bien sûr on peut dire, encore , toujours Molière, mais il faut se rendre à l'évidence lorsque c'est bien joué, les alexandrins quelle classe!

Et Arnolphe quel rôle exceptionnel! pas étonnant que tant de grands acteurs s'y sont frotté. Un texte nu qui se suffit à lui même, du très grand théâtre.
c'est vrai, 350 ans après sa naissance, “l'école des femmes se porte très très bien.

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Note 5/5
Quoi de mieux qu'un bon challenge Multi-défis Babélio pour retourner sur les bancs de l'école et ressortir des livres poussiéreux.
Je ne partais pas vraiment confiante pour l'item pièce de théâtre. Plus de professeurs pour donner des réponses, plus dans l'ambiance école et romans classiques à disserter.
A 35 ans je me demandais si j'allais apprécier ma lecture. Et bien oui et j'ai vraiment bien rigolé. J'ai ressenti la plume sarcastique de Molière. J'ai adoré lire ses vers bien tournés et son histoire rondement mené.
L'école des femmes c'est la dénonciation de la séquestration de femmes dans les couvents d'abord puis par leur mari obligataire. Ici Molière va dénoncer cette pratique du 16ème siècle et donner une fin heureuse à sa pièce.
Un vrai plaisir de replonger dans la satire en robe bouffante et qui m'a donné envie d'aller au théâtre avec mon mari.
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Comédie en cinq actes et en vers jouée pour la première fois en décembre 1662 et publiée en 1663, pendant de l'école des maris, pièce en trois actes sur un thème similaire.
Comme il est alors d'usage, Molière s'est inspiré d'autres oeuvres, La précaution inutile, titre de différentes nouvelles ou pièces qui lui inspire l'idée d'une jeune fille élevée dans un couvent, dans la plus stricte ignorance, et d'une nouvelle de Straparole, le confident inapproprié à laquelle il emprunte le quiproquo d'un jeune homme amoureux d'une jeune fille et qui informe des progrès de sa cour celui qui espère en être bientôt le mari.
C'est la peur qu'Arnolphe a des femmes, qui peuvent se montrer plus rusées que les hommes qui cherchent à les contrôler qui le pousse à vouloir une épouse plus près de la bête que de l'être humain. Tandis que Chrysalde, figure de l'homme raisonnable souvent présent dans les pièces de Molière, pense que si le destin d'un homme est d'être cocu, il n'y a pas grand-chose à faire contre et que finalement le malheur n'est pas si grand, la vie avec une femme fidèle mais revêche, querelleuse étant bien plus pénible.
L'ingénuité d'Agnès, assez savoureuse, ne l'empêche pas d'imaginer des stratagèmes pour communiquer avec son amant Horace, d'autant plus qu'elle n'y voit pas malice.
Arnolphe, le ridicule qui veut façonner une femme à sa convenance connaît bien sûr une déconvenue, tandis que les amoureux, avec la bénédiction du père et de l'oncle de la jeune fille seront mariés, final attendu d'une comédie. A noter que ce fut le rôle qu'assuma Molière.
Dans cette comédie il remet en cause la position de l'Église quant au mariage avec la lecture des Maximes du mariage ou les devoirs de la femme mariée, avec son exercice journalier qu'il impose à Agnès, l'éducation des femmes, leur statut, l'inégalité entre les sexes.
L'immense succès de la pièce lui vaudra des reproches sur son comique, sur l'ambiguïté de certaines expressions plus ou moins ouvertement sexuelles. Il saura d'ailleurs parfaitement utiliser cette polémique pour assurer une plus grande publicité à cette oeuvre.
Différentes réponses ou parodies seront écrites, Molière lui-même écrira La critique de l'école des femmes puis L'impromptu de Versailles.
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En relisant "L'Ecole des femmes" (ma première lecture date, je crois, de mes années lycée!) de ce cher bon vieux Molière, j'ai redécouvert toute la richesse et l'audace d'une pièce qui m'avait laissée un souvenir un peu fade...
Quel plaisir cette relecture! Je me suis véritablement régalée et la fadeur d'antan laisse place à un sentiment fort agréable ma foi de plaisir et de réjouissance!

Arnolphe, barbon dans la plus pure tradition, s'est toujours refusé à se marier, par peur d'être cocufié et humilié par sa femme, puisqu'on sait bien qu'elles sont toutes les mêmes, perfides et malhonnêtes, ainsi qu'il s'en ouvre à son compère Chrysalde, plus mesuré en la matière. La crainte de voir son nom s'éteindre -ou peut-être est ce le démon de midi, qui sait?- finit pourtant par convaincre Arnolphe de la nécessité de prendre une épouse, mais par n'importe laquelle. Il lui en faut une dont l'innocence et l'ignorance même soit telles qu'elle ne puisse former ne serait-ce qu'une pensée déshonnête à l'encontre de son cher mari. La perle rare en somme et on serait en droit de penser que trouver si blanche agnelle ne sera pas chose aisée. C'est sans compter sur la prévoyance de notre barbon qui a en tête la candidate idéale. Elle est jeune, candide et sûrement jolie. Elle s'appelle Agnès, elle est sa pupille et il l'a faite élever presque sous clef, en prévision de la femme docile qu'il voudrait qu'elle soit.
Hélas pour ce pauvre Arnolphe, en se rendant auprès de sa belle, il tombe nez-à-nez avec Horace, le fils d'un de ses amis, qui lui confie être tombé fou amoureux d'une jeune beauté qu'un vieux grigou tient dissimulée aux yeux du monde. C'est Agnès, pardi! Arnolphe ne dit rien, trop content de laisser son rival - qui ignore qu'il est en face du vieux grigou- se confier. Content, il l'est beaucoup moins quand il apprend par le jeune premier que son amour est payé de retour par la belle et que les deux amoureux ont pour dessein de se marier. C'est peu dire que le barbon est estomaqué, étourdi et qu'il va tenter de confondre les amants pour parvenir à ses fins, d'autant qu'un mal nouveau le terrasse. Lui qui se pensait si sage se découvre fou amoureux à son tour... et ne sait comment gérer ce sentiment qui l'assaille.

A partir d'un classique triangle amoureux, d'un canevas que d'autres avaient déjà traité avant lui, Molière propose une comédie brillante qui a toute sa place dans ses "grandes comédies" au même titre que "Dom Juan", "Tartuffe" ou "Le Misanthrope" tant elle mêle habilement aux ressorts de la comédie un fond réfléchi voire engagé.

Bien sûr, on entendra toujours dire que Chrysalde n'est pas franchement utile, qu'Enrique est un deus ex machina capillotracté et pas vraiment crédible, que Horace est tout de même complètement niais de passer la pièce à se confier à Arnolphe sans se rendre compte qu'il est aussi son rival... mais pour trois réserves, il y a tant de traits de génie que... ça passe.

Il y a Arnolphe. Bien sûr qu'il est insupportable et ridicule, pitoyable et risible. Mais quel personnage (et quel rôle! Il comptabilise à lui tout seul plus de la moitié de la pièce!)! Au coeur de l'action, puis metteur en scène, puis contraint à la passivité (et ce alors même que ses discours gagnent en importance, le pauvre quand même!), Arnolphe est de partout, passant d'un registre burlesque, voire triviale à quelque chose de presque héroïque. Ce personnage dont on se gausse volontiers est parfois plus pathétique que ridicule et un peu comme Harpagon ou Alceste n'est pas dénué d'une charge tragique forte. Une mise en scène un peu noire, un peu sombre ferait de très belles choses avec ce personnage qui nous briserait le coeur. Molière, ce génie, car oui, du génie il en faut pour construire un personnage si complexe, si agaçant mais capable de profondeur.

Il y a Agnès aussi, trop souvent réduite à la mort du petit chat. Agnès est un personnage féminin fort, quoiqu'on en dise, quoiqu'on en fasse. Certes, elle est candide notre jeune première (on en parle d'ailleurs de ce choix de prénom?) mais d'objet de convoitise, elle devient sujet de l'action et ose affirmer son désir pour Horace. Peu à peu et malgré son peu de répliques, elle se libère par la parole qu'elle manie de mieux en mieux jusqu'à être pleinement capable de raisonner à l'issue de la pièce, de se défendre.

Il y a les valets, toujours si truculents.

Il y le message de la pièce enfin, qui à l'époque où l'éducation des filles faisaient débat, prend fait et cause pour une position libérale, favorable à l'éducation des filles. S'il trouve les précieuses ridicules, Molière semble s'opposer à un modèle qui ôterait aux filles la liberté d'exercer et de perfectionner leur intelligence (Agnès ne veut plus "passer pour sotte"). Par ailleurs, il s'attaque aussi -et c'est tant mieux- à la sacro-sainte institution du mariage qui laisse trop souvent de vieux barbons épouser de toutes jeunes filles ignorant tout encore de leur rôle et de la sexualité. A travers les idées rétrogrades d'Arnolphe, le dramaturge dénonce les abus du pouvoir masculin et les conditions dans lesquelles sont élevées les jeunes filles, agnelles qu'on mène à l'abattoir ou dans le lit d'un vieillard.

Le style, le langage enfin et cette drôlerie presque irrésistible. Ces dialogues qu'on croirait calqués sur l'oral alors qu'ils sont si finement travaillés pour tomber si bien, les énumérations et les accumulations très présentes et pleinement constitutives de la rhétorique comique, les jargons perdus au milieu de termes beaucoup plus audibles (j'ai souffert pendant la scène du notaire!), le comique de caractère au service duquel se met ce même langage...

Sur scène, on va la voir quand?
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Une fois n'est pas coutume, c'est en regardant la captation de la pièce (sur Culture Tube) que je l'ai lue … Oui, pas de lecture à haute voix comme j'ai la mauvaise ( ?) habitude de le faire pour le théâtre. Et là un choc quand j'ai découvert l'acteur incarnant Arnolphe … On aurait dit, dans ses mimiques, Louis de Funès … Oui cela aurait été un rôle parfait pour lui, notamment avec ses montées de bile !
On est face à une grosse farce, avec de gros calembours plein de sous-entendus sexuels (vous imaginez bien que ce n'est pas très bien passé chez les contemporains de Molière) qui m'ont beaucoup fait penser à ce que faisait Shakespeare : toujours deux niveaux de compréhension et d'humour dans ses comédies afin de toucher l'ensemble de son public.
Le deuxième effet Kiss Cool (ça date un peu cette référence, non ?) c'est l'attaque de l'attitude attendue des femmes : soumission, obéissance, et si possible pas trop de jugeote !
Car finalement Agnès s'en sort plutôt bien pour une demoiselle élevée à être idiote depuis l'âge de 4 ans.
Un très très bon moment que je conseille à tous.
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De toutes les pièces de Molière, « L'Ecole des femmes » (1662) n'est pas la plus drôle, ni la plus sérieuse, ni la plus amusante, ni la plus grave, ni la plus caustique, ni la plus sarcastique, ni la plus philosophique… mais c'est une des plus attachantes.
L'histoire en est connue :
Arnolphe, un riche bourgeois se met en tête d'épouser Agnès sa pupille, qu'il a élevée éloignée de toute tentation sentimentale (de façon à se préserver, lui, de toute infortune conjugale). Mauvais calcul, car Agnès a pu parler avec Horace, le fils d'un ami d'Arnolphe, et les deux jeunes gens… vous m'avez compris. Mais si la naïveté est le caractère dominant chez Agnès, on ne peut pas dire qu'Horace ait inventé l'eau chaude, car le premier à qui il va raconter sa bonne fortune, c'est… Arnolphe ! Celui-ci, vert de rage et rouge de colère (je vous dis pas sa tête), veut hâter le mariage et inculque à sa pupille ses devoirs (ses droits se limitent à obéir en toutes choses à son mari) sous forme de « Maximes du mariage » (d'un réjouissant anachronisme de nos jours). Croyez-vous que nos amoureux vont se tenir tranquilles ? Que nenni, Agnès adresse à Horace un vilain pavé… où est accroché un billet doux ! Et à qui Horace va-t-il se vanter de cet exploit ? Ben voyons, à Arnolphe. Dans le genre Leroidec, il n'est pas mal Horace. Il décide d'enlever Agnès, il y arrive sans trop de problème (la victime était consentante) et il la confie, devinez à qui ? Au barbon ! (vous savez quand on a commencé, autant aller jusqu'au bout). Arnolphe est aux anges, il déclare sa flamme à Agnès qui le snobe un peu. La situation paraît inextricable, c'est alors que le père d‘Agnès, qui était à l'étranger, revient en France, et mis au courant, marie Agnès et Horace. Arnolphe s'enfuit en arrachant sa perruque.
C'est une comédie en vers. On ne s'en aperçoit presque pas tant il y a de rythme dans les dialogues, de vivacité et d'esprit dans les réparties. Nos amoureux sont touchants dans leur naïveté qui se retourne toujours contre eux. Et c'en est d'autant plus drôle de voir la réaction d'Arnolphe tour à tour en colère et doucereux, cynique ou anxieux, qui se rend ridicule aux yeux de ses propres amis, par son intransigeance et son aveuglement. Molière non seulement fustige l'éducation des femmes (c'est le titre de la pièce) mais au-delà il dénonce (à mots couverts et sous le masque de la comédie) l'omnipotence de l'homme sur la femme dans la société du XVIIème siècle. de ce fait, la pièce peut être également perçue comme un document ethnologique de première importance.
Un autre intérêt de la pièce est qu'elle cumule plusieurs genres : la comédie de caractère (les portraits antinomiques d'Arnolphe et d'Agnès), la comédie de moeurs (critique du mariage « de convenances »), la grande comédie classique en vers, et la bonne farce (avec des sous-entendus et des allusions grivoises, dont se régalent les metteurs en scène et les acteurs).
La pièce est largement inspirée de « La Précaution inutile », une pièce de Scarron traduite de l'espagnol, ainsi que d'un conte italien du XVIème siècle. A lire le résumé de la pièce, on peut se dire aussi que Beaumarchais a pu glaner ici quelques idées pour son « Barbier de Séville »…
Une adaptation de Raymond Rouleau (1973) avec Bernard Blier en Arnolphe et une adorable Isabelle Adjani en Agnès est disponible sur le site de l'INA.
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J'adore Molière, je l'ai découvert sur le tard avec le malade imaginaire, que j'avais beaucoup aimé, et cette pièce ci est toute aussi bonne. C'est rusé, drôle, plein d'amour et un brin d'innocence qui rend le récit intéressant.
Arnolphe est un riche vieillard jaloux convaincu de pouvoir acheter l'amour. Agnès, sa pupille, qui grandit à l'écart des choses de l'amour et isolée des hommes tombe éperdument amoureuse d'un bel inconnu qui passe sous sa fenêtre et lui glisse des mots doux. Ca semble classique mais s'en est un après tout. Là où ça devient intéressant c'est dans la façon d'écrire, Molière réussi le tour de force de nous plonger au coeur de son intrigue tout en lisant, même sans voir la pièce jouée le livre suffit à faire passer tout un tas d'émotions dont beaucoup d'humour.
Une pièce qui se lit vite et bien, qui convient aux collégiens comme aux adultes.
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