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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ces temps-ci, Henri de Monfreid semble quelque peu exhumé du royaume des écrivains oubliés. On voit ses livres republiés, plus besoin de faire de l'archéologie chez les bouquinistes pour le lire ! Et tant mieux, car il le mérite. Ce qu'il raconte, c'est là, c'est sa propre vie. Celle d'un aventurier de la mer Rouge dans l'entre-deux guerre.

Avec son petit boutre léger et son équipage, il sillonne la mer Rouge. Djibouti, Yémen, Érythrée italienne, Somalie britannique, Éthiopie, Comores... Grands ports, hameaux de pêcheurs, déserts, côtes sauvages. Il fait un peu de tout : espionnage, transport de nourriture, pêche aux perles, contrebande d'armes… D'après ma grand-mère, qui l'a connu à l'époque, il lui arrivait aussi de temps en temps de faire passer quelques esclaves… Mais un parfait gentleman, aux bonnes manières et sympathique !

Du reste, la zone grouille d'aventuriers comme lui. Commerçant grec, cheikh arabe, marin Somalis… Chacun vaque à ses affaires le long de la route des moussons, dans cette zone de tension entre puissances colonisatrices, et où l'Ethiopie immense et toujours libre suscite bien des convoitises. Et puis il y a les innombrables tribus : Danakils, Issas, Gallas… Toujours en guerre les unes contre les autres, et prêtes à payer à bon prix armes et munitions européennes !

Un petit monde où Monfreid sait admirablement bien se repérer. Il connait le jeu des tribus, les différents peuples. A la compagnie des européens il préfère celle de ses matelots africains et des chefs locaux. Il admire leur science de navigateur, leur courage physique et leur médecine traditionnelle – nettement plus avancé que ce qu'on croit. Un monde brutal du reste, où les guerres sont sanglantes, et où certains peuples sont considérés comme nés pour servir d'esclaves aux autres… Il en connaît les règles, et les dangers.

Henry de Monfreid servit de modèle à Kessel pour ‘Fortune carrée'. Coureur des mers et excellente plume, il nous entraîne dans un monde plus dur et plus libre que tout ce que nous ne connaitrons jamais.
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Ce roman d'Henry de Monfreid est inspiré par sa vie d'aventurier.
Nous voila partis sur la mer rouge au début du 20eme siècle.
C'est certes un peu daté et nous n'échappons pas à la suprématie de l'Homme blanc dans ce récit.
Avec ironie, l'auteur nous conte sans regret ses voyages, ses trafics d'armes et son négoce de perles.
Il n'hésite pas à braver l'administration un brin tatillonne.
Avec ses marins, il passe souvent très près de la mort. On retient son souffle lors des voyages en mer.
Les paysages sont magnifiquement contés.
Malgré quelques petites longueurs, l'écriture est élégante et nous sommes transportés un siècle en arrière.
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La découverte du “Dormeur du val” en cours moyen m'a tout particulièrement affecté moralement. Découvrir que l'accumulation des idées sur la tranquillité exacerbe l'idée de l'horreur de la guerre me montrait que la littérature n'était pas simple, et que toutes les idées n'étaient pas explicites. Pour l'élève que j'étais, Arthur Rimbaud était à surveiller ! J'ai retrouvé Arthur Rimbaud, plus tard , pour l'étude de Voyelles, mais avec une grosse déception. En effet, le poète qui m'avait sensibilisé aux horreurs de la guerre, était devenu un vendeur d'armes. Décidément, je prenais conscience que rien n'était évident en littérature !
Henry de Monfreid n'est pas un “Génial Poète”. C'est à 53 ans qu'il publie ce premier livre d'aventures. La pression administrative l'a poussé à une vie aventureuse. Pensant s'affranchir de l'administration, il se lance dans la culture des perles à Djibouti, mais les récoltes n'étant pas immédiates, pour pérenniser son entreprise , il vend des armes ce qui engendre les foudres de l'administration. Ceci constitue le lien avec Arthur Rimbaud et le seul à ma connaissance.
Henry de Monfreid conte ses souvenirs d'aventures, des rencontres avec les détails choisis qui permettent au lecteur de ressentir les situations , et les récits deviennent captivants.
Un simple cabotage, même bien préparé, est une aventure.
Le monde des perles le passionne et il partage ses découvertes , alors que pour les armes, il n'évoque que ses rencontres, mais jamais les armes, elles-mêmes ( en tant que telles).
Voilà comment , je me suis imaginé Arthur Rimbaud devenant un marchand d'armes pour être plus libre, il n'était pas un “seigneur de guerre”. Grâce aux secrets de la mer Rouge, je me suis “rabiboché” avec Rimbaud !
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(...)
Comme il n'y a pas de préface explicative dans mon édition, je ne saurais pas dire exactement s'il y a une part de fiction ou si le récit est purement autobiographique. Lorsque j'ai trouvé ce livre, je l'ai pris parce que le nom de l'auteur avait été mentionné dans un album de Corto Maltese et que ça avait suffi à me rendre curieuse. Ce qui est sûr, c'est que c'est bien un tome 1, l'auteur précisant à la fin qu'on saura ce qui est advenu de lui après les derniers évènements racontés dans le volume suivant .

Ce livre vaut pour les deux aspects essentiels qui le caractérisent: l'aventure et le témoignage.

Nous suivons un Européen dans ses pérégrinations sur le pourtour de la Mer Rouge à bord d'un boutre, une embarcation traditionnelle avec un équipage d'autochtones. le narrateur se distingue de ses compatriotes par sa façon de vivre, qui se rapproche plus de celle des locaux que des colons, bien qu'il ne prenne pas vraiment modèle sur les plus pauvres d'entre eux et plutôt sur les puissants, évidemment. Comportement qui va lui causer pas mal d'ennuis avec les fonctionnaires coloniaux. Voilà pour la partie aventure.

Le témoignage nous permet de découvrir la vie et les coutumes dans cette région du monde et à cette époque (juste avant la Première Guerre Mondiale). Les grandes puissances européennes se partagent les territoires et on a une description des colonies et de leur fonctionnement. Ce n'est pas extrêmement détaillé, car l'auteur suppose que son lecteur connaît un minimum le contexte, mais il explique clairement le pourquoi des problèmes qu'il rencontre et n'hésite pas à critiquer sévèrement l'administration coloniale et sa corruption, la médiocrité de ses fonctionnaires. Lorsqu'il signale un employé honnête, il est visiblement surpris d'en rencontrer. Les populations locales ne sont pas épargnées non plus, même si l'auteur est plutôt bienveillant et intéressé par leurs coutumes et croyances.

Il est difficile de s'attacher à ce narrateur: comment pourrait-on trouver sympathique un trafiquant d'armes? Un homme qui considère parfaitement normal le commerce d'esclaves, voire même y contribue une ou deux fois, n'hésite pas à recourir aux châtiments corporels avec son équipage « si nécessaire » et qui, malgré sa critique du système colonial, a un point de vue parfaitement colonialiste et paternaliste sur les populations locales…

Malgré tout, j'ai trouvé cette lecture très intéressante. Je ne savais pas grand chose sur le sujet avant d'ouvrir ce livre et j'ai pu en apprendre plus sans que ce soit aride ou ennuyeux grâce au format « récit d'aventure ».
(...)
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Ce livre est en realite un recit autobiographique, qui relate quelques mois de la vie de l'auteur; tout s'acheve en 1914 (apres la declaration de guerre). H. de Monfreid est un vrai aventurier, courageux et en meme temps prudent, prêt a risquer sa vie a tout moment, volontiers en marge des lois. Pour se mettre en accord avec son entourage, il devient musulman. Avec son petit voilier, il ecume la Mer Rouge, au Nord et au Sud du detroit de Bab-el-Mandeb. D'abord desireux de se lancer dans le negoce de perles, il finit par choisir la contrebande d'armes, toleree par les autorites francaises de Djibouti. Ce faisant, H. de Monfreid se fait beaucoup d'ennemis - ce qui lui vaudra de graves ennuis (qui seront reveles a la fin du livre).
Ce qui est fascinant, c'est l'impression d'authenticite de ce recit, que l'auteur a pourtant ecrit pres de vingt ans apres les aventures qu'il raconte. Il a un style tres sobre, evite tout exces de "suspense", se refuse a s'attribuer systematiquement le beau role, donne avec objectivite toutes les precisions necessaires sur le monde (tres etrange et dangereux pour un Occidental) dans lequel il est immerge. La region qui sert de cadre a ces aventures est extremement dure: chaleur extreme, violentes tempetes sur la mer, pirates, guerriers et personnages louches, presence peu glorieuse de la puissance colonial, coutumes surprenantes qui se perpetuent sous la ferule omnispresente de l'Islam… Au fil des pages, j'ai trouve beaucoup de jolis morceaux de bravoure. Je n'oublierai pas, exemple parmi d'autres, le passage decrivant la guerison d'une grave blessure par un sorcier local: c'est tres haut en couleurs ! H.de Monfreid est un ecrivain maintenant un peu oublie, mais son temoignage merite d'etre lu ou relu.
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Henry de Monfreid sait écrire manifestement. Aucun doute là-dessus et Joseph Kessel qui l'y a encouragé ne s'est pas trompé.
Reste que j'ai eu du mal à rentrer dans ce récit.
Peut-être par manque de concentration ou d'attention ou distrait par les multiples tâches quotidiennes... Je n'en sais rien.
J'ai l'impression que l'écriture de Monfreid n'est peut-être plus en phase avec notre époque et que pour bien pénétrer son univers, il nous faut plus de discipline et de courage. Je ne qualifierais pas son écriture de difficile mais un peu exigeante. J'ai bien envie d'y revenir un jour où je serai moins absorbé par mon quotidien.

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