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3,43

sur 162 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Encore sous le choc et sous le charme de ce roman incroyable! Incroyable au sens littéral du terme, tant l'histoire est délirante, et au sens également de peu commun, peu ordinaire.

Ne pas se fier au premier chapitre, qui pourrait être décourageant : le texte du cours universitaire d'une prof de lettres concernant des écrits hypothétiques consacrés à…Francis Rissin, peut paraître abscons. Mais, déjà entre les lignes, quelques indices poussent à la curiosité.

C'est ensuite un festival de romans dans le roman, à partir d'un portrait qui se resserre en cercles concentriques autour de l'énigmatique personnage qui donne le titre au livre. Portrait en négatif, à partir de ce que chacun veut y mettre: le flic obstiné, la foule en délire, les voisins putatifs, et à chaque fois on part sur un récit différent (ce pourrait être un livre pour île déserte, tant il est protéiforme et déstabilisant. il est probable qu'une seconde lecture apporterait un autre regard sur l'affaire.

Mais la forme n'empêche pas le fond : le mythe Francis Rissin est un prétexte adroit pour faire un état des lieux politique, au sens premier, à savoir l'organisation et l'exercice du pouvoir dans une société organisée.Après un récit hagiographique, l'auteur n'hésite pas à inclure une dystopie glaçante sur fond de peine de mort.

Quelle ne fut pas ma surprise, au coeur du roman de voir citer la minuscule bourgade de la Croix Hélléan, à quelques encablures du berceau de ma famille maternelle! Et comme ce phénomène s'est reproduit à plusieurs reprises en cours de lecture, sur des petits détails géographiques ou historiques, la paranoïa ambiante s'est emparée de moi : Martin Mongin, vous me connaissez, je ne vois pas d'autre explication. Ce livre a été écrit pour moi!!!

Par contre, il est possible que l'effet de séduction ne soit pas universel. il faut accepter de se faire balloter comme un fétu de paille au gré des bourrasques imaginatives de l'auteur. Et je comprendrais tout à fait que l'on ne partage pas mon enthousiasme.

S'il y avait un peu moins de pages, et qu'une pile immense ne m'attendait pas pour partir explorer de nouveaux univers d'écrivains, je le relirais immédiatement.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Quelle drôle d'histoire ! Même après la lecture, je m'interroge encore. Serai-je passée du côté de la face obscure du roman sans m'en apercevoir ? Suis-je toujours et encore dans l'histoire ? Mais quelle histoire croire ?
C'est que Francis Rissin ne possède pas qu'une seule vérité...

Voici un objet littéraire rare, d'une grande complexité et d'une aussi grande étrangeté. Un objet rare et précieux qui vous emporte vers un ailleurs que vous semblez toucher du doigt mais qui reste toujours inaccessible. Une lecture prenante, envoûtante, addictive.

Vous suivez la trace de Francis Rissin, qui tel le furet de la chanson, est passé par ici et repassera par là. Quand et où n'ont pas d'importance, l'auteur nous trimballe dans l'espace temps et dans l'espace géographique en même temps. Vous visitez la France dans ses moindres recoins, vous assistez à un spectacle grandiose dans un super-zenith parisien, tel un détective vous suivez à la loupe les traces de Francis, vous lévitez au-dessus du centre Beaubourg, vous bivouaquez au fin fond des Cévennes... Et partout et toujours, Francis Rissin vous échappe.


La France va mal. La France s'inquiète. La France s'essouffle...
« Est-ce qu'il y a ici quelqu'un qui pense à la France ? »
Et si Francis Rissin était l'homme providentiel que le pays attendait ?
C'est à travers onze chapitres, onze histoires, que le lecteur découvre la personnalité de cet individu, sorti par hasard de l'anonymat mais qui sait malgré tout, depuis sa jeunesse, qu'il a un destin à accomplir.



Un roman, un polar, une épopée, une page politique, culturelle, un texte sacré ?
Francis Rissin c'est tout cela à la fois. Vous serez surpris, étonné, abasourdi par les péripéties littéraires proposées par l'auteur qui signe ici son premier roman. Un premier roman vertigineux, un premier roman qui parle de la France. Un roman grinçant de vérité profonde sur le Français franchouillard, qui bien souvent m'a rappelé Superdupont, le super héros franco-Français de Gotlib.

Lien : http://mespetitesboites.net
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Voilà un roman qui s'apparente davantage à un kaléidoscope. Mais des images animées qui font apparaître des portraits qui font sens. Même le terme « roman » n'est pas adapté, il faudrait lui trouver une autre appellation, unique, tant cette expérience de lecture est singulière.

Martin Mongin a l'inconscience et la fantaisie du primo-romancier qui ne se pose pas mille questions et surtout ne cherche pas à entrer dans un moule.

Ce livre inclassable est avant tout une ode à l'imagination. Débridée, mais jamais désordonnée, car toujours soutenue par une plume soignée. Luxuriance des mots, beauté de la langue.

Francis Rissin est un nom, mais avant tout un concept. Une présence d'abord évanescente, mais qui prend peu à peu corps (au pluriel).

C'est un puzzle en onze grosses pièces. Onze chapitres d'une cinquantaine de pages, pour un pavé de 600 pages au final. Sauf qu'il y a des puzzles dans le puzzle, poussant le concept à l'infini et au-delà, tant l'écrivain est imaginatif et fait preuve d'érudition.

Martin Mongin est un (encore) jeune professeur de philosophie dans le civil. Ce qu'il faut en retenir, c'est que son savoir est grand (ça se vérifie à chaque page), mais qu'il a surtout un don pour faire passer un message et pour le partager.

Une telle science laisse juste parfois pour seul petit regret de ne pas avoir tout le bagage nécessaire pour bien tout appréhender. Mais qu'importe ! La magie de ce récit est qu'il ambitieux et pourtant accessible. Une sorte de tour de force dont on ressort enrichi et qui laisse une belle part à l'interprétation.

Onze histoires différentes liées dans un récit global qui débute par une abstraction pour ensuite devenir polymorphe. L'idée de départ est formidable : de simples citations dans des livres, des affiches qui surgissent de nulle part, créent une sorte de divagation de masse autour d'un patronyme.

Au fil des chapitres, on croit commencer à saisir ce Francis Rissin, mais il s'échappe, toujours. Un méli-mélo de réalité et de fiction(s), comme des couches archéologiques qui seraient tour à tour étudiées par un universitaire, un flic, des gens du cru, un artiste (et tant d'autres encore…).

L'auteur titille notre curiosité et nous append à lire entre les lignes, tout en se jouant de nous dans un véritable jeu de piste.

Voilà une oeuvre qui tient autant de la fable, que du thriller, autant fantastique que chronique sociale de la France profonde (la vraie, loin du microcosme parisien), parfois aussi auto-portrait ou témoignage subjectif.

Un multi-univers d'une richesse inouïe, avec une certaine cohérence dans cet enchevêtrement.

Car tout est politique, dans tous les sens du terme. Cette histoire est un portrait de la France, si elle devait s'incarner dans une personne. Une peinture pas vraiment flatteuse, d'ailleurs. Francis Rissin, initiale FR, tout sauf un hasard.

Une fiction qui montre comment une idée peut prendre corps dans l'imaginaire collectif, comment un pays peut s'emballer pour le concept d'un messie qui réglera tous les problèmes. Quitte à aller dans les excès, laisser cet homme providentiel devenir un tyran, l'élever au rang de mythe et légende. C'est fascinant (et effrayant).

Clairement, se plonger dans ce roman demande de l'investissement. Mais son auteur fait le pari de l'intelligence du lecteur, sans jamais le prendre de haut.

Le résultat est hypnotique. On se dit que c'est un peu long et pourtant on ne veut pas en sortir. D'ailleurs, le refermer définitivement et revenir à la seule réalité est une douleur. Tous les passages ne vous parlerons sans doute pas de la même manière (un des onze chapitres m'est d'ailleurs passé au dessus de la tête).

Il faut dire que, derrière son écriture fouillée et mouvante, Martin Mongin est totalement habité par son sujet, mais toujours avec la volonté de penser au plaisir du lecteur et de rendre son récit ludique.

Ce pari audacieux, à l'ironie souvent mordante, est aussi un bel hommage à la littérature de genre (d'ailleurs, nombre d'auteurs de SF sont cités dans sa dernière partie).

Ouvrez votre esprit, élargissez vos champs d'intérêts, laissez s'égarer votre imagination au loin tout en restant ancré dans notre société. A ces conditions, la lecture de Francis Rissin risque fort de vous marquer pour longtemps.

Prions pour que Martin Mongin garde cette fraîcheur et cette imagination, dans le futur. Il restera alors un écrivain à part, de ceux qui font honneur à la littérature aventureuse.
Lien : https://gruznamur.com/2019/1..
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Voici donc le roman le plus incroyable de l'année. Je l'ai lu en juin et il a bien failli polluer toute la suite de mon exploration de la rentrée littéraire. Déjà, pendant que je le lisais, j'avais du mal à le lâcher pour vaquer à d'autres occupations. Et depuis, il m'habite encore, au point de trouver fades bon nombre de textes (qui le sont peut-être, allez savoir). C'est un véritable tour de force, une expérience singulière, une aventure dans laquelle on s'immerge en se laissant peu à peu prendre à un effet hypnotique. Un jeu de piste redoutablement intelligent. Une mécanique qui s'empare de votre cerveau et ne vous laisse aucun répit.

Car vous n'avez plus qu'une obsession : savoir enfin qui est ce Francis Rissin dont le nom envahit petit à petit les murs des villages de la France entière sur ce qui ressemble à des affiches électorales. Il serait inutile de tenter de raconter ou de résumer l'intrigue, et puis cela gâcherait de façon certaine le plaisir du lecteur. Non, il faut entrer dans ce roman avec envie, curiosité et une totale désinhibition... Se laisser balader par l'auteur. Et ça, il sait faire. Chacune des onze parties qui constituent le récit est l'occasion d'un changement d'angle de vue, de style narratif et même de temporalité. le lecteur avance à tâtons, surpris à chaque tournant, pris parfois à contre-pied au détour d'un chapitre ou déboussolé par une perte de repère temporel. Emporté dans un tourbillon vertigineux.

Le récit est construit autour du thème de l'homme providentiel. A la fois politique, philosophique, il résonne terriblement avec l'actualité récente et interroge avec acuité l'inconscient de la France. Celle des villages, la France profonde, rurale, celle des lecteurs de la PQR dont le rôle est ici essentiel. Un territoire omniprésent et qui contribue à l'ancrage du personnage dans une réalité en opposition au fantasme qui habite peu à peu les esprits. L'auteur pousse très loin chacune des parties, utilise toutes les facettes de la création pour interroger le rapport entre fiction et réalité. C'est fichtrement bien fait.

J'ai retrouvé avec Francis Rissin la même sensation de jubilation qu'à la lecture du précédent roman de Laurent Binet, La septième fonction du langage ou d'Antoine Bello (notamment Enquête sur la disparition d'Emilie Brunet ou Roman Américain). Il y a ce côté ludique suprêmement intelligent. Mais ici, l'ambition est encore plus forte et les neurones grésillent de plaisir.

Bref, pour moi c'est LA révélation de la rentrée, un premier roman qui provoque une fascination hypnotique. Alors, oubliez tout ce que vous avez lu sur les "romans les plus attendus de la Rentrée littéraire" et courrez chez votre libraire commander votre exemplaire. Après tout, vous aussi vous avez le droit de savoir qui est Francis Rissin.
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NB : pour la petite histoire, les éditions Tusitala publient surtout de la littérature traduite et pas mal d'auteurs de leur catalogue sont... morts. C'est la première fois qu'ils publient un premier roman français, d'un auteur en pleine forme (Martin Mongin a 40 ans, il est professeur de philosophie et passionné de politique ce qui lui vaut d'avoir publié quelques articles dans le Monde diplomatique). Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître !
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Après six ans d'existence et seize livres au compteur – et pas un seul à jeter – les éditions Tusitala publient leur premier roman français inédit avec cet intriguant Francis Rissin, de Martin Mongin.

Qui est Francis Rissin ? C'est là toute la question et les onze chapitres de ce roman vont à leur manière lever un peu le voile sur cette figure étonnante tout en la gardant toutefois dans une certaine brume. Nous sommes dans un avenir relativement proche, qui pourrait se situer dans les années 2020 ou 2030 lorsque Catherine Joule donne un cours de littérature à la Sorbonne dans lequel elle évoque un mystérieux livre en quête duquel elle s'est lancée. Approche de Francis Rissin, de Pierre Tarrent, a sans doute existé. Il est en tout cas cité dans de sérieuses bibliographies, des extraits ont été repris dans d'obscures revues, mais il est impossible de mettre la main dessus. Tarrent lui-même semble échapper à la réalité. Ce premier chapitre pose donc le postulat de départ : si Tarrent n'existe pas, Francis Rissin peut-il exister ? Est-il le fruit de l'imagination d'un auteur fantôme ou un personnage bien réel, les deux cas n'étant d'ailleurs pas forcément antonymiques ? Francis Rissin est-il une idée assez puissante pour se faire chair ?

C'est ce que l'on va voir à travers les dix chapitres suivants qui constituent autant d'expériences littéraires sous forme de polar, de journal intime, de rapports officiels, de récit à la frontière du fantastique ou encore de fiction politique.

Tout cela pourrait n'apparaître que comme une suite de récits sans cohérence d'ensemble, n'était la figure fantomatique et omniprésente de Francis Rissin. C'est au contraire un roman kaléidoscopique qui prend forme et dans lequel c'est moins la figure de Francis Rissin lui-même, insaisissable, qui semble glisser comme du sable entre les doigts, qui importe, mais plutôt la manière dont celui-ci est perçu.

Alors que l'on voit d'abord fleurir de mystérieuses affiches électorales à la gloire de Rissin qui paniquent les autorités et que Rissin devient de plus en plus perceptible, pour ne pas dire palpable, tout en demeurant protéiforme, ce qui transparaît de plus en plus, c'est l'idée de révolte et la fascination des Français pour les leaders charismatiques. Et dans le genre on peut sans trop en dévoiler dire que Francis Rissin est potentiellement l'homme providentiel le plus attendu depuis le maréchal Pétain.

Martin Mongin, à travers ce récit philosophique déstabilisant, audacieux et surtout parfaitement maîtrisé, livre donc un roman très politique, dans le meilleur sens du terme. À savoir qu'il s'interroge sur notre rapport à ceux qui nous dirigent, sur la recherche d'une figure forte qui puisse incarner les espoirs d'un peuple, sur le désir constant du changement, mais aussi – et surtout ? – sur la manière dont cette figure et ce changement peuvent s'incarner à travers une construction tout à fait artificielle où sortir du néant et échapper totalement à leurs promoteurs.

Étrange, vertigineux, d'une rare intelligence, Francis Rissin n'est ni un roman feelgood ni un livre confortable. C'est par contre un ouvrage particulièrement stimulant qui compte sur l'intelligence du lecteur et offre une expérience de lecture tout à fait inédite. Peut-être la grande surprise de la rentrée.
Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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[parce que j'ai énormément aimé ce livre, qui n'a pas été suffisamment récompensé je trouve, je dépose l'avis de lecture écrit pour les Notes Bibliographiques - Culture et Bibliothèques pour tous - les-notes.fr]

D'abord, on croit à un canular limité au département de l'Ain. Mais il faut se rendre à l'évidence : le nom de Francis Rissin s'affiche bientôt sur tous les murs de France, blanc sur bleu. Personne ne le connaît, tout le monde en parle : hallucination collective ou manipulation de masse ; imposteur ou homme providentiel ? Une universitaire à la Sorbonne, un biographe, un cinéaste, un romancier, un commissaire d'exposition, d'autres encore, tentent de cerner le mystérieux personnage.

Ce premier roman d'un professeur de philo féru de politique surprend par son ampleur et la maîtrise d'une construction diabolique qui en fait un jeu de fausses pistes émoustillant. Les onze chapitres sont autant de fictions secondaires dont l'articulation déstabilise. Avec chaque fois, changement de point vue et de style narratif (polar, fantastique, comédie, apprentissage, etc.) et de géographie (tour de France délectable des petites villes, panoramas remarquables). Martin Mongin veille malicieusement à ce que les éléments de son ambitieux puzzle littéraire entretiennent jusqu'au bout ambiguïtés et doutes : les indices s'avèrent aussi peu fiables que les témoignages de ceux qui disent avoir vu Francis Rissin ! Tableau parfois cruel mais jamais inhumain d'un pays en quête d'un récit national. Brillant, ludique.
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Tout au long de ce livre, ce n'est pas un « Je vous ai compris » les deux bras en V, mais un très christique « En vérité je vous le dis » qui ponctue les discours de ce Francis Rissin.
En onze pièces, c'est ainsi que Martin Mongin les appelle, passant d'un cours de fac, à des rapports de police, d'un journal intime à des déclarations, d'une fiction politique à un récit tirant sur le fantastique, je découvre Francis Rissin. le chapitre parlant de l'exposition consacrée aux affiches et quelques photos de Rissin est enlevée, jusqu'à faire sauter en l'air Baubourg, en tout bien tout honneur !!
Une prof de lettres en université lance le sujet Francis Rissin par ses recherches quasi infructueuses pour trouver les livres à lui consacrés. J'avoue m'être dit que je ne pourrai pas suivre cette prof tout au long du livre et miracle (merci St Francis Rissin!!), me voici à la seconde pièce où je peux presque entonner « il est passé par ici, il repassera par là.. » Pour l'instant, ce sont les affiches de Rissin qui commencent à apparaître. « On fait généralement remonter au matin du 3 juin le premier signalement officiel d'une affiche de Francis Rissin sur le territoire français », dans une petite commune de l'Ain. le tourbillon, le maelstrom, ne fait que commencer. Comme un nuage de sauterelles sur un champ de millet, les affiches fleurissent partout en France, une enquête policière diligentée par un cador est même menée lorsque Francis Rissin se produit aux quatre coins de la France, l'art de l'ubiquité dans toute sa beauté.
Oui, mais Francis Rissin est-il un ou plusieurs ? Est-il homme ou concept ? homme ou dieu ? « Moi, je n'ai été qu'une idée abstraite, une force invisible, un principe directeur, une puissance secrète, mais qui les faisait avancer, qui les faisait regarder plus loin. »
En suivant Francis Rissin, Martin Mongin raconte la France dite profonde dont la grande majorité des français fait partie en nous parlant de petites villes et villages où passe, et ou est supposé passer, Francis Rissin. « Personne ne peut décider pour la France Elle seule a le pouvoir de choisir ses héros, elle seule a le pouvoir de couvrir ses enfants de gloire ou de décréter leur infamie. Et elle seule décidera, le moment venu, si elle me condamne à l'indignité nationale, à la damnatio memoriae, ou si elle me fait l'honneur d'une apothéose. »
Cet homme charismatique est plébiscité par une grande majorité de français. Oui, F.R. les fascine. Et s'il était l'homme providentiel, celui par qui le mieux pourrait arriver, voire arrivera ? Oui, beaucoup de français aimeraient qu'il soit le nouveau Maréchal, le nouveau Général, celui qui pourrait les accompagner dans le désir de révolte, leur besoin d'autre chose de mieux. Ils sont prêts à sacrifier beaucoup pour avoir peu.
Martin Mongin a commis un livre hautement politique, philosophique, déstabilisant, audacieux dans sa construction et sa pensée. Son talent est dans le kaléidoscope qu'il nous propose sans jamais donner de clé, ou alors, un trousseau très fourni.
Un livre intelligent, maîtrisé, peut-être quelques longueurs, mais, bon… Il a eu le talent de changer de direction lorsque je commençais, à non pas m'ennuyer, mais à vouloir autre chose.
Méfions-nous de ces personnes qui veulent notre bien, cela peut cacher un despote. Dans cette partie du récit, je n'ai pu m'empêcher d'amalgamer certains dirigeants ou prétendants actuels et j'en riais jaune. Un extrait de son journal intime fait froid dans le dos lorsqu'il « proclame le rétablissement de la peine de mort »
« Le lendemain, les sondages étaient unanimes. Partout les français criaient leur joie et leur soulagement -parce qu'en vérité, ils n'attendaient que ça »
« Tant que je suis en vie, ma place est ici, auprès de tous les français. Quand je serai mort… Vous verrez bien. Vous croirez m'avoir enterré sous un mausolée du Père-Lachaise, ou avoir déposé mes cendres dans la niche d'un petit columbarium de province ; vous croirez que j'aurai disparu, et pourtant je sera encore là parmi vous -aussi vrai que je m'appelle Francis Rissin ».

C'est la première fois que je lis un tel livre et, les suivants ont quelque peu pâti de sa force. Beaucoup parlent d' OLNI ou OVNI littéraire, il en va de même pour moi. Les éditions Tusitala, avec qui j'ai découvert « Un locataire » de Svava Jakobsdottir, ont eu raison de publier le premier roman de Martin Mongin.

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Des affiches électorales au nom de Francis Rissin fleurissent subitement sur les murs de France. Ce candidat inconnu fascine peu à peu la population et il apparaît, pour certains, comme l'homme providentiel. Bientôt la police enquête pour démasquer l'insaisissable personnage. Ce roman entremêle onze histoires dans un jeu de piste. Premier roman.
Nous voici dans un roman inclassable, un roman à la croisée des genres. Un livre choral où chacun nous livre ses pensées. Une histoire ingénieuse. Une fable originale, une métaphore de notre monde moderne. Francis Rissin n'a rien de commun avec ce que vous avez pu lire jusqu'à présent. C'est pour moi le livre de 2019. Un livre intelligent qui nous rend intelligent. Et dire que c'est un premier roman, à peine croyable !

Lien : https://collectifpolar.com/
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Première fois que je prends le temps de mettre en mots un plaisir de lectrice. Faisons bref, je suis une serial lectrice , boulimique, compulsive et pas un poussin de l'année. Une amie libraire de Quimper m'avait donné les bonnes feuilles de ce roman. Pas une mince lecture, 611 pages, 11 grands chapitres, à la recherche géographique, intime, politique, de l'insaisissable Francis Rissin, et j'ai terminé cet ovni littéraire à bout de souffle, acculé dans les oreillers, surpris par tant de puissance d'écriture. Il y a comme un air de famille littéraire (le sujet, la diversité des genres) avec le 2666 de Roberto Bolaño dans ce premier roman de Martin Mongin. Vertigineux.
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« Qui est Francis Rissin ? » Cette question au coeur de cet objet littéraire non identifié deviendra obsédante au fur et à mesure de sa lecture. Onze parties pour tenter de répondre à cette énigme, onze chapitres qui s'enchâssent dans une mise en abyme dantesque qu'on se surprend à dévorer, animé, comme tous les personnages, par le désir d'en découdre et de découvrir un visage, une histoire.
Je me suis crue maline en comprenant assez vite que je n'obtiendrai pas de réponse dans cette quête acharnée mais me suis retrouvée piégée par une seconde interrogation toute aussi entêtante, et peut-être tout autant inutile : quel était donc ce livre ? Et quel en était l'objet ?
Ce livre est avant tout un premier roman virtuose. Incroyablement abouti pour un premier né, cet ouvrage est vertigineux et nous embarque dans un vortex ingénieux, mystérieux, risible et effrayant lequel tourbillonne une série de personnages tous unis par la recherche obsédante, et envoutante de ce cher Francis, et dont nous rejoindrons rapidement la ronde étourdissante, pions nous-mêmes de cet échiquier littéraire brillant.
L'auteur multiplie les pistes, poupées gigognes ; il nous perd entre fiction et réalité en mêlant les dates, les repères culturels et personnalités connues à l'invention toute romancée de cette histoire et son imaginaire parfois débridé. Tour à tour polar, témoignage, article de presse, il varie les styles narratifs et les tons. Après une plongée dans le récit biographique et presque mystique de notre Francis national telle l'hagiographie d'un saint, nous flirtons avec les bords sombres, inquiétants ou magiques de la science fiction. D'une expo parisienne à une fête païenne de la consommation devenue langage commun, du remake de la traversée de Paris, ici souterraine et savoureusement drôle au délire mégalomaniaque d'un tyran, ce roman psychédélique et addictif nous noie littéralement dans des univers distincts lesquels s'emboîtent, se recoupent, s'embrouillent (et nous avec !) en distillant ici et là des indices et en jouant de la récurrence des personnages, des lieux, étoffant les scénari ou resserrant l'étau…. Labyrinthe auquel on prend goût, dans lequel on se laisserait bien enfermer, parfois engourdis et somnolents, ou au contraire, duquel on voudrait s'échapper en pressant la cadence …. le malaise ambiance les chapitres et on divague au gré des symboles, des signes à décoder, des rébus dignes des songes ou des pires cauchemars… Roman topographique qui nous ballade littéralement dans toute la France et nous livre une cartographie détaillée et exhaustive de notre territoire national des « trous du cul du monde » aux grandes villes. La précision géographique fouillée qui nous ancre au sol, nous cogne à la roche et nous baigne dans ses cours d'eau, tranche avec le trouble des situations, le nébuleux des poursuites bien souvent embrumées et dès lors rêvées ou réelles ?
Quel est dès lors son objet ? La peinture d'une France que nous connaissons plus ou moins bien, la radiographie d'un état qui enchaîne les crises sociales ? Un pays dès lors multiple, complexe fort d'un inconscient collectif, somme de fantasmes individuels ? La démonstration de notre soif d'absolu, de notre voeu, plus ou moins avoué de l'homme providentiel pour rêver un monde meilleur et bien sûr du risque que l'unicité du sauveur à adorer comporte ? La dangerosité de l'image, du sacré par définition irreprésentable, et ce qu'elle véhicule de fanatismes et d'extrêmes ? La force inouïe du nombre, du groupe, de la foule pour élever une voix et entraîner des actes parfois bien loin du discours originaire ?
Francis Rissin est à la fois tout cela et plus encore…Lire Francis Rissin est une expérience laquelle peut continuer à agiter longtemps après avoir fermé le livre. Une expérience distrayante (le rire y est franc et le cynisme délicieux), haletante (elle nous plonge au coeur d'une épopée folle), anxiogène (nous oblige à observer les dérives que l'on connaît déjà), dérangeante (nous retranche dans nos propres attentes et leurres), amère (nous prouve encore notre nécessité impérieuse à croire, croire en quelqu'un, quelque chose, pour trouver l'essor, la motivation, l'envie, et remplir, occuper, inventer dans cette existence humaine dont on n'aura jamais de cesse d'interroger le sens…)
Francis Rissin nous envole avec lui sous acide, et sous l'acide d'un réel contre lequel on craint de se heurter et que l'on contourne à coups d'illusions, de symbolique et d'imaginaire. La construction narrative impeccablement maîtrisée a-t-elle pour but de nous faire lâcher prise et accepter la somme de nos projections sur le monde qui bon an mal s'ébranle protéiforme sous nos yeux. Engrenage géant, monstrueux qui n'en finit pas de s'emballer et dont nous sommes tous - lecteurs, citoyens, rêveurs- les mécaniciens impuissants et fous d'espoirs !! Réfléchir, penser, ne pas céder aux chants des sirènes mais entendre la clameur, et ne pas trop fouiller non plus car n'y a-t-il pas péril, comme tous les accidentés, suicidés, assassinés du livre, à vouloir résoudre un mystère ? le chasseur de tornades ne risque-t-il pas d'être avalé par le phénomène qu'il poursuit, exactement comme moi dans le brouillon de ces mots pour saisir la portée de ce roman-phénomène alors même qu'« on ne sait pas, sur ce sujet, si le texte exprime un souhait, une crainte, un rêve, une interdiction, une impossibilité, une invitation, une mise en garde. Et devant tant d'incertitudes, on se demande presque, pour finir, si l'écriture ne serait pas le tout –l'alpha et l'omega- de l'expérience elle-même, et si ça ne s'arrêterait pas là. » ?!!!
Entre fascination et mélancolie, Francis Rissin est une expérience dont je ne suis pas sortie indemne, hantée par d'insatiables questions, dont une me taraude : quelle vocation a, ou pas, l'écriture/littérature/lecture devant notre condition humaine ? Francis, une idée ??!
Ce livre est sans conteste un grand premier, un grand tout court, totalement inédit et novateur dans notre paysage éditorial.
« Avec le temps, j'ai un peu retrouvé mes esprits. J'imagine qu'on projette parfois sur le monde ce qui nous trotte au fond du crâne ».
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