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Une farandole littéraire libre et pétillante…

C'est vertigineux quand nous prenons le temps d'y réfléchir quelques instants, toutes ces vies qui se nichent derrière chaque personne, tous ces possibles à raconter, à détailler, à entrevoir. Toutes ces richesses. Chaque jour, les personnes croisées sont autant de bulles de vie qui s'entrechoquent tout en s'ignorant. Christine Montalbetti, dont je découvre l'écriture pétillante, part de cette idée dans « le relais des amis » qui offre quelques heures de lecture très agréables. le lecteur, souvent interpellé par l'auteure, y découvre une galerie de personnages, abordés de relais en relais, selon un principe ludique et joyeux de passage de témoin : via une mouche s'échappant d'un appartement, un postillon atterrissant sur la personne d'en face, une visioconférence entre deux personnes à l'autre bout du monde, des ronflements amples traversant une cloison, une paire de Converse, une mouette…
La force de cet écrit étant de réussir à nous attacher, à nous émouvoir, chaque personnage du collier, pourtant entraperçu rapidement, devient un être à part entière, avec ses espoirs et ses regrets, ses relations humaines plus ou moins compliquées, celles qui commencent, celles qui patinent et se terminent. Un collier d'humanité, une brochette de si, une ronde de possibles en un traveling réjouissant.

« Ces ébauches de possibles se contentent alors de scintiller comme des espèces de papillons sur la prairie de vos pensées (je le dirais comme ça), et leurs battements d'ailes malgré tout vous accompagnent ».

Ce voyage nous permet ainsi de partir de Simon, un écrivain qui, en panne d'inspiration, part se promener jusqu'au Relais des amis, bar dans lequel il retrouve quelques habitués sur lesquels l'auteure va faire quelques zooms, puis de passer à Lorette de l'agence immobilière d'à côté qui emmène son client Bastien visiter un appartement…et voilà, le traveling un peu vertigineux commence, nous permettant, de fil en aiguille, de regarder passer les bateaux sur le fleuve Douro au Portugal, de nous promener en pleine nuit à Kyoto, de jouer au pachinko à Tokyo, de marcher sur les rives d'un lac du Colorado, de flâner sur une plage normande…C'est un vent de liberté qui nous autorise à faire un délicieux petit tour du monde, tel un pur moment de cinéma.

« Oui, c'est avec eux à présent qu'on embarque, vous commencez à comprendre le principe, à eux que Rémi passe le bâton de relais, d'autant que le train, ça nous ouvre de nouveaux horizons ».

Par moment Christine Montalbetti nous questionne directement : quel personnage choisir, là tout de suite : « Attention, on n'a que quelques secondes pour se décider. Qu'est-ce qu'on fait ? Je me dis que si on monte avec elle, on sera plus vite arrivée à la mer », pour mieux ensuite nous balloter et nous imposer sa propre fantaisie. Ce livre ose, interpelle, digresse, pose des parenthèses, alterne les passages à l'écriture ciselée avec des passages aux expressions familières et aux analogies surprenantes. C'est un véritable éloge à la littérature, aux voyages immobiles qu'ils permettent, aux mille et une vies qu'ils abordent, à la liberté qu'ils autorisent.


Les livres, un espace préservé dans lequel nous pouvons évoluer librement et toucher du doigt toutes les sensations du monde…tel est le message primordial de ce récit qui en faisant éclater quelques bulles de vie bondissant en tous sens m'a fait l'effet légèrement enivrant d'une fine bulle de champagne. A petite dose, cette ivresse est délicieuse, à plus grande dose cela aurait pu être un tantinet écoeurant. le dosage ici est parfait même si ça confine, nous devons le reconnaitre, à l'exercice de style.

« Ces impression caracolent dans son coeur comme des poulains sauvages, et est-ce qu'il finira par lancer enfin vers elles le lasso de ses phrases, zui zui, la courbe onduleuse et graphique de leur longue lanière, hop là, pour s'efforcer d'attraper telle ou telle d'entre elles sur laquelle il commencera (prudemment, joyeusement) à mettre des mots, on le lui souhaite ».
Simon, je ne sais pas, mais vous, vous y arrivez merveilleusement Madame Montalbetti !

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Ça pétille au Relais des amis. Hélas pour moi, cela n'aura pas été du champagne, juste de l'eau pétillante avec un petit zeste de citron pour relever quand même ;-).
Simon, écrivain que fuit l'inspiration, en pousse la porte et l'on découvre le décor, les habitués. Une description et une ambiance qui m'ont plu. Et puis l'autrice quitte Simon pour suivre un autre personnage, et puis encore un autre et un autre. Et puis la boucle sera bouclée...

Le procédé est au début plein de légèreté, les transitions se font naturellement, les personnages sont croqués très habilement en peu de mots, et puis cela s'essouffle tant dans les transitions que dans la narration des saynètes. Je me suis de moins en moins intéressée aux personnages rencontrés.

Dommage ! J'avais beaucoup plus apprécié sur cette idée de passage de relais l'alphabet du destin
Lien ci dessous pour les curieux

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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De relais en relais

Dans ce roman d'une construction virtuose, Christine Montalbetti nous fait faire le tour du monde en passant d'un personnage à un autre. Des existences qui se relaient au fil des rencontres. Une manière de porter un regard malicieux sur la société actuelle.

Le jeu du Marabout, qui consiste à trouver une suite de mots dont les premières syllabes correspondent phonétiquement aux dernières de l'expression précédente.
Marabout, bout d'ficelle, selle de cheval, cheval de course, course à pied, etc. s'appelle la concaténation. Si je vous en parle ici, c'est que Christine Montalbetti utilise un procédé narratif similaire dans son nouveau roman pour passer d'un personnage à l'autre.
Tout commence avec Simon, écrivain venu en Normandie pour se mettre à son nouveau roman, mais reste en panne d'inspiration.
Pour la retrouver, il décide de faire une marche. Une promenade qu'il achève en allant prendre un café au comptoir du Relais des amis. Outre Tatiana, la serveuse, il croise deux habitués, Frédo et Roger, Gégé le patron et Momo, assis seul à une table. Mathieu, l'apprenti de Frédo, venant compléter le tableau. Alors Simon "se laisse impressionner par les petits froissements d'âme autour de lui" et détaille ce microcosme. Avant de suivre Frédo et Mathieu qui ont du boulot. Leur camionnette est garée près de l'agence immobilière de Lorette. Lorette qui prend le volant de sa Clio pour faire visiter un bien à son client du jour. Mais cette maison est trop chargée d'histoires et Bastien, le client, renonce à l'acquérir. En revanche, il a un peu de temps libre et demande à Roger, le chauffeur de taxi, la direction de l'aquarium. Mais Roger est distrait, il doit prendre en charge le couple Worcester pour le conduire à la gare. On suit alors Eva et Greg Worcester qui prennent place dans leur compartiment. Les septuagénaires sont bientôt rejoints par Lila, une jeune fille qui a le don d'agacer Eva.
Si le petit jeu continue, ce n'est pas sans un clin d'oeil au lecteur: «Et là, je mets cartes sur table. Deux solutions s'offrent à nous : les suivre ou rester avec Lila. Ah, le monde est un réseau inextricable de possibles, qui font autour de nous leur sarabande, et que nous assassinons finalement sans vergogne chaque fois que nous faisons un choix. Vous avez une préférence ?»
On choisit donc de rester avec Lila. Qui rentre chez elle où l'attend Dylan. On entre alors dans l'intimité d'un jeune couple. Mais pas trop, car la décence a des limites. Alors suivront la mouche que chasse Lila et entrons dans la loge où Estelle et Vanda papotent et évoquent le Portugal où Alberto, le mari de Vanda, est parti construire une maison pour leur retraite.
Et nous voici sur les bords du Douro où vit aussi Manoel, le fils de Vanda et d'Alberto. Après une conversation téléphonique avec sa mère, on le suivra que le temps de croiser un nouveau protagoniste.
Maintenant que vous avez compris le principe de ce roman construit avec virtuosité, je vous laisse découvrir la suite. Une belle galerie de personnages et de lieux vous attend, passant du Portugal au Japon, où vous découvrirez le pachinko, puis aux États-Unis, à Paris où une mouette prend son envol pour retrouver la Normandie pour un final magique. L'occasion pour la romancière d'ajouter aussi quelques "vraies" connaissances aux rencontres proposées, mais aussi de revisiter sa bibliographie de l'autrice. de Trouville Casino (Normandie) à Love Hotel (Japon) et à Plus rien que les vagues et le vent (USA).
Oui, décidément, La vie est faite de ces toutes petites choses dont on se régale tout au long de ce roman drôle et entraînant qui pétille de malice. Une pépite de cette rentrée !



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Ha, le bistrot d'antan! Nostalgie, quand tu nous tiens.
 
Le bistrot légendaire ancré dans ma mémoire de bambin effarouché qui sifflait sa limonade ou son diabolo-menthe à la paille, agrippé au pantalon de tergal bleu marine de papa qui venait trinquer le coup avec les copains aux voix de caverne et au verbe haut.
 
Car c'est ça, le relais des copains, c'est ‘à l'abri de la tempête', ‘à l'abri côtier', celui que j'appellerai le bon vieux rade, plus tard, quand j'aurai pris de la bouteille et que la limonade ou le diabolo-menthe (ça fait une paye) restera le marqueur du temps jadis, de quand l'insouciance et la peur de la trogne du pilier de comptoir, seules, emplissaient ma tête de rejeton curieux et sacrément ravi d'être admis dans ce viril cocon quand maman enfournait dans la gazinière, tranquille, le poulet du dimanche dans le plat en Pyrex à la maison.
 
Le relais c'est la coquille de noix qui flotte sur l'océan du temps passé, qui sent le plancher imbibé des odeurs d'alcool que je ne savais pas encore identifier (malt, merlot, houblons, anis…) et dont les tenanciers s'appelaient Marie-Ange,  Momo ou…
 
Ici, dans ce relais où échoue Simon D avoir échoué à l'écriture de son nouveau roman, Marie-Ange c'est Tatiana et Momo c'est Gégé (les temps n'ont pas tant changé, finalement).
 
Mais il y a comme une caméra miniature qui suit Simon, une camera 360°, un capteur d'atmosphère, un humeur d'ambiance, une sorte d'éponge à émotions.
 
Et c'est un patchworks ce rade, un fourre-tout intimiste ou se brassent intimement des existences disparates à la recherche, peut-être, d'une forme d'intimité.
 
On fait bloc
autour d'un bock
ou d'un broc
de vin d'Oc.
 
Sauf que les minutes s'égrènent, même là, accoudé au bar et chacun doit vaquer à ses occupations, prendre congé d'un signe entendu puis pousser la porte de l'abri-refuge qu'il retrouvera demain,  comme d'hab' : « salut les potes, tu le mets sur ma note Gégé…»
 
Alors, comme dans l'ancienne publicité pour le CNP sur la célébrissime valse numéro 2 de  Dmitri Chostakovitch, la caméra miniature 360° qui suivait Simon, embarque sur un fictif drone silencieux, pour suivre plein cadre et en 16/9ème  celui qui vient de disparaître du champ visuel des habitués du bistrot et happer dans son champ optique à travers la vitrine de son local commercial, le regard non moins commercial de Lorette, l'agente immobilière, qu'elle suivra dans la visite organisée pour un Bastien trentenaire en recherche d'un nouveau nid douillet.
 
Telle une abeille virevoltante attirée, au hasard, par les différents coloris bucoliques d'un jardin printanier, la caméra papillonnera de personnage en personnage, dressant le portrait d'une communauté en perpétuel mouvement, communauté composée des tenanciers et des clients du bistrot, de l'agente immobilière, de son client potentiel, d'un chauffeur de taxi, d'un couple de touristes anglais, d'une jeune voyageuse, d'une mouche (et oui !!!), de notes de musique, d'une concierge, de son fils, de son amie…et de surprises étonnantes pour ce qui est des intervenants comme des traits d'union entre entre-eux.
 
Au cinéma, on appellerait cela un plan séquence. Ce plan tarabiscoté qui suppose une habile préparation afin de permettre à l'opérateur de ne jamais couper sa caméra et lui assurer une grande fluidité pour épouser les divers protagonistes qu'elle devra suivre de son numerique objectif énamouré.
Ce plan cinématographique est ici matérialisé par le verbe panoter (utilisé deux fois) comme par le ‘on' qu'adopte l'autrice pour s'extraire de ses personnages et nous décrire ce que nous devons voir, nous, en tant que lecteurs détachés des perceptions intérieures des différentes personnes que nous accompagnerons par son truchement (100 points de gagnés ;-).)

Pourtant, ce sont ces mêmes perceptions intérieures qu'elle interroge (quand ce n'est pas nous, directement, parfois), imaginant ce qui pousse ses personnages à agir comme s'ils étaient doués d'une totale autonomie.

Comme nous, l'autrice est témoin des scènes qu'elle nous décrit, scènes qui semblent échapper à son propre discernement et dont elle n'est absolument pas responsable.

Nous l'accompagnons plus qu'elle ne nous dirige, découvrant en même temps qu'elle les vies qui, comme des perles sur un collier, vont s'enfiler et cohabiter (non, ce n'est pas pornographique) pour composer une étude ethnologique et sociologique présentée sous la forme de roman léger et très agréable à lire, chaque rencontre fortuite faisant l'objet d'une courte nouvelle le temps d'un chapitre ou d'un paragraphe, nous emmenant même dans un voyage à travers la planète.
 
Si la formule fonctionne à fond dans la première moitié du roman, elle finit un peu par lasser, la recherche de la transition entre les protagonistes fait que la forme prend le dessus sur le fond pourtant bien privilégié en première partie d'ouvrage.
 
La jolie ronde initiale (Chostakovitch) se transforme peu à peu en chenille de premier de l'an ou du 14 juillet (Patrick Sébastien) et l'articulation entre les personnages en artifice (sans aucun feu) se fait au merlin(de moins en moins enchanteur).
 
A vouloir faire différemment à chaque ‘fondue', ce qui était audacieux voire poétique au début (les notes du piano) devient exercice de style un peu appuyé voire lourdingue à la longue (les ronflements nippons, le postillon (grrr) !!!).

Gare, ce qui pourrait être amusant à l'image peut s'avérer navrant à l'écrit.
 
Un relais, une ronde ?
Non, un manège finalement et comme chacun le sait, l'attrait du manège réside  essentiellement dans sa rareté et sa fugacité.
Mais ceci n'est que mon ressenti, loin de moi l'idée d'alimenter la foire du troll !
 
Je m'étais servi une aimable coupe de champagne rafraîchissante, mais les bulles se sont évanouies me reste un blanc tiède quelque peu fade.
J'ai même bien failli le jeter.
 
Dommage…l'écriture me plaisait à la folie, au début (l'ambiance du bistrot) vraiment beaucoup, vraiment (le couple d'anglais)…et puis un peu moins (Tokyo, les USA)…et puis plus du tout (la description des sneakers)…

et puis, chouette, un sursaut final (ha, Giséle et Yves) qui aide à faire passer le temps qui reste de lecture jusqu'à ce que la farandole se ferme, persuadé que je suis de retourner au ‘relais des amis' qui me rappelle le bistrot d'antan, le bistrot légendaire ancré dans ma mémoire de bambin effarouché qui sifflait sa limonade ou son diabolo-menthe à la paille, agrippé au pantalon…
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J'aime vraiment beaucoup l'écriture de Christine Montalbetti, sa précision, son rythme et cette façon d'introduire le point de vue de l'auteure pour mieux intégrer le lecteur dans son récit, le faire entrer dans la farandole. Ce court roman est une sorte d'échappée belle où transparait une sorte de gratitude envers la littérature qui permet de voyager, de s'extraire d'un enfermement ou d'un confinement et d'aller où on veut, sans autre limite que son imagination. le Relais des amis est le nom d'un bar dans une station balnéaire normande mais c'est aussi le format que prend ce récit, passant d'un personnage à un autre par le simple relais d'un détail qui agrippe le regard de l'auteure qui se fait pilote, hésite parfois entre deux directions avant de choisir. Son oeil se fait caméra, sa plume monteuse d'images et le lecteur se transforme en spectateur de ce tour du monde dont on attend qu'il retombe sur ses pieds et nous délivre si possible un happy end de cinéma.
C'est faussement léger, d'une précision horlogère, ça se lit dans un souffle et ça laisse repu comme après un souper fin.
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Voilà un petit texte qui était très prometteur et dont je ressors déçue, voire agacée. le relais des amis, pour moi, c'est un endroit où les gens se croisent, où l'on se retrouve pour boire un verre, discuter, faire de nouvelles connaissances, c'est un endroit chaleureux, je l'imagine bien comme un bistrot resté dans son jus, des banquettes en moleskine rouge, des chaises en bois un peu bancales, des plantes vertes aux appuies de fenêtres.

Les premières pages m'ont emportées, puisque c'est dans un bistrot de village que Simon, en panne d'inspiration pour son nouveau roman, s'installe au bar et observe le microcosme que forme la population des villageois qui le fréquentent.
Mais après quelques considérations sur les clients du bistrot, voilà que l'on commence à suivre un quidam qui en croise ensuite un autre, que l'on suit également ... et de fil en aiguille, on se retrouve à suivre tout un tas de personnages différents (voire même des objets, un mégot de cigarette, un emballage de bonbon) ...

La quatrième de couverture nous informe que la lecture permet de nombreux voyages, qu'un roman est un espace où l'on peut circuler d'un lieu à l'autre librement.

Alors, certes, un de mes plaisirs de lectrice est de voyager. Récemment j'étais à Douala ou à Conakry. Mais j'aime aussi m'imprégner de l'ambiance du lieu, de la population, j'aime avoir le temps de m'y installer, de réfléchir à ce que les descriptions des endroits visités me font ressentir et me rappellent de souvenirs, soit réels, soit d'autres lectures passées.

J'aime voyager, mais à mon rythme et comme j'en ai envie. Pas en me prenant pour un mégot de cigarette ou un emballage de bonbon, et pas effectuer le tour du monde en 137 pages.

Je trouve que rien n'est aboutit dans ce texte. Tous les personnages auraient pu être des héros ou anti héros d'ailleurs d'un texte qui leur aurait été consacré. Mais ici on passe de l'un à l'autre en quelques pages peu intéressantes parce que trop courtes pour que l'on s'y intéresse.

Ce ne sont pas des nouvelles, ce ne sont pas des "minuscules" à la Delerm, c'est encore autre chose que je ne sais pas vraiment définir.

Mais ce que je sais c'est que je n'ai pas apprécié.
Pourtant l'écriture est belle, et cela démarrait bien. Tant pis !!
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Le livre de Christine Montalbetti débute par une première phrase enlevée qui nous fait gaiement entrer dans la danse, immédiatement complices de l'auteure. Voilà, nous sommes déjà en plein coeur de ce que nous promet le titre, entre amis unis par le relais qui court d'un personnage à l'autre - à moins que ce ne soit le lieu d'un repos temporaire après les affres d'une route difficile, relais de poste chaleureux qui fait comme un cocon. Il finit en pirouette, sur une image de ricochet, n'ayant eu de cesse de rebondir à sa manière élastique d'un sujet à l'autre.
Si le plaisir d'un bon livre réside dans le pouvoir grisant de nous incarner en toutes choses sous l'impulsion du style, échappant ainsi au frottement des rôles assignés et des identités pesantes, alors Christine Montalbetti a écrit un sacré bon livre, qui nous laisse "légers, guillerets et harmonieux", tel le galet qui a voleté quelques instants sur les dernières lignes de ce texte splendide.
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« Ils marchent le long du lac, et on prend l'air avec eux. C'est plaisant de s'imaginer ces terres vastes, la ligne ondulée des montagnes, cette frange d'arbres aux feuilles à peine bruissantes, ce reflet du ciel dans l'eau, ça ouvre quelque chose dans l'espace réel dans lequel on se trouve, ça crée comme un second espace plus grand, plus ample, et disponible, dans lequel on a tout de même un peu le sentiment de se promener.
Oh, l'espace préservé que c'est, un livre, dans lequel on peut évoluer à notre aise, sans masque ni gel, juste à y barboter gaiement, impunis et libres, tout en nous souvenant de nos heures, de nos joies et de nos peines, de ce qui nous constitue, de ce à quoi on tient, les sensations du monde. »
(pp.88-89)
On ne quitte jamais un livre de Christine Montalbetti que pour en attendre un autre, avec l'espérance toujours d'un bonheur renouvelé, toujours trop éphémère quand on tourne la dernière page. Et ça n'a pas manqué avec le Relais des amis, peut-être parce que ce dernier roman évoque davantage encore que d'autres textes de l'auteure les pouvoirs extraordinaires de la fiction, ce territoire que l'auteure ne cesse d'explorer avec légèreté, tendresse et allégresse, nous invitant à chaque fois, hôtesse généreuse, à partager l'aventure.
le Relais des amis, c'est d'abord le nom d'un bar où Simon, le premier personnage du texte, un romancier en quête d'une phrase inaugurale d'où découleraient, avec une « énergie joyeuse », toutes les autres, où Simon, donc, se réfugie pour trouver l'inspiration, près d'une plage de la côte normande. Un lieu de rencontres, où s'ébauchent déjà, autour du comptoir, des histoires même lorsque ce ne sont que celles, plutôt banales, des habitués (mais, et c'est tout l'art de Christine Montalbetti, avant même et après cette merveille de récit, La vie est faite de ces toutes petites choses (P.O.L,2016), que de magnifier le plus modeste sentiment, geste ou objet du quotidien, par la magie de son écriture), un lieu évidemment, comme son nom l'indique, où se nouent des relations fraternelles, mais assi le point de départ, lorsque finalement on quitte le café pour suivre d'autres protagonistes - Frédo et son apprenti Mathieu, bientôt remplacés par Lorette, l'agente immobilière et son client, puis par Rémi le taxi et ses passagers, le couple Worcester, puis par Lola, leur voisine de wagon, ah Lola !, puis par…, et par…- d'une véritable course de « relais », justement, dont le bâton passera de mains en mains, de personnages à personnages, jusqu'à la fin du texte. Ainsi progresse ici la narration, illustrant les privilèges de la fiction, avec des débuts d'histoires qui s'enchaînent les unes aux autres, qui s'enchâssent les unes dans les autres, comme naturellement, dans un marathon (et la durée de lecture du texte est peut-être, d'ailleurs, proche de la moyenne de celle de cette épreuve mythique… mais on peut lire aussi plus doucement !) plein de vigueur. Avec des passages de relais multiples et divers, parfois occasionnés par des personnages canins de passage, une mouette en mal d'océan, voire un simple papier d'emballage froissé au pied d'une table, quelquefois aussi par une simple association d'idées ou, après avoir laissé faussement le choix de la direction au lecteur, la décision magistrale de l'écrivaine-reine. Et, loin de rester au bord de la route, simples témoins, Christine Montalbetti, comme à son habitude, nous invite, lecteurs, à participer activement à l'odyssée, questionnant avec espièglerie nos connaissances et la qualité de notre regard, et s'installe elle-même constamment dans son texte, pour mieux tirer, l'air de rien, les ficelles des héros de son petit théâtre.
Malice de Christine Montalbetti, adorable malice, oui, ou même charmant culot et belle insolence, d'une écrivaine qui peut, ici, « pauvre bichou », prendre pitié d'un mégot écrasé, là, comparer la forme d'une goutte de pluie écrasée sur la vitre d'un wagon à un spermatozoïde en goguette, ou bien encore, ailleurs, laisser un cocker mélancolique méditer face à un défilé de chaussures… Une Christine Montalbetti qui en profite aussi pour nous emmener au bout du monde, réviser la géographie, de la Normandie de Trouville aux Etats-Unis des « Romans américains », de ces oeuvres antérieures, mais aussi nous ramener vers ses territoires plus intimes, lorsque l'on retrouve, au détour d'une page, le mérou qui apparaissait au début de cette biographie fantasque de [S/Mon] ancêtre Poisson (P.O.L, 2019). Et, non, on ne spoile rien, l'histoire, au bout de ses méandres, ira peut-être jusqu'à une fin paradoxale, happy-end qui serait en même temps le signal d'un début de dépression des lecteurs, sinon de l'auteure elle-même, obligés de quitter tous ces nouveaux amis, de lâcher le bâton de ce relais de fantaisie, pour retourner à la grisaille de la réalité… Mais, haut les coeurs, n'en doutons pas une seconde, la fée Christine ne tardera pas à le ramasser, lui rendant ses vertus de baguette magique ! Yes, Christine, et n'hésitons pas ici à user d'un anglais énergique puisqu'elle est elle-même si souvent polyglotte, don't let us down without your stories, play them again… L'écriture, la lecture, Reine Montalbetti, et cette belle amitié que tu tisses toujours entre toi, tes personnages et tes lecteurs, la vie quoi !
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On se prend au jeu ou pas.

De même on adhère au style ou moins. En ce qui me concerne, plutôt pas et certaines figures m'insupportent, les on et notre en particulier . Ainsi l'auteur vous fait entrer dans ses histoires pourquoi pas, mais poussant la porte d'un café, Christine Montalbetti nous invite à suivre ici Simon, allez, on entre avec lui. Si je n'ai pas envie d'entrer ni d'être pris par la main sans avoir le choix si ce n'est celui d'obéir ? liberté liberté.
Idem, cette manie lorsque nous suivons les pas de Louise ou un quelconque autre quidam, cette Louise devient notre Louise alors que s'approprier ainsi les gens de plus pas forcément attachants, bref !

Le jeu.

Queue de cheval, cheval de course, course à pied, pied de cochon, cochon qui s'en dédit, dis moi tout, tout à l'égout etc.

Donc par passage du témoin d'où la course de relais des amis, nous passons de Simon, Tatiana, Roger, Frédo et ainsi de suite naviguant d'un endroit à l'autre jusqu'au Japon, pourquoi pas, Portugal, Paris et autres lieux dont je n'ai pas retenu les noms sans chercher d'ailleurs à les retenir.

Pas sectaire bien lui en pris à notre chère Christine, nous avons droit également à la gente animal, un chien, une chienne, une mouette, une mouche, une araignée qui finira écrasée entre les deux doigts d'une sympathique jeune femme, désolé je n'ai pas son nom, que nous suivrons bien sûr avant qu'elle ne passe à son tour le relais à, ah oui nous avons aussi un sms ou mms nous faisant sauter l'Atlantique pour un retour d'Amérique en notre cher pays.

Fin du fin, la boucle sera bouclée lorsque la dernière en date, Louise justement, s'en ira retrouver Simon pour une histoire d'amour écrite en quelques lignes à la pêche desquelles seuls les crédules croiront.

Donc.

Le relais des amis.

Un stratagème d'auteur comme sujet d'un livre. On adhère ou pas.
Des histoires trop courtes pour que l'on s'y investisse vraiment.
Bien sûr des moments de bravoure et des trouvailles littéraires.
Mais aussi des platitudes.
P 43. Je vous présente Lila qui aussitôt plonge dans son téléphone. Commentaire, laissons la.
P 93. Wendy que sa mère avait prévenue contre les hommes… avec ce fiancé imprévu…..Finalement il ne l'emmènerait pas dans cette autre ville, où il allait vivre avec une autre. Commentaire, image négative de l'homme à la mode d'aujourd'hui et sans recul..
Des on ( on les suit ) et des notre ( notre bon Simon ), on adhère ou pas.

La phrase de la fin comme j'aime bien à les citer : Simon s'arrête devant la mer, il se baisse pour ramasser un caillou ; il le lance, le galet ricoche, léger, guilleret et harmonieux.
Commentaire. Phrase passe partout.

Le relais des amis,
à mi parcours ne renoncez pas,
pas la peine d'en dire plus,
plus si affinités,
t'es bête ou quoi,
quoi que,
queue de cheval,
cheval de course,
course de relais,
relais des amis..
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Une histoire d'histoires?

Retrouvez ma chronique complète et illustrée sur aikadeliredelire.com ou en suivant ce lien :

https://www.aikadeliredelire.com/2023/05/lu-et-approuve-le-relais-des-amis-de.html?m=1


Pour ma part,

La quatrième de couverture est un topo résumant bien,certes, mais sans vraiment révéler à quoi s'attendre. Et j'ai été très surprise, pour ne pas dire déroutée par le concept, surtout au début.

C'est la première fois que je "tombe" sur un roman d'expérience littéraire et ludique, il ne manquerait plus qu'il soit interactif.

L'acrobatie romanesque de cette oeuvre tient dans sa structure : sans le moindre temps mort, façon plan-séquence comme au cinéma, la narratrice nous fait glisser d'un personnage à un autre, d'une scène à une autre, d'un pays à un autre.

Dans son style bien à elle, par le biais de nombreuses mises en abîme et d'étincelles d'humour, la romancière s'adresse à nous lectrices et lecteurs, pour nous déloger d'une réalité et nous catapulter ailleurs, et avant que l'on ait eu le temps de dire ouf, on se retrouve propulsé quelque part au XIXe ou au fin fond des USA ; j'en passe et des meilleures.

Je ne m'attendais pas à un tel tourbillon de maestra littéraire pourtant le concept tient dans le titre « «Le Relais des amis ». Comme dans une course de relais, chaque coureur transmet au suivant un bâton de relais appelé témoin. Inutile de dire que le témoin ici, c'est nous !

À mon humble avis, ce concept, sortant des classiques du genre romanesque, est digne d'un exercice oulipien*. Tout simplement bluffant : c'est une réussite.


+à lire si vous êtes en quête d'une expérience de lecture amusante et ébouriffante, si vous voulez célébrer la littérature et explorer les possibilités permises par elle.
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