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EAN : 9782931080184
146 pages
Quadrature (10/12/2021)
4.63/5   12 notes
Résumé :
Vingt-six lettres dans l'alphabet. A comme Alexia, B comme Benoit jusqu'à Z comme Zoltan. Vingt-six prénoms qui font alterner le féminin et le masculin,

Vingt-six fois soixante minutes entre le lundi, 1 heure du matin, et le mardi, 3 heures du matin.

Vingt-six personnages qui, au long de ces vingt-six heures, vont se croiser et avec lesquels nous partagerons un moment. Certains ne font que passer, d'autres réapparaissent au fil des text... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Notre alphabet compte 26 lettres. Chacune d'elles est l'initiale d'un prénom de l'un des protagonistes de ces nouvelles. Loin d'être des nouvelles indépendantes, elles se complètent vu que les personnages se croisent pour le meilleur et pour le pire. Les nouvelles s'enchaînent tout naturellement, mais malgré le fil conducteur n'en forment pas pour autant un roman… Encore que…

A comme Alexia… Une femme qui vit en compagnie de démons qui l'empêchent de dormir. Elle sait que tout cela est irrationnel. Elle est seule et se rappelle Nicolas qu'elle a tant aimé. Elle se souvient aussi de Benoit qui l'aimait plus qu'elle ne l'aimait lorsqu'ils étaient étudiants.
B comme Benoit. Qui donc peut l'appeler en pleine nuit ? Sûrement un problème à la garde que les internes ne peuvent pas solutionner…
C comme Camille. Camille travaille à l'aéroport de Zaventem. Il fait nuit et pourtant des gens vont et viennent, s'attablent pour prendre un verre ou manger un morceau. Mais cet homme que fait-il là ? Il a l'air égaré. Il ne ressemble ni à un voyageur, ni à une personne venue en attendre d'autres, ni à un des multiples employés qui oeuvrent dans l'aéroport. Cet homme est beau et il semble souffrir. Elle craque pour les hommes qui souffrent, ceux qui ont un air tourmenté…
D comme Didier. Il est quatre heures du matin. Quatre comme à peu près son âge. Didier ne comprend pas ce qu'il fait là dans cet immense endroit pour aller prendre l'avion et se rendre chez Mamy. Son papa lui tient la main trop fort et l'oblige à marcher bien trop vite. Didier préférerait être dans les bras de sa maman. Mais où est-elle ? Il n'a même pas pu l'embrasser avant de partir…
E comme Elaine. Elle est seule dans son lit et garde son smartphone à portée de main. Sa mère est vieille et vit seule et pourrait avoir besoin de l'appeler. Et puis, il y a aussi Tanguy, l'homme marié qu'elle aime et qui n'est pas là ce soir. Il lui a promis qu'il divorcerait parce que c'est elle qu'il aime… Mais il y a le petit qu'il ne peut se résoudre à abandonner…
F comme Fabian. Il en a marre de ramasser les poubelles des autres. Marre de son équipe. A force de ramasser les immondices, il a le sentiment que quoi qu'il fasse, il ne peut que sentir mauvais. Il est devenu un tas de fumier. Voilà ce qu'il est !
G comme Geneviève. Elle a mal dormi. Benoit à ses côtés ne cessait de s'agiter. Puis il s'est rendu dans la salle de bain. Plus tard, elle a entendu sa voiture démarrer. Sans doute un appel de l'hôpital. Pourtant, celui-ci est organisé de telle sorte qu'il y ait toujours du personnel compétent. Mais il est comme ça, Benoit. Son téléphone toujours allumé. Ah, ce que Geneviève aimerait qu'ils puissent vivre des moments seuls au monde sans risquer de voir son chéri partir sur les chapeaux de roues. Son homme qui conserve une grande part de mystère, sur son passé notamment…
H comme Hyppolyte. Cela fait un an qu'il vient se faire aider par madame Geneviève Lahor. Il déteste être en retard… Tout comme il ne supporte pas que les autres le soient. Son épouse, Yvonne, l'a quitté. Selon sa fille, Isabelle, qui ne souhaite pas qu'il s'approche de ses enfants, c'est parce qu'il est psychorigide. Il ne supporte aucun imprévu dans son existence. Elle a coupé les ponts. Pourtant, l'imprévu, c'est le désordre, et le désordre c'est l'anarchie.
I comme Isabelle. Baudouin, son fils, entre dans l'adolescence alors qu'elle a l'impression qu'elle, elle vient de la quitter. Elle est si lasse. Si fatiguée. Toutes ces tâches ménagères, conduire son plus jeune chez la logopède, le plus grand au foot… Et le travail au supermarché avec l'abominable monsieur Jacques ! Sans oublier les fins de mois difficiles : les prêts à rembourser pour la maison, pour la voiture…
J comme Jacques. Il est assez malin pour ne jamais se placer dans son tort. Quand il harcèle le personnel, ce n'est jamais devant témoins. Les caissières de la grande surface n'en peuvent plus. Il est partout et ne laisse jamais passer une occasion de réprimander dédaigneusement. Pas un subalterne n'échappe à ses remarques désobligeantes. Un vrai petit kapo lubrique.
K comme Kadija. Elle est infirmière. Cela fait trois mois qu'elle est amoureuse. Amoureuse d'une femme. Bien entendu, il n'est pas question que sa famille l'apprenne, surtout son frère. Ce serait considéré comme un crime. Pas facile de se retrouver avec Odile. Celle-ci est journaliste et leurs horaires réciproques ne rendent pas les choses faciles d'autant qu'elles ne vivent pas ensemble…
L comme Lucas. Il est policier depuis vingt ans. Et il en a marre. Marre des automobilistes, des cyclistes, des piétons, de tous ces gens qui ne respectent pas le code de la route. Marre des tués qu'ils soient assassinés ou suicidés ! Marre de sa femme, Sylvie… L'usure du temps. Pourtant, elle est encore bien mignonne. Marre de son ado de fils, Dany, son nez toujours plongé dans son smartphone et qui ne parle presque plus…
M comme Mado. Elle vit dans la rue. Elle n'aima pas les flics. Même s'il y en a des gentils. Il y a deux méthodes pour mendier. L'une consiste à baisser la tête, l'autre, au contraire à regarder les gens, à leur sourire, à leur dire des paroles aimables. La seconde fonctionne clairement mieux. Chaque jour, il faut bien choisir le coin où s'asseoir. Faut éviter les quartiers trop riches : on s'en fait vite chasser. Faut trouver le bon endroit, près d'une banque ou d'un magasin. Mais la vie reste compliquée, surtout pour une femme seule dans la rue. Faut parfois se disputer pour un bon coin. Elle a appris à se méfier de tout et de tout le monde. Vivre dehors, ce n'est pas ce qu'il y a de mieux pour la santé…
N comme Nicolas. Il est kiné. Il passe sa vie à soulager les maux des autres. Il est célibataire. Il se souvient d'Alexia qu'il a follement aimée autrefois mais qui avait des sautes d'humeur, des déprimes profondes, des secrets enfouis qu'elle refusait de partager. Il a fini par la quitter… Pour ne pas sombrer avec elle…
O comme Odile. Elle est journaliste. Des mois d'enquête qui vont mettre à jour les dessous de table, les comptes offshores, les exilés fiscaux… Bienvenue en Macronie, en Poutinie ou en Trumpie… Mais elle sait que tout cela ne servira pas à grand-chose. Des gens vont revêtir des gilets jaune fluorescents pour manifester leur colère, certains s'en prendront à des magasins obligeant les commerçants à baisser leurs volets… Parfois définitivement…
P comme Pierrick. Il a commencé à travailler dans une imprimerie juste après ses études secondaires. Il vient de recevoir un appel inquiétant. Son épouse, Isabelle est à l'hôpital. Un malaise au travail. Et c'est une collègue de sa femme qui le prévient. Pas même un appel de la direction ! Et ce fichu Monsieur Jacques qui la harcèle n'a même pas daigné le prévenir ! Heureusement, il peut compter sur sa mère, Yaëlle, et sur sa soeur, Camille.
Q comme Quynh. Elle est esthéticienne dans un centre médical… Où elle ne se sent pas toujours à sa place au milieu des médecins, kinés, et autres intellos… Ils sont sympas et elle s'y sent bien plus utile que dans le salon d'esthétique où elle officiait auparavant. Elle est d'origine vietnamienne par sa mère d'où ce prénom. le seul point sur lequel ses parents, divorcés, semblent d'accord, c'est qu'elle aurait pu « faire des études ». Mais comment penser aux études avec des parents en plein divorce ?
R comme Rachid. Rachid est déjà bien engagé dans la voie du jihad. Il aimerait bien pouvoir en parler avec son copain. Mais jusqu'à quel point peut-il lui faire confiance ? Bah ! de toute manière, il ne le verra plus. Il est bien décidé ! Pourquoi pas la ceinture d'explosifs ? Il s'agit de tuer le plus d'infidèles possible. Paraît que c'est écrit dans le Coran. le Coran, il ne l'a pas lu. Les livres, sacrés ou non, c'est pas son truc. Et puis qu'est-ce qui compte ? Lire ? Etudier ? Non ! Ce qui compte, c'est agir !
S comme Sylvie. Elle est institutrice. Elle reconnait Rachid, l'un de ses anciens élèves. Un garçon rêveur et solitaire. Elle fut l'une des rares personnes à être gentille avec lui. Son père n'était pas tendre et sa mère laissait faire. Elle l'aimait bien et voulait l'aider. La seule à être gentille avec lui, avec sa grande soeur, Kadija. Grande soeur qui elle aussi avait été son élève. Sylvie n'a pas envie de rentrer. Pas envie de retrouver Lucas qui lui tire la gueule depuis des semaines sans même qu'elle sache pourquoi. Pas envie de retrouver Dany, son adolescent, véritable caricature de l'ado dont les notes s'effondrent. Elle devrait peut-être prendre rendez-vous avec le seul prof qu'il semble encore apprécier, monsieur Tanguy Delmare.
T comme Tanguy. Il n'en mène pas large. Il a obtenu in extremis, grâce à un copain qui travaille à l'aéroport, deux places pour le Maroc. Il est dans l'avion. Son fils dort à ses côtés. Il est dégrisé. Et là, il revit les dernières heures écoulées et sa dispute avec Béatrice…
U comme Ursula. Elle est hôtesse de l'air. Elle adore son métier pour fatiguant qu'il soit. Pas de routine ! Elle se verrait mal dans un bureau ou à la caisse d'un supermarché. Jamais de vraies attaches. Elle en a connu des hommes. Depuis peu, il y a Victor. Il ne lui a pas caché que lui, il avait aussi connu beaucoup de femmes. Mais cette fois, c'est du sérieux…
V comme Victor. Il adore jouer avec les chiffres. Il est comptable. Il est sur une grosse affaire. Pour la première fois, il s'occupe d'un dossier de blanchiment, histoire d'aider les plus riches à être encore plus riches, pendant que d'autres crèvent de solitude et de froid dans la rue. Il n'a pas l'habitude des états d'âme de ce type. Son ami Nicolas déteindrait-il sur lui ? En temps ordinaire, il serait sorti dans une de ces boîtes où ni les filles ni l'alcool ne sont farouches. Mais là, il n'a plus de pensées que pour Ursula…
W comme Wendy. Fragile et déséquilibrée. Victor l'avait aimée. Pas comme les autres blondes. Mais à l'époque, il n'était pas prêt pour un tel tsunami. Avec Wendy, c'étaient les montagnes russes. du rire aux larmes. C'était épuisant. Elle est bipolaire… Ou borderline comme certains préfèrent le dire. Là, elle semble au fond du trou et incapable de remonter. Quarante ans. Pas de mec. Pas d'enfants. Plus de boulot…
X comme Xavier. La quarantaine à peine franchie, il est quasi chauve et à l'air d'un vieux. Mais à vingt ans déjà, il faisait vieux. Des lunettes de myope. Un léger strabisme. Les autres se moquaient de lui… Plus ou moins gentiment… Quant aux filles, il ne fallait même pas y songer. Il y a bien eu Quinh et surtout Emma. Tout le monde le trouvait gentil, mais c'est tout. Il se retrouve désespérément seul. Heureusement, il aime ce qu'il fait. Il est dessinateur de bandes dessinées et il connaît son petit succès. Sur un site de rencontres virtuelles, il a rencontré une certaine Yaëlle…
Y comme Yaëlle. Grâce à Baudouin, son petit-fils, elle a découvert Internet et les sites de toutes sortes. Alors, elle s'est créé un faux profil, tout en gardant son vrai prénom. Elle n'a pas trop menti, juste rajeunie d'une bonne quarantaine d'années…
Z comme Zoltan. Il est Hongrois. Depuis quelques mois, il fréquente un café à Saint-Gilles. Il y retrouve des étrangers comme lui, des « officiels » et des sans-papiers. On y discute. On boit. On se bagarre parfois… Et on se demande ce qu'on fait là, loin de la famille, des amis… C'était mieux là-bas… Beaucoup ne vivent que d'expédients… Honnêtes ou malhonnêtes ! Lui, au moins, il a ses papiers, un boulot, un logement, même si c'est en ramassant la merde… des autres ! Mais ce soir, il y a cette jolie fille qui le regarde qui lui sourit, cette Odile. Il lui propose de se rendre chez lui. Elle accepte…

Critique :

Liliane Schraûwen réussit une belle performance en liant ces vingt-six portraits d'une façon naturelle et crédible. Quand on en a fini avec un portrait, on enchaîne avec le suivant. le personnage A nous conduit à B qui nous emmène à C et ainsi de suite, Z nous ramenant à A. L'auteure suscite notre curiosité à propos de chacun d'eux. Elle nous les présente. Elle nous expose leurs pensées. Nous, pauvres lecteurs ou pauvres lectrices, nous aimerions savoir ce qu'ils deviennent… Et là, l'autrice, est-ce par pur sadisme ? nous abandonne ! A nous d'imaginer ce qu'ils deviennent, si un jour ils se recroiseront, s'ils surmonteront leurs peines de coeur et viendront à bout de leurs soucis. Liliane Schraûwen ouvre des portes sur des personnages et leurs pensées intimes, mais se refuse à les refermer. A chacun, à chacune d'imaginer, s'il en a envie une (ou des) suite(s) à ces vingt-six destins. Elle ne porte pas de jugements. Au lecteur de se faire son idée.
Son écriture est sublime et naturelle. Elle rend les personnages tellement vivants que très vite nous croyons les connaître, peut-être même parmi nos connaissances…
D'elle, je n'avais lu (et fait lire à mes élèves) que « Louise du bout du monde ». Un roman jeunesse très apprécié de mes pioupious quoique un peu triste même si la fin était un happy end.
Une remarquable autrice dont il me tarde de découvrir d'autres oeuvres.
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26 lettres dans l'alphabet : 26 lettres illustrées tout à tour par un prénom d'Alexia à Zoltan
26 Instantanés qui s'enchainent sur une durée de 26 heures de Lundi 1 heure à Mardi 2 heures
26 prénoms, 26 heures, 26 récits : Est-on dans un recueil de nouvelles ? Pas vraiment, j'ai plutôt vu ce livre comme un relais, avec passage de témoin à chaque heure qui se termine. Et je vous l'avoue, moi qui ne suis pas familière des nouvelles et souvent un peu réticente à les aborder, j'ai aimé ce procédé qui relie ces femmes et ces hommes, d'heure en heure, d'une façon très naturelle. À aucun moment le lien ne semble forcé : Alexia appelle Benoit, qui boira un café là où Camille est serveuse, qui voit passer un père et son petit Didier, etc…
Si vous voulez en savoir un peu plus sur chacun d'eux je vous invite à lire la superbe critique de saigneurdeguerre (https://www.babelio.com/livres/Schrauwen-Lalphabet-du-destin/1376145/critiques/2863170) qui présente succinctement chacun de ses 26 personnages
Là où l'auteure m'a heureusement surprise, en plus de ce passage en douceur d'un personnage à l'autre, ce sont par les liens qu'elle tisse adroitement entre eux tous. L'une st la femme de l'autre, celle-ci la soeur de celui-ci, ces deux là travaillent ensemble, et l'on retrouve au fil des pages des personnages rencontrés précédemment sous un jour complètement nouveau, puisque vus par une autre personne, et ces visions peuvent ou non converger. C'est surprenant et addictif.
En quelques pages à chaque fois, elle nous délivre un portait cohérent, fouillé : nous entrons dans la tête de chacun des protagonistes, nous connaissons leurs pensées, nous vivons avec eux ce court moment. Nous n'en saurons pas plus, ou alors un petit peu par le truchement d'un autre de ses prénoms, lié à celui en cours. Et ceci d'une écriture fluide et précise en même temps.
Et paradoxalement, je n'ai pas souffert de la brièveté de ces rencontres. J'ai pensé à ce jeu auquel vous avez du vous livrer aussi, où assis à la terrasse d'un café, le temps de leur passage, vous imaginez le destin des promeneurs. On ne sait pas ce qu'ils vont devenir, ces promeneurs ou ces personnagess, mais on a aimé ce moment avec eux.
Je remercie infiniment Babelio et les éditions Quadrature pour ce livre reçu lors de la masse critique de Janvier. Ces opérations sont souvent le moyen de découvrir des horizons nouveaux, qui seraient restés inconnus.
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Liliane Schraûwen et Quadrature ont placé la barre très haut en matière de nouvelles avec cette dernière publication 2021 pour la maison néolouvaniste consacrée à l'édition de la nouvelle francophone. Si chaque texte peut se lire isolément, les 26 nouvelles qui composent ce recueil – qui s'égrènent comme les lettres de l'alphabet – constituent cependant un tout intrinsèquement lié. Peut-être cette nouveauté, cette originalité se marque-t-elle par le format du livre, légèrement différent des habitudes.

Cela commence avec Alexia, qui souffre d'insomnie et d'angoisse nocturne et qui ne trouve d'autre solution pour conjurer ses cauchemars que d'appeler Benoît, son ex. Celui-ci, réveillé en pleine nuit, revoit son passé avec Alexia et prétexte qu'il doit retourner travailler à l'hôpital. En réalité, il s'arrête à l'aéroport pour se fondre dans l'anonymat des voyageurs. Il se fait repérer par Camille, une serveuse qui cherche le grand amour et collectionne les aventures. Et ainsi de suite, avec des personnages de A à Z, en alternant hommes et femmes, sur 26 heures de temps. Et nous sommes ainsi plongés dans les histoires de ces 26 personnages, aisés ou pauvres, mariés ou célibataires, jeunes ou vieux, 26 histoires qui interagissent les unes avec les autres, tissant des vies, des destins qui ne sont pas du tout étrangers les uns aux autres.

Ces histoires personnelles, c'est la vie, la vraie vie et Liliane Schraûwen les raconte avec justesse, avec finesse, avec puissance. Sa plume forte et riche en émotions fait mouche. Elle explore les relations humaines, les choix, les décisions mais aussi les hasards apparents qui peuvent bouleverser une, voire plusieurs vies et qui forgent – ou brisent – des destins humains. En quelques pages à peine, elle brosse des portraits intimes, riches d'humanité.

L'alphabet du destin est vraiment un très beau livre. Il est peut-être trop tard – si vous n'êtes pas à proximité d'une bonne librairie belge – pour le glisser sous le sapin mais il constitue un très beau cadeau en toutes circonstances !
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Cette fois-ci, j'ai pris le temps de compter. "L'alphabet du destin" de Liliane Schraûwen est le neuvième recueil de nouvelles de la maison Quadrature que je termine, le neuvième plaisir d'une lecture de qualité, le neuvième ouvrage élégant. Des nouvelles, mais qui cette fois, à mes yeux, forment un tout. Une histoire aux multiples facettes.

J'ai adoré cette série de portraits, d'extraits de vie, de rencontres de hasard ou pas. Nous sommes lundi, il est une heure du matin et c'est Alexia qui ouvre le bal des vingt-six, vingt-six comme les lettres de l'alphabet. Alexia qui "…ne dort pas. Cette nuit, comme toutes les nuits, le sommeil se refuse à elle." Alexia que Nicolas a quittée, alors elle pense à Benoît, son amour de jeunesse et l'appelle…Benoît, B comme Benoît, jusqu'à Zoltan, Z comme Zoltan. Nous sommes mardi, il est deux heures du matin. Ainsi tout au long de ces vingt-six heures, vingt-six personnages, treize femmes et treize hommes vont se croiser. Certains se connaissent et d'autres non. Certains ont déjà échangé et d'autres non. Certains reviennent hanter les autres textes et d'autres pas, certains sont heureux et d'autres moins.

Vingt-six nouvelles et en même temps, un véritable roman dans lequel l'auteure nous parle de la vie de tous les jours "Isabelle soupire…Et le boulot. Et la maison à rager, les jouets à ramasser, le linge à lessiver, à repasser. Les repas à préparer…", de gens qui nous ressemblent, de leurs heurs et malheurs, leurs amours et leurs désamours, leurs enchantements, leurs regrets. L'écriture est d'une grande fluidité, simple comme les personnages, mais travaillée, ciselée, expressive. Elle est d'une grande sensibilité, économe de mots inutiles, soucieuse du détail précis. En un mot, l'ouvrage est extrêmement bien écrit. Chaque nouvelle est habilement reliée à la précédente par une rencontre qui annonce le personnage suivant, une anecdote qui fait référence à un nom prononcé précédemment, un détail qui rappelle quelqu'un.

Réciter cet alphabet particulier fut un énorme plaisir. Liliane Schraûwen réussit là un très bel ouvrage.

Merci aux Editions Quadrature pour cette lecture.
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Pourquoi il y a-t-il uniquement 26 lettres dans l'alphabet ? OK, notre langue est déjà assez complexe pour rajouter des lettres et former de nouveaux mots. Seulement, j'aurais tellement aimé que l'alphabet du destin ne s'arrête pas, ou du moins pas à la 26ème lettre, pas à la 26ème personne.
Ce livre est un recueil qui compte 26 nouvelles, pour 26 personnes. Chaque nouvelle correspond à une lettre de l'alphabet et à une personne avec un prénom commençant par la lettre de la nouvelle. A chaque nouvelle, une heure passe, nous allons donc vivre 26 heures auprès de 26 personnes, qui toutes ont un lien avec au moins l'une d'entre elles. Les nouvelles sont toutes liées, la dernière ramène à la première. Par le hasard de la vie, les personnages vont se croiser, se parler, se toucher. Toutes sont tourmentées par la vie. La vie qui est au coeur de ce livre. le quotidien, le soi, les autres, la société, voilà ce dont il est question.

Dans ce recueil, nous croisons 26 vies qu'on ne soupçonnerait pas à première vue.
Quelle est la vie, quels sont les sentiments de la personne en face de moi dans ce train, quel est son passé, est-elle heureuse, va-t-elle bien ?
Nous partageons 1 heure avec chacune d'elle, une très courte heure qui parfois ne suffit pas pour connaître la fin de ses pensées, de ses actes. Nous ne connaissons pas le futur de ces personnes dont on partage les pensées, parfois, on a la chance de les recroiser, mais jamais ou presque, on ne sait ce qu'il advient d'elles. Je n'ai eu aucune frustration vis-à-vis de ça, car cela ressemble tellement à la vraie vie. Nous avons des amis, nous faisons des connaissances, et puis nos chemins se séparent sans crier gare, et nous ne savons jamais ce qu'ils deviennent, c'est comme ça, c'est la triste réalité de la vie.

Ce recueil n'est pas très joyeux voir plutôt déprimant, mais "malheureusement ou heureusement" tranchant de vérité. J'ai été heurté par la pensée de certains des personnages, mais aussi par la société qui est depeinte avec une écriture brute à la hauteur de la brutalité de la vie. le marche ou crève. Il y a 26 personnes pour 26 thèmes, plus ou moins tristes, mais qui sont bien réels et qui peuvent toucher n'importe qui. Dépression, solitude, harcèlement, homosexualité, religion, suicide, amour, échec, pauvreté, politique, deuil ...
Je me suis sentie impuissante face à la détresse de certains. Ce livre fait réfléchir, et fait partie de ceux qui ferait du bien à la société, qui devrait passer entre les mains de chacun. Il me fait porter un regard différent sur les autres. L'une des 26 personnes est peut-être celle qui vient de me bousculer dans la rue, mon facteur, mon homme, ma soeur,... On ne sait jamais réellement ce que cache un être au plus profond de lui.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
[...] le désordre ne vous dérange pas vraiment pour autant qu'il se développe ailleurs que dans votre cadre de vie personnel.
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- Tu as raison, frère, Nous, les jeunes, on n'en veut plus de cette société pourrie, de ce racisme, du mépris de notre religion. Faut tout faire sauter, qu'ils comprennent ces profs, ces flics, tous ces salauds qui nous écrasent, ces amis de l'Amérique et d'Israël.
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Elle en a reçu en consultation, des victimes de ces nouvelles formes de tortures nées avec tous ces réseaux qui n'ont de social que le nom, elle sait les ravages que peuvent occasionner les railleries, les insultes, les menaces qui y fleurissent.
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Mais bon ! On ne peut pas accueillir toute la misère du monde, selon la formule du président d'un pays où cependant la fraternité figure dans l'acte de baptême.
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De temps à autre, un cadavre d'enfant échoué sur une plage agite la planète - merci Facebook - et puis on passe à autre chose.
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Video de Liliane Schraûwen (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Liliane Schraûwen
Liliane Schraûwen présente son livre de nouvelles-roman lors d'une interview d'Antonio Ponte pour la chaîne "Avez-vous lu ?"
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