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EAN : 9782818021156
284 pages
P.O.L. (21/08/2014)
3.11/5   18 notes
Résumé :
La petite ville de Cannon beach, au bord de l'océan. Déserte, hors saison. Un Français échoue au Waves Motel, et il n'y a bien que ça, les vagues, à s'encadrer dans la baie vitrée de sa chambre. Le spectacle de cette colère immémoriale de l'océan. Une colère qui semble avoir contaminé Colter, Shannon et Harry Dean, qu'il retrouve tous les soirs au bar de Moses. Colter et Shannon portent en eux des histoires de fugues et d'abandon. Un père qui vous révèle qu'il n'est... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
«  Chaque fois que je relève les yeux vers l'océan et que je repense à toutes les histoires que j'ai entendues chez Moses, je ne peux pas m'empêcher de trouver un lien inexplicable entre le spectacle inutile et violent des rouleaux qui viennent s'écraser contre la grève et l'acharnement du sort à briser méthodiquement les éclats de bonheur auxquels Colter et les autres étaient parvenus. »


Un français dont on ne saura rien arrive à Cannon Beach, Oregon. Un lieu perdu où la sauvagerie de la nature, l'océan tempétueux, la plage déserte , le volcan pas bien loin, un stack majestueux, le phare abandonné, semblent dicter une loi. Un lieu qui fut l'aboutissement de la première exploration transaméricaine de Lewis et Clarke

Notre français se prend une chambre au motel pour un nuit, s'installe au bar ("Le retour d'Ulysse") où il va finalement revenir soir après soir écouter les récits de vie de trois losers penchés sur leur bière, Colter, Shannon et Harry Dean, " soumis à la misère comme si c'était un milieu naturel, à la vie toute petite"qu'il prend peu à peu en sympathie.

« C'étaient des histoires dans lesquelles il fallait accepter qu'il y ait des trous, des zones plus vagues, des bouts de puzzle qu'on s'appliquerait plus tard à recomposer , morceau après morceau, jusqu'à former une image qui resterait sans doute incomplète. Chaque soir, je rentrais au motel avec des pièces du puzzle en plus, qui gisaient en vrac dans ma tête alourdie par les bières. »

Je vous raconte l'histoire, parce que, une fois n'est pas coutume, elle prend plus d'importance que dans ses autres livres, avec un début, un déroulement et une fin. Mais l'important n'est pas là. L'important est dans le regard, la façon d'observer, de raconter , de s'étendre en digressions, de mettre son grain de sel mutin qu'a Christine Montalbetti de livre en livre. de nous raconter aussi l'histoire des personnages secondaires qui ne font que passer. D'observer le détail et de se délecter à sa description scrupuleuse et attentive (une partie de ping-pong, le bruit du moteur d'un réfrigérateur, la maitrise que l'on ressent à ouvrir sa voiture à distance d'un simple clic, la façon d'allumer un feu ou de se tenir assis dans le soir sur les marches de l'entrée, une non-rencontre dans un car...). de commenter l'action (ou la non-action) avec malice et d'établir ainsi une connivence avec le lecteur.

Et puis, aussi , toujours, de parler de la solitude,de l 'abandon et de la perte.
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Dans Plus rien que les vagues et le vent, Christine Montalbetti nous emmène à Canon Beach, une minuscule bourgade américaine subissant sans fin les assauts de l'océan déchainé. C'est la morte saison, les motels sont presque vides, les bars aussi, la ville aussi. Restent Colter, Shannon et Harry Dean, avec lesquels notre narrateur finit par se lier d'amitié, dans une certaine mesure, découvrant petit à petit leurs passés.

Alliant des descriptions riches à un style fluide, Christine Montalbetti signe un roman agréable, avec cependant quelques longueurs et digressions (un chapitre entier sur la cheminée de la chambre du motel) qui rendent parfois la lecture un peu ennuyeuse. Les personnages évoqués (habitants de Canon Beach et habitués du bar le Retour d'Ulysse) sont dans l'ensemble franchement banals. Mais leurs histoires respectives ne le sont pas forcément, et donnent à l'auteur l'occasion de philosopher un peu sur la vie, et les leçons qu'elle nous apprend, sur les gens et leurs travers, sur la liberté et ce qu'il faut sacrifier pour l'obtenir.

Le narrateur entretient un espèce de suspense quand à ce qu'il lui est véritablement arrivé à Canon Beach (et d'ailleurs, y est-il encore?) tout au long de son récit. Il prend largement le temps de planter le décor, nous détaillant à loisir les acteurs principaux, mais pas seulement. On est aussi largement renseignés sur les autres, sur la météo, sur l'histoire du coin, sur les habitudes des uns et des autres, sur l'expédition de Lewis et Clark. On ne comprend pas toujours très bien le rapport avec notre intrigue, mais finalement, avec le recul, je me dis qu'il n'y avait pas nécessairement. A mon avis, Montalbetti cherchait plus à créer une atmosphère qu'à vraiment faire avancer l'intrigue, qu'à attiser la curiosité du lecteur. Et elle y réussit plutôt bien dans le sens où on se sent vraiment à Canon Beach, on imagine, on sent, on voit, on entend, le ressac des vagues et les conversations des hommes alcoolisés.

Il faut dire quand même, qu'arrivée à la fin, j'ai été déçue, je m'attendais à un évènement un peu moins prévisible, je ne sais pas, plus spectaculaire. Mais finalement non, c'est juste ça, ce fameux incident dont on entend parler depuis le début à mots couverts. Et ça finit franchement un peu en queue de poisson, on ne sait pas trop ce qu'il va advenir de notre narrateur. Mais à vrai dire, on s'en fiche un peu au final. Il a fait son bout de chemin, il nous a dévoilé Canon Beach, il nous a fait entrer dans ce monde là. Et il s'en est fait exclure. Donc il ne nous sert plus vraiment à quoi que ce soit, il ne peut plus rien nous apprendre. C'est donc une bonne fin quand on y pense.
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J'attrape les dernières minutes d'une émission de France Culture, La Grande Table, consacrée à ce roman "Plus rien que les vagues et le vent" de Christine Montalbetti. J'accroche, et deux jours après, je tombe dessus dans les nouveautés de ma médiathèque.
Je l'emprunte et commence la lecture.
C'est un peu surprenant de prime abord, le livre est fait de chapitres courts. Les phrases sont par contre complexes, riches. Elles nous emmènent d'un sujet à l'autre à coup de digressions, d'associations, d'ondulations. L'histoire se passe sur la côte Ouest des Etats Unis au bord du Pacifique. Je crois que l'idée est d'évoquer le flux permanent des rouleaux qui reviennent sans cesse.
L'histoire d'ailleurs vient très lentement. le narrateur nous parle de sa rencontre avec Colter, Shannon et Harry Dean. Ils se retrouvent au bar de Moses, et leur conversation fournie au narrateur des éléments pour raconter leurs histoires. Un dénouement est annoncé mais on ne le voit pas venir. Des chapitres sont consacrés à des personnages secondaires. Dans quelques autres, notre narrateur imagine des compléments aux histoires de ses trois camarade de bar ( voir l'hypothèse du shérif, le départ de Perry par ex).
J'ai eu un peu de mal au départ, passée la curiosité des deux premiers chapitres, j'ai reposé le bouquin. Mais j'y suis revenu, et je me suis pris au texte.
En effet, plus que l'histoire c'est la manière de la raconter qui est intéressante, et je prend mon bouquin à chaque occasion maintenant.
C'est une expérience de lecture que je recommande à tous.
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Un Français débarque à Cannon Beach, petite ville de la côte ouest des États-Unis. de cet homme, on ne sait rien, ni son nom, ni ce qui le conduit ici. le fait est qu'il se trouve dans cette ville, que sur cette ville pèse la menace constante d'un océan déchaîné, mais aussi d'un volcan qui, quelques années plus tôt s'est réveillé, alors que plus personne ne s'y attendait. Comme refuge, il y a le bar de Moses, où l'on rencontre trois hommes, Colter, Shannon et Harry Dean, aux destins cabossés, qui se retrouvent là à boire et parler tous les soirs, intégrant peu à peu l'oreille attentive de notre Français. Celui-ci, narrateur, nous prend à témoin. Il nous installe près de lui pour nous raconter son histoire. Il en perd le fil souvent, et de digressions en digressions, il pose le décor et les personnages. Il relate les confidences de ces trois hommes, répète ce qu'il a entendu, suggère ce qu'il a cru comprendre ou ce qu'il peut imaginer des non-dits. Dès le début, il confesse qu'il aurait pu prévoir la suite, qu'il aurait dû se méfier. Il faudra attendre les derniers chapitres pour la révélation.

Christine Montalbetti nous livre un roman américain, du fait du lieu choisi comme cadre certes, mais aussi d'un style bien particulier, à la fois soigné et presque familier. le narrateur parle comme il pense. Ses phrases sont parfois confuses comme on imagine ses pensées et ses souvenirs. On a pu comparer l'auteur à Joyce Carol Oates et il y a du vrai dans cette comparaison : une urgence à dire, quitte à ce que les mots se cognent, se brouillent ; une langue réaliste, parlée, mêlée à un certain lyrisme.

Ce roman parle de chute, de perte mais surtout de violence, symbolisée par un paysage qui ne laisse aucun répit. On y lit une violence gratuite, qui naît de la rancoeur, qui grandit dans un désir de vengeance, qui explose sans raison.Tout au long du roman, l'auteur renvoie l'idée que l'on peut deviner son destin, que les malheurs sont annoncés, si on sait lire les signes. On les ignore bien souvent, se sentant tout-puissant, tout comme face à ce volcan qu'on ne craignait plus. Cette annonce d'une menace omniprésente donne une tension puissante au roman. Parallèlement à ces vies d'hommes, le narrateur évoque l'expédition de Lewis et Clark. le but de cette digression n'est pas évident, mais elle permet de planter un décor et de reprendre son souffle, coupé par l'annonce d'un drame imminent.

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Avec son nouveau roman, Christine Montalbetti s'en retourne aux terres nord américaines, un espace de fiction qu'elle avait auparavant exploré dans Westen (2005) et Journée américaine (2009).

Canon Beach, côte ouest des Etats-unis, une petite station balnéaire déserte, hors saison, où les vagues et le vent sans cesse s'acharnent sur la côte. Un français, derrière la baie vitrée d'un motel, est spectateur de cette colère invariable de l'océan, érodant la nature et le coeur des quelques habitants qu'il retrouve tous les soirs au bar de Moses.
Ils s'appellent Colter, Shannon et Harry Dean.

Inhospitaliers et bourrus au premier abord. Ce sont des hommes qui contiennent en eux une profonde colère. Colère d'un passé qu'ils voudraient oublier, d'un avenir incertain. Puis après quelques bières, ils se livrent. L'histoire d'une femme qui vous quitte, emmenant avec elle les enfants; une autre dont on fait le choix de se séparer. La fugue d'un fils. Un frère qui s'engage dans l'armée. Un oncle que l'on croyait mort. La crise économique, les crédits qu'on ne peut plus rembourser. Et l'ombre du Mont Saint Helens qui plane en permanence. Une éruption sans fin dont les cendres retombent encore, obstruant le coeur de ces hommes.
Puis il y a Perry aussi, de passage dans la région, portant les bagages de son passé et poursuivant les fantômes de Lewis et Clark, deux scientifiques du début du XIXème sicèle, ayant exploré le territoire, découvrant faune et flore, n'ayant qu'un seul but, atteindre l'océan. Cet océan toujours présent au fil des chapitres, accroissant sa violence, redessinant le rivage.
On écoute les histoires de ce microcosme, et on croit que des liens se nouent, partageant intimement leurs tragédies.
Chaque fois que je relève les yeux vers l'océan et que je pense à toutes les histoires que j'ai entendues chez Moses, je ne peux m'empêcher de trouver un lien inexplicable entre le spectacle inutile et violent des rouleaux qui viennent s'écraser contre la grève et l'acharnement du sort à briser méthodiquement les éclats de bonheur auxquels... [la suite http://vagabondssolitaires.wordpress.com/2014/08/28/plus-rien-que-les-vagues-et-le-vent-_-christine-montalbetti/ ]
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Les gars, en un sens, leur vie, je réfléchissais dans la nuit froide et je me suis dit ça un soir, pour résumer (je me le dis encore parfois, allongé sur ce fauteuil devant la baie vitrée), c'était plutôt comme s'ils la lisaient que comme s'ils l'écrivaient. Comme s'ils en découvraient les péripéties une à une, à mesure qu'elles se produisaient, sans pouvoir rien y faire. C'était comme des choses qu'on avaient décidées pour eux, des choses auxquelles des genres de forces obscures travaillaient. Et ils pouvaient essayer d'utiliser toute la petite marge de manoeuvre qui leur restait, l'épisode suivant, ils se le prenaient chaque fois de plein fouet.
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C'est une chose qui peut arriver, je crois, qu'au moment même où on se remémore un bonheur intense qui s'est mué plus tard en catastrophe, la sensation de ce bonheur soit capable de vous innerver encore bizarrement, comme si on parvenait, en se concentrant, et malgré le savoir du chagrin immense qui avait suivi, à en revivre l'émotion.
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(...) on restait seulement dans la fraîcheur de la nuit, chacun avec nos pensées, et moi à fumer, parce que c'est comme si d'inspirer, de tirer une bouffée, tout ce qui fuit, on voulait le retenir, je ne sais pas si ça vous fait ça aussi, le reprendre en soi, l'ingérer, le recueillir. Et puis, en expirant la fumée loin devant soi, tout cet éphémère, on le laisse filer, oui, mais avec le sentiment du moins qu'on y a goûté.
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Ce à quoi je pensais alors? Rien de bien distinct, je crois. C'était un tohu-bohu de sensations contraires, que je laissais me traverser, en attendant qu'elles s'épuisent d'elles-mêmes. Et s'il y avait là-dedans des bribes d'intuition de la suite, oui, sans doute, parfois, mais si mêlées au reste qu'elles devaient se perdre dans la foule des idées incertaines qui profitaient de mon ivresse pour m'assaillir en vrac.
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Au bout d'un moment oui, chez Moses, on était comme sur le point d'un navire, par gros grain. On oscillait, on avait un posé de talon un peu brusque, et le regard toujours qui fixait l'horizon - je ne sais quelle ligne chavirée par la houle, quel cap qu'envers et contre tout il fallait maintenir.
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Vidéo de Christine Montalbetti
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L'Association des lecteurs de Claude Simon, en partenariat avec la Maison de la Poésie, fête ses vingt ans d'existence en invitant quatre d'entre eux, Marc Graciano, Maylis de Kerangal, Christine Montalbetti et Martin Rueff, à échanger autour de cette grande oeuvre. La table ronde sera suivie de la projection du film d'Alain Fleischer Claude Simon, l'inépuisable chaos du monde.
« Je ne connais pour ma part d'autres sentiers de la création que ceux ouverts pas à pas, c'est à dire mot après mot, par le cheminement même de l'écriture. » Claude Simon, Orion aveugle
À lire – L'oeuvre de Claude Simon est publiée aux éditions de Minuit et dans la collection « La Pléiade », Gallimard. Claude Simon, l'inépuisable chaos du monde (colloques du centenaire), sous la direction de Dominique Viart, Presses Universitaires du Septentrion, 2024.
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