Citations sur La bonne chance (118)
Comment éviter que la foudre vous atteigne : lorsque vous voyez un éclair, comptez les secondes jusqu’à entendre le tonnerre et multipliez par trois cents pour savoir la distance de l’orage. Le son se déplace à trois cent trente et un mètres par seconde. Si l’intervalle entre le tonnerre et l’éclair est inférieur à trente secondes, cherchez immédiatement un refuge. Le plus sûr, ce sont les bâtiments grands et fermés. Évitez les terrains vagues, les crêtes sur une zone arborée et les lieux ouverts et élevés.
(pages 270-271)
Raluca est une planète, Raluca est la Terre flottant dans l’espace, bleue et verte et blanche de la crème fouettée des nuages, une boule ensoleillée et fulgurante, aussi belle que la plus belle des perles dans la noirceur solitaire du cosmos, et Pablo est un météore qui tombe frénétiquement vers elle, piégé par l’inexorable loi de la gravité.
(page 165)
Ça lui ronge un peu le moral de se sentir comme un objet sexuel, le remède à un besoin aveugle de la chair, mais elle a fini par s’y faire. en fin de compte, Pablo remplit aussi cette fonction pour elle. Regina a cinquante-deux ans, elle travaille beaucoup, c’est une femme qui a de l’argent, du pouvoir et du succès, ce qui complique considérablement sa vie amoureuse. Si on y regarde bien, c’est un accord assez avantageux pour les deux.
(page 44)
Pablo trouvait ridicule cette valeur suprême que notre société accorde à l’aspect physique. C’est étudié par les neuropsychologues : les individus grands, minces et au visage symétrique sont considérés comme plus intelligents, plus sensibles, plus aptes, et même comme de meilleures personnes. Quel arbitraire.
(page 76)
Pozzonegro. Province de Ciudad Real. En Castille-La Manche. Mille deux cent quatre-vingt-cinq habitants en 2018. Village créé à la fin du XIXe siècle autour d’une énorme mine de charbon appelée la Titane, le plus grand gisement de tout le bassin houiller de Puertollano. Quand le secteur minier est entré en crise au milieu du XXe siècle, Puertollano a survécu grâce à son complexe pétrochimique, inauguré en 1966. Mais Pozzonegro s’est retrouvé sans rien. La Titane a été fermée en 1965. En un demi-siècle, sa population est passée de neuf mille six cents habitants au chiffre actuel.
(page 45)
Août est arrivé comme un incendie et le soleil déverse ses flammes sur le monde jusqu’à neuf heures et demie du soir, moment où la nuit tombe. Il est presque dix heures maintenant et Pablo a ouvert toutes les fenêtres de l’appartement pour essayer de créer un courant d’air, mais l’atmosphère est une masse immobile et poisseuse. La chaleur semble presque solide, elle pèse sur le corps, elle oppresse, elle rend fou.
(pages 101-102)
Tout à coup, il entend une rumeur. Un grondement soudain qui se multiplie à toute allure et qui produit une sensation de vertige semblable à celle qu’on a quand on croit être sur le point de s’évanouir. Une avalanche nous tombe dessus. Les vitres vibrent, le sol trépide, les pointes de peinture du mur égratignent son dos. Tout tremble, tout bouge dans la maison pendant que le train passe en hurlant sans s’arrêter devant la fenêtre, une explosion d’air et d’énergie, un ouragan métallique. Voummm, la bête s’éloigne en agitant tout, en emportant tout. Puis elle laisse un silence vide, le lourd silence des cimetières.
(pages 22-23)
Les religions ont été inventées pour tenter d’octroyer au Mal une place dans ce monde.
La peur est comme une pierre que tu charries dans ton estomac.
On dirait que cet homme n’est pas parvenu à un accord avec la vie, un accord avec lui-même, ce qui, nous le savons tous à ce stade, est la seule réussite à laquelle nous puissions aspirer : celle d’arriver, comme un train, comme ce train même, dans une gare acceptable.