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Je poursuis cette série intéressante, en maintenant l'avertissement pour les allergiques à la misogynie : Pierre Costals n'a pas changé. Fidèle à lui-même, il continue à approfondir sa liaison avec la jeune Solange, dont on sait maintenant qu'elle l'aime. Solange est déroutante pour Costals, car elle paraît toujours sobre et posée, et ne semble pas présenter de défauts féminins rédhibitoires. Certes, notre écrivain misanthrope s'amuse quelque peu, entretient encore les braises de ses échanges épistolaires. Toutefois, plusieurs relations se dénouent dans ce tome, volontairement ou non, comme pour le laisser se concentrer sur la jeune fille.

Costals franchit enfin le pas de faire de Solange sa maîtresse, tout en essayant de l'"éduquer" à ses exigences, mais aussi en poursuivant cet idéal de se présenter tel quel, sans se payer de mensonges séducteurs. Il renâcle sérieusement sur le mariage, mais en même temps on verra qu'il fait à sa compagne épisodique une place à part. Il en a toutefois dit très peu sur sa situation personnelle, son fils, ses projets....

Ce tome apparaît plus construit, moins brouillon dans les pistes lancées dans le précédent tome sans aller jusqu'au bout. Plusieurs fortes scènes ponctuent la narration, essentiellement à la troisième personne, du point de vue de Costals ; il n'est pas rare que l'écriture se coule dans des évocations visuelles apaisées, chaleureuses, et les formules choc abondent. le lecteur sent bien que Costals, si ce n'est Montherlant, a le goût de la contradiction, de la provocation, non sans une certaine fatuité, conscient de produire des traits d'esprit, des éclairs intrigants. J'ai beaucoup aimé la scène entre Costals et Monsieur Dandillot, le père de Solange, qui se meurt et se repent de ne pas avoir vécu comme il l'entendait. Cela semble donner une caution à l'égoïsme jouisseur de l'écrivain ; pourtant, il se rapproche davantage de Solange.

Pas de surprise donc dans ce tome, mais une lecture plus fluide, une meilleure compréhension de ce personnage complexe et frustrant qu'est Pierre Costals. le fil rouge évoqué par le titre est on ne peut plus clair : et d'une, l'homme s'attache souvent à une femme par pitié, et de deux, ce n'est pas une bonne idée. Il faut donc s'armer et rester vigilant, dans une parfaite maîtrise de ses sentiments, pour une parfaite indépendance.
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Dans ce tome 2 du cycle des Jeunes filles, nous retrouvons Costals qui poursuit sa relation avec Solange, et qui reçoit toujours des lettres hystériques d'Andrée. Cela donne lieu à de nouvelles considérations toujours cruelles mais drôles sur les femmes et sur l'inévitable pitié qu'elles inspirent aux hommes selon Costals. le personnage est à la fois abominable et sympathique et c'est plutôt jubilatoire.
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Je connais mal l'oeuvre De Montherlant, un écrivain qui a eu son heure de gloire au XXème siècle. Je connaissais un peu son théâtre. J'ai souhaité découvrir un de ses romans. "Pitié pour les femmes" est le second dans une tétralogie publiée entre 1936 et 1939. Il se situe donc dans la continuité de "Les jeunes filles" (que je n'ai pas lu).
On y retrouve le héros Pierre Costals (alter ego de l'auteur ?), littérateur à la mode, homme à femmes, apparemment cynique. Il a une liaison avec Solange Dandillot, une très jeune femme encore vierge, qui lui est soumise. Misogyne et dominateur, il découvre peu à peu qu'elle a un embryon d'autonomie: ceci suscite chez lui de l'intérêt. En même temps, il a aussi une relation épistolaire avec une femme plus âgée nommée Andrée Hacquebaut, qui se morfond; elle est amoureuse de Pierre, qui a surtout envie de la faire souffrir. La scène clé du roman est une entrevue entre Andrée et Pierre, alors que Solange (cachée, par la volonté de Pierre !) écoute cette conversation.
Henri de Montherlant mérite bien sa réputation de "machiste". Il met dans la bouche de son héros de nombreux aphorismes qui vont dans ce sens. Mais, à mes yeux, le personnage est surtout poseur et narcissique, une sorte d'esthète du cynisme, bavard et peu cohérent. Derrière cette sorte particulière de snobisme, il y a de longs discours "moraux" sur les relations homme/femme, un brin sadomasochistes: il y a une part de vrai là-dedans, mais ça me parait très exagéré. Lors de ma lecture, je suis passé par des phases d'ennui et/ou d'irritation, contrastant avec d'autres impressions plus positives.
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Pierre Costals a trouvé une jeune fille à sa main, de tout repos, inerte, intacte. Andrée Hacquebaut, quant à elle, poursuit ses importunités épistolaires, inquisitoriale, habillant son dépit de supputations des plus embarrassantes, ineptes. L'écrivain comme de bien entendu, élude, les missives de la fâcheuse restant pour la plupart sans réponse. Il semble que les nerfs de la grenouille de bénitier, autre groupie hystérique de Costals, n'ont pas supporté l'indifférence de notre écrivain.

Henry de Montherlant et à travers lui, son alter ego écrivant, se fait plus mufle dans ce second volet de la tétralogie. C'est un authentique plaisir de gourmet de lire un roman où l'intelligence, l'acuité psychologique le disputent à la rosserie. En revanche, l'oeuvre est un émétique tout indiqué pour la gente féministe.
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La suite des"Jeunes Filles". Costals s'éprend d'une jeune fille bonne à marier, ainsi que l'on disait alors, Solange Dandillot, la sotte parfaite, peut-être en apparence, calculatrice certainement puisque son avenir tient au mariage, comme il se doit à l'époque. Toujours beaucoup de misogynie, mais beaucoup de réflexions fort pertinentes sur la façon d'aimer des hommes et des femmes, sur la mort, la religion, la vie. Une grande lucidité et sans doute de la provocation sur pas mal de sujets. Et toujours un régal d'écriture.
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Avec ce deuxième volet de la série, nous redécouvrons un Pierre Costals toujours aussi odieux.

Egoïste et machiste, Pierre Costals s'est épris d'une jeune et jolie parisienne, Solange. L'inexpérience de la jeune femme le ravit et lui offre la possibilité d'user de son pouvoir. Conquis par son charme et sa jeunesse il n'en demeure pas moins méprisant envers Solange et lui reproche son manque d'intellect. Sous ses airs amoureux, son inconsistance et sa suffisance continuent à guider cette relation vouée à l'échec. S'il dénigre la femme il commence à tisser une relation respectueuse avec son père.

Andrée, pleine d'admiration pour l'écrivain, réapparait également dans ce second volume. Malgré les rejets successifs de Pierre Costals, Andrée continue inlassablement à lui témoigner ses sentiments.

Dans la lignée du premier livre, la plume cruelle et amère d'Henry de Montherlant continue à marquer les esprits. Un livre dérangeant qui ne cesse de dénigrer les femmes. Si le cynisme frôle la mysogynie, je reste interloquée par son oeuvre.
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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"Pitié pour les femmes" est le second volume de la quadrilogie De Montherlant et a peine à égaler "les jeunes filles" : il se traîne derrière, poussif, ayant recours (par dérision, il faut le supposer), à un stratagème de théâtre de boulevard : Costals installe Solange dans le colombier qui surplombe sa garçonnière afin qu'elle assiste en cachette à son entretien avec Andrée Hacquebaut qu'il maltraite et humilie. Une bien jolie fille, cette Solange, et dont il est en train de tomber amoureux. Si douce, si passive qu'elle en semble un peu bête et qu'il considère comme de la pâte à modeler. N'empêche qu'il est près de lui offrir le mariage : d'où la nécessité de lui infliger à elle aussi une petite leçon : d'une pierre deux coups.

Après le départ de la malheureuse Andrée, il assène à la jeune oie descendue du colombier des considération qui font craindre pour son état mental : notre écrivain à la mode se prend pour Dieu, ni plus ni moins, et cela a sa cohérence puisque Montherlant professe (sincèrement ou pas) que le Dieu de la femme est l'homme. Et le Dieu des jansénistes (ce volume baigne comme le premier dans le jansénisme) accorde sa grâce à qui il veut, sans considération des mérites. Costals fait comme le Dieu de Pascal : il accorde ses faveurs à qui lui plaît sans considération des mérites ou démérites.

Voici :

"Je vous ai montré cela pour vous montrer ce qui arrive à ce que je n'aime pas. Voilà une fille qui est sortie de rien, qui s'est élevée toute seule, dans les pires conditions, qui est cultivée, sensible, intelligente, pleine de génie, et qui m'aime depuis cinq ans. Si on met en balance ses mérites à mon égard, et les vôtres, les vôtres sont nuls. Seulement je ne l'aime pas. Je ne lui ai jamais rien donné, jamais donné un baiser, jamais tenu la main. Parce que je ne l'aime pas. Vous cependant vous paraissez, vous me plaisez : je vous donne tout. Mon intelligence, ma tendresse, ma force sexuelle, mon intelligence. Souvenez-vous de cela, si un jour vous avez à vous plaindre de moi, et sûrement ce jour viendra. Vous avez tout eu sans raison. Aucune raison pour que je vous ai tout donné, à vous plutôt qu'à d'autres, aucune raison pour cette préférence et cette partialité."

On qualifierait aujourd'hui l'homme qui dévalorise à la fois celles qu'il n'aime pas et celles qu'il aime, en leur niant toute valeur et en les rabaissant systématiquement, un pervers. Et Costals, si l'on quitte un instant la parabole janséniste de l'octroi de la grâce, est un grand pervers.

Montherlant lève le voile sur le mécanisme hideux par lequel la contrainte sociale façonne les individus : en transformant les femmes en chiffes molles, adulant sans réserve qui se présente et prêtes au veule sacrifice de leur personne pour attraper la queue du Mickey à la fête foraine ; les hommes, en clownesques paltoquets usant sans scrupules, sans coeur et sans modération de la toute-puissance qui leur est conférée dans une farce où se dévoilent des usages barbares de domination à peine occultés d'un mince vernis.

Beau portrait de l'humanité femelle et mâle : des agnelles et des loups, des souris et des chats, des victimes et des bourreaux. Inégalité structurelle des rapports de pouvoir.

Cette "comédie humaine" devait être le fait d'un grand misanthrope (ou d'un grand tourmenté). Cela donne envie de connaître mieux l'auteur qui a pu proposer un univers aussi noir et qui met d'autant plus mal à l'aise qu'il est difficile de le répudier : sous une mince couche de sable, les pavés, et on oublie de regarder la mer.

Le style est toujours exquis, mais pour Montherlant, cette observation est superflue.

Pour finir, je ne vais pas priver mon commentaire de deux citations enchanteresses :

"Il y a trois sourires qui en quelque chose se ressemblent : celui des morts, celui des femmes heureuses, et celui des bêtes décapitées."

et...

"Il la contempla un instant, ainsi, attentivement. Il essayait de la différencier. de voir en quoi elle était autre chose qu'un corps. Autre chose qu'un moyen de son art de caresser. Autre chose qu'un miroir où il s'était regardé jouir."

Tchin !

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Une destruction en regle du mariage par Montherland ! Cette histoire semble intemporelle pour les adversaires du mariage et pourrait se derouler de nos jours avec des comportements differents evidemment mais le fond serait le meme.Un ecrit if, bien ecrit comme toujours bref un regal de lecture pour nous lecteurs !
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Ce second tome, intitulé «Pitié pour les femmes», reprend exactement là où s'était arrêté le premier, «Les Jeunes filles», avec Costals.

Cette fois-ci, l'histoire se concentre davantage sur sa rencontre, puis sa relation, avec la jeune Solange que l'on avait pu croiser dans le premier tome.
Attiré par sa jeunesse et sa candeur, Costals semble surtout apprécier son apparente simplicité d'esprit, il faut dire qu'elle paraît peu contrariante. On suit l'évolution de cette relation qui n'a pour le narrateur aucun autre objectif que d'aboutir à l'union des corps. En effet, il l'envisage cette liaison uniquement sous l'angle du désir et du plaisir et a beaucoup d'affection pour elle qu'elle le lui permette. Mais est-ce une situation durable pour Solange, je me le demande... On n'a guère son point de vue en tant que narratrice, j'espère qu'on en saura plus par la suite.

On retrouve par ailleurs une de ses lectrices et admiratrices, Andrée, qui refuse d'accepter le rejet de son amour par Costals. C'est l'occasion d'échanges grinçants entre les deux «amis». Il est touchant de voir comment elle peut se fourvoyer en imaginant mille autres explications à ce rejet pour ne pas avoir à regarder la vérité en face : même si elle est amoureuse, cet amour peut ne pas être partagé...

Echange inattendu également entre Costals et le père de Solange, un homme malheureux qui réalise qu'il va mourir en n'ayant jamais fait ce qu'il voulait vraiment, seulement ce qu'on attendait de lui...

Des comportements humains très réalistes en somme et souvent décrits avec justesse grâce à la plume De Montherlant, toujours aussi agréable à lire.

Mais aussi des points de vue sur les femmes - leurs ambitions personnelles, leur statut dans le couple et dans le mariage - que je ne partage pas forcément avec le narrateur (et peut-être l'auteur), en partie lié au fait que la société et la place des femmes ont bien évolué et changé depuis les années 30.

A suivre...
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Autobiographie d'un dandy qui expose ses vues sur la vie, sur l'amour et sur les femmes. Un rien misogyne ?
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