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Un peu d'originalité s'introduit dans l'existence amoureuse de Pierre Costals, jusqu'alors marquée par la monotonie de la succession des partenaires. Cette fois, Pierre Costals s'est épris d'une jeune fille encore vierge qui le surprend d'abord par son indifférence –du jamais-vu- et par le biais de laquelle s'éprouvera de plus en plus puissamment la force du mythe de Pygmalion et Galatée. Pierre Costals découvrira en effet le bonheur de plonger ses mains dans les terres physique et mentale encore vierges de sa jeune partenaire. Est-ce bien raisonnable de laisser cette construction aux mains d'un détraqué sentimental ? La tension de ce roman croît et varie autour d'une interrogation, qui constitue également une envie ou une crainte : Galatée va-t-elle pouvoir transformer son Pygmalion ? Heureusement non !


Pierre Costals s'est un peu amolli mais ses réflexions restent encore lapidaires et détruisent toute velléité conjugale. La noblesse de son élocution n'a d'égale que la cruauté de ses réflexions et l'inhumanité de ses sentiments. Son amour doit être bien amer, mais ce roman est un délice.
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Je poursuis cette série intéressante, en maintenant l'avertissement pour les allergiques à la misogynie : Pierre Costals n'a pas changé. Fidèle à lui-même, il continue à approfondir sa liaison avec la jeune Solange, dont on sait maintenant qu'elle l'aime. Solange est déroutante pour Costals, car elle paraît toujours sobre et posée, et ne semble pas présenter de défauts féminins rédhibitoires. Certes, notre écrivain misanthrope s'amuse quelque peu, entretient encore les braises de ses échanges épistolaires. Toutefois, plusieurs relations se dénouent dans ce tome, volontairement ou non, comme pour le laisser se concentrer sur la jeune fille.

Costals franchit enfin le pas de faire de Solange sa maîtresse, tout en essayant de l'"éduquer" à ses exigences, mais aussi en poursuivant cet idéal de se présenter tel quel, sans se payer de mensonges séducteurs. Il renâcle sérieusement sur le mariage, mais en même temps on verra qu'il fait à sa compagne épisodique une place à part. Il en a toutefois dit très peu sur sa situation personnelle, son fils, ses projets....

Ce tome apparaît plus construit, moins brouillon dans les pistes lancées dans le précédent tome sans aller jusqu'au bout. Plusieurs fortes scènes ponctuent la narration, essentiellement à la troisième personne, du point de vue de Costals ; il n'est pas rare que l'écriture se coule dans des évocations visuelles apaisées, chaleureuses, et les formules choc abondent. le lecteur sent bien que Costals, si ce n'est Montherlant, a le goût de la contradiction, de la provocation, non sans une certaine fatuité, conscient de produire des traits d'esprit, des éclairs intrigants. J'ai beaucoup aimé la scène entre Costals et Monsieur Dandillot, le père de Solange, qui se meurt et se repent de ne pas avoir vécu comme il l'entendait. Cela semble donner une caution à l'égoïsme jouisseur de l'écrivain ; pourtant, il se rapproche davantage de Solange.

Pas de surprise donc dans ce tome, mais une lecture plus fluide, une meilleure compréhension de ce personnage complexe et frustrant qu'est Pierre Costals. le fil rouge évoqué par le titre est on ne peut plus clair : et d'une, l'homme s'attache souvent à une femme par pitié, et de deux, ce n'est pas une bonne idée. Il faut donc s'armer et rester vigilant, dans une parfaite maîtrise de ses sentiments, pour une parfaite indépendance.
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Ce second tome, intitulé «Pitié pour les femmes», reprend exactement là où s'était arrêté le premier, «Les Jeunes filles», avec Costals.

Cette fois-ci, l'histoire se concentre davantage sur sa rencontre, puis sa relation, avec la jeune Solange que l'on avait pu croiser dans le premier tome.
Attiré par sa jeunesse et sa candeur, Costals semble surtout apprécier son apparente simplicité d'esprit, il faut dire qu'elle paraît peu contrariante. On suit l'évolution de cette relation qui n'a pour le narrateur aucun autre objectif que d'aboutir à l'union des corps. En effet, il l'envisage cette liaison uniquement sous l'angle du désir et du plaisir et a beaucoup d'affection pour elle qu'elle le lui permette. Mais est-ce une situation durable pour Solange, je me le demande... On n'a guère son point de vue en tant que narratrice, j'espère qu'on en saura plus par la suite.

On retrouve par ailleurs une de ses lectrices et admiratrices, Andrée, qui refuse d'accepter le rejet de son amour par Costals. C'est l'occasion d'échanges grinçants entre les deux «amis». Il est touchant de voir comment elle peut se fourvoyer en imaginant mille autres explications à ce rejet pour ne pas avoir à regarder la vérité en face : même si elle est amoureuse, cet amour peut ne pas être partagé...

Echange inattendu également entre Costals et le père de Solange, un homme malheureux qui réalise qu'il va mourir en n'ayant jamais fait ce qu'il voulait vraiment, seulement ce qu'on attendait de lui...

Des comportements humains très réalistes en somme et souvent décrits avec justesse grâce à la plume De Montherlant, toujours aussi agréable à lire.

Mais aussi des points de vue sur les femmes - leurs ambitions personnelles, leur statut dans le couple et dans le mariage - que je ne partage pas forcément avec le narrateur (et peut-être l'auteur), en partie lié au fait que la société et la place des femmes ont bien évolué et changé depuis les années 30.

A suivre...
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Bien sûr, Montherlant a raison.
Le mariage, cette institution bourgeoise est un tue-l'amour ! C'était vrai au début du XXème siècle (c'était vrai depuis le début d'ailleurs) et c'est évidemment pareil aujourd'hui ! Et les nouvelles moeurs n'y changent rien. En vérité, le mariage n'a plus lieu d'être et il serait temps de trouver de nouveaux arrangements sociétaux pour protéger les enfants, fruits d'unions souvent éphémères, dans la mesure où la plupart du temps, les deux membres d'un couple s'ennuient à mourir l'un auprès de l'autre !
Et bien sûr, Montherlant est un écrivain,
un vrai, qui sait manier le français avec maestria et non seulement la langue, mais aussi les concepts. Rien à voir donc avec un pisseur d'encre, dont les ouvrages envahissent, à vous en coller la nausée, les têtes de gondole des hyper d'aujourd'hui ! Car pour les librairies, il faut les chercher !
Bon, là n'est pas le sujet.
Et, il est vrai que certaines jeunes filles d'aujourd'hui, aussi idiotes que celles de l'époque De Montherlant, en cela bien aidées par les media et la publicité en sont encore à rêver de leur jour de gloire, de leur longue robe blanche froufroutante, du voile qui l'accompagne et de tout ce cérémonial ridicule qui fait le bonheur et l'opulence de toutes les officines dédiées à la réussite d'un beau mariage.
Mais heureusement, la plupart des jeunes filles d'aujourd'hui, ne sont pas que cela !
La grosse différence, c'est que depuis le début du siècle dernier, elles ont, heureusement pour elles, eu, enfin, accès à l'éducation.

Le problème avec Montherlant, c'est qu'il est, avant tout, un répugnant macho, un type immonde pour qui une femme n'est visiblement rien d'autre qu'un vagin.
Lire les jeunes filles et les suites que Montherlant leur a données, c'est se plonger dans l'abjection. Pour Montherlant, un corps de femme c'est quelque chose de sale, plein de sucs juste destinés à empoisonner l'homme.
Pour Montherlant, une femme c'est forcément un esprit faible, un être absolument incapable d'une pensée intelligente ! Toutes les femmes qu'il dépeint ne sont que de pauvres êtres ridicules, toutes férocement caricaturées !

Montherlant, esprit créateur et bien entendu supérieur, ne saurait se compromettre avec ces êtres inférieurs.
Montherlant ne fait rien d'autre, à travers les 4 volumes des Jeunes filles que véhiculer des pensées malsaines, dans un style fleuri qui finit par vous flanquer la nausée !
Je dois être honnête: je me suis arrêtée au troisième des quatre volumes, tellement cette lecture m'est devenue répugnante.
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"Pitié pour les femmes" est le second volume de la quadrilogie De Montherlant et a peine à égaler "les jeunes filles" : il se traîne derrière, poussif, ayant recours (par dérision, il faut le supposer), à un stratagème de théâtre de boulevard : Costals installe Solange dans le colombier qui surplombe sa garçonnière afin qu'elle assiste en cachette à son entretien avec Andrée Hacquebaut qu'il maltraite et humilie. Une bien jolie fille, cette Solange, et dont il est en train de tomber amoureux. Si douce, si passive qu'elle en semble un peu bête et qu'il considère comme de la pâte à modeler. N'empêche qu'il est près de lui offrir le mariage : d'où la nécessité de lui infliger à elle aussi une petite leçon : d'une pierre deux coups.

Après le départ de la malheureuse Andrée, il assène à la jeune oie descendue du colombier des considération qui font craindre pour son état mental : notre écrivain à la mode se prend pour Dieu, ni plus ni moins, et cela a sa cohérence puisque Montherlant professe (sincèrement ou pas) que le Dieu de la femme est l'homme. Et le Dieu des jansénistes (ce volume baigne comme le premier dans le jansénisme) accorde sa grâce à qui il veut, sans considération des mérites. Costals fait comme le Dieu de Pascal : il accorde ses faveurs à qui lui plaît sans considération des mérites ou démérites.

Voici :

"Je vous ai montré cela pour vous montrer ce qui arrive à ce que je n'aime pas. Voilà une fille qui est sortie de rien, qui s'est élevée toute seule, dans les pires conditions, qui est cultivée, sensible, intelligente, pleine de génie, et qui m'aime depuis cinq ans. Si on met en balance ses mérites à mon égard, et les vôtres, les vôtres sont nuls. Seulement je ne l'aime pas. Je ne lui ai jamais rien donné, jamais donné un baiser, jamais tenu la main. Parce que je ne l'aime pas. Vous cependant vous paraissez, vous me plaisez : je vous donne tout. Mon intelligence, ma tendresse, ma force sexuelle, mon intelligence. Souvenez-vous de cela, si un jour vous avez à vous plaindre de moi, et sûrement ce jour viendra. Vous avez tout eu sans raison. Aucune raison pour que je vous ai tout donné, à vous plutôt qu'à d'autres, aucune raison pour cette préférence et cette partialité."

On qualifierait aujourd'hui l'homme qui dévalorise à la fois celles qu'il n'aime pas et celles qu'il aime, en leur niant toute valeur et en les rabaissant systématiquement, un pervers. Et Costals, si l'on quitte un instant la parabole janséniste de l'octroi de la grâce, est un grand pervers.

Montherlant lève le voile sur le mécanisme hideux par lequel la contrainte sociale façonne les individus : en transformant les femmes en chiffes molles, adulant sans réserve qui se présente et prêtes au veule sacrifice de leur personne pour attraper la queue du Mickey à la fête foraine ; les hommes, en clownesques paltoquets usant sans scrupules, sans coeur et sans modération de la toute-puissance qui leur est conférée dans une farce où se dévoilent des usages barbares de domination à peine occultés d'un mince vernis.

Beau portrait de l'humanité femelle et mâle : des agnelles et des loups, des souris et des chats, des victimes et des bourreaux. Inégalité structurelle des rapports de pouvoir.

Cette "comédie humaine" devait être le fait d'un grand misanthrope (ou d'un grand tourmenté). Cela donne envie de connaître mieux l'auteur qui a pu proposer un univers aussi noir et qui met d'autant plus mal à l'aise qu'il est difficile de le répudier : sous une mince couche de sable, les pavés, et on oublie de regarder la mer.

Le style est toujours exquis, mais pour Montherlant, cette observation est superflue.

Pour finir, je ne vais pas priver mon commentaire de deux citations enchanteresses :

"Il y a trois sourires qui en quelque chose se ressemblent : celui des morts, celui des femmes heureuses, et celui des bêtes décapitées."

et...

"Il la contempla un instant, ainsi, attentivement. Il essayait de la différencier. de voir en quoi elle était autre chose qu'un corps. Autre chose qu'un moyen de son art de caresser. Autre chose qu'un miroir où il s'était regardé jouir."

Tchin !

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Pierre Costals a trouvé une jeune fille à sa main, de tout repos, inerte, intacte. Andrée Hacquebaut, quant à elle, poursuit ses importunités épistolaires, inquisitoriale, habillant son dépit de supputations des plus embarrassantes, ineptes. L'écrivain comme de bien entendu, élude, les missives de la fâcheuse restant pour la plupart sans réponse. Il semble que les nerfs de la grenouille de bénitier, autre groupie hystérique de Costals, n'ont pas supporté l'indifférence de notre écrivain.

Henry de Montherlant et à travers lui, son alter ego écrivant, se fait plus mufle dans ce second volet de la tétralogie. C'est un authentique plaisir de gourmet de lire un roman où l'intelligence, l'acuité psychologique le disputent à la rosserie. En revanche, l'oeuvre est un émétique tout indiqué pour la gente féministe.
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Il y avait à N....,en 1918,une petite fille de douze ans,que sa famille définissait:une "petite tranquille".Elle n'avait pas d'amies,et jouait seule,silencieuse,à la maison,durant des heures;des repas entiers,aussi,sans dire un mot.On la disait garçon à cause de ses longues randonnées solitaires à pied ou à bicyclette,et de son peu d'entrain pour les goûts des filles de son âge.
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Toujours en quête du bonheur égoïste, Costals s'est pourtant attiché d'une petite Parisienne, Solange, sol-ange, les deux extrêmes réunis dans une jeune fille : la beauté, la jeunesse, la fraîcheur, avec l'ennui, la bêtise et l'inconsistance. Il s'étonne de son attachement à cette grue, sans génie mais pure et droite. Tantôt bercé de ses charmes, tantôt agacé de son absence d'intelligence, Costals joue la comédie de l'homme amoureux, sans toutefois manquer de malices, de cachotteries et de mensonges.

Solange, impressionnée et amoureuse, est agitée comme une souris dans les griffes du chat. Elle fait preuve d'une grande obéissance dans ses bras en acceptant tous ses mauvais tours et les promesses les plus farfelues qu'il lui demande...

L'intégralité de la critique et des citations sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/pitie-pour-les-femmes-2-4-henry-de-montherlant-a80136604
Lien : http://www.bibliolingus.fr/p..
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Je connais mal l'oeuvre De Montherlant, un écrivain qui a eu son heure de gloire au XXème siècle. Je connaissais un peu son théâtre. J'ai souhaité découvrir un de ses romans. "Pitié pour les femmes" est le second dans une tétralogie publiée entre 1936 et 1939. Il se situe donc dans la continuité de "Les jeunes filles" (que je n'ai pas lu).
On y retrouve le héros Pierre Costals (alter ego de l'auteur ?), littérateur à la mode, homme à femmes, apparemment cynique. Il a une liaison avec Solange Dandillot, une très jeune femme encore vierge, qui lui est soumise. Misogyne et dominateur, il découvre peu à peu qu'elle a un embryon d'autonomie: ceci suscite chez lui de l'intérêt. En même temps, il a aussi une relation épistolaire avec une femme plus âgée nommée Andrée Hacquebaut, qui se morfond; elle est amoureuse de Pierre, qui a surtout envie de la faire souffrir. La scène clé du roman est une entrevue entre Andrée et Pierre, alors que Solange (cachée, par la volonté de Pierre !) écoute cette conversation.
Henri de Montherlant mérite bien sa réputation de "machiste". Il met dans la bouche de son héros de nombreux aphorismes qui vont dans ce sens. Mais, à mes yeux, le personnage est surtout poseur et narcissique, une sorte d'esthète du cynisme, bavard et peu cohérent. Derrière cette sorte particulière de snobisme, il y a de longs discours "moraux" sur les relations homme/femme, un brin sadomasochistes: il y a une part de vrai là-dedans, mais ça me parait très exagéré. Lors de ma lecture, je suis passé par des phases d'ennui et/ou d'irritation, contrastant avec d'autres impressions plus positives.
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Cynique à souhait, un régal. A conseiller vivement à toutes les adolescentes pour qu'elle sachent à quelle sauce certains vont les manger.
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