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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Streets of Philadelphia
Sous couvert d'une intrigue policière, l'auteure nous livre un roman noir sur les liens familiaux, l'addiction et plus généralement, une très belle étude sociologique d'un quartier déshérité de Philiadelphie
Mick et Kacey sont soeurs. L'ainée, Michaela surnommé Mick ou Mickey est flic à Philadelphie, plus précisément agent de patrouille, elle sillonne le quartier de Kensington, répond aux appels d'urgence. A Kensington, tout le monde se connaît, c'est un quartier pauvre où se côtoient les drogués et les prostitué(e)s, les seconds tentant de réunir les dollars nécessaires à leurs doses. Les overdoses sont monnaie courante, et les "abandos" (les squats) où se réfugient junkies, dealers et travailleurs du sexe sont bien connus des services de police. Mickey ne passe pas un jour sans y chercher sa soeur Kacey qui se drogue depuis qu'elle a 13 ans, et quand un mois se passe sans qu'elle la repère, Mickey s'inquiète, et ce d'autant que plusieurs jeunes femmes sont tuées dans le quartier...
Nous suivons donc Mickey, à la recherche de Kacey, et parallèlement l'enquête qu'elle mène pour tenter de retrouver celui qui tue les filles qu'elle connait bien, avant que celui s'en prenne à sa soeur.
Pour nous aider à mieux comprendre les relations compliquées entre les deux soeurs liées par un secret qui pèse trop lourd, l'auteure nous plonge dans leur enfance et leur adolescence : élevées par leur grand-mère, privées d'amour, où chez les O'Brien, il est mal vu d'être bon élève, et où l'engagement de Michaela dans la police n'a pas fait que des heureux...
J'ai beaucoup aimé ce roman -qui pourra décevoir les amateurs de polars- la peinture de ce quartier cosmopolite où les boutiques de tatouages voisinent avec les friperies, les supérettes où tout est à un dollar, les arrières boutiques qui abritent tous les trafics, les habitants, tristement abandonnés par les autorités ...
J'ai beaucoup aimé la bienveillance de l'auteure envers ces laissés pour compte, son regard sobre mais acéré et sans concession sur les responsabilités de chacun, la municipalité, la police dont certains membres peuvent se laisser corrompre, mais aussi ceux qui sont victimes de ces addictions, notamment les bébés, nés de ces femmes drogués, qu'il faut désintoxiquer à leur naissance ...
J'ai beaucoup aimé les personnages, celui de Michaela, la policière qui fait respecter la loi malgré une hiérarchie dépassée et désabusée, Michaela qui est aussi une mère qui élève seule son fils Thomas et qui doit tenter de concilier sa vie professionnelle et sa vie de famille... Autour de Michaela gravitent d'autres personnages, Kacey bien sûr que nous découvrons surtout dans le récit de l'enfance et de l'adolescence des deux soeurs, Gee leur grand-mère, courageuse mais endurcie, Simon qui a séduit Mickey, Truman l'ex-coéquipier de Mickey, Lafferty, le nouveau... J'ai beaucoup aimé l'histoire de ces deux jeunes femmes qui l'une et l'autre tentent de survivre dans cette ville emblématique des Etats Unis...
Un excellent roman noir, à lire en écoutant la non moins excellente chanson de Bruce Springsteen (BO du film Philadelphia) "Streets of Philadelphia" à laquelle j'ai emprunté le titre tant les paroles collent au propos de l'auteure.
Streets of Philadelphia
"I was bruised and battered
I couldn't tell what I felt
I was unrecognizable to myself
Saw my reflection in a window
And didn't know my own face
Oh brother are you gonna leave me wastin' away
On the streets of Philadelphia?"
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Kensington, quartier de la ville de Philadelphie où des drogués, des prostituées, traînent. C'est là que vit probablement Kacey, et c'est là également que sa soeur Mickey patrouille dans le cadre de son travail (elle est policière) lorsqu'il y a des délits. L'occasion pour elle d'essayer d'avoir des nouvelles de sa frangine. Ce n'est pas simple car personne ne lui répond, Kacey a déjà « fait l'article » pour que les gens qui pourraient dire quelque chose se taisent.
Alors pourquoi une telle situation ? C'est par une construction habile- avant, maintenant- que l'auteur nous dévoile l'histoire de la famille. La mère des deux jeunes femmes qui est décédée, le père qui a fui, la grand-mère qui les a élevées et les collègues, les amis, les connaissances qui gravitent autour. Tout ça ajouté à l'enquête que mène Mickey sur des meurtres dans ce coin de la ville où il ne fait pas bon vivre.
Mickey a une vie mouvementée, un petit garçon à élever, des investigations pour le travail à faire, des recherches pour empêcher Kacey de sombrer encore plus etc. Elle a des difficultés à tout mener de front et elle ne veut rien lâcher. Elle se fait parfois aider par un ancien collègue.
Dans ce roman, on voit le côté noir et sombre de Philadelphie. Malgré la présence policière, il y a des assassinats, des personnes qui plongent dans la drogue, de la violence, de la délinquance…. Et tout ce que ça suppose de dépendance (notamment pour les bébés des mamans sous opiacés). Tout est fragile, instable. Même quand on travaille dans la police, on ne sait pas à qui se fier, qui croire et ce n'est pas Mickey qui dira le contraire.
L'auteur maintient le suspense tout au long de ce livre. Habilement, elle distille petit à petit des informations, des indices, permettant de mieux cerner la vie des personnages. Son récit est parfaitement articulé. L'écriture est prenante (merci à la traductrice) et le style totalement addictif. La psychologie des personnages, leur caractère, sont bien exprimées ainsi que les diverses émotions qui les traversent. J'ai vraiment trouvé intéressant le fait que les liens entre les uns et les autres ne soient dévoilées que petit à petit, il y avait toujours un petit truc à découvrir et cela maintenant l'intérêt.
Une excellente lecture !

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Ce roman se présente comme un polar, mais il est bien plus que ça : récit familial, portrait clinique d'une société en souffrance, dénonciation de dérives policières, fresque sociale, réflexion sur la maternité... Une quantité de thèmes sont traités au fil des pages, parfois juste en quelques phrases, parfois récurrents dans tout le livre. L'autrice ne s'éparpille pas pour autant, car tous les thèmes traités sont savamment entortillés autour d'une intrigue implacable et servent à se diriger vers le final doux-amer.
Les quartiers défavorisés de Philadelphie sont décrits avec un réalisme poignant, sans fards mais sans pathos. Pour une fois, on ne nous donne pas à voir seulement les ghettos de minorités ethniques, mais ceux où les blancs sont majoritaires. La misère sociale et affective y est la même, les drames familiaux pullulent tout autant et la drogue y règne en maîtresse incontestée. À deux rues de distance cohabitent l'extrême misère et les classes moyennes à la vie douce.
Liz Moore s'attache à démontrer, par une écriture à la fois tendre et précise, à quel point héroïne et opiacés - un temps légaux - détruisent à petit feu des pans entiers de la société américaine. Son histoire pourrait être transposée dans n'importe quelle ville des USA (j'ai pensé à l'Atlanta des romans de Karin Slaughter en lisant La rivière des disparues). Des destins sont frappés de plein fouet, des potentiels sont gâchés, des vies sont perdues, des familles sont touchées, souvent sur plusieurs générations (les passages concernant les bébés nés dépendants sont glaçants). On sent l'inéluctabilité dans ces endroits dont il difficile de s'échapper, retenus par le poids des liens familiaux et du regard des autres.
Mais l'autrice ne s'arrête pas là. À l'aide de l'enquête policière, elle met également l'accent sur les obstacles mis sur la route de celles qui pourraient vouloir s'en sortir. Ces flics qui exigent des faveurs sexuelles des jeunes junkies et les poussent vers le trottoir, ces clients qui profitent de leur fragilité. Même les associations d'aide peuvent cacher en leur sein d'ignobles personnages.
Mickey, la narratrice, tente sur le tard de briser le cercle vicieux. Mais cela implique de laisser sa soeur derrière elle et d'abandonner ses dernières illusions d'enfant. Cela implique surtout d'accepter enfin que les femmes sont entourées de prédateurs masculins prêts à profiter du plus petit signe de vulnérabilité et de prendre sa vie en main, sans laisser ces hommes gagner.
Petit à petit, elle se débarrasse de sa "peau" de victime permanente, ses yeux se dessillent et elle affronte la réalité dans toute sa complexité. Une mue qui l'amène sur le chemin d'une éventuelle possibilité de bonheur. Sans militantisme acharné, Liz Moore livre un beau portrait de femme s'éveillant à une forme de féminisme salvateur.
Roman très noir, mais aussi pétri d'humanité et d'espoir, de rage de vaincre et d'avancer, La rivière des disparues est un beau coup de coeur.
Lien : http://www.phenixweb.info/Ri..
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📚📚 LA PREMIÈRE FOIS QUE MA SOEUR EST MORTE, ELLE AVAIT 16 ANS.

La rivière des disparues, de Liz Moore, est un polar racontant une enquête sur les meurtres de prostituées au coeur de Philadelphie, un roman noir sur l'enfer de la drogue qui ronge les familles et les quartiers de cette ville.
Mais pour moi c'est avant tout, une ode familiale et un récit de femmes : Mickey, une policière qui patrouille à travers Kensington, un quartier gangréné par la drogue et la prostitution ; Kacey, sa soeur toxico qui a disparu ; ces prostituées assassinées et toutes celles qui parcourent encore les trottoirs de l'Avenue.

Liz Moore nous dresse le portrait d'une famille aux prises avec les ravages des opioïdes, les secrets enfouis depuis des années, les doutes, les suspicions. Mickey navigue en aux troubles pour tenter de démêler les noeuds de cette enquête et retrouver sa soeur.

Une très belle découverte, un roman puissant et bouleversant. L'écriture est fluide, efficace, et l'auteur passe d'une époque à l'autre avec facilité pour faire la lumière sur l'histoire de ces deux soeurs, au moment opportun.
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