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Critiques filtrées sur 3 étoiles  

~ L'entre deux ~

Toute souffrance, comme toute joie, s'accroit & s'avive par l'attention qu'on lui donne.

Dans ce roman, la dévotion innocente d'un môme de treize ans pour sa mère cesse quand un homme entre dans la vie de cette dernière
De mère, brutalement, il l'a découvre femme. Agostino attend, patiente, espère retrouver sa maman. Une mère qui n'avait jusque là d'yeux que pour lui. Une mère qui se trouve être ce centre vers lequel il tend sans cesse.
Seulement, la révélation est tant violente & silencieuse, qu'il s'en détourne en entamant un parcours initiatique abrupt auprès d'une bande d'enfants croisé à la mer, pour qui le sexe, le vol, la violence & la pauvreté sont une réalité quotidienne.
Avec eux, il se confronte au clivage social & découvre la sexualité, fuyant ce mal-être causé par la difficulté du passage à l'âge adulte.

Une écriture puissante où l'évolution des choses en cet âge sont bien décrites & analysées, puis il y a la plage, la chaleur, le soleil assourdissant & la retenue typique des romans d'après guerre, assurément, incomparable face à la subtilité & l'envergure du « Mépris », mais un ouvrage empreint du charme de cette classe d'écrivains influents, dont Moravia fait partie !

Cela me laisse songeuse, finalement peu importe sa nature, peu importe l'âge, la perte foudroie, même quand on la voit venir, même quand elle est prévue. Ce n'est jamais un aboutissement, c'est toujours une chute, la précipitation d'une réalité vers une autre. Et combien même ce nouveau monde soit meilleur, la tristesse exige son dû. Et la solitude n'est souvent que le parfum de l'autre.
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La Feuille Volante n° 1249
Agostino - Alberto Moravia – Flammarion.
Traduit de l'italien par Marie Canavaggia.

Agostino, c'est un garçon de 13 ans, seul en vacances sur une plage d'été avec sa mère, une belle et riche veuve… Cela fait monter chez lui un sentiment de fierté et de bonheur d'avoir une jolie femme rien que pour lui. Il est normal qu'à cet âge il voit sa mère comme une véritable déesse déshumanisée, pure et idéale devant ses yeux d'enfant. Mais si un homme, inconnu vient s'insinuer dans cette relation filiale, avec sa complicité à elle, il n'en faut pas davantage pour le perturber. Elle est certes sa mère mais aussi une femme jeune, jolie, désirable et sensuelle, que ne rebute pas une passade d'été. S'imaginait-il qu'elle devait restée fidèle à la mémoire de son mari mort ou s'occuper jusqu'à l'étouffer de son fils naïf ? Pour exorciser cette prise de conscience, provoquée peut-être aussi par un gifle maternelle, il se rapproche d'une bande de vauriens, fils de pêcheurs pauvres avec qui il n'a rien de commun et qui l'humilient, ce qui ne va pas arranger ses désillusions. Leur relation, bien qu'éphémère, sera toujours emprunte de malentendus, Agostino. souhaitant s'identifier à eux alors qu'ils le rejettent comme un étranger. Nous savons que les enfants entre eux ne se font pas de cadeaux et c'est sans doute leur façon d'aborder cette vie qui ne leur en fera pas non plus, et lui, le gosse de riche, devient rapidement leur tête de Turc. C'est la sortie de l'enfance, cette période le plus souvent perturbée où l'on prend conscience des ses erreurs, avec peut-être l'intuition de ce que sera la suite. Moravia, comme c'est souvent le cas dans son oeuvre, fait appel à la mémoire pour évoquer cette période où l'on perd son innocence, parfois brutalement, et où nos yeux s'ouvrent sur le monde qui nous entoure. Agostino, enfant vivant dans une sorte de bulle, aura donc, et sur un court laps de temps, la révélation de ce qu'est l'argent, la violence, le sexe, la sensualité, le vice, l'hypocrisie, la méchanceté, bref la vraie image des gens et de la société, bien loin de ce qu'il imaginait. Ce sera donc pour lui l'été des initiations désastreuses, une véritable chute.
C'est que pour Agostino, le désenchantement ne s'arrête pas là, il comprend aussi qu'il devra attendre et souffrir pour accéder à cette condition d'homme à laquelle il aspire. Sa volonté de quitter prématurément ce séjour de vacances est révélateur comme l'est cette envie subite de mourir dans la barque, pleine de ses copains obscènes, qui le ramène sur la plage. Dans cette Italie marquée par le catholicisme et la culpabilité judéo-chrétienne, je vois dans l'innocence de cet enfant, une sorte de « péché originel », dont il a hérité avec la vie. C'est une faute qu'il veut se faire pardonner, celle d'avoir cru que le monde autour de lui était idyllique à la mesure de ses convictions personnelles et la violence avec laquelle tout cela s'effondre a une dimension rédemptrice. Dans le même contexte, il peut aussi être vu comme un être chassé brutalement de ce « paradis terrestre » de son enfance. Pour lui sa mère ne sera plus cet être idéal et désincarné qu'il avait rêvé, mais une femme désireuse de profiter de la vie et de ses plaisirs. Pour autant, il n'en a pas fini avec les désillusions et la vie se chargera de lui donner d'autres leçons et achèvera de le corrompre. Personnellement, je ne sais ce qui, au bout du compte, en résultera, s'il choisira de se couler dans le moule du plus grand nombre ou s'il refusera la réalité.
Comme toujours, j'ai apprécié le style, toujours fluide et poétique de l'auteur autant que les analyses psychologiques de ses personnages qui ici marquent les étapes de la prise de conscience d'Agostino, des mutations et des crises qu'il subit.


© Hervé GAUTIER – Mai 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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Lu en italien pour mon cours de littérature italienne (19e et 20e siècle): une lecture intéressante, mais un peu trop freudienne à mon goût. L'idée de la découverte de la sexualité de manière assez brutale me semble bonne, mais le fait que cette sexualité soit tournée vers la mère ne me plaît pas. L'histoire ne me plaît donc pas tellement, mais l'écriture si! le style de Moravia est agréable à lire et très beau.
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Le jeune Agostino éprouve un amour équivoque à l'égard de sa mère, une belle veuve encore jeune.
Dans une atmosphère estivale étouffante, suspendu entre enfance et adolescence, le protagoniste fait la connaissance d'une bande de jeunes garçons désinhibés, d'un milieu social opposé au sien ; ces fréquentations vont le confronter à ses pulsions adolescentes, entre attraction et répulsion : la perte de l'innocence est toute proche, qui se cache derrière la porte du péché, désormais entrouverte.
Moravia déroule un récit raffiné, élégant, pour décrire la confrontation d'un esprit candide avec Eros et Thanatos.
Le questionnement, le feu intérieur du personnage confronté à ce qu'il ne connaît pas encore, sont décrits avec une belle économie de moyens, dans un récit aux échos Oedipiens que la légèreté de l'écriture restitue sans sombrer dans la caricature.
Une lecture troublante.
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Un jeune garçon de 13 ans découvre que sa maman est "une femme" ! Quel bouleversement !
Trés bien écrit sans voyeurisme : une réflexion pour les "mamans" !
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Agostino vient passer des vacances avec sa mère. Canotage, baignades, la veuve et son fils de treize ans vivent dans une familiarité innocente et fusionnelle qui ressemble à de la plénitude. L'enfant admire sans réserve la beauté, la juvénilité et la force du corps joyeux de sa mère, quand soudain, les assiduités d'un homme jeune auprès d'elle éveillent tout d'abord sa jalousie puis son chagrin.

Une bande de voyous auquel il se joint par dépit lui ouvre crûment et cruellement les yeux sur les rapports supposés du jeune homme et de sa mère, apparemment notoires et le poussent à se détacher d'elle. L'espèce d'innocence impudique de cette mère magnifique, désirable, devient de plus en plus difficile à vivre pour l'enfant qui voudrait être déjà plus grand pour pouvoir la reléguer enfin à sa place de mère, puisqu'il souffre tant de la voir femme.

Un bref roman qui se lit très vite, peut-être un peu répétitif par instants. La sortie du paradis de l'enfance pour se retrouver brutalement plongé dans un monde crapoteux a quelque chose d'intenable, parfois. Cela faisait longtemps que j'avais rendez-vous avec ce roman et, curieusement, je n'ai pas reconnu les passages que j'avais autrefois traduits, et qui m'avaient paru beaucoup plus sensuels.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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