"Laissez-moi faire." Tony gonfla la poitrine et tira les épaules en arrière tel un super-héros qui sort d'une cabine téléphonique.
Seule une bonne dose de glucides pourrait remplir le cratère de tristesse que ses pensées pour ses petites-filles avaient creusé dans son estomac.
Ce n'était pas fait pour les chiens, l'anticernes !
Car comment pouvait-on espérer qu'un individu arrête le vin et la lecture en même temps ?
Les médias sociaux allaient lui manquer davantage que le café.
"Vous avez de bonnes veines." Frances avait souvent entendu ces mots dans la bouche des infirmières. Elle en tirait toujours fierté, l'espace d'un instant tout du moins car à quoi bon avoir ce genre d'attributs, se demandait-elle, légèrement déprimée.
- Le petit déjeuner est servi à 7 heures, le déjeuner à midi et le dîner à 18 heures.
- Le petit déj’ à 7 heures ? » Frances blêmit. Déjeuner et dîner avec les autres, passe encore, mais discuter avec des étrangers au réveil ? Impossible ! « Je suis une couche-tard. À 7 heures du matin, en principe, je suis comateuse.
- Ah, mais vous parlez de l’ancienne Frances ! À 7 heures du matin, la nouvelle Frances aura déjà participé à un cours de tai-chi au lever du soleil et à une séance de méditation guidée.
- J’en doute fort. »
Yao sourit, comme s’il savait mieux qu’elle.
L’allée étant trop étroite, Tony s’effaça pour la laisser passer, espérant ne pas froisser la féministe en elle, comme cette fois où il avait tenu la porte à une femme qui avait sifflé : « Je peux très bien ouvrir la porte moi-même, merci bien. » Il avait envisagé de la lui fermer à la figure mais s’était abstenu, se contentant de sourire bêtement. Les hommes ne sont pas tous capables de violence envers les femmes.
Il semblait qu’être célibataire sans enfants à la trentaine, ce n’était pas la même chose qu’être célibataire sans enfants à la cinquantaine. Ce n’était plus glamour. C’était devenu tragique.
Quand on croise un colosse un peu étrange au milieu de nulle part, la règle, c’est de l’amadouer.