AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,95

sur 37 notes
5
4 avis
4
5 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Edgar Morin vient de fêter ses 99 ans et on lui souhaite encore une longue vie! Ce livre écrit au moment de la crise du Coronavirus nous permet de prendre du recul sur cette crise qui a secoué la Terre entière et de dégager quelques conclusions intéressantes.

Ce court essai nous permet d'avoir un aperçu de sa vie longue et riche.. Après un passé bien rempli de résistant et de communiste, Edgar Morin a été sensibilisé assez tôt à l'écologie dès les années 70, marqué par le rapport Meadows de 1972, du nom de l'enseignant du MIT qui, l'un des premiers, a tiré la sonnette d'alarme sur la dégradation de la biosphère. Cette prise de conscience de l'écologie a été longue, regrette Morin, sans doute en raison d'une culture où la Bible, la philosophie, les sciences humaines ont pendant longtemps, disjoint nature, culture et règne animal.

Après ce préambule Edgar Morin revient sur cette crise que nous traversons et souligne qu'elle met en relief les faiblesses de la France.. pour n'en citer que quelques unes, l'excès de la bureaucratie, une centralisation excessive qui a empêché souvent les Territoires et collectivités locales d'exercer leurs compétences, le parasitage de certains ministères par les lobbies et firmes pharmaceutiques, la suprématie des spécialistes sur les généralistes avec par exemple les restrictions énormes qui ont été imposées aux médecins généralistes pour ce qui est du traitement des malades du Covid.

Une crise qui a, comme le souligne l'auteur, montré l'émergence de certains pays, là où on ne l'attendait pas: il cite le cas du Maroc qui a su s'adapter rapidement, augmenter la capacité en lits de réanimation et fournir assez vite des masques lorsque nous étions encore en pleine pénurie.
Cette crise est l'occasion aussi, et Morin insiste là-dessus, de revaloriser les professions habituellement dévalorisées: enseignants, soignants, caissiers...

Face à ce constat "lourd" il faut bien le dire, Edgar Morin ne propose pas de solution miracle mais il évoque plusieurs axes à prendre en compte:

- favoriser le travail par rapport au capital
- réinventer une nouvelle mondialisation qui s'accompagnerait parfois de "démondialisations" dans les secteurs vitaux comme la santé ou l'alimentation,
- réformer les administrations mais cela impliquera de gérer des transformations humaines et sociales,
- dynamiser la démocratie participative en faisant attention aux dérives que cela peut impliquer: absence des femmes ou des personnes en difficulté, risque de leadership des "forts en gueule"...
- enfin et c'est là que c'est le plus difficile, Edgar Morin propose d'inventer une nouvelle forme d'humanisme, une prise de conscience de la communauté de destin terrestre. Ce serait le message le plus fort, selon lui, de cette crise du Coronavirus.

Comme il le dit si bien, "nous sommes des êtres anthropo-bio-physiques, fils de la Terre." Un des effets de cette prise de conscience pourrait être l'établissement d'un service civique de solidarité.
Bien sûr tout cela n'est guère évident et parfois on a l'impression d'assister à des "voeux pieux" mais les perspectives données sont tout de même intéressantes.

ET enfin, l'auteur nous propose de redessiner une civilisation occidentale qui garderait ses valeurs de pensée critique et autocritique, les principes démocratiques, les droits de l'homme et de la femme mais qui saurait s'ouvrir sur certaines valeurs des civilisations traditionnelles (relation avec la nature, liens sociaux communautaires..)
La démarche d'Edgar Morin est très belle, il arrive à saisir le "positif" (si tant est qu'on puisse parler de "positif") dans cette crise terrible qui secoue le monde entier.
Ce confinement selon l'auteur aurait montré ce qu'il y a de superflu dans nos vies et partant de là, ce pourrait être la voie vers de nouveaux paradigmes.

Je n'avais jamais lu de livres d'Edgar Morin, j'ai apprécié celui-ci qui montre les grandes capacités de synthèse de l'auteur qui nous fait ressortir de manière admirable les tenants et aboutissants de la crise.
Son point de vue est souvent original et montre une grande connaissance des différentes civilisations.

Un petit mot pour terminer et pour souligner que la vie d'Edgar Morin est vraiment exceptionnelle: il a perdu sa maman à l'âge de 10 ans, sa maman étant décédée des suites de la grippe espagnole qui a causé bien plus de morts que celle que nous traversons, épidémie du début du 20 ème siècle et le voici affrontant maintenant presque centenaire l'épidémie de Coronavirus....
Commenter  J’apprécie          324
J'aime beaucoup Edgar Morin ( j'aime aussi Edgar Grospiron ; je ne connais pas encore Edgar Allan Poe ... ).
Le corona a permis une pause dans la vie des gens, et beaucoup d'entre nous réfléchissent, et particulièrement les socio-philosophes comme Edgar Morin. Dans cet essai, il analyse ce que le confinement a révélé.
Puis il propose des leçons qu'on peut, qu'on devrait en tirer, des solutions pour que nous, la Planète Terre, Terre Patrie, orientions notre vie dans une nouvelle voie, La Voie d'Edgar.
.
L'auteur pose des questionnements sur la crise, questions que nous nous sommes posés :
Solidarité, valorisation des professions dévalorisées, mais aussi passivité des gros lobbyistes, cloisonnements médicaux, et surtout, fermeture des frontières, nationalismes exacerbés, non-solidarité financière des états entre eux jusqu'au tardif plan européen, constat de la dépendance de fabrication.

Puis il fait un constat sur la mondialisation, interpellée par ce virus mondial.
Morin est mondialiste depuis longtemps, mais avait-il prévu la suprématie de la sphère techno-économique, qui fait plus de mal que de bien ?
L'économie libérale a accru la mondialisation ;
La mondialisation a accru la dépendance des nations ;
La mondialisation a accru la délocalisation et les problèmes de chômage ;
La mondialisation a accru la fragilisation de la santé par rapport aux pays fabricants à coût de main d'oeuvre moins élevée, etc…
.

Et alors, il dit : « Changeons de voie ! «
Le corona a suspendu le temps, la course folle boulot-métro-dodo : saurons-nous préserver ce temps précieux qui a permis de recréer du lien social ?
.
Du coup, l'auteur reprend ses idées développées en 2011 dans « La Voie ».
Je pensais qu'il s'agissait de trucs géniaux, mais la Voie est une sorte d'Utopia de Thomas More, une société de bisounours, de liberté-égalité-fraternité, où la société
mondiale va mieux.
Comment ?
En diminuant le pouvoir des lobbies techno-économistes qui paralysent les progrès sociaux.
Comment ?
Par l'augmentation des pouvoirs des états et la prise de conscience des citoyens.
Je trouve ce double argument bien faible face aux puissants lobbies qui, bien sûr, ne cèderont pas d'un pouce, leur phénoménal pouvoir.
La Voie prévoit un Conseil Mondial de Conscience, avant d'organiser un Pouvoir Mondial de Contrôle ( une ONU avec exécutif ) sur :
-les lobbies ;
Les évasions fiscales ;
La libération de la drogue, pour éviter les trafics ;
Les guerres et les armes ;
La politique migratoire ;
L'écologie, la pollution, l'écoagrologie ;
Les indigènes et les polycompétences ;
La gestion de l'eau ;
La gestion des déchets.
.
Edgar Morin voit l'homme comme un Sapiens-Demens, un homme qui sait ( sapiens ), mais qui fait n'importe quoi ( demens ), et nous devons gérer cette dialectique « raison glacée du cerveau » versus « passions débridées » entraînant les guerres.
.
( Personnellement, j'ajoute un troisième élément, le coeur : pour moi, on oublie le coeur ; l'homme est, non une dualité mais un triangle :
Cerveau-raison glacée de la tête /
Passions démentes du ventre, des tripes style « mangez-le si vous voulez » /
Coeur-poésie-sensibilité-amour ) ;

.
L'analyse fournie dans ce livre est complète, mais la solution proposée me semble faible.
Les quatre étoiles sont surtout dues au style très clair d'écriture d'un homme clairvoyant de 99 ans. Ces quatre étoiles sont aussi dues au bon souvenir que j'ai de mes « années-Morin » :
.
Edgar Morin nous a été présenté, il y a longtemps, par un enseignant fana de lui : Dominique Durand ; celui-ci nous a captivé avec sa pensée complexe qu'il a résumée en patates ( les patates à Durand sont des lianes, à La Réunion ) : les patates qu'il dessinait au tableau avaient plein de flèches qui reliaient différents concepts.
Et c'est finalement ça, la pensée complexe : un thème qui relie plusieurs sciences ou savoirs, faisant émerger une idée, une connaissance, bref, c'est une synthèse, une globalisation. : j'ai fait des patates partout, et même des rosaces : j'ai découvert des interactions passionnantes !
Nous nous sommes mis à lires quelques-uns des livres d'EM, livres aux titres fascinants :
« La Nature de la nature » ;
« La Vie de la vie »…
Et puis, rien qu'à voir sa bouille de vieux sage au sourire de Joconde, on a envie d'en savoir plus 😊
Commenter  J’apprécie          280
C'est avec beaucoup d'émotion que j'ai lu cet essai d'Edgar Morin. L'humanité que cet homme-là dégage semble lui sortir de tous les pores de la peau !
Je l'ai toujours beaucoup apprécié mais là il m'a fracassée. Cet été, il fêtera ses 100 ans ce petit bonhomme, et j'ai eu l'impression qu'il donnait, dans ce peut-être dernier ouvrage, tout ce qu'il avait encore dans les tripes, d'énergie, de foi et d'espérance pour apporter sa modeste contribution à l'évitement d'un destin funeste pour notre humanité.
Changeons de voie nous dit-il, quand bien même il sait trop bien que le temps que nous nous décidions à agir ne lui donnera pas le plaisir de savoir si nous avons eu la sagesse de l'écouter…
Bouleversant pour moi.

Commenter  J’apprécie          251
belle analyse des problèmes qui se posent à la société actuelle malgré le grand âge de cet auteur, sociologue et philosophe bien connu. Il commence le livre par ses souvenirs, notamment celui de la grippe espagnole dont il a connu les conséquences sur la société à son époque.
Commenter  J’apprécie          00
Une pensée humaniste qui fait du bien. Espoir, espoir et surtout action par l'éthique de solidarité et de responsabilité.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (120) Voir plus



Quiz Voir plus

Charade-constat

Première saison d'une épopée

Iliade
Bible
Saga
Genji

6 questions
83 lecteurs ont répondu
Thèmes : sociologie , météorologie , vacancesCréer un quiz sur ce livre

{* *}