J'aime beaucoup
Edgar Morin ( j'aime aussi
Edgar Grospiron ; je ne connais pas encore
Edgar Allan Poe ... ).
Le corona a permis une pause dans la vie des gens, et beaucoup d'entre nous réfléchissent, et particulièrement les socio-philosophes comme
Edgar Morin. Dans cet essai, il analyse ce que le confinement a révélé.
Puis il propose des leçons qu'on peut, qu'on devrait en tirer, des solutions pour que nous, la Planète Terre,
Terre Patrie, orientions notre vie dans une nouvelle voie,
La Voie d'Edgar.
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L'auteur pose des questionnements sur la crise, questions que nous nous sommes posés :
Solidarité, valorisation des professions dévalorisées, mais aussi passivité des gros lobbyistes, cloisonnements médicaux, et surtout, fermeture des frontières, nationalismes exacerbés, non-solidarité financière des états entre eux jusqu'au tardif plan européen, constat de la dépendance de fabrication.
Puis il fait un constat sur la mondialisation, interpellée par ce virus mondial.
Morin est mondialiste depuis longtemps, mais avait-il prévu la suprématie de la sphère techno-économique, qui fait plus de mal que de bien ?
L'économie libérale a accru la mondialisation ;
La mondialisation a accru la dépendance des nations ;
La mondialisation a accru la délocalisation et les problèmes de chômage ;
La mondialisation a accru la fragilisation de la santé par rapport aux pays fabricants à coût de main d'oeuvre moins élevée, etc…
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Et alors, il dit : « Changeons de voie ! «
Le corona a suspendu le temps, la course folle boulot-métro-dodo : saurons-nous préserver ce temps précieux qui a permis de recréer du lien social ?
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Du coup, l'auteur reprend ses idées développées en 2011 dans «
La Voie ».
Je pensais qu'il s'agissait de trucs géniaux, mais
la Voie est une sorte d'Utopia de
Thomas More, une société de bisounours, de liberté-égalité-fraternité, où la société
mondiale va mieux.
Comment ?
En diminuant le pouvoir des lobbies techno-économistes qui paralysent les progrès sociaux.
Comment ?
Par l'augmentation des pouvoirs des états et la prise de conscience des citoyens.
Je trouve ce double argument bien faible face aux puissants lobbies qui, bien sûr, ne cèderont pas d'un pouce, leur phénoménal pouvoir.
La Voie prévoit un Conseil Mondial de Conscience, avant d'organiser un Pouvoir Mondial de Contrôle ( une ONU avec exécutif ) sur :
-les lobbies ;
Les évasions fiscales ;
La libération de la drogue, pour éviter les trafics ;
Les guerres et les armes ;
La politique migratoire ;
L'écologie, la pollution, l'écoagrologie ;
Les indigènes et les polycompétences ;
La gestion de l'eau ;
La gestion des déchets.
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Edgar Morin voit l'homme comme un Sapiens-Demens, un homme qui sait ( sapiens ), mais qui fait n'importe quoi ( demens ), et nous devons gérer cette dialectique « raison glacée du cerveau » versus « passions débridées » entraînant les guerres.
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( Personnellement, j'ajoute un troisième élément, le coeur : pour moi, on oublie le coeur ; l'homme est, non une dualité mais un triangle :
Cerveau-raison glacée de la tête /
Passions démentes du ventre, des tripes style « mangez-le si vous voulez » /
Coeur-poésie-sensibilité-amour ) ;
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L'analyse fournie dans ce livre est complète, mais la solution proposée me semble faible.
Les quatre étoiles sont surtout dues au style très clair d'écriture d'un homme clairvoyant de 99 ans. Ces quatre étoiles sont aussi dues au bon souvenir que j'ai de mes « années-Morin » :
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Edgar Morin nous a été présenté, il y a longtemps, par un enseignant fana de lui : Dominique Durand ; celui-ci nous a captivé avec sa pensée complexe qu'il a résumée en patates ( les patates à Durand sont des lianes, à La Réunion ) : les patates qu'il dessinait au tableau avaient plein de flèches qui reliaient différents concepts.
Et c'est finalement ça, la pensée complexe : un thème qui relie plusieurs sciences ou savoirs, faisant émerger une idée, une connaissance, bref, c'est une synthèse, une globalisation. : j'ai fait des patates partout, et même des rosaces : j'ai découvert des interactions passionnantes !
Nous nous sommes mis à lires quelques-uns des livres d'EM, livres aux titres fascinants :
«
La Nature de la nature » ;
«
La Vie de la vie »…
Et puis, rien qu'à voir sa bouille de vieux sage au sourire de Joconde, on a envie d'en savoir plus 😊