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3,82

sur 714 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai voulu découvrir Toni Morrison, prix Nobel de littérature et j'ai rencontré une auteure magnifique.

Ne croyez surtout pas que je joue pour le titre d'expert en littérature américaine de Babelio, que nenni…jamais je ne battrai les amateurs de SF, ou d'horreur, au demeurant fort sympathiques, et puis je déteste le carcan des challenges. Ma motivation, c'est juste de la curiosité et l'amour des beaux textes qu'on prend le temps de savourer.

Petit bras, je me contente de prix Pulitzer, de prix Nobel…de Jim Harrison…des auteurs de l'école du Montana, de bien d'autres encore….sans compter tous ceux que je n'ai pas mis sur Babelio, des livres lus avant l'invention d'internet, vous imaginez le monde sans internet ?….Hemingway, Faulkner …bref, je ne joue pas dans la même cour.

Alors Toni, me direz-vous ? …c'est brillant, elle est dans ce roman au-delà de la question raciale, même si c’est toujours en sourdine d'une façon surprenante, et comme une composante d'une question sociale. Avec elle, on est obligé de regarder en face un sujet douloureux , la maltraitance des enfants, du manque d'amour à la pedophilie, de la difficulté de se construire après des traumatismes. Les victimes et les bourreaux sont de toutes les communautés.

Tous les personnages de ce roman choral sont liés entre eux. Chacun représente un regard sur la réalité qui nous apparaît peu à peu. La construction est magistrale. Tout s'organise autour de la magnifique Bride, jeune femme noire, dont la beauté et la réussite économique cachent mal les blessures de l'enfance. En fait de croisière, pour faire un break, c'est sur les routes de campagnes de Californie, qu'elle nous emmène en Jaguar pour un road trip à la recherche d'elle-même et de son amour perdu.

Toni Morrison nous montre de l'Amérique, une réalité dure mais nuancée : le couple de néo hippies revenus de la société de consommation, la dictature des apparences chez les jeunes branchés, la pauvreté, elle nous questionne sur ce qu'est la réussite, si l'on peut revenir de terribles douleurs, s'il est possible de se faire confiance entre humains. Pas de réponses simples ou préfabriquées, elle nous laisse avec de l'espoir mais aussi avec toute la conscience de la complexité du monde.

Un roman qui bouscule nos représentations, une belle découverte.


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« Délivrez-nous du mal », c'est ce que pourraient implorer les protagonistes de ce roman, délivrez-nous du mal qu'on nous a infligé et qui demeure toujours en nous.

Une femme du monde des cosmétiques, Bride, une beauté noire, mais sous le papier glacé, des stigmates de l'enfance qu'on découvrira peu à peu, comme aussi les cicatrices que cachent les autres personnages.

Comme une pierre précieuse n'est pas toujours sans défaut, j'ai cru pendant quelques pages que le texte tournait à la divagation fantastique avec des changements qui semblaient se produire dans le corps de Bride, mais cela valait la peine de continuer la lecture, car le roman revient en force par la suite.

Ce n'est pas une lecture facile avec des thèmes comme le racisme et les sévices sexuels subis par des enfants, mais la plume magique de la Nobel de littérature de 1993 en a pourtant fait une pépite.
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Lula Ann vient au monde avec une peau tellement noire que sa mère ne parvient pas à l'aimer et l'élève très durement.
Devenue adulte, elle est d'une beauté époustouflante et réussit dans la vie au-delà de toute espérance.
Entrer dans un livre de Toni Morrison, c'est mettre tous ses neurones en position maximale pour saisir toutes les subtilités d'un texte qui va se révéler ardu.
Et là, surprise, une lecture aisée sans prise de tête, mais tout aussi forte et puissante que les autres.
Toujours les mêmes thèmes mais traités ici d'une façon plus contemporaine et moins alambiquée.
J'ai beaucoup aimé cette Lula Ann devenue Bride.
Encore une fois, Toni Morrisson m'a conquise, séduite, émue.
Son écriture intelligente est toujours aussi riche confirme son talent de livre en livre.
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Roman de Toni Morrison.
Lula Ann est un magnifique bébé à la peau sombre comme l'Afrique. Mais sa couleur désespère sa mère, mulâtre au teint blond : quelle vie aura sa fille avec une peau aussi marquée ? « Certains d'entre nous croient probablement qu'il n'est pas bon qu'on se regroupe en fonction de notre couleur de peau […]. Mais comment pouvons-nous autrement conserver un peu de dignité ? » (p. 14) Née dans les années 1990, Lula Ann, qui se fait désormais appeler Bride, profite pleinement de sa vie de femme dans les années 2010. Être noir n'est plus un handicap, c'est même tout à fait chic. Et la beauté ténébreuse de Bride est époustouflante. « L'envie qu'engendrait sa beauté succédait aux cris de surprise que provoquait sa noirceur. » (p. 161) Riche, belle, directrice d'une marque de cosmétiques, Bride a réussi là où tant de ses ancêtres ont été empêchés, entravés et dépossédés. Une peine de coeur va renverser tout ça : quittée par Booker, son bel amant blond, Bride s'enfonce dans un univers étrange où son corps est abîmé, blessé, malmené. « C'est alors qu'elle comprit que les changements corporels n'avaient pas seulement débuté après qu'il était parti, mais parce qu'il était parti. » (p. 110) Alors que sa féminité régresse et qu'elle est meurtrie dans sa chair, Bride apprend à laisser tomber les apparences et les mensonges pour découvrir enfin sa vérité. Sa couleur de peau n'est pas sa seule identité et elle doit elle-même apprendre à se voir autrement que comme une affolante beauté afro-américaine.

Volontairement, je ne parle pas des violences faites aux enfants et des grandes interrogations qui entourent la maternité, état féminin subi, désiré ou abandonné. Ces deux thèmes sont des axes majeurs du dernier roman de Toni Morrison, le onzième d'une oeuvre qui n'en finit pas de me bouleverser. Home m'avait déjà complètement retournée. Délivrances, dans sa brièveté percutante, est du même calibre : si l'auteure ne parle pas explicitement du racisme et de la ségrégation, l'histoire du peuple noir américain transparaît à chaque page. La réussite sociale de Bride a quelque chose d'amer : si elle a réussi, c'est parce qu'elle est noire, grâce à une forme biaisée et cynique de discrimination positive et bobo-chic. Il fallait ce récit d'une héroïne noire à notre époque pour que résonne entièrement l'oeuvre de Toni Morrison. C'est à se demander comment cette auteure pourra encore nous surprendre puisqu'elle nous a déjà tant émus.
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Lula Ann est rejetée par ses parents parce que trop noire, son père quitte le foyer, sa mère veut le moins de contact physique avec sa fille, pour combler ce manque et surtout attirer l'attention de sa mère elle est prête à tout.
Devenue adulte elle fait de sa couleur un atout, elle a confiance en elle, en l'avenir, elle crée une ligne de produits cosmétiques, roule en Jaguar. Une femme sûre d'elle en pleine réussite sociale. Jusqu'au jour où son amant lui lance une phrase « T'es pas la femme que je veux », toute son enfance remonte et nous lecteur nous comprenons les réactions de chacun des personnages.
A travers les différents personnages, Booker son amant, Brooklyn son amie et collègue, Toni Morrison explore de nouveau des thèmes qui lui sont chers, le racisme, la discrimination, les rapports humains et là en plus la pédophilie, les abus sexuels.
Comment parvient-on à se libérer des traumatismes de l'enfance ? Comment vivre en étant Noire? Comment survivre avec le mensonge? Beaucoup d'interrogation dans ce roman.
Un roman lucide, implacable, encore un très bon Toni Morrison
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Le titre en anglais est “God save the child” : que Dieu sauve l'enfant. Et c'est d'enfants dont parle ce roman exceptionnel, d'enfants victimes de désamour maternel, de sévices, de deuils. On a le droit de le trouver très difficile à lire. Mais le choix de traduction, c'est “Délivrances”, et ce titre lumineux lui aussi reflète ce que nous dit Toni Morrison.
Californie, de nos jours : à l'instar de ces contes où le héros doit subir mille épreuves avant d'accéder à une fin heureuse, Bride traverse de multiples aléas qui, à chaque étape, vont peu à peu la délivrer de son passé douloureux.
Toni Morrison mêle, à sa manière si unique, le récit des tourments subis par la population noire, au réalisme magique qui lui permet d'évoquer tant de douleur en quelques images simples et puissantes.
C'est un chef-d'oeuvre, traduit avec tout le talent de Christine Laferrière.
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La prix Nobel de littérature Toni Morrison nous livre un roman magnifique sur l'abandon, la déchéance, le remords, l'échappatoire et au final la délivrance. Difficile de parler de l'histoire sans en déflorer l'intrigue: Une jeune femme auréolée d'un succès professionnel tente de racheter une faute qu'elle a commise en étant enfant. Elle est abandonnée par son homme, qui a perdu un frère. Elle a été reniée par sa mère en raison de sa peau trop noire. Troublants chassés-croisés d'êtres qui se courent après, se défont, s retrouvent, s'enlacent, se perdent et se retrouvent dans le remords de leurs existences. Une puissante déclaration d'amour émerge de ces lignes. A lire absolument.
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4e de couverture : « Au centre du récit, une jeune femme qui se fait appeler Bride. La noirceur de sa peau lui confère une beauté hors norme. Au fil des ans et des rencontres, elle connaît doutes, succès et atermoiements, Mais une fois délivrée du mensonge – à autrui ou à elle-même- et du fardeau de l'humiliation, elle saura, comme les autres, se reconstruire et envisager l'avenir avec sérénité »

Mon avis : Les parents de Lula Ann, mulâtres au teint clair, ne comprennent pas pourquoi leur fille a le teint si foncé ; le père quitte la maison et la mère l'élève mais sans cacher son dégoût. Lula Ann est prête à tout pour conquérir l'amour de sa mère.

Lula Ann devient une jeune femme d'une beauté éblouissante mais l'homme qu'elle fréquente la quitte en lui laissant ce mot « tu n'es pas la femme que je veux « ; enfant, Booker a aussi connu un drame familial. Lula Ann va devoir se construire sur ces abandons, elle cherchera à tout prix à se faire aimer.

Ces délivrances sont celles de la renaissance après l'abandon et le manque d'amour. Retrouver confiance en soi et en l'autre.

Toni Morrison aborde les sujets de la couleur de la peau (même parmi les gens de couleur), l'exclusion et les fractures de l'enfance, mais aussi la reconstruction.

Encore une fois c'est un roman concis, mais tout y est abordé, une écriture épurée, brute et qui va droit au but.

A lire avec des céréales et du jus d'orange (p.186)

Mon compte Instagram : @la_cath_a_strophes











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Lula Ann est une petite fille a la peau noire bleutée, très sombre, trop sombre pour ses parents qui la rejettent. Mulâtre au teint blond, sa mère l'élève seule, entre dégoût et sens du devoir.
Devenue une adulte épanouie, directrice régionale d'une ligne de cosmétiques, Lula Ann qui se fait désormais appeler Bride, pense avoir dépassé tout ça. Mais quand son amoureux, Booker, la laisse tomber sans explications, elle sombre.
Pour s'affranchir de leur passé et se construire un avenir, ils devront faire taire les fantômes d'une enfance abîmée, qui les hantent encore…
Ce roman à l'atmosphère très enveloppante (comme toujours chez Toni Morrison j'ai le sentiment d'être emmailloté dans la voix grave d'une conteuse) est avant tout une belle histoire d'amour, un amour capable de rendre à ces coeurs d'enfants dignité et amour propre.
Mais dans ce conte moderne qui frôle le réalisme magique tout en décrivant de manière très réaliste la société américaine actuelle, Toni Morrison nous parle également de la soumission de la communauté noire à des normes établies et du racisme institutionnel d'une société gangrenée par la violence extra et intra familiale.
En utilisant l'allégorie de la mue, elle raconte la capacité de tout un chacun de dépasser sa colère, de faire le deuil de ses drames personnels pour se libérer et aller de l'avant.
Un message lumineux, à l'image de cette héroïne forte et moderne qui m'a charmé.
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Elle a essayé pourtant, mais elle n'y est pas arrivée.
Bride n'est plus Lula Ann, la petite fille rejetée par ses parents parce que sa peau est trop noire, et qui pour se faire aimer de sa mère a commis l'irréparable.
Oui Bride la femme d'affaires admirée de tous a essayé d'oublier Lula Anne mais elle n'a pas réussi.
Lula Ann la poursuit, encore et encore.
Et lorsque Booker son petit ami la quitte sans explications, elle commence une quête qui ne consiste pas seulement à retrouver Booker mais aussi à comprendre Lula Ann qui est restée au fond d'elle et qu'elle doit « expulser » si elle veut un jour vraiment être heureuse.
Un superbe livre qui nous emmène dans les tréfonds des âmes torturées de ses personnages et qui aborde sans détours les plus mauvais cotés des humains.
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