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3,76

sur 457 notes
Est-ce qu'en terme de société il existe une théorie du chaos ? Et d'ailleurs qu'est-ce que le chaos ?
Larousse, s'il vous plaît…. ». Confusion générale des éléments de la matière, avant la formation du monde... » Hum... » Ensemble de choses sans dessus dessous et donnant l'image de la destruction, de la ruine, du désordre »... Mum... » État de confusion générale »... bon... Wiki, quelque chose à ajouter ? « Le chaos est un concept religieux qui définissait l'univers avant l'intervention de Dieu. »
Bon Dieu je ne sais vraiment pas où il était encore passé celui-là, mais en tout cas c'est bien de la tête des hommes, de leur panse, de leur bourse, que ce chaos là est sorti.
C'est vrai que parfois, nous avons des images bipolaires qui nous envahissent la tête. L'Amérique ne s'est pas faite en un jour. Et dès le premier... c'était l'enfer.
Des presbytériens hallucinés, des mangeurs de sorcières, des amérindiens massacrés à la culture pulvérisée, des africains génocidés, enchaînés, des gosses d'anglais (« Bas rouges » ou « trente-six mois ») vendus comme des serfs, des femmes déportées, cédées, échangées. Un monde traumatisé. Le chaos des origines ou les origines du chaos ? Les voix de Toni Morisson nous reviennent, elles voyagent depuis le 17e siècle. Toni Morisson a ce don là, incroyable, rendre vie, donner parole. Rendre compte. Et surtout celui de nous faire entendre toute la complexité des douleurs du monde afin que nous puissions un jour trouver les mots pour les atténuer.

Astrid Shriqui Garain
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Et bien, je risque de passer pour une extra-terrestre... Peut être suis je la seule à penser comme je pense, mais Toni Morrison, ce n'est pas pour moi.
Je sais que j'ai lu Beloved, il y a de nombreuses années. J'avoue, je n'en ai aucun souvenir.
J'ai donc ouvert le Don, sans arrière pensée, sans souvenir.
J'ai eu beaucoup de mal à comprendre qui était qui. L'auteur passe d'un narrateur à un autre, on ne sais pas où nous sommes temporellement, passé, présent, futur, tout se mélange.
Désolée, j'ai eu beaucoup de mal à arriver au bout de ce livre...
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On est en Virginie dans les années 1680, Jacob est un négociant qui prête également de l'argent, il est marié à Rebekka qu'il avait recruté par petites annonces. Il est très heureux avec elle, seul problème, tous les enfants qu'elle a portés sont morts à la naissance ou en bas âge. Jacob va rendre visite à d'Ortega, un armateur arrogant et prétentieux qui lui doit de l'argent, il comprend rapidement qu'il est incapable de le rembourser. D'Ortega lui propose alors de solder ses dettes en échange de plusieurs esclaves. Jacob, outré, ne supporte pas l'esclavage et acceptera finalement de prendre avec lui, libre, Florens, la fille de la cuisinière d'Ortega pour aider sa femme. Florens va retrouver chez Jacob, Sorrow une adolescente blanche qui avait été trouvée à moitié noyée dans la Nath River en pays Mohawk et Lina une très jeune indienne que Jacob avait acheté à des presbytériens en prévision de l'arrivée de Rebekka. le retour de Jacob chez lui sera dramatique et les trois filles vont devoir cohabiter avec Rebekka de nouveau enceinte, un domaine difficile à gérer entouré de baptistes et de presbytériens.
Dans ce climat humide et chaud où l'hiver peut apporter la neige, Morrison mélange les souvenirs des vivants et des morts, le présent et le passé. Pas toujours aisé de s'y retrouver mais passionnant de suivre ces femmes aux origines diverses dans une Amérique en pleine évolution.
« Nous ne façonnons jamais le monde, disait Lina, c'est le monde qui nous façonne »
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J'ai retrouvé Toni Morrison avec plaisir, avec cette écriture si particulière qui la caractérise.Une écriture hachée, enchevêtrée quelque peu déroutante, une histoire racontée comme un puzzle à reconstituer.
Une histoire de femmes, comme toujours chez l'auteur.
Ici, trois femmes très différentes : Lina, la servante indienne, Sorrow étrange rescapée d'un naufrage et la jeune Florens, traumatisée depuis qu'elle a été séparée de sa mère.
La narration se situe entre rêve et réalité,entre passé et présent.
La narration est toujours entremêlée , il faut se laisser bercer, de toute façon chez Toni Morrison, il faut attendre la fin pour comprendre.
"Un don" me rappelle "Beloved", avec le terrible sacrifice de Sethe.
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Bon alors ça y est, je me lance, même si j'ai été la plus cancre de nous tous pour ce premier défi lecture ! J'ai manqué considérablement de discipline ... Je suis totalement hors délai, et je ne vais pas me chercher d'excuses comme celle de mes chers élèves (quoi ? l'ordinateur a encore lâché ?), bref, j'ai été débordée, alors que j'ai fini le bouquin depuis un moment. Mais quand même j'ai eu pas mal de boulot ces temps-ci (et notamment mon nouveau programme !). Mais là n'est pas le sujet, revenons à nos moutons, ou plutôt à nos colons.


Tout d'abord, pourquoi "Un don" ? Parce que Toni Morrison est une auteur que j'aime énormément. J'ai eu l'occasion de la découvrir en prépa, et c'est à cette période que j'ai lu ses grands romans. Celui-ci est le dernier traduit en français.

Ca commence comme ça : "N'aie pas peur. Mon récit ne peut pas te faire de mal malgré ce que j'ai fait et je promets de rester calmement étendue dans le noir - je pleurerai peut-être, oui je verrai parfois à nouveau le sang - mais je ne déploierai plus jamais mes membres avant de me dresser et de montrer les dents".

Alors de quoi ça cause ? Nous sommes en Amérique, au 17e siècle. le roman s'ouvre sur le monologue de Florens, une jeune noire anciennement esclave, recueillie par Jacob et Rebekka, deux Blancs sous le toit desquels vivent également Sorrow, une jeune fille blanche, et Lina, une Indienne rescapée de l'épidémie qui a décimé sa tribu. L'histoire, enchevêtrée, reconstitue les destins de ces personnages.

J'ai un avis mitigé sur le bouquin, ou plutôt je suis partagée. J'ai aimé l'évocation de ce cadre très peu familier des débuts de la colonisation américaine, au coeur d'une terre rude et dans des conditions proches de la misère (mortalité infantile, épidémies) où les inégalités sont criantes (voire l'opulence écoeurante dans laquelle vit le planteur duquel Jacob reçoit Florens), mais où se construit progressivement le mythe de l'Amérique et de l'Américain qui se "fait" lui-même, avec un enthousiasme déroutant et parfois aveugle. C'est assez inhabituel, et je ne crois pas avoir lu d'autre roman qui situe son action dans un décor comparable. J'ai d'ailleurs appris plein de choses, comme le travail de ces Blancs enfermés dans un quasi-esclavage interminable pour rembourser le prix de leur traversée, la dette se transférant sur leurs enfants en cas de décès.

Ce qui permet à Morrison de travailler sur son thème de prédilection, les logiques de la ségrégation et les mécanismes de sa mise en place et de son fonctionnement ; tout ici est suggéré, mais reste percutant, comme cette lecture des annonces pages 65-66 : « Belle femme qui a déjà eu la variole et la rougeole … Beau négrillon d'environ neuf ans … Fille ou femme bonne en cuisine, raisonnable, parlant bien anglais, à la peau entre le jaune et le noir … Cinq années de service d'une engagée blanche qui connaît les travaux de la terre, avec enfant de deux ans passés … Mulâtre très marqué par la variole, honnête et sobre … ».

Par ailleurs, j'ai beaucoup accroché (plus que Vincent) au côté construit / déconstruit du récit ; on dirait que Toni Morrison travaille un peu comme un Léonard de Vinci avec son sfumato ; elle applique des couches successives à ses personnages qui prennent progressivement un relief incroyable (Florens, Lina, Rebekka ... ou même la mère de Florens). Et je rejoins Danielle sur ce point, les portraits de femme sont splendides, des femmes sans résignation et avec un instinct de vie époustouflant d'énergie et de grandeur.

Le titre – original – est splendide, mais assez mal traduit en français … il faudrait davantage tourner autour de l'idée de pitié. Il ne prend son sens qu'à la fin, et éclaire rétrospectivement le sens du livre.

Pourtant, je trouve que certaines pistes auraient pu être plus exploitées, comme le pense aussi Cathy. Par exemple la relation ambigue de Jacob à l'esclavage, et le fait qu'il ait reçu Florens en paiement. Ou encore les relations entre les femmes. C'est peut-être dû à la longueur effectivement assez courte du livre, alors que Toni Morrison écrit d'ordinaire dans des formats différents …

… et ceux qui n'ont pas trop accroché à Un Don peuvent tenter d'autres Morrison, comme L'oeil le plus bleu ou le chant de Salomon, ou, mieux encore, mon préféré, Beloved. Danielle, tu me diras ce que tu as pensé, mais personnellement, je trouve que – pour un propos au fond équivalent – Beloved est beaucoup plus puissant qu'Un Don.

En ce qui concerne le principe de notre « club » de lecture, je suis assez séduite … malgré les petits ajustements de départ, je trouve le principe assez chouette, d'autant que nous avons des profils assez différents et que nous n'avons pas tous été d'accord sur le bouquin, et c'est très enrichissant … je me rends compte que j'ai énormément parlé de mes lectures ces temps-ci, et ça fait du bien de partager, de communiquer, et d'échanger ! Bref : à quand le prochain ? Je propose que ce soit l'un d'entre vous qui propose cette fois un titre, si vous êtes partants, bien sûr ! Pourquoi pas Danielle ?
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Magnifique.
Toni Morisson explore la liberté et surtout la privation de liberté sous toutes ses formes.
Nous sommes en Virginie à la fin du 17ème siècle, alors que les colonies nord-américaines appartiennent toujours à la couronne britannique.
La liberté ou plutôt la non liberté, qui peut revêtir tant de forme et s'écrire par tant d'histoires.
Celle de Rebekka jeune européenne de 16 ans, qui a traversé l'Atlantique, envoyée par son père trop heureux de toucher quelque argent pour se débarrasser d'une fille, pour aller épouser Jacob Vaark un colon néerlandais prêt à payer pour épouser n'importe quelle jeune fille pourvu qu'elle soit vierge et en bonne santé.
Celle de Lina une indienne ou encore celle de Sorrow une jeune métisse, toutes deux capturées et vendues comme esclave.
Celle de Florens une fillette de 8 ans que sa mère une captive africaine réduite à l'esclavage a offerte à Jacob Vaark le créancier de son maître espérant ainsi la remettre à un homme meilleur et la sauver d'un homme brutal.
Florens qui va rencontrer tout le mal qui gangrène les premières années de ces colonies et notamment tous ces Européens fraîchement arrivés avec leurs croyances religieuses extrêmes allant même jusqu'à accuser les femmes de sorcellerie.
Mais Florens est éprise de liberté et lorsqu'âgée de 16 ans, c'est d'un homme dont elle s'éprend, l'espoir d'une autre vite est aussi fort que la désillusion qui l'attend.
Et Florens comprendra que la liberté n'est qu'un mot qui n'a pas de sens dans ces colonies qui elles-mêmes ne sont pas libres mais vivent sous le joug des anglais.
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Nous sommes au XVII siècle en Amérique. Quatre femmes exploitent une ferme. L'épouse Rebekka venue d'Angleterre dans des conditions à peine meilleure que les esclaves, Lina l'Indienne, Sorrow jeune fille blanche et Florens enfant noire. L'époux Jakob ne peut tenir en place et parcourt le pays pour commercer. Elles sont parfois aidées par deux hommes noirs qui ont un engagement dont la fin est toujours repoussée.

J'ai eu du mal à m'intéresser à cette histoire. Je l'ai trouvée décousue. Dommage car le thème est riche, les premières années d'installation des Blancs. Il est en outre question à propos de plusieurs d'entre elle des difficultés de la maternité. Et toutes ont été privée d'une façon ou d'une autre de leur enfance.
Peut-être n'était-ce pas le bon moment pour cette lecture.
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Je n'avais jamais lu Toni Morrison et ne savais trop par où commencer. La robe froissée et les pieds nus de la couverture de ce livre ont tranché. Pour moi, Toni Morrison, c'est l'écrivain de la condition des Noirs, de l'esclavage. On est ici à la fois loin et proche de ces thèmes.
A la fin du XVIIème siècle, dans une Amérique où tout reste à coloniser, où la ségrégation n'est pas encore érigée en système et où l'esclavage est encore multi-racial, ce roman est l'histoire d'un domaine agricole comme tant d'autres. Un couple de blancs à la tête bien sûr, et un échantillon de la nouvelle Amérique comme main-d'oeuvre, de l'indienne à la noire, en passant par les blancs, dont certains payaient leur passage par des années de servitude sans fin.
Dans un style apparemment très déconstruit, mêlant les voix des différentes femmes du domaine, ne respectant aucune chronologie, Toni Morrison fait une peinture sombre de l'exploitation de l'homme par l'homme, quelles qu'en soient les formes et les couleurs, à un moment charnière d'un pays en train de construire ses valeurs et où les mécanismes de la ségrégation ne sont encore qu'en germe.
Même si Toni Morrison rend très bien la singularité des voix de ses différents personnages, même si elle sait créer un environnement délétère en ne faisant que le suggérer, je n'ai pas vraiment été sensible à ce livre, dont la structure m'a paru trop complexe sans que cela n'apporte beaucoup au propos. La forme me paraît finalement par trop prendre le pas sur le fond, et la singularité de l'histoire nuit au message qui se veut universel.
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C'est un roman magnifique. L'histoire se déroule dans les années1680 en Virginie, l'un des derniers Etats esclavagistes. On suit le destin de Jacob Vaark, un fermier, de sa femme et des femmes esclaves qui s'occupent de sa ferme : Sorrow, Lina et Florens. On y parle de l'esclavage, du sort des femmes. Comme dans les autres romans de Toni Morrison, la voix narrative est superbe, originale, dense. C'est vraiment un roman poignant.
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La voix que Toni Morrison fait sonner dans chacun de ses romans,
épique, grandiose et infatigable,
compte très certainement parmi ce que le monde des Lettres a de plus précieux.


Les textes de l'autrice américaine n'ont rien de ce qu'Alice Zeniter qualifie de « fiction as usual », ce sont des chants,
terribles et lancinants,
plus puissants qu'un tremblement de terre, plus dangereux qu'un tsunami, plus déstabilisants qu'une déflagration.
Ce sont des forces pures et entières,
des noyaux d'énergie lancés à pleine vitesse,
des joyaux inestimables enrobés de terre glaise.


J'avais été emportée par L'oeil le plus bleu, il y a quelques années, subjuguée par Beloved, captivée par Love, et je dois avouer qu'Un don m'a submergée, littéralement.


Cette voix ne se laisse pas saisir sans y laisser quelques plumes. Dans ce texte, traitant de la servitude plus que de l'esclavage, le passé et le présent s'entremêlent sans cesse, parfois au sein d'une même phrase, les points de vue changent en permanence et les discours avec.
Il faut accepter de relire une fois, deux fois, trente fois une phrase parfois, pour la sentir infuser dans son sang et faire battre son coeur.
Il faut accepter de se laisser porter aussi. de laisser le temps faire, la langue nous guider, la poésie nous emporter de sa force implacable.
Il faut accepter que chacune des phrases de Toni Morrison est un trésor à découvrir, un bijou à déterrer, un don somme toute.


Les dernières pages de ce roman, déchirantes de grâce, sont à ranger parmi les plus grandes que la Littérature compte,
de celles qui nous font hésiter franchement à ne pas reprendre le livre une deuxième fois,
pour voir,
juste pour voir,
la sève qui cette fois,
irriguera notre palais et fera battre le tambour de notre âme.


Lien : https://www.mespetiteschroni..
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