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3,77

sur 452 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
A la lecture de la quatrième de couverture je m'attendais à un récit sur l'esclavage. En fait le sujet est traité de façon beaucoup plus large que cela. Ce texte met en exergue la servitude sous toutes ses formes. Asservissement volontaire, involontaire, légal, de fait, à une caste, à un être humain, à l'autre sexe, aux croyances, à un dieu, à l'argent,… Toni MORRISON joue avec les nuances avec beaucoup de talent. Esclavage, servitude, soumission, dépendance, la frontière est parfois mince. Toutes ces notions s'emmêlent, se confondent, se distinguent et surtout cela nous questionne ; parfois brutalement. Jusqu'à quel point un être humain est-il complice de sa servitude ? Dans quelle mesure un être voué à la soumission de par sa naissance, son statut social, sa couleur de peau… est-il complice de sa situation ? - Sortez vos stylos vous avez 4 heures après je ramasse les copies !-
Et puis il y a la question des femmes : quelle que soit la couleur de leur peau leur degré de dépendance est, à l'époque, complètement conditionné par leur sexe. - Hein quoi qu'est-ce que j'entends dans le fond de la salle ? Qui a dit pas qu'« à l'époque » ?-
Bon, je disais, leur liberté se limite à un choix initial plutôt restreint, encore plus quand elles sont pauvres: bonne soeur, prostituée ou épouse dévouée. - Qui a dit bobonne ?! –
Dans ces conditions le concept de liberté fait beaucoup moins rêver. On finit même par se demander si la liberté n'est pas justement qu'un concept abstrait qui n'a jamais existé. – Aïe ! Qui balance des boulettes ? Non je ne suis pas en dépression !-

J'en étais où… ? Ah oui donc… le lecteur est invité tout à tour dans la tête de chaque personnage. Chacun dévoile sa part de mystère mais leurs histoires personnelles étant liées les unes aux autres, petit à petit le puzzle s'assemble jusqu'à prendre tout sa dimension. Chaque personnage prend de l'épaisseur à être ainsi décortiqué sous tous les angles. 4 femmes: 2 blanches, 1 indienne et 1 noire et aucune n'est vraiment libre, pas pour les raisons auxquelles vous pensez. D'ailleurs quand Rebekka pourrait être libre elle choisit une autre forme d'asservissement. Les hommes ne sont guère mieux. Une seule exception, je vous laisse découvrir.

En pointillé derrière ces histoires il y a des petits bouts de l'Histoire des Etats Unis qui nous sont dévoilés. Une Amérique sauvage et faite de grands espaces vierges ou tout est possible mais aussi instable, à commencer par les frontières. – Non à l'époque il n'y avait pas de mur avec la frontière Mexicaine ! Z'avaient pas eu l'idée. Chut j'ai dit ! –

Je disais, une Amérique où des peuples sont exterminés, où des peuples sont asservis pendant que d'autres exploitent cette situation pour s'extirper de la fange et se hisser vers le haut. Une ascension sociale, mais à quel prix ?

Toni MORRISON nous rappelle que la servitude ne se résume pas à l'esclavagisme mais que tous nous pouvons aliéner notre liberté : volontairement ou non, consciemment ou non, sous le poids de la société et de ses moeurs, sous le poids des traditions, des superstitions, ou que sais-je. – Quoi qu'est-ce que tu dis ? L'esclavage c'est du passé ? Toi t'es libre, tu fais c'que tu veux ? Tu peux me le redire en lâchant ton écran des yeux STP ? Ah pardon tu surveilles tes likes, ...libre à toi…
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Que dire de ce roman.
Pour commencer, par ce récit je découvre non seulement, l'auteur "Toni Morrison" et son style à décrire les personnages et une façon assez unique qui lui permet d'aller et venir avec autant de rapidité et d'aisance entres les événements; Mais aussi une histoire à la fois touchante et brutale à travers l'esclavage en Amérique du XVII éme siècle.

"Un don" est un récit déchirant décrivant 'une réalité dure et inhumaine.
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J'ai retrouvé Toni Morrison avec plaisir, avec cette écriture si particulière qui la caractérise.Une écriture hachée, enchevêtrée quelque peu déroutante, une histoire racontée comme un puzzle à reconstituer.
Une histoire de femmes, comme toujours chez l'auteur.
Ici, trois femmes très différentes : Lina, la servante indienne, Sorrow étrange rescapée d'un naufrage et la jeune Florens, traumatisée depuis qu'elle a été séparée de sa mère.
La narration se situe entre rêve et réalité,entre passé et présent.
La narration est toujours entremêlée , il faut se laisser bercer, de toute façon chez Toni Morrison, il faut attendre la fin pour comprendre.
"Un don" me rappelle "Beloved", avec le terrible sacrifice de Sethe.
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Bon alors ça y est, je me lance, même si j'ai été la plus cancre de nous tous pour ce premier défi lecture ! J'ai manqué considérablement de discipline ... Je suis totalement hors délai, et je ne vais pas me chercher d'excuses comme celle de mes chers élèves (quoi ? l'ordinateur a encore lâché ?), bref, j'ai été débordée, alors que j'ai fini le bouquin depuis un moment. Mais quand même j'ai eu pas mal de boulot ces temps-ci (et notamment mon nouveau programme !). Mais là n'est pas le sujet, revenons à nos moutons, ou plutôt à nos colons.


Tout d'abord, pourquoi "Un don" ? Parce que Toni Morrison est une auteur que j'aime énormément. J'ai eu l'occasion de la découvrir en prépa, et c'est à cette période que j'ai lu ses grands romans. Celui-ci est le dernier traduit en français.

Ca commence comme ça : "N'aie pas peur. Mon récit ne peut pas te faire de mal malgré ce que j'ai fait et je promets de rester calmement étendue dans le noir - je pleurerai peut-être, oui je verrai parfois à nouveau le sang - mais je ne déploierai plus jamais mes membres avant de me dresser et de montrer les dents".

Alors de quoi ça cause ? Nous sommes en Amérique, au 17e siècle. le roman s'ouvre sur le monologue de Florens, une jeune noire anciennement esclave, recueillie par Jacob et Rebekka, deux Blancs sous le toit desquels vivent également Sorrow, une jeune fille blanche, et Lina, une Indienne rescapée de l'épidémie qui a décimé sa tribu. L'histoire, enchevêtrée, reconstitue les destins de ces personnages.

J'ai un avis mitigé sur le bouquin, ou plutôt je suis partagée. J'ai aimé l'évocation de ce cadre très peu familier des débuts de la colonisation américaine, au coeur d'une terre rude et dans des conditions proches de la misère (mortalité infantile, épidémies) où les inégalités sont criantes (voire l'opulence écoeurante dans laquelle vit le planteur duquel Jacob reçoit Florens), mais où se construit progressivement le mythe de l'Amérique et de l'Américain qui se "fait" lui-même, avec un enthousiasme déroutant et parfois aveugle. C'est assez inhabituel, et je ne crois pas avoir lu d'autre roman qui situe son action dans un décor comparable. J'ai d'ailleurs appris plein de choses, comme le travail de ces Blancs enfermés dans un quasi-esclavage interminable pour rembourser le prix de leur traversée, la dette se transférant sur leurs enfants en cas de décès.

Ce qui permet à Morrison de travailler sur son thème de prédilection, les logiques de la ségrégation et les mécanismes de sa mise en place et de son fonctionnement ; tout ici est suggéré, mais reste percutant, comme cette lecture des annonces pages 65-66 : « Belle femme qui a déjà eu la variole et la rougeole … Beau négrillon d'environ neuf ans … Fille ou femme bonne en cuisine, raisonnable, parlant bien anglais, à la peau entre le jaune et le noir … Cinq années de service d'une engagée blanche qui connaît les travaux de la terre, avec enfant de deux ans passés … Mulâtre très marqué par la variole, honnête et sobre … ».

Par ailleurs, j'ai beaucoup accroché (plus que Vincent) au côté construit / déconstruit du récit ; on dirait que Toni Morrison travaille un peu comme un Léonard de Vinci avec son sfumato ; elle applique des couches successives à ses personnages qui prennent progressivement un relief incroyable (Florens, Lina, Rebekka ... ou même la mère de Florens). Et je rejoins Danielle sur ce point, les portraits de femme sont splendides, des femmes sans résignation et avec un instinct de vie époustouflant d'énergie et de grandeur.

Le titre – original – est splendide, mais assez mal traduit en français … il faudrait davantage tourner autour de l'idée de pitié. Il ne prend son sens qu'à la fin, et éclaire rétrospectivement le sens du livre.

Pourtant, je trouve que certaines pistes auraient pu être plus exploitées, comme le pense aussi Cathy. Par exemple la relation ambigue de Jacob à l'esclavage, et le fait qu'il ait reçu Florens en paiement. Ou encore les relations entre les femmes. C'est peut-être dû à la longueur effectivement assez courte du livre, alors que Toni Morrison écrit d'ordinaire dans des formats différents …

… et ceux qui n'ont pas trop accroché à Un Don peuvent tenter d'autres Morrison, comme L'oeil le plus bleu ou le chant de Salomon, ou, mieux encore, mon préféré, Beloved. Danielle, tu me diras ce que tu as pensé, mais personnellement, je trouve que – pour un propos au fond équivalent – Beloved est beaucoup plus puissant qu'Un Don.

En ce qui concerne le principe de notre « club » de lecture, je suis assez séduite … malgré les petits ajustements de départ, je trouve le principe assez chouette, d'autant que nous avons des profils assez différents et que nous n'avons pas tous été d'accord sur le bouquin, et c'est très enrichissant … je me rends compte que j'ai énormément parlé de mes lectures ces temps-ci, et ça fait du bien de partager, de communiquer, et d'échanger ! Bref : à quand le prochain ? Je propose que ce soit l'un d'entre vous qui propose cette fois un titre, si vous êtes partants, bien sûr ! Pourquoi pas Danielle ?
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Nous sommes au XVII siècle en Amérique. Quatre femmes exploitent une ferme. L'épouse Rebekka venue d'Angleterre dans des conditions à peine meilleure que les esclaves, Lina l'Indienne, Sorrow jeune fille blanche et Florens enfant noire. L'époux Jakob ne peut tenir en place et parcourt le pays pour commercer. Elles sont parfois aidées par deux hommes noirs qui ont un engagement dont la fin est toujours repoussée.

J'ai eu du mal à m'intéresser à cette histoire. Je l'ai trouvée décousue. Dommage car le thème est riche, les premières années d'installation des Blancs. Il est en outre question à propos de plusieurs d'entre elle des difficultés de la maternité. Et toutes ont été privée d'une façon ou d'une autre de leur enfance.
Peut-être n'était-ce pas le bon moment pour cette lecture.
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Un livre puissant et surprenant sur l'esclavage aux États Unis. On y apprend que des blancs vivaient dans des conditions similaires aux Noirs, car ils travaillaient quasi indéfiniment, sans être rémunérés, et cela pour payer leur voyage, la dette pouvant être reportée sur leur descendance.
Mais là, n'est pas le fond de l'histoire.
Lors d'une visite chez un propriétaire terrien, Sir accepte en paiement partiel d'une dette d'emmener avec lui une petite fille offerte par sa mère.
Chez lui, les domestiques sont correctement traités et vivent heureux en formant une espèce de famille, bien que le travail soit dur.
De magnifiques descriptions de la nature ponctuent les les récits de chaque intervenant, car chaque personnage raconte à tour de rôle son histoire et son ressenti.
Tout va bien jusqu'à la mort de Mister et à la maladie de Mistress.
À la mort de son mari, son caractère change, elle se tourne vers la religion et devient amère et traite ses esclaves avec dureté.
C'est donc à la fin du livre que nous pouvons comprendre le titre, lorsque nous comprenons pourquoi la mère a offert sa petite fille à Mister.
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Un Don est mon premier contact avec l'écriture de Toni Morrison et malgré l'intérêt du sujet et l'originalité du mode de narration, j'en ai été déçu. Peut-être en attendais-je trop?

En fait, il s'agit -avant tout- d'une triste histoire d'amour dans l'Amérique du 17ème siècle, en plein contexte de l'esclavage. J'irais même jusqu'à dire qu'il s'agit d'un récit dans lequel les femmes sont esclaves de l'amour qu'elles portent aux hommes.

Mais, je ne compte pas m'arrêter sur cette déception! Je vais découvrir d'autres histoires de cette grande dame que j'apprécie énormément tant pour ses engagements que pour ses prises de position dans l'Amérique contemporaine.
à suivre...car je suis presque sûre qu'il s'agissait de l'exception.
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« Situé deux cents ans avant Beloved, Un don évoque, dans la même prose lyrique et verdoyante qui caractérisait son précédent roman, le monde beau, sauvage et encore anarchique qu'était l'Amérique du XVIIe siècle. Toni Morrison a redécouvert une voix pressante et poétique qui lui permet d'aller et venir avec autant de rapidité que d'aise entre les mondes de l'histoire et du mythe, entre l'ordinaire de la vie quotidienne et le royaume de la fable... Un don, le récit déchirant de la perte d'une innocence et de rêves brisés, est, dès à présent, à ranger aux côtés de Beloved, parmi les écrits les plus obsédants de Toni Morrison à ce jour. » (Michiko Kakutani, The New York Times)

« La force épique avec laquelle Toni Morrison rend compte de l'espace et du temps surpasse encore le talent avec lequel elle décrit ses personnages. Elle excelle à trouver une forme de poésie dans ce monde colonial brutal et décousu, amenant son oeuvre au-delà de la simple dénonciation des infamies de l'esclavage et des difficultés d'être afro-américain. » (John Updike, The New Yorker)

C'est un livre qui nécessite une grande concentration afin de ne pas perdre le fil du roman.
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Sur les traces de l'esclavage.
C'est avec Florens que débute le roman, jeune esclave et narratrice qui a été abandonné par sa mère ou plutôt « offerte » pour le paiement d'une dette de son « propriétaire », elle travaille pour Jacob Vaark et son épouse Rebekka, deux colons néerlandais.
On nous dépeint le quotidien de Florens à travers des thèmes chers à l'auteure tel que l'esclavage, la violence du destin, la maternité, le sort des femmes ou la férocité de l'homme. A la découverte de l'amour et de ses démons, du rêve et des désillusions, Florens nous raconte à sa manière l'histoire de sa vie.

Roman magnifique dans lequel aucun repère temporel ne nous est donné, et plus encore roman polyphonique, alors accrochez vous.

Une poésie déchirante, une oeuvre magnifique sur la dureté de la vie de cette Amérique qui en est qu'à ses débuts et sur l'esclavage évidemment. Mais ma lecture a été ponctué de retour en arrière pour comprendre le sens de ce que j'étais en train de lire, alors oui ce roman demande une certaine concentration évitez donc toute distraction extérieure.
Beaucoup trop de thèmes y sont abordés, à mon avis, ce qui disperse légèrement le fond de l'histoire, comme si on lisait ce roman assis sur un tourniquet, à chaque instant on se demande où l'on se trouve.

Je n'aime pas ce mot mais il faut savoir l'utiliser de temps en temps, alors j'ai été déçue surtout que le roman qui m'a fait aimé la lecture au point d'en dévorer autant fait parti des oeuvres de Toni Morrison.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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Mon 2ème Toni Morrison (après Home, un petit bijou), et j'ai beaucoup moins accroché avec ce roman. L'histoire, qui tourne autour trois domestiques « esclaves » et un couple de négociants dans l'Amérique du XVIIème siècle, demeure intéressante mais la narration à plusieurs voix peut parfois être très confuse, à tel point que j'ai finis par m'y perdre et songer à abandonner ; avant de choisir de m'accrocher finalement pour connaître la fin.

Dommage, le RDV a été un peu manqué.
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