Si j'en crois l'étymologie, l'intuition est une opération qui consiste à regarder au dedans de soi. "Mais, avec quoi regarde-t-on ? L'homme n'a, pas d 'oeil qui lui permette de s'observer intérieurement ; il est vrai que le mot regarder s'emploie Volontiers au figuré dans le sens de prendre connaissance, parce que c'est au moyen de nos yeux que nous recueillons, sur le monde extérieur, les documents les plus nombreux et les plus exacts ; on dit d'ailleurs également : lire dans sa conscience, et il y a, des gens qui entendent des voix intérieures. De telles images proviennent de comparaisons avec le sens de la vue et le sens de l'ouïe; aucune de ces expressions n'est vraiment propre à la narration de l'activité de notre sens interne.
Sans confiance en la Police et la Censure qui, indulgentes jusqu'au scandale pour l'infamie, n'ont de sévérité que pour les fortes œuvres de morale sévère, n'ayant pas d'ailleurs des âmes d'accusateur public, nous mettons tout notre espoir dans la réforme individuelle, dans la sagesse, dans le goût, dans la vigueur généreuse du public que l'on calomnie en disant que, si on le gave de toutes ces objections, c'est qu'il les réclame.
Nous aimons la joie, nous aimons l'amour, les pièces et les pages qui en sont comme frissonnantes; nous savons aussi que, la sensualité étant humaine, il en faut tenir compte dans les études d'humanité. Sans cesse nous exaltons des oeuvres de passion libre, âpre, et aussi lorsqu'elles sont dans la logique des caractères et des situations, des scènes d'ardeur sensuelle.
EXPOSITION STEINLEN.
Cette exposition d'ensemble était nécessaire pour faire apparaître dans son importance et sa Variété l'oeuvre d un artiste qui est l une des plus représentatives des nobles préoccupations de ce temps, et pour révéler à la foule qui ne le connaissait guère que comme dessinateur généreux et passionné, son grave talent de peintre.
Hâtons-nous de dire, pour être les historiens fidèles des émois et des frissons de notre époque, que le peuple & fait aux toiles de Steinlen le même chaleureux accueil qu'aux beaux dessins expressifs par lesquels chaque semaine, depuis quasi vingt ans, il traduit ses rêves, ses espoirs, ses colères.