Sandor Marai, auteur hongrois né en 1900 puis exilé aux États-Unis après la Seconde guerre mondiale est une très belle découverte. Écrit aux lendemains de la Seconde guerre mondiale,
La soeur, récit à deux voix, est un roman étrange, baigné presque uniformément dans une pénombre qui nous emmène aux limites de l'angoisse. En filigrane, la fureur de la guerre, les villes rasées, la souffrance des peuples. Pour décors : un refuge de montagne à Noël, où la pluie et le vent exacerbent l'ennui et les nerfs ; puis Florence, ville de l'Art par excellence, dont on ne découvre qu'un mur bouchant la vue de la chambre d'hôpital dans laquelle le deuxième narrateur, pianiste et compositeur, souffre pendant de longues semaines. En personnages secondaires, des chasseurs, un couple vieillissant malade de la passion, des médecins chamaniques, des soeurs- soignantes, des amours impossibles... 300 pages pour nous parler de souffrance et de compassion, de musique et de perfection, d'orgueil et d'art… Ce récit à la fois froid et sombre, métaphorique de la décomposition d'un monde mais dont la langue n'est jamais porteuse de pathos ou d'ironie, n'est pas, je l'accorde, franchement facile ni très réjouissant. Juste une lecture, en quelque sorte, essentielle.