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Roman de Marie-Aude Murail. Illustrations de Philippe Dumas.

Miss Charity Tiddler est une petite fille solitaire. Ses soeurs sont mortes en bas âge et elle n'a pour seule compagnie que sa bonne Tabitha et des petits animaux qu'elle recueille et sauve de la mort, quand elle le peut. « Peter révéla tout de suite sa nature confiante et malicieuse. Il adorait enfouir sa tête sous mon aisselle en rabattant les oreilles et passer de petits coups de langue sur mes joues. » (p. 75) Dans la nursery du troisième étage de la riche maison de ses parents, Charity se constitue une ménagerie d'animaux blessés ou destinés à la casserole. Ainsi défilent Madame Petitpas, Mme Tutu, Master Peter, Julius le rat, Darling le crapaud, Jack le hérisson, Cook le canard, Petrucio le corbeau. Charity est désespérément solitaire, incapable de se lier avec les enfants de son âge et rarement bienvenue dans les réunions d'adultes. En public, elle trompe son ennui en se récitant les pièces de Shakespeare qu'elle apprend pour son plus grand plaisir. Ce qui ne fait pas l'unanimité. « Elle récite du Shakespeare au milieu de tout un ramassis de bestioles. » (p. 93)

Pour Mrs Tiddler, il n'est plus possible de laisser l'enfant sans gouvernante. Arrive alors Mademoiselle Blanche Legros qui lui offrira le plus beau des cadeaux, celui de lui apprendre l'aquarelle. Dès lors, Charity ne cesse de croquer la nature dans les environs de la demeure de Dingley Bell et de dresser le portrait de ses petits amis à plumes et à poils. L'enfant se passionne pour l'étude des animaux, des champignons et de la nature. « À partir de ma huitième année, mon amour des animaux se doubla d'un véritable intérêt scientifique. » (p. 31) Même accompagnée d'une gouvernante, cette singulière enfant est une piètre pianiste et une médiocre danseuse. Elle est loin d'être une compagne à la hauteur de ses cousins Philip, Lydia et Ann. Et elle éprouve une singulière attraction pour le jeune Kenneth Ashley. « Ce garçon, qui se donnait des allures de dandy, devenait de plus en plus insupportable en vieillissant. » (p. 109)

De chapitre en chapitre, Charity grandit. La voilà adulte et toujours aussi solitaire, un peu perdue, uniquement passionnée par les animaux, la peinture et ses carnets d'étude. « Je crois que j'avais une terrible envie d'écrire quelque chose, mais je ne voyais absolument pas quoi. » (p. 201) Qu'à cela ne tienne, son amour pour les petits animaux sera sa source d'inspiration. Elle écrit les aventures de Master Peter, de Désirée la souris ou de Madame Tutu. Ses petits livres font fureur auprès des enfants et son avenir financier est assuré, au grand dam de sa mère qui désespère de la voir travailler et rester célibataire. Les années passant, Charity souffre de sa solitude, mais refuse de renoncer à son indépendance. Qu'il s'agisse du beau Kenneth Ashley ou d'un autre homme, Charity n'est pas de celles qui se laissent enfermer.

Miss Charity était une petite personne trop grave pour son âge et elle est devenue une jeune fille, puis une jeune femme parfaitement consciente de ses défauts, de son caractère de cochon et de sa volonté de vivre à sa guise, même si, certains jours, sa neurasthénie prend le dessus. « Je suis dans ma vingt-troisième année. Mais je me sens plus âgée. Et pourtant, je n'ai presque rien vécu. Les années immobiles comptent peut-être doubles. » (p. 425) Née et élevée dans une bourgeoisie oisive, l'enfant va à l'encontre des projets de sa mère, mais elle incarne une nouvelle génération de femmes. Elle fait de sa tendance à la folie et de son originalité sa force et c'est cela qui fait d'elle un personnage si attachant et si aimable.

Les dialogues sont de forme théâtrale, mais la narration est celle du roman. C'est tout l'esprit de cette petite fille qui met en scène ce qui lui tombe sous la main, mais qui pose aussi un regard grave et réfléchi sur sa vie et son entourage. En introduction, Marie-Aude Murail remercie le lapin de Beatrix Potter. Et tout son texte est un hommage à l'auteure des aventures de Peter Rabbit, mais aussi aux textes de Frances Burnett et de Kenneth Graham où l'enfance et les animaux sont des sujets à la fois tendres et profonds. Les illustrations de Philippe Dumas sont douces et pointues, comme celles de Quentin Blake, célèbre illustrateur des romans de Roald Dahl. Elles parsèment le texte et lui confèrent une extraordinaire capacité d'émerveillement. Chaque page devient l'occasion d'une aquarelle, à la fois drôle et pétillante. le texte distille un humour très anglais et pince-sans-rire, mais également un humour enfantin à la fois innocent et cruel. Ce roman de plus de 500 pages est un petit bijou de littérature jeunesse qui ravira également les parents. Il est à mettre entre les mains des jeunes lecteurs qui plongeront sans difficulté dans l'histoire de cette enfant fantasque, soupe au lait et adorable.
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Cette fabuleuse lecture à voix haute nous a tant transportés en ces journées de confinement, nous faisant voyager dans le temps et côtoyer une galerie de personnages tous plus vivants les uns que les autres, qu'au moment de tourner la 563ème et dernière page, les larmes n'étaient pas loin…

Charity est une petite fille pleine d'imagination et de curiosité, qui scrute le monde à la recherche d'un sens et de réponses aux milles questions qu'elle se pose… Comme beaucoup d'enfants, me direz-vous ? Oui, mais Miss Charity grandit dans une Angleterre victorienne corsetée où il est attendu que les jeunes filles se distinguent avant tout par... leur discrétion. Fille unique délaissée par ses parents, Charity est bien seule dans sa nursery et trompe son ennui comme elle le peut, élevant toute une ménagerie de souris, hérissons et autres corbeaux, lisant tout ce qui lui tombe sous la main, peignant à l'aquarelle et imaginant toutes sortes d'expériences… Mais quelle place peut-on trouver à cette époque en tant que femme – et qui plus est, née dans une famille de rentiers où « gagner sa vie » est honni ? Son horizon se résume-t-il, comme chacun semble le lui suggérer, à faire un « bon mariage » ou quelque chose de vraiment intéressant va-t-il enfin lui arriver ?

Avec une lucidité délicieusement mêlée d'ironie (qui nous a agréablement rappelé celle de Calpurnia Tate, protagoniste d'un roman paru en même temps que celui-ci), c'est une véritable fresque de l'Angleterre victorienne que brosse Charity – ses fiacres, ses puddings, ses drames shakespeariens, ses manoirs poussiéreux et sa verte campagne, le clivage immense entre les bas-fonds de Londres et la haute société engluée dans ses conventions et son puritanisme. Une société pourtant travaillée par des révolutions scientifiques, littéraires et politiques qui rendent ce décor fascinant. À cet égard, j'ai été ravie de le découvrir à voix haute, ce qui a permis ici ou là de faire utilement les sous-titres sur les travaux de Darwin, les mésaventures d'Oscar Wilde ou les idées socialistes. Mes garçons ont été stupéfaits de découvrir certaines normes sociales de la fin du 19ème siècle.

Mais avant tout, ils se sont passionnés pour le destin incroyable de Charity ! Son audace et sa soif d'indépendance donnent lieu à des scènes réjouissantes qui nous ont fait souvent rire. Évidemment, nous sommes tombés sous le charme de ses animaux qui sont tous plus attachants et drôles les uns que les autres. On pleure, aussi, de la dureté de cette époque et de la solitude de celle qui est en avance sur son temps, si mal comprise et peu aimée par ses parents. Ces épreuves ne rendent que plus précieuses les amitiés si importantes pour trouver le courage de sortir des sentiers battus…

Toute cette histoire est racontée avec brio par Marie-Aude Murail, d'une belle plume à la fois fluide et cultivant un petit charme suranné qui contribue à la mise en scène (cela faisait longtemps que je n'avais pas autant croisé l'imparfait du subjonctif !). La lecture des dialogues donne l'impression de plonger dans une pièce de théâtre et ils n'en sont que plus percutants. Les sublimes aquarelles de Philippe Dumas apportent la touche finale : on s'y croirait !

Une lecture inoubliable que nous avons envie de prolonger de multiples manières. Les garçons ont maintenant très envie de découvrir Shakespeare, ce que nous ne ferons peut-être pas tout de suite. En revanche, nous allons rester un peu dans l'Angleterre de Miss Charity en découvrant le fantôme de Canterville, d'Oscar Wilde, Dr Jekyll et Mr Hyde, de Robert Louis Stevenson et Oliver Twist, de Charles Dickens. Et évidemment, nous allons nous pencher sur la biographie et les albums de Beatrix Potter, qui a manifestement inspiré à Marie-Aude Murail le personnage de Charity.
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Quel amour de roman !

A l'image de son auteure, Miss Charity est un roman volubile et plein de générosité.
On y suit les pas de Charity, une jeune fille de la bonne société britannique du 19ème siècle, pas très jolie et solitaire, qui élève dans la nursery du 3ème étage de sa maison toute une ménagerie : souris, lapin, corbeau, escargots, crapaud..., qui connaît par coeur Shakespeare, qui sauve la vie des âmes en perdition et surtout qui passe son temps à dessiner toutes les charmantes bestioles qui l'accompagnent.
Librement "adapté" de la vie de Beatrix Potter, le personnage de Charity est vraiment attachant. La plume toujours aussi vive et subtile de MAM enchante tout autant.

Inspirée du lapin de Beatrix Potter, du corbeau de Charles Dickens, des mots de Shakespeare, d'Oscar Wilde et de Bernard Shaw, ce roman est un brillant hommage à ces auteurs mais également au monde du théâtre et à la littérature anglaise.
Par ailleurs, Marie-Aude Murail ne manque pas d'égratigner espièglement cette bonne société "so british" qui s'offusque qu'on puisse gagner sa vie en travaillant -et je ne parle pas du travail des femmes !" , qui crie au scandale au regard de l'homosexualité d'Oscar Wilde, et qui méprise les artistes...

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman. Je dirai même qu'à ce jour, il devient officiellement mon "petit chouchou" parmi les romans de MAM que j'ai lus.
A voir s'il se fera détrôner par Sauveur & Fils que je compte lire très bientôt.
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Il y a des livres qui semblent ne jamais vouloir finir; on appelle ça aussi un pensum. Il en est d'autres, quoique d'une confortable épaisseur, ne devrait jamais finir. Miss Charity en fait partie. Je suis heureuse d'être tombée sur le billet de Pamplemousse dont l'enthousiasme m'a conduite directement en librairie. Merci à toi.

Que dire sur ce roman? Il est formidable. Il est parfait. Il est terriblement attristant de refermer la dernière page. Miss Charity, la fillette, puis jeune fille et enfin jeune femme, s'inspire de Beatrix Porter dont lapins facétieux, jolie oie à capeline, hérisson très occupé et autres font les délices des petits... et pas seulement.
Le récit à la première personne nous ouvre avec bonheur les pensées et les menus faits de l'existence de cette singulière enfant. Solitaire par son éducation et par goût, elle développe une passion pour les animaux et la Nature en général. Pas très jolie, plus à l'aise avec souris et lapins qu'avec ses congénères bipèdes, elle ne correspond pas à ce qu'on attend d'une fillette de la bonne société victorienne. Sa soif d'apprendre et d'observation, ses talents prometteurs d'aquarelliste en font une femme moderne de l'époque.

Marie-Aude Murail déploie un récit vif et animé, plein d'intelligence et d'humour. Il plaira autant aux enfants qu'aux adultes, chacun y trouvant son compte. Pour peu qu'on apprécie la littérature anglaise, c'est un pur régal que de découvrir les grandes plumes du XIXème siècle - sans oublier Shakespeare - au détour d'une phrase ou dans les noms et situations de divers protagonistes et événements du roman.

Miss Charity est pour moi un coup de coeur énorme qui m'a apporté beaucoup de joie. Si l'auteure y est pour beaucoup, je ne veux pas oublier Philippe Dumas dont les illustrations m'ont enchantée au fil des pages. J'ai déjà grande hâte de faire découvrir cette merveille à mes nièces car c'est tout à fait le genre de livre que j'ai envie d'offrir et de partager à tour de bras.
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Ce roman, librement inspiré de la vie de l'auteur Beatrix Potter, est un véritable petit bijou de finesse, d'humour et d'intelligence.
Marie-Aude Murail a su donner vie à une petite fille solitaire, aux goûts non conventionnels pour l'époque. En effet, à la fin du XIXème siècle, les filles n'étaient pas censées s'intéresser à quoi que ce soit d'autre qu'à la broderie, au piano et à l'aquarelle. Alors qu'une jeune fille se prenne de passion pour les sciences et le théâtre causait bien des soucis à sa famille.
Manque de chance, Charity , notre petite héroïne n'est pas bien jolie, n'est pas non plus désireuse de se conformer aux règles de la bourgeoisie et parle un peu trop librement pour une jeune fille de bonne famille. Nous la suivons de l'âge de 5 ans jusqu'à l'apogée de sa carrière de romancière et dessinatrice.
On retrouve dans ce roman un petit quelque chose de Jane Austen, une façon irrévérencieuse de parler de la haute société et des moeurs en vigueur.
Bref, j'ai adoré ce pavé et je le conseille à tous les amateurs de romans victoriens, car on retrouve ici ce qui fait le charme des oeuvres de Jane Austen ou d'Elizabeth Gaskell.
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Un beau livre, qui se laisse lire et relire avec grand plaisir.
On peut le lire à tout âge, je ne le pense pas forcément destiné à la "jeunesse". Les illustrations sont magnifiques et le texte prenant, drôle et émouvant. On y découvre la vie de Charity Tiddler, à la fin du 19 ° siècle, la condition des femmes à cette époque, et la vitalité de l'héroïne qui essaye de s'en affranchir pour mener une vie indépendante.
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Si ce livre ne faisait pas partie d'un challenge, je pense que je ne l'aurais jamais acheté de part son prix et son épaisseur (ce sont des arguments bien déplacés je le reconnais). Aussi, je suis ravie d'avoir sauté le pas car je serais vraiment passée à côté de ce magnifique bijou! J'ai eu un énorme coup de coeur pour ce roman qui me rend encore plus fan de l'auteur et me donne envie de lire tous ces romans.

Charity Tiddler est une jeune fille un peu particulière, originale et pas vraiment jolie. le genre de jeune fille qui passe inaperçue dans les années 1880 et qui est souvent vue comme la fille mal élevée puisqu'elle n'hésite pas à parler, à ramener tous les animaux blessés à la maison et à faire des expériences inattendues avec eux. du coup, elle passe plus de temps au troisième étage de sa maison avec ses bêtes qu'avec les gens de la société. A part sa bonne complètement folle, elle n'a pas d'amis humains et ne s'entend pas vraiment avec les jeunes de son âge, même si un garçon tout aussi original, Kenneth Ashley, semble toujours apparaître à ses côtés quand elle s'y attend le moins.

Plus les années passent, plus elle ressent son côté différent des autres et plus elle ne sait pas vraiment comment faire face à cette société qui ne lui convient pas. Elle n'entrera jamais dans le moule, au grand dam de ses parents et s'oriente vers une vie de vieille fille ce qui ne fait que les déprimer davantage... Car qui voudrait de Miss Tiddler, une femme très indépendante qui ose dire et faire ce que peu d'autres personnes se permettraient.

L'ambiance de ce roman est tout simplement sublime et nous retranscrit de très belle manière l'Angleterre de cet époque. J'ai plongé avec délice dans les us et coutumes de ce siècle, à travers l'envie d'indépendance de Charity et ses critiques du comportement des autres. J'ai tout simplement adoré et je ne peux que féliciter l'auteur d'avoir aussi bien dépeint ses personnages et son ambiance.

Charity m'a plu dès les premières pages et nous la suivons depuis son enfance jusqu'à l'âge adulte où elle devient une femme accomplie et comblée. Quel bonheur d'être avec elle tout le long de ce chemin marquant, touchant et difficile de ne pas être attendri et transporté par ce bout de femme exceptionnel! J'ai aimé son originalité, son ouverture d'esprit, son contact avec sa bonne et surtout la relation qu'elle noue avec ses animaux.

Autour d'elle nous rencontrons ses cousines qui sont superficielles comme le veut la bonne société et irritantes à bien des moments; son cousin malade qui s'attache beaucoup à elle et enfin Kenneth, le garçon qui rêve d'être comédien et qui est rejeté par la bonne société du fait de sa pauvreté et de sa marginalité. Il voue une amitié hors norme et pour le moins originale avec Charity et ses apparitions sont souvent très drôles. J'ai aimé le découvrir fragile, sensible, avec un besoin énorme du soutien de notre héroïne alors qu'elle n'y fait même pas attention. Ils sont très touchants tous les deux.

La bonne complètement folle a aussi un rôle important à jouer et nous fait craindre le pire par moments. Mais elle est attachante par bien des aspects et amène le côté un peu loufoque de l'histoire. Miss Legros m'a aussi beaucoup plu et aidera beaucoup Charity dans ses choix et à devenir la femme qu'elle aspire à être.

Dernier point à souligner et non des moindres, l'histoire est agrémentée de magnifiques dessins de Philippe Dumas qui illustrent des scènes réelles ou irréelles contées dans l'histoire. J'ai adoré ce petit plus qui nous plonge davantage dans le récit et rend l'objet livre encore plus beau. A souligner aussi que les dialogues sont écrits à l'ancienne avec les noms des personnages au-dessus de chaque réplique ce qui ajoute encore un effet supplémentaire au texte.

En bref, ce livre est un énorme coup de coeur tant par son histoire sublime que part son héroïne si attachante. L'objet livre n'est pas en reste puisqu'il est tout simplement magnifique! A lire pour tous les fans de l'auteur ou des récits sur cette époque.
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Une lecture que j'ai adoré, qui m'a rappelé de très bons souvenirs. Je ne l'ai jamais caché, j'adore les romans se passant en Angleterre, pendant le règne de Victoria. Aussi, c'était quasiment joué d'avance ! Rajoutons à cela des airs des Quatre Filles du docteur March, - un de mes livres préférés, qui a bercé mon enfance et une grande partie de mon adolescence - tout d'abord dans la présentation des dialogues entre les personnages, qui m'a tout de suite frappé, puis, dans le personnage de Charity qui n'est pas sans évoquer Jo March, ma préférée des soeurs, par rapport à son naturel, sa franchise, son indépendance, sa gaucherie vis-à-vis de l'étiquette, des mondanités, des convenances qui lui passent au-dessus de la tête car elle n'est pas dans l'artifice, les faux-semblants, les manipulations et l'hypocrisie, contrairement à ses cousines, Lydia et surtout, Ann Bertram, parce qu'elle s'est faite toute seule, souvent laissée à elle-même, au moins jusqu'à ses dix ans et sa première visite à Bertram Manor, par rapport aussi à ses talents pour l'écriture, dans le personnage également de Herr Schmal qui ressemble étrangement au professeur dont tombe amoureuse Jo. N'allez pas croire cependant qu'il s'agit d'une pâle copie ! Loin de là. Marie-Aude MURAIL a su s'inspirer de ses prédécesseurs pour créer une oeuvre originale, dans laquelle j'ai pris plaisir à voir évoluer Charity, petite fille solitaire, qui aime faire des expériences, observer la nature environnante et qui va se battre pour faire de sa vie ce qu'elle veut, à une époque où la seule option donnée aux femmes était de faire un beau mariage et une ribambelle de petits descendants à leur cher mari. Elle est très volontaire et courageuse mais aussi bien entourée par Mademoiselle et Herr Schmal, ses amis et confidents, qui la poussent vers l'avant, Kenneth Ashley, le bellâtre frondeur, inconvenant et charismatique, qui lui vient en aide, Tabitha, la bonne folle, qui va lui tenir compagnie et l'élever, Mrs Carter et ses enfants dont l'attendrissant Edmund, les King père et fils, etc… La route sera longue et semée d'embûches. L'épaisseur du livre peut faire peur et faire craindre quelques longueurs. Restons objective : il y en a mais elles ne m'ont pas dérangée. J'étais bien dans ma lecture et le temps ne m'a jamais paru long, même si quelques pages de moins, quelques coupures par ci par là n'auraient pas non plus nui au texte, à mon sens. L'époque et la bonne société victorienne sont très bien rendues : j'y étais ! L'écriture est fluide, simple. Les pages défilent toutes seules, malgré le pavé. Pour moi, c'est un petit coup de coeur et je regrette le bon temps où je n'avais pas encore de Pal, où je pouvais lire et relire les livres que j'aime car j'aurais adoré pouvoir me replonger dedans ! Il m'a également donné envie de relire les Quatre Filles du docteur March pour la énième fois !
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Une délectable biographie, librement et affectueusement inspirée de la vie de Beatrix Potter.

J'ai deux passions littéraires : la littérature victorienne et la littérature jeunesse. Les voilà réunies dans un seul livre. Et quel bel objet : un bon gros pavé, du beau papier, beaucoup d'illustrations.

Merci beaucoup à gouelan de m'avoir fait découvrir Marie-Aude Murail, dont je dévore les romans un à un depuis le début de l'année. J'adore son humour calme et sérieux, son humanité, son amour des enfants et des gens dans leur singularité.
J'aime sa façon de chercher la lumière qui brille dans chaque personnage. C'est une militante pour le bonheur des enfants.

Dans Miss Charity, je retrouve tous mes chouchous anglais : Beatrix Potter, donc, Dickens, Austen, Bronté, Shakespeare (que je ne connais pas bien encore), Wilde et sûrement bien d'autres que je ne connais pas.

C'est délicieux, émouvant, bouleversant. J'ai passé du rire aux larmes, en totale confiance car tous les livres de Mme Murail finissent bien.
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Angleterre du 19ème siècle. La maison est triste, imprégnée  du décès des deux soeurs aînées de Charity Tiddler, se décrivant elle-même comme pas très jolie, solitaire, timide, fragile, souffreteuse, mais volontaire et déterminée, apprenant de ses échecs ou déconvenues. celle-ci se tourne vers les animaux et leur observation pour se créer un monde à elle, y trouver du réconfort et comprendre à travers eux un peu la vie.

En s'inspirant de la vie de Beatrix Potter, de son univers illustré, Marie-Aude Murail a parfaitement réussi à restituer le style et l'univers de la littérature anglaise de l'époque, avec ce petit côté désuet mais si touchant, abordant les grands thèmes de nombre d'auteur(e)s anglais concernant les us et coutumes de l'époque, de la place de la femme et surtout de la jeune fille au 19ème siècle, le mariage de celle-ci étant le but essentiel de toute famille bien née ou fortunée.

L'auteure s'attache d'ailleurs a montré la confrontation de Charity à ses parents concernant son avenir,  leur refus de la voir travailler, gagner de l'argent, avoir une position sociale uniquement due à son talent et à son travail. Un fossé se creuse entre eux, même si le père, comme bien souvent dans la littérature anglaise, conserve avec sa fille une tendre relation.

N'ayant pas toutes les clés ou le goût pour se mêler au monde, elle s'isole au troisième étage de la maison de ses parents, où elle recueille et abrite ceux qui vont devenir ses plus fidèles amis comme le lapin, la souris, l'hérisson, le corbeau et bien d'autres au fil des années. Ayant très tôt une aptitude au dessin animalier, à force de patience et de travail, elle va inventer des histoires où les bêtes vivront mille aventures qui rencontreront très vite le succès auprès du jeune public.

Elle affronte et subit très souvent les remarques, assez violentes parfois, de sa mère, celle-ci ne rêvant que de la marier, Charity évoquant souvent une sorte de jalousie de la part de sa mère ou une rivalité. Peut-être enviait-elle inconsciemment la liberté de sa fille....Elle est parfois naïve comme peut l'être une jeune fille élevée dans une famille bourgeoise, protégée du monde extérieur et se retrouvera parfois confronter à certaines attitudes et manipulations. Mais elle apprend vite Charity et sera retournée les situations à son avantage.

Marie-Aude Murail aborde également d'autres thèmes : comme la mort qui rôde et frappe souvent à cette époque où la mortalité infantile était importante. Charity y sera confrontée à plusieurs reprises et y fera face. Elle tente de garder le sourire, d'être optimiste, elle est confiante dans la vie et surtout elle trouve grâce à son imaginaire un refuge dans les moments difficiles.

La folie est également évoquée avec l'internement d'une domestique dans des conditions misérables, mettant Charity face à une réalité qu'elle était loin de soupçonner et l'obligeant à sortir de sa réserve pour améliorer son quotidien, comme elle devra également le faire quand il s'agira d'éditer ses romans, de discuter contrat et droits d'auteure, de parler d'égal à égal avec son éditeur.

C'est délicieux, savoureux, tendre, romantique à souhait, il y a tous les ingrédients pour en faire une petite parenthèse enchantée, il y a tous les ressorts de la littérature anglaise (argent, condition féminine etc...) et permet aux jeunes lecteurs d'approcher ce style d'univers.

Il ne faut pas s'effrayer du  nombre de pages de ce roman car les dialogues sont présentés à la manière "pièce de théâtre" rendant la lecture très vivante et aérée et les illustrations de Philippe Dumas à la manière "Beatrix Potter" permettent de visualiser tout cet univers.

C'est un bonbon délicieusement doux, jamais amer, une petite friandise qui allie une écriture délicate à des illustrations légères grâce à la technique du pastel qui s'adresse certes à la jeunesse, mais que j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir.
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