Les flammes s’étendaient toujours avec souplesse, avec douceur. Elles n’étaient ni violentes, ni pressées, elles ressemblaient à des caresses expertes. Elles n’étaient là que pour réchauffer le cœur des hommes.
Son sommeil n’était plus, comme avant, troublé par des rêves étranges. Ses érections duraient longtemps, lui et sa femme avaient une vie sexuelle intense. La mort, les maladies sexuellement transmissibles et la taille de l’univers avaient cessé de l’inquiéter.
_Il ne s'agit pas d'un marché, dit Takatsuki. Et je ne vois pas ce que la décence vient faire là-dedans. Tu aimes Sayoko, non? Et tu aimes Sara aussi. Je me trompe? Tu as sûrement tes propres idées un peu compliquées sur la question. Je comprends ça. Mais pour moi, tu as seulement l'air d'essayer d'enlever ton slip sans avoir enlevé ton pantalon avant, c'est tout
Ce que je crois, moi, c'est que vous avez besoin de vous changer les idées, et de profiter de la vie un peu plus franchement, dit Melle Shimao. C'est vrai, non? Il peut y avoir un tremblement de terre demain, vous pouvez être enlevé par un extraterrestre, dévoré par un ours. Personne ne sait ce qui peut arriver.
Ce que je leur ai fait, ce n'est pas plus compliqué que de planter des choux. Je les ai un peu menacés, c'est tout. Je leur ai causé une frayeur psychologique. Comme l'a écrit Joseph Conrad, la véritable peur, c'est celle que la puissance de leur imagination fait éprouver aux hommes.
Je rêve que je meurs lentement, très lentement, en me débattant et en souffrant dans les ténèbres. Même quand je me réveille, mon rêve ne se termine pas. C'est ça la partie la plus effrayante.
Quand on met ses émotions en mots, elles deviennent des mensonges.
Elle avait passé cinq journées entières devant le poste de télévision, contemplant en silence les paysages dévastés : autoroutes et voies de chemin de fer coupées, banques et hôpitaux en ruine, rues commerçantes ravagées par les incendies.
Au moment de la diffusion de l'annonce, Satsuki était plongée dans ses pensées. Elle ne comprit pas tout de suite le sens des syllabes que le steward thaïlandais prononçait dans un japonais douteux. A la deuxième répétition, elle comprit enfin :
"Nous traversons actuellement une zone de turbulence. Tous les passagers sont priés de retourner à leurs sièges et d'attacher leurs ceintures."
Junpei reprit l’avion, rentra à Tokyo, retourna à sa vie habituelle. Il n’alluma plus la télévision, ne lut pas les journaux. Quand on parlait du tremblement de terre, il se taisait. C’était l’écho d’un passé qu’i avait enterré il y avait trop longtemps. Il n’avait même pas remis les pieds dans cette ville depuis sa sortie de l’université. Pourtant, les scènes de dévastation entrevues sur l’écran de la télévision espagnole avaient ravivé une blessure profondément enfouie en lui. Cette catastrophe d’une ampleur inégalée, qui avait fait de nombreuses victimes, semblait avoir transformé tous les aspects de sa vie, sans bruit, mais de fond en comble. Junpei ressentait une profonde solitude, inconnue jusqu’alors. « Je n’ai pas de racines, se disait-il. Je ne suis relié à rien. »