Je suis tombée tout à fait par hasard sur ce livre. Sans sa sublime couverture, mon regard n'aurait même pas dévié vers cet ouvrage minuscule.
Il s'agit de deux nouvelles d'
Haruki Murakami, dont je n'ai lu jusqu'à présent que L'incolore Tsukuru Tazaki. J'ai retrouvé cette sensation d'absurdité confuse, d'onirisme fantastique, d'oppression inexplicable qui m'avait surprise d'abord, et que j'avais tant aimé.
Dans la 1ère nouvelle, qui est assez courte, le narrateur nous explique comment lui-même et son camarade en sont venus à attaquer une boulangerie pour se nourrir. Et comment s'est déroulée cette attaque (c'est tout simplement kafkaïen).
Dans la seconde, la perplexité du lecteur est encore plus forte. Rendez-vous compte : le narrateur (toujours le même) et son épouse se retrouvent en pleine nuit devant un frigo vide, en proie à une faim dévorante. L'occasion pour celui-ci de raconter à sa nouvelle compagne ses déboires d'autrefois. Ni une ni deux, les voilà tous les deux à la recherche d'une boulangerie ouverte en pleine nuit afin de terminer ce qui ne l'a pas été et ainsi conjurer le mauvais sort (normalement, si tout se passe bien, j'ai dû vous perdre un peu, ce qui est tout à fait normal étant donné que le récit est lui-même très farfelu et que je n'ai pas souhaité spoiler la 1ère nouvelle).
Les deux récits se complètent parfaitement et forment un tout qui méritait amplement une édition spécifique. Bien que se suivant chronologiquement, ces nouvelles peuvent se lire comme le reflet l'une de l'autre étant donné leur schéma narratif identique (à l'image d'un conte).
Quant aux illustrations de l'artiste allemande
Kat Menschik (entièrement en vert feuille, or brillant et touches de blanc), elles subliment tout simplement le texte et réussissent à en donner une image hors du temps et de l'espace, en mélangeant ce qui relève du rêve et ce qui relève de la réalité.