Les Cloches jumelles

S'il est vrai que la réception d'un livre dépend en grande partie de l'état d'esprit et des circonstances dans lesquels on se trouve, jamais je n'ai ressenti une telle osmose entre ma lecture et l'expérience que j'étais en train de vivre. Partir à la découverte de la Scandinavie, pour moi qui suis méditerranéenne dans l'âme - qui plus est au coeur de l'été - était plus qu'inattendu. Quelque chose de l'ordre du défi. Ou du pari. Pour me préparer, j'ai commencé ce roman deux ou trois jours avant mon départ, un roman dont je ne connaissais rien, pioché à l'instinct chez mon libraire.

Alors que je me trouvais encore à Paris, plongée dans la frénésie du dernier coup de collier professionnel, je me suis ainsi immergée dans l'univers austère des montagnes norvégiennes du XIXe siècle. le décalage était sans doute trop vif pour que je goûte pleinement la prose lente de Lars Mytting. Mais sitôt arrivée à Oslo, tout a changé. Cette ville a beau être la capitale, la nature y est si présente à travers ses fjords et ses forêts, et l'atmosphère tellement plus apaisante que chez nous, que mon rythme intérieur s'est ralenti, se mettant à l'unisson de ma lecture. Je suis alors pleinement entrée dans ce texte envoûtant relatant l'existence simple de personnages vivant au diapason d'une nature impitoyable, régie aussi par l'église et le pasteur local, mais également par les légendes et coutumes ancestrales…

Deux hommes arrivent simultanément dans le village de Butangen, le jeune pasteur Kai Schweigaard et Gerhard Schönauer, un étudiant allemand en architecture. Ils ne se connaissent pas, mais l'un et l'autre vont travailler ensemble. Kai Schweigaard a en effet pour mission de construire une église moderne pour remplacer le bâtiment édifié au Moyen Age et ne satisfaisant pas aux normes édictées depuis quelques décennies par les autorités. Schönauer a quant à lui été dépêché par l'Université allemande pour superviser le démantèlement de l'ancienne église en bois debout puis sa reconstruction à Dresde, où elle constituera un témoignage de l'architecture religieuse nordique.

Mais cette église n'est pas comme les autres. Elle ne saurait être traitée sans une attention particulière. Elle est en effet surmontée de deux cloches jumelles ayant été réalisées après la mort de deux soeurs siamoises. Pour honorer leur mémoire, leur père avait ajouté toute l'argenterie de son ménage au métal destiné à être fondu, conférant ainsi à leur sonorité un timbre à nul autre pareil. Ces cloches auraient en outre le pouvoir de s'animer d'elles-mêmes pour avertir de dangers imminents. En priver Butangen est inconcevable pour la jeune Astrid Hekne, descendante de la famille des fillettes.

Entre Astrid, Kai Schweigaard et Gerhard se noue une relation singulière. Les deux hommes tombent amoureux de la jeune femme, tandis qu'elle-même ne se montre guère insensible à leur charme respectif. Alors qu'elle déploie toute sa force de persuasion pour les convaincre de conserver les cloches sur leur lieu d'origine, les sentiments que chacun nourrit à l'égard des deux autres vont avoir des conséquences inattendues…

A travers ce récit au charme magnétique, Lars Mytting dévoile une Norvège rurale et ancestrale, dont l'église en bois debout est l'incarnation. Il nous révèle ainsi une part de l'histoire de son pays et de son héritage culturel, entre aspiration à la modernité et attachement aux mythes et traditions séculaires.

Au terme de mon séjour, c'est à regret que j'ai refermé la dernière page de ce roman tant j'avais envie de prolonger cette impression d'être hors du temps. Mais j'ai eu la joie de découvrir récemment que l'auteur lui avait donné une suite publiée chez le même éditeur. Nul doute que je m'y plongerai avec bonheur...




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Février, je continu mon voyage autour du monde avec ce mois-ci un arrêt en Norvège. Qu'il me plaît ce Challenge #1mois1paysenlivres organisé par Camille et Valérie. J'ai donc choisi, Les Cloches jumelles de Lars Mytting, un choix qui s'avère payant, car j'ai vraiment été transporté en Norvège, et plus précisément dans la vallée du Gudbrandsdalen.

Dans ce roman dont l'histoire se déroule à la fin du XIXème siècle, il est question de territoire, de religion, d'art, de famille, d'amour et de progrès. J'ai aimé cette impression ressentie tout le long de ma lecture d'être ancré dans ce village norvégien, isolé, difficile d'accès, dont la vie est régie par la météo. Lars Mytting, malgré un style que je qualifierais de « lourd » réussit à me faire ressentir la morsure du froid hivernal, à me donner l'illusion des odeurs de forêt et du bois et surtout à faire en sorte d'entendre ces fameuses Cloches jumelles.

Ce roman, c'est aussi l'histoire de l'église du village (et de ses cloches), une église en « bois debout », une église ancienne, mélangeant anciennes croyances et religion catholique dans ses boiseries. Une église petite, trop petite, mais que nous ne pouvons imaginer que magnifique. Cette église au centre du village, du roman et de toutes les attentions est un personnage à part entière. C'est même trois personnages, il y a l'église en elle-même et chacune des deux Cloches, Halfrid et Gunhild.

Faire face aux éléments, à la pauvreté, à cette religion qui dans ce coin reculé de la Norvège en est encore qu'à ses balbutiements, à cette envie de partir mais également de rester, car ici est sa place… C'est à tout cela qu'est confronté Astrid, jeune fille belle et intelligente, convoitée elle aussi, presque autant que les Cloches. Cette femme forte, née à une époque qui l'empêche de s'épanouir, m'a littéralement chamboulée. C'est un personnage extraordinaire, par sa force de caractère et sa détermination, par sa bienveillance et sa vision du monde.

J'ai pris mon temps pour lire ce roman, il est de ceux qui s'apprécient en y allant doucement, en laissant la magie de l'écriture faire son chemin intérieur. En se laissant porter et envahir par tous les éléments qui le composent, la Nature, l'Amour, l'Art, la Vie…


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À chaque fois que je fais un voyage,je cherche un livre correspondant au pays pour être complètement dans l'ambiance.
Cette fois-ci je suis partie dans le Nord de la Norvège pour voir les aurores boréales et mon agence m'a recommandé la lecture de ce livre.
J'ai adoré !!ce mélange entre conte,légendes et réalité m'a vraiment enchanté.Et la description du grand froid,des lacs gelés correspondaient parfaitement avec mon expérience chaque jour dans ce pays rude avec peu d'heures de jour.
J'ai dévoré ce livre et m'apprête à lire d'autres livres de cet auteur

Grande saga familiale, Les Cloches jumelles commence par une légende. Celle de deux soeurs nées siamoises par la hanches, artistes tisseuses de haut-vol qui part une quelconque fantaisie surnaturelle, tissaient des oeuvres prémonitoires. Lors de leur décès, le père fit fondre toute sa fortune et fabriqua alors deux cloches jumelles qu'il offrit à l'église du village. Cette même église, qui des années après, se verra démontée pour être transportée à Dresde et remontée là bas, faisant office d'exemple d'architecture norvégienne. C'est ici que l'histoire commence. L'arrivée d'un jeune pasteur révolutionnaire, Kai Scheigaard, qui est prêt à tout pour faire évoluer sa paroisse dans le sens de la modernité, et l'arrivée d'un jeune architecte allemand, Gerhard Schönauer, qui a pour mission de ramener cette église à Dresde afin de rendre compte du patrimoine architectural norvégien. Malheureusement, la présence de Astrid Hekne, descendante directe de la famille qui avait offert les cloches jumelles à la paroisse, mettra à mal la mission de ces deux hommes. Entre envie de faire avancer leurs projets et sentiments amoureux envers cette femme, la déconstruction de l'église et son déménagement s'avérera plus ardu que prévu.
J'ai adoré ce roman qui à première vue est le premier d'une trilogie. Nous sommes entièrement plongés dans la campagne norvégienne, dans le froid, la pauvreté, parmi les paysans et les bêtes, à vivre selon les saisons et avec le peu qu'ils ont. du surnaturel est présent, peu mais suffisant, par le biais de ces cloches jumelles, qui par moments, sonnent seules pour avertir des dangers, mettre en garde, créant ainsi un rappel à la culture païenne norvégienne qui était encore très présente à cette époque, au XIXeme siècle. Lars Myttig dresse ici une ode à ces églises en bois debout, majestueuse depuis tout temps mais qui, à l'envie de modernité, se sont éteintes les uns après les autres. Sans aucun doute, je lirai les suivants, dans l'espoir d'avoir une réponse sur les oeuvres tissées de ces deux soeurs.
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Ah j'ai beaucoup aimé ! Et j'ai aussi découvert l'existence des anciennes églises en bois debout qui étaient décorés par les divinités norroises et qui ont presque toutes été démolies (il n'en reste plus que 28) , pour deux raisons principalement : l'arrivée du christianisme et le fait qu'elles étaient trop petites.

Tout commence par un drame suite à un accouchement problématique : deux soeurs siamoises. Les petites sont sauvées mais la mère décède. Les deux soeurs sont des tisseuses hors pair qui vont réaliser une tapisserie représentant un mythe ou une légende avant de mourir, le même jour. Fou de douleur leur père va faire fondre deux cloches pour les offrir à la magnifique église en bois debout du village, qui date du Moyen Age . Hélas, ce sera le début du déclin de la famille Hekne, qui sera ruinée par la réalisation de ces deux cloches qui ont semble-t-il des pouvoirs prophétiques.
L'auteur nous fait pénétrer dans une vallée reculée de Norvège, nous fait découvrir le village de Butangen; nous faisons la connaissance du jeune pasteur Kai Schweigaard , de la famille Hekne (surtout de la jeune Astrid). Astrid , une jeune femme intelligente, indépendante, qui étouffe dans sa petite existence, est secrètement amoureuse du Pasteur. Un jeune étudiant des beaux-arts allemand envoyé sur place pour s'occuper du déplacement de la vielle église vers la ville des Dresde, en Allemagne tombera amoureux d'elle. Cet étudiant, Gerhard, va nous faire découvrir l'art norrois, va répertorier et dessiner toutes les églises en bois debout encore existantes et son travail a été une vraie révélation. Jamais je n'avais entendu parler de ces chefs d'oeuvre médiévaux, de ces églises décorées de personnages de la culture ancestrale, de ces portes d'entrée des églises si bases que les fidèles devaient se baisser pour rentrer, rendant ainsi hommage aux divinités en se courbant devant elles. Il faut absolument sauver l'art norrois, un art qui disparait au nom de la modernité et garder trace, physique ou écrite et dessinée des décors, des coutumes, des traditions, des croyances, de la mythologie

Le pasteur est issu d'une excellente famille et il a été envoyé dans ce coin perdu pour gravir plus rapidement les marches de la hiérarchie. Il a un caractère colérique et ce qui l'intéresse avant tout est de réformer, de convertir les paysans au christianisme, d'éradiquer les anciennes coutumes et croyances qui règnent encore dans des coins reculés de Norvège, de faire évoluer le niveau de vie de ces pauvres gens pour que plus jamais quelqu'un meure de froid dans l'église pendant la messe. Mais réformer ne se fait pas sans attirer la méfiance et le ressentiment… et vouloir remplacer la vieille église (et ses deux cloches) par une église moderne cela ne va pas passer !
Le roman va nous raconter la vie d'Astrid, du pasteur et du Jeune architecte allemand et nous conter l'histoire des églises en bois. La vie d'Astrid est dure, semée d'embûches. le destin du jeune allemand va tourner au drame… le destin du jeune pasteur va également se modifier au cours des deux années qui s'écoulent pendant ce premier tome. Trois personnages très différents dont les vies vont se lier au fur et à mesure des événements.
Et les cloches ? Quelle sera la destinée de ces cloches jumelles? Pour le savoir, je vous suggère vivement de lire ce roman et la suite de la trilogie…

Une immersion au coeur de la Norvège, ce pays désormais en avance sur beaucoup de choses et qui semble, au début du 19eme siècle, tellement archaïque !
On vit au rythme des saisons de la ferme des Hecke, la famille d'Astrid, notre chère héroïne ; combative et déterminée ; avec en toile de fond la démolition de l'église du village et de ses deux cloches jumelles.

Un conte du froid qui nous montre à la fois la difficulté de la vie (et de la condition féminine surtout) de l'époque ; la place de la religion ; l'importance des légendes …
Personnellement je me suis laissée entraînée par l'histoire et même si je regrette quelques longueurs qui coupent le rythme de la lecture, j'attends avec impatience de pouvoir lire la suite !

Une belle découverte !

Une église en bois debout et deux cloches de légende, un village de la Norvège des temps anciens, deux hommes (danois et allemand), une femme : les éléments d'un roman formidable de 555 pages (version poche) qui se dévorent. J'ai pensé aux deux autrices nordiques nobelisées, Selma Lagerlöf et Sigrid Undset. J'ai frémi, souri, espéré, et je me réjouis d'avoir la suite de la saga dans ma PAL en attendant de voir arriver le dernier tome de la trilogie. La traduction de Françoise Heide rend magnifiquement l'usage du patois et des langues étrangères.
(J'ai bien fait de choisir ce livre en cadeau pour ma mère. :-) )

Lars Mytting, je l'ai découvert il y a quelques mois. Et je n'ai pas hésité à acheter Les Cloches Jumelles pour faire un très beau voyage temporel dans cette Norvège reculée du 19èm" siècle avec ses croyances, ses superstitions, ses paysages de neige, de fjord, de froid, et la découverte architecturale d'églises construites 500 plus tôt.
Un très beau roman dans lequel le personnage central est une église, une vieille église et des cloches jumelles qui vont gérer la vie d'un pasteur, d'une jeune paysanne érudit et d'un jeune architecte allemand qui est en mission pour sauver cette architecture, demonter l'église et la ramener à Dresde pour la sauvegarder.
Magnifique Roman dans lequel on voyage, on imagine, on respire, on vit les traumas des uns et des autres, les angoisses de la faim, de la naissance, des superstitins et de leurs places dans la vie de tous les jours. Et on vit aussi l'avancée ineluctable du modernisme qui va désenclaver ces vallées et apporter avec lui l'éclairage, le chemin de fer, les villes, le béton et l'oubli de cette vie de campagnard. Mais tout cela est une autre histoire que j'ai un peu imaginé.

Vous connaissez les "stavkirke" ou églises en bois debout? C'est l'une des plus grandes richesses du patrimoine architectural norvégien. L'une d'elle à Unes, datant du 12è siècle, a d'ailleurs été inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco. Mêlant décors païens et figures chrétiennes, elles racontent la longue co-existence entre les croyances nordiques et le christanisme en Scandinavie.

C'est autour de l'une de ces églises que Lars Mytting construit son roman, celle de la paroisse de Butangen, au fin fond d'une vallée du centre de la Norvège, de ses cloches jumelles et de leur histoire quasi-mythologique.

Nous sommes à la fin du XIXè siècle, et un nouveau pasteur débarque dans le village avec un projet de modernisation pour améliorer les conditions de vie des habitants, accablés par la pauvreté, le froid, la croissance démographique. On veut du neuf en faisant table rase du passé, et cela passe d'abord par l'église !

La jeune Astrid Hekne, issue d'une des familles les plus respectées du village, curieuse, tournée vers l'ailleurs, mais consciente de l'héritage que représentent les cloches et l'église en bois debout, va se retrouver prise dans les courants contraires qui traversent le roman autour du pasteur et des ses ambitions et de son attachement à sa terre et ses croyances.

Roman historique passionnant, témoignage éthnologique aussi d'une période où les norvégiens prirent conscience de la nécessaire préservation de leur patrimoine architectural, c'est aussi une très belle histoire de triangle amoureux que met en mots Mytting alors qu'un apprenti architecte est envoyé au village pour démonter la vieille église en bois.

J'ai été complètement envoûtée par le souffle romanesque de ce récit, aussi bien par l'histoire d'Astrid et du village que par le voyage extraordinaire auquel nous invite Mytting, la beauté des paysages de cette vallée, la rigueur de l'hiver, la douceur d'une partie de pêche au bord de la rivière, et ces églises en bois debout que je rêve d'aller visiter maintenant! Et vivement le tome 2!

Depuis quelques semaines, je ne suis accrochée par aucun livre et les cloches jumelles en ont fait les frais! Pourtant ce roman que j'attendais semblait pouvoir me plaire, avec cette histoire familiale, dans un petit village norvégien au XIXe siècle, donc un roman historique avec des intrigues et des rivalités.
Malheureusement le plaisir escompté n'a pas été au rendez vous. L'histoire s'installe peut-être un peu trop lentement pour moi en cette période de rentrée. Dommage je pense être passée à côté, au vu des belles critiques sur Babelio mais les seulement 150 pages lues en 2 semaines auront eu raison de moi