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EAN : 9782877306195
660 pages
Editions Picquier (29/10/2002)
4/5   1 notes
Résumé :
C'est en prison, durant l'année 1944, que Nehru écrivit La Découverte de l'Inde, une histoire de l'Inde depuis la civilisation de l'Indus jusqu'à l'année 1945.
Son livre est la première histoire indigène de l'Inde dont l'auteur ait à cœur de corriger les erreurs des observateurs étrangers. Il met aussi son extraordinaire érudition au service d'une analyse de l'histoire indienne, non pas pour en faire le récit événementiel - même si le livre est organisé de fa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dans la préface, Sonia Gandhi résume ce pavé de plus de 600 pages comme la démonstration de l'attachement « passionné » de Panditji à « la démocratie et la justice sociale, son intense aversion pour l'autoritarisme et le fondamentalisme, et sa célébration de la culture pluraliste de l'Inde. » En tous les cas, il s'agit réellement d'un livre politique qui n'a rien perdu de son actualité.

Au fil des chapitres, écrits alors qu'il était emprisonné au Fort d'Ahmednagar pendant la Seconde Guerre Mondiale, Nehru retrace l'histoire de l'Inde depuis la civilisation de la vallée de l'Indus jusqu'à l'Inde des années de guerre. Il s'intéresse à l'histoire politique, les invasions et les empires, mais également à l'histoire de la pensée indienne, philosophique, scientifique et religieuse. Si on connait de Nehru son athéisme, on y sent quand même une forte admiration pour la religion et la métaphysique. Il démontre aussi avec force que l'Inde, bien qu'occupée par les Britanniques, est l'héritière d'une civilisation millénaire dont les développements politiques et scientifiques n'ont pas grand chose à envier à l'Occident.

Surtout, il se livre à une critique en règle du colonialisme qui, je crois, n'a pas beaucoup perdu de sa pertinence quand on s'attarde la manière dont sont perçus les pays en développement aujourd'hui. Non seulement, bien sûr, voir son pays occupé est une blessure et une atteinte à la liberté de son peuple, mais pour Panditji le système colonialiste est pour beaucoup responsable du sous-développement. Il rejette les travaux d'infrastructures tant vantés par les colonialistes (et encore vantés aujourd'hui, y compris en France quand on parle des anciennes colonies: qui n'a jamais entendu, ou dit, « Nous y avons construit des routes et des écoles ») comme détails et démontre, chiffres à l'appui, que le système colonialiste a délibérément empêché le développement et l'industrialisation de l'Inde au profit de la métropole, qui y trouvait une source de matières premières et un débouché pour ses produits manufacturés. Il dénonce également la politique britannique, qui a encouragé les tensions communautaires, les castes et le féodalisme des princes indiens pour mieux assoir son pouvoir, comme cause du retard social.

S'il s'intéresse au passé, le pandit Nehru se projette aussi dans l'avenir de l'Inde, qu'il voit indépendante, démocratique, unie, industrialisée et pacifique. Lorsqu'il écrit, en 1944, Nehru est sûr de la prochaine indépendance et il ne conçoit l'avenir de son pays que dans la démocratie. Une démocratie que, comme Gandhiji, il voit basée sur les villages, lieu privilégié de l'expression politique dans toute l'histoire indienne (il faudra cependant attendre les années 1990 pour qu'une vraie démocratie locale naisse dans tous les États indiens). Fidèle à la ligne du Congrès, il rejette la partition de l'Empire des Indes et la vision, prônée par Jinnah, d'une nationalité basée sur la religion: non seulement pour lui une telle division n'a pas de sens au regard de l'histoire indienne, mais surtout elle laisserait des États exsangues et prompts eux-même à la division (l'histoire du Pakistan depuis la Partition de 1947 lui a d'ailleurs donné raison). Si Nehru ne rejette pas la vision gandhienne d'une économie basée sur l'agriculture villageoise, il insiste sur la nécessaire industrialisation de l'Inde, ne cachant pas son admiration pour les progrès économiques accomplis par l'URSS et son économie planifié. Il ne rejette cependant ni l'économie de marché, ni la propriété privé, même s'il pense que les secteurs clés de l'économie doivent être contrôlés par la Nation. Surtout, la révolution politique qu'est l'indépendance et la démocratie doit s'accompagner d'une révolution sociale: il veut mettre à bas le féodalisme et les grandes propriétés (favorisés par les Britanniques). Il trace clairement ce que sera sa politique une fois Premier Ministre: industrialisation, réforme agraire, nationalisations, planification de l'économie. Il insiste également sur l'éducation, l'égalité des femmes et des hommes et la fin des pratiques discriminatoires liées aux castes. Enfin, il conçoit aussi la place que devra avoir l'Inde parmi les nations et rejette les politiques d'affrontement: on voit poindre le Mouvement des Non-Alignés.

Bizarrement aujourd'hui Nehru n'est pas aussi glorifié que ne le sont Gandhi et Ambedkar. Étrangement aussi, il n'est pas souvent cité parmi les penseurs socialistes, alors que c'est pourtant le chemin qu'il a tracé pour l'Inde. Sa philosophie politique, fondée sur la démocratie dans toute la société – y compris l'économie – et le respect du pluralisme, le respect de l'histoire et la volonté de progrès, a pourtant fondé l'Inde contemporaine et est toujours riche d'enseignements pour le reste du monde, même 45 ans après sa mort.

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