Son meilleur roman à ce jour !
Paru en 2009 et récemment publié en français, ce huitième tome des enquêtes de Harry Hole démarre à Hong-Kong, où, pris dans une sévère dépression après la terrible fin de l'enquête précédente («
le bonhomme de neige »), l'inspecteur norvégien se noie dans le jeu et l'alcool pour tenter d'oublier. Son supérieur le fait acrobatiquement rapatrier en Norvège, un nouveau tueur en série requérant les compétences uniques du limier atypique...
« Ça ressemble à un entretien d'embauche pour un boulot que je ne veux pas, Solness. Tu as déjà fumé de l'opium ? (...) Les Chinois, si. Il y a deux cents ans, les Anglais ont importé l'opium d'Inde, pour rétablir un équilibre économique. Ils ont transformé la moitié des Chinois en junkies, comme ça. (...) Et quand les pouvoirs publics ont eu la bonne idée d'interdire l'opium, les Anglais sont montés au créneau pour défendre leur droit de camer à mort la Chine. Imagine que la Colombie se mette à bombarder New York parce que les Américains ont confisqué de la cocaïne à la frontière. »
« Une ribambelle de très jeunes enfants défilaient devant le véhicule, dans des cirés grinçants. Certains lançaient des coups d'oeil curieux vers cette vieille et étrange voiture ornée de damiers le long du capot, et vers les deux hommes assis derrière le ballet des essuie-glaces qui luttaient contre la pluie matinale. le passager, l'agent supérieur de
police Gunnar Hagen, savait que cette vision d'enfants main dans la main, deux par deux, aurait dû le faire sourire et lui faire penser à la cohésion, à la sollicitude et à une société où chacun veille sur son voisin. Mais il pensa en premier lieu à une équipe de recherche chargée de retrouver une personne présumée morte. Voilà ce que faisait à un homme l'exercice des fonctions de directeur de la Brigade Criminelle. Ou comme l'avait écrit un plaisantin sur la porte de bureau de Hole : « I see Dead people ». »
Avec ces 760 pages bien tassées,
Jo Nesbo nous livre son meilleur roman à ce jour : la complexité et les rebondissements de l'intrigue, qui nous entrainera des montagnes enneigées de Norvège jusqu'aux flancs de volcans congolais, dépassent encore les sommets pourtant atteints dans l'enquête précédente, et la dure personnalité du héros nous est encore un peu révélée... La noirceur criminelle est aussi plus présente que jamais, comme les désolantes querelles politiques au sein des services de
police. L'auteur confirme encore ici qu'il est sans doute l'un des rares à savoir évoluer avec précision, sans jamais rompre le charme, entre le véritable « whodunnit » (au prix de deux ou trois – petites - dissimulations passagères envers le lecteur) et le somptueux «
police procedural ».