Tout d'abord merci à Babelio de m'avoir fait confiance et aux Éditions du Rouergue pour l'envoi de ce livre.
Je dirais qu'avant tout, au-delà d'être un polar, ce livre est une immersion profonde dans une Guyane telle qu'on ne la connaît pas. C'est un portrait bien noir du pays qui est dressé, et l'atmosphère qui se dégage du récit le retranscrit à la perfection. Pauvreté parfois extrême de certaines catégories d'habitants, problèmes de cohabitation de multiples cultures avec les tensions et le racisme que cela engendre, et surtout une exploitation de la misère par des filières illégales.
Il met également en scène un drôle de paradoxe, un mode de vie moderne qui laisse une part importante à des croyances profondes en d'autres forces : les fameux obiaman.
À cela vient s'ajouter un pan historique récent et peu connu du Suriname, pays voisin à la politique chaotique, dont la description fait froid dans le dos et qui aura son importance dans le récit.
J'ai trouvé que c'était un cadre très riche, très intéressant et bien documenté, que nous propose l'auteur dans son roman.
Du côté de l'intrigue, c'est un polar noir et dense, qui débute par un meurtre et une chasse à l'homme pour arrêter le coupable. On aborde très rapidement le thème des réseaux de passeurs de cocaïne, et l'idée que chaque personne : homme, femme ou enfant peut basculer du mauvais côté de la barrière pour quelques milliers d'euros et l'espoir de s'en sortir. Ce qui est quand même une idée terrible, pourtant présentée presque comme quelque chose de banal dans le contexte du pays.
Les personnages ne sont pas en reste. Ils sont vraiment très intéressants, chacun ni tout blanc, ni tout noir, portant en son sein, son fardeau et son obsession personnelle, que ce soit les enquêteurs, comme le capitaine Anato et sa quête obsessionnelle pour ses origines, ou ces hommes comme Clifton, qui sont pris dans un engrenage qui génère forcement empathie de la part du lecteur
Si dans la première moitié, l'auteur pose ses bases et met en place lentement tous les éléments de son intrigue, dans la seconde, le roman devient un véritable page-turner enchainant les révélations et les retournements de situations inattendus.
Au final, un livre passionnant, du point de vue de l'intrigue, du contexte Guyane - Suriname, des personnages et de l'atmosphère.
Un quasi-coup de coeur !
À noter, que ce livre peut se lire de manière indépendante, mais que deux autres livres mettant en scène le personnage du capitaine Anato sont déjà parus, (
les hamacs de carton &
ce qui reste en forêt).