AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,3

sur 30 notes
5
6 avis
4
5 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
D'une enfance horriblement maltraitée à une survie puis à une construction bien différente, le bouleversant roman d'un itinéraire de salut – notamment par la grâce de l'imaginaire.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/04/22/note-de-lecture-le-syndrome-du-varan-justine-niogret/

Récit d'une enfance violemment saccagée (selon le terme très juste utilisé par Chloé Delaume, et l'on sait que l'autrice du « Cri du sablier » s'y connaît en la matière) – on oserait presque méthodiquement saccagée, si le mère et la mère de la narratrice ne se distinguaient, en dehors notamment de la pédophilie (très) mal réprimée de l'un et de la perversité (éclatant à l'occasion en syndrome de Münchhausen par procuration) de l'autre, par leur extrême bêtise, évidente et abyssale -, « le syndrome du varan » n'est pas seulement un roman suffocant (selon le mot de Raphaëlle Leyris dans le Monde des Livres), un hurlement construit de rage et de colère – dont on trouverait de puissants échos du côté de la « Chienne » de Marie-Pier Lafontaine, de « L'inamour » de Bénédicte Heim, ou du « Dans ta sévère fontaine » de Véronique Emmenegger – : il s'agit aussi – et peut-être même surtout – d'un roman qui explique, paradoxalement presque sereinement, bien des années après les faits, le chemin d'une échappée et d'une construction, face aux abus des deux parents, ensemble ou séparément, et face aux graves manquements des institutions censées protéger (un passage particulièrement cruel traite ainsi des empathies honteuses allant du côté des bourreaux plutôt que des victimes).

« le syndrome du varan », avec cette métaphore centrale si puissante, si sauvage, est un récit de survie, de survie reptilienne, qui se transforme, du haut des bientôt quarante ans de la narratrice, en celui d'une éclosion progressive, où la musique, le jeu et l'imaginaire jouent un rôle déterminant. Contre toutes les censures conscientes ou inconscientes, mais toujours bien-pensantes, qui brocardent le jeu vidéo et la littérature dite d'évasion, quelque chose de fort – de résistant et de progressivement souverain – prend forme sous nos yeux, contre toutes attentes raisonnables face à une telle débauche de bêtise et de méchanceté dirigées contre leur proie initiale. Discrètement, au fil des reprises de souffle face au déferlement de l'horreur domestique, des références s'installent, une culture et une personnalité se construisent – et un talent littéraire magnifiquement hybride émerge. Et l'on pourra alors, comme le suggère malicieusement l'autrice dans un bel entretien de 2018 avec le Triangle Masqué (à lire ici), lire le roman une deuxième fois en écoutant Amon Amarth ou les Hatebreed.

Publié en mai 2018 aux éditions du Seuil, première incursion de l'autrice hors des littératures de l'imaginaire étiquetées comme telles, « le syndrome du varan » propose aussi, dans la douleur et dans la sérénité finale, malgré les cahots, une formidable grille de lecture des autres romans de Justine Niogret.

On ne peut plus tout à fait considérer de la même manière les magnifiques « Chien du Heaume », « Mordre le bouclier », « Gueule de truie », « Mordred », « Coeurs de rouille », ou même « Bayuk » (avec son étiquetage jeunesse). Une bonne partie des motifs d'enfance saccagée, d'inamour, de mensonge parental fondamental et de revanche indispensable s'y nourrissent logiquement de ce qui surgit, explicité, dans « le syndrome du varan ». Et le superbe « Quand on eut mangé le dernier chien » de 2023, en comparaison et malgré sa dureté féroce et glacée, apparaît bien comme une forme paradoxale de sortie du tunnel.

Roman foncièrement bouleversant, dont la fureur et la crudité sont en permanence comme rendues opératoires par le recul salutaire qui les environne et leur donne sens, « le syndrome du varan » mérite vraiment toute notre attention.
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          30
Putain quelle claque !
Je me permets ce premier mot, parce que c'est dans le ton, et parce qu'il n'en existe pas d'autre.
Putain que j'aime cette auteure.
Et alors c'est génial à quel point ses livres, et celui-ci notamment, éclairent d'un nouveau jour ses chef-d'oeuvre en fantasy.
Chien du Heaume était indubitablement génial déjà comme ça. totalement hors-sol (pour une meuf coincée sur une falaise de glace, c'est fameux), mais tout prend un autre saveur, une texture unique.
La quête de l'identité, le nom, la maternité, la féminité. La rage aux tripes.
C'est sublime. On se prend une trempe de tous les diables, ça dévisse la tête, mais c'est tellement juste, tellement vrai.
C'est horrible aussi ; oui, bon, d'accord. C'est la vie.

Ps. le silence. Oh oui, le silence.
Commenter  J’apprécie          10
C'est une lecture dure, brute, crue. A l'image de son auteure, autant dans son style que, on le découvre à travers ce texte-là, dans sa vie même, dans ses fondations.

C'est un témoignage qui prend aux tripes, qui déballe au grand jour des choses qui sont trop souvent enfouies sous les tabous et une honte (celle de la société) mal placée, et qui amène des réflexions importantes.

Je me doutais bien que ça allait me parler par certains côtés, et effectivement il y a des choses qui ont résonné en moi, mais certainement pas au quart de ce à quoi je pouvais m'attendre.
J'ai aussi repensé à beaucoup de vécus auxquels il m'est arrivé de prêter épaule et oreille, à beaucoup de questions douloureuses, et beaucoup des convictions amères que je me suis forgées au fil de mon existence.

J'aimerais mettre ce livre entre les mains de toutes celles et ceux qui pourraient s'y reconnaître d'une manière ou d'une autre, que ces mots ne leur passent pas à côté, et qu'ils les nourrissent…


Parce que c'est fort, c'est dit de manière juste, c'est interpellant, et c'est même encourageant dans certains élans.
Et encore, je n'arrive pas à exprimer le quart de tout ce que cette lecture m'a empoigné.

Lien : http://totitree.net/le-syndr..
Commenter  J’apprécie          20
Elle est devenue le varan. L'animal de sang glacé, figé depuis la nuit des temps, qui traîne lentement sa lourde carcasse dans les marais fangeux, souillé par le sang et la boue sempiternelle. Elle s'est faite varan pour encaisser l'enfance que ses parents lui ont volée.

D'un côté, il y a le père, le porc. Ce boeuf imbécile imbibé d'alcool, qui se complaît dans sa soue, dans sa crasse qu'il abreuve de pédophilie nécrophile. le père abusif, dont l'ego n'a d'égal que la répugnance qu'il inspire. de l'autre, il y a la mère. Pire que tout, moins que rien. La folle annihilante, violente, voleuse d'enfance, qui trouve son exutoire dans les horreurs qu'elle fait endurer à sa fille. Elle noie les hamsters dans l'éther, elle frappe, elle attouche. Elle est la sorcière aux entrailles pourries. À eux deux, ils sont les persécuteurs d'une jeunesse bafouée, les bourreaux ordinaires qui ont privé la narratrice de son insouciance.

Le syndrome du varan est un texte profondément dur, récit d'une enfance maltraitée et d'une renaissance salutaire. Justine Niogret décrit à la chaîne les atrocités commises pendant dix-sept ans par un couple dégénéré, haïssable et méprisable. Dans ce récit décousu et à bout de souffle, la narratrice offre une tribune aux enfants maltraités, contre les tortionnaires et contre les héros silencieux, ceux qui hurlent dans la rue mais se taisent au quotidien. Niogret crache sa haine, ses lignes ont la couleur du sang, elles ont l'odeur du mépris.

La plume est violente, percutante, le texte est instinctif, il est jeté à nos pieds comme une charogne en pâture. L'écriture est cathartique. À aucun moment, jamais, il n'est question d'apitoiement. Au contraire, l'auteure devient bestiale, son écriture se fait animale, elle est un hurlement primaire gonflé de haine. le Syndrome du Varan est de ces lectures qui bouleversent, qui font mal et qui transcendent. Si le texte est parfois trop cru, c'est parce que les propos sont insoutenables. le lecteur est malmené, violenté et déboussolé. Car les héros qui soulagent leur conscience sont eux aussi des bourreaux ordinaires.

La narratrice n'invoque rien, si ce n'est le droit à une vie. Finis les excuses, les silences, les regards de travers. Simplement pouvoir commencer à être, enfin.
Lien : http://opuscules.net/le-synd..
Commenter  J’apprécie          00
"Je suis quelqu'un qui aime mais qui reste loin"

Je vais une fois n'est pas coutume, mêler des tripes à mes mots. Mes excuses pour l'inhabituelle longueur et les violons.

J'ai déjà remarqué que ceux qui avaient eu une enfance souillée ne se reconnaissent pas.
Comme tout le monde on se dit "mais qu'est ce qu'il/elle a ?" Même quand ses réactions sont les vôtres. Alors on comprend trop tard.
On sait aussi que c'est dur de se construire.
D'être aimé. D'aimer. D'être. Parmi les autres êtres.
Qu'on a peur d'être un monstre pour ses enfants. Qu'on souhaite leur offrir une enfance exemplaire. Pour en faire des adultes sereins. Pour créer du beau dans la vie d'un autre, enfin essayer, à sa micropuscule échelle.

Je referme mon egotrip.
Car on est au delà.
On est dans la vie de quelqu'un que les parents ont souillé.
Sciemment.
Avec joie. Délectation.
On est au delà.
Au delà de tout.
D'habitude je suis émue à en pleurer à lire les horreurs des autres. Je crois que le chimique, cette parenthèse qui en ce moment me protège du réel, me laisse assez froide. Ça me touche mais... de loin.
Alors... Connement, je louerai l'écriture. Simple, incisive. Agaçante en première partie du roman parce que répétitive. Je l'ai lu d'une presque traite (j'ai tabassé des zombies entre), happée, alors que je voulais juste attendre qu'un petit faune s'endorme pour faire plus de bruit. Alors d'une traite on remarque très bien les effets de style. Ici les répétitions. Grr.
Je me suis demandé. Pourquoi parler de haine dans ce livre, j'ai cru, par ce récit cru, qu'au contraire Justine Niogret vomissait et chiait d'amour. D'amour non reçu, d'amour contrarié, d'amour non dit. D'amour trouvé. Perdu. Myope. D'amour.

Je n'ai pas tout lu de l'auteur. Mais. Medieval, historique, autobiographique... Qu'importe le genre, le récit est maîtrisé et on y retrouve sa patte. On prend plaisir à la lire.

Ça paraît un peu dégueulasse pour un tel récit, mais je voulais vous dire Madame Justine Niogret, bravo, quel talent. Quel plaisir (et horreur) de vous lire.  Je souhaite, très Égoïstement, que vous écriviez encore beaucoup.
Je souhaite moins Égoïstement que vous vous aimiez adulte. Que vous allez bien, mieux qu'Eleanor Oliphant. Ça prend du temps paraît il mais j'ai envie de croire, en ce début d'année, que ça vaut le coup.

Commenter  J’apprécie          169
Une fois de plus, Justine Niogret démontre son talent d'autrice. Il n'y a pas que la fantasy ou l'anticipation où elle excelle. Son incursion dans la littérature blanche est une réussite. le Syndrome du varan est un roman coup de poing qui pose sur notre société un regard acéré et un propos d'une rare intelligence. Ce n'est pas à mettre entre toutes les mains ni face à tous les yeux mais je ne peux que le recommander.
Lien : https://ombrebones.wordpress..
Commenter  J’apprécie          10
Un livre puissant dont on ne ressort pas indemne. Justine Niogret trouve les mots, le ton, et la manière de raconter pour nous faire entendre ce qu'elle a vécu. Un style percutant et magnifique qui évoque un vécu terrible et des sujets dérangeants.
Commenter  J’apprécie          10
" Je me suis longtemps vue comme un Varan.
Je ne comprenais pas vraiment pourquoi. La boue, le secret, la tourbe chaude, s'enfouir, fermer les yeux et hiberner. C'est cela le syndrome du Varan: mon repli, la congélation, m'enfoncer dans la vase et attendre que ça passe à quel point je ne veux pas être là. ..."
Voici un roman choc qui fait dresser les cheveux sur la tête, à propos d'une enfance brisée, bafouée, fracassée dont on ne sortira pas indemne ...
Mais c'est aussi , heureusement , le récit douloureux d'une reconstruction. Personne n'est nommé au coeur de cette lecture crue , dure comme du silex, grinçante , glacée, difficile à lire et à appréhender , affûtée au rasoir à l'aide d'une écriture forte, violente, semblable à un cri rauque, primal, chair à vif et viande nue, tripes à l'air , boue et odeur de m.....e .
Comment dire les plaies purulentes , les blessures à vif?
Cette fìlle a enduré durant son enfance une mère à moitié folle,, à tendance pedophile , perverse , un pére alcoolique , égocentrique, collectionneur de pornographie nécrophile , de viol, bestiale et infantile .....
L'héroïne dont on ne saura jamais le prénom subit des actes de barbarie, de mise en danger de mort, souvent mal nourrie...Elle vit dans la terreur auprès d'agresseurs sexuels dépravés , détraqués : ses propres parents ,...
Plus tard ses blessures seront soignées, sa vie en morceaux recollée et vernie, auprès d'un compagnon.

Il lui a fallu beaucoup, beaucoup de temps ..
Ce sont des lignes criantes de vérité, rageuses ,au goût d'ironie amère, de douleur passée, un non- silence....une révolte ...une catharsis ?
Je souhaite que cela n'ait pas été vécu par l'auteur .
Aurait - elle trouvé cette maniére de régler ses comptes ?
Je ne sais pas....
Un livre que je n'oublierai jamais.
Ma soeur qui me l'a prêté m'avait prévenue ...
Je ne connais pas l'auteur ....
Aux éditions du Seuil.
Commenter  J’apprécie          688
Justine Niogret, l'espace de ce texte, quitte les univers de la science-fiction et de la Fantasy qui lui ont tout d'abord permis de s'évader (vous allez comprendre) et puis dans lesquels elle a fait carrière, en y excellant (elle a été notamment primée pour plusieurs romans, aux Utopiales, ou encore aux Imaginales).

Le syndrome du varan est le texte qu'elle signe au Seuil (mai 2018) et que je viens de refermer, que je n'oublierai jamais. Je ne peux vous que dire : « lisez-le ! » Je ne peux faire que cela. Et croyez-moi je ne suis pas à plaindre, loin s'en faut. (Pour lire la suite un clic sur le lien)
Lien : https://letrianglemasque.blo..
Commenter  J’apprécie          00
C'est tellement violent, tellement dur, rude, la chair à vif, la viande à nu, la merde et la tripaille à l'air. Un cri rauque, primal.

Je suis confus, parce que ce livre oxymore est magnifique, alors que ce qu'on y lit force à vomir.

Le livre d'une enfance démolie par une mère perverse et un père pédophile. Comme un cri pour tenter de revivre et reprendre son souffle.

Et aussi un livre qui ne laisse pas le lecteur ni la lectrice sagement installés dans leurs canapés mais les forcent « a minima » à un poil d'introspection. Et moi, suis-je un héros ?
Lien : http://noid.ch/le-syndrome-d..
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (54) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1720 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}