AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,51

sur 67 notes
5
2 avis
4
7 avis
3
7 avis
2
2 avis
1
2 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'avoue que je ne sais pas trop que dire sur ce livre. D'habitude je n'ai aucun mal à savoir si j'aime ou pas, ou un peu, ou certains aspects seulement d'un roman. Mais cette fois-ci, je ne sais pas.
Déjà, j'ai été surprise par la forme du texte. Je m'attendais à une biographie classique, un peu romancée certainement, mais marquée par la chronologie malgré tout. Et bien les dates sont à peines présentes dans La clôture des merveilles et le style est tout sauf classique. Plutôt que d'énumérer les faits qui ont émaillé la vie d'Hildegarde de Bingen, Lorette de Nobécourt choisit d'orienter son texte sur les sensations, les opinions, la foi. Cela donne un roman abstrait et poétique, agréable à lire mais parfois obscur.
Peut-être qu'une relecture d'ici quelques mois, le temps de "digérer" toutes ces idées, me permettra de me faire une opinion plus claire de la Clôture des Merveilles...
Commenter  J’apprécie          340
J'ai découvert ce court roman juste après ma lecture de Moby Dick. Suite à plusieurs lectures infructueuses, Lorette Nobécourt semblait être la seule capable de capter mon attention plus de cinq minutes. le style littéraire n'a pourtant strictement rien à voir avec celui de Melville – quel auteur pourrait-il s'en vanter ? – mais il me permet de sortir de mon « deuil littéraire post-chef-d'oeuvre » – ce qui est énorme ! Simple et fluide, l'écriture introspective de Lorette Nobécourt est parfaitement adaptée à cette vie romancée de H., celle dont on se souviendra sous le nom de Hildegarde de Bingen. de simple moniale, cette dernière deviendra l'une des âmes les plus influentes des siècles suivants. Insoumise et obstinée, elle fondera deux abbayes, s'adonnera à la littérature et restera dans nos mémoires comme l'une des plus grandes mystiques de la chrétienté.

Dans La clôture des merveilles, Lorette Nobécourt ne s'attache pas tant au récit historique et biographique de Hildegarde – bien qu'il soit très présent tout au long du roman – mais bien d'avantage à l'évolution spirituelle, aux émotions, voire aux relations quasi-amoureuses tant elles sont profondes, de H., simple nonne, femme. L'auteur en profite pour saupoudrer son propos d'écrits poétiques et des apports spirituels de sa protagoniste sur la notion de viridité notamment – énergie intérieure perpétuellement renouvelée grâce à l'intervention de l'Esprit et comparable à celle qui fait croître les plantes.

Pour ma part, si le personnage de Hildegarde de Bingen m'interpelle, c'est bien l'écriture de l'auteur qui me séduit d'avantage ici. Je découvre Lorette Nobécourt avec La clôture des merveilles et je ne compte pas en rester là. J'espère revenir vers vous très prochainement pour vous parler d'un autre de ses romans, Patagonie intérieure.

Pour ceux d'entre vous qui souhaiteraient explorer l'écriture introspective, sachez que Lorette Nobécourt organise régulièrement des ateliers dans la Drôme – ambiance paradisiaque garantie !
Vous trouverez des précisions sur son site : http://lorettenobecourt.com/
Lien : https://synchroniciteetseren..
Commenter  J’apprécie          134
La Feuille Volante n° 1169
La clôture des merveillesLorette Nobécourt - Grasset.

Tout d'abord, par clôture, il faut entendre l'espace réservé aux religieuses cloîtrées, quelque chose de plus personnel aussi. Il faut aussi porter de l'attention à une citation en exergue « Ainsi l'homme est la clôture des merveilles de Dieu ». Ce livre est en effet sous-titré « Une vie d'Hildegarde de Bingen », religieuse bénédictine rhénane, érudite (1098-1179), qui fut canonisée, reconnue docteur de l'Église (2012) et passa sa longue vie dans un monastère qu'elle dirigea, à consigner ses visions et à composer des chants liturgiques.
J'aime lire les biographies surtout celles de gens hors du commun qui honorent l'humanité et qui ont fait un parcours exceptionnel et respectable. Je ne connaissais pas Hildegarde de Bingen et la vie monastique qu'elle a choisi, son destin de religieuse assumée, m'ont passionné. Contrairement à ce à quoi je m'attendais, ce n'est pas une biographie au sens traditionnel du terme mais davantage une évocation, un témoignage romancé de la vie de cette femme promise très tôt à la vie monastique, non seulement parce que, dans la noblesse rhénane à laquelle sa famille appartenait, on consacrait sa dernière fille à Dieu, mais surtout à cause des apparitions dont elle a été le témoin dès l'âge de trois ans. Ce récit est baigné de poésie, ce qui n'est pas pour me déplaire et je considère que le style de Lorette Nobécourt est d'une qualité incontestable. Je me demande cependant si, à trop vouloir enluminer sa phrase, l'auteure ne pêche pas une atténuation de l'information qu'elle veut délivrer, un peu comme si la syntaxe poétique était incompatible avec la biographie. J'ai appris bien des choses intéressantes sur cette religieuse, apprécié sa liberté de paroles et d'actions, son courage d'oser s'exprimer et interpeller la hiérarchie ecclésiastique essentiellement masculine, son combat contre la maladie, son action en faveur de la santé humaine et spirituelle, indispensables pour un service divin efficace, son esprit d'indépendance et son message intellectuel mis au service de sa foi, sa vision holistique de l'être humain remis au centre du monde pour la plus grande gloire de Dieu, son rayonnement aussi quand l'Église se méfiait tant des femmes et que l'écriture était réservée aux hommes (encore faut-il préciser que c'est le moine Volmar qui, pendant dix années a tenu la plume et mis en forme ses phrases parfois absconses).
Tout au long de ce livre, j'ai senti une Lorette sous influence, plus convaincue par son sujet que désireuse d'en faire une banale biographie, ce qui correspond bien aux premières lignes de ce livre. Je l'ai sentie désireuse d'entraîner son lecteur à sa suite avec de nombreuses citations d'Hildegarde, employant à l'envi le mot « viridité » pour exprimer la détermination de l'abbesse qui enseigne que l'enfermement du monastère rend plus libre et qui parle de « l'éros spirituel » en donnant à l'amour une exception particulière et quelque peu inattendue pour une femme élevée au rang de sainte. Je ne suis, en effet, pas sûr d'avoir bien compris, à travers les allusions que fait Lorette, la nature exacte de l'amour qui lia Hildegarde et Richardis von Stade, cette moniale qui vécut un temps dans son monastère
Je ne saurais définir exactement la nature de l'inspiration littéraire mais j'ai toujours été étonné par ceux qui se disent visités par des révélations qui leur sont étrangères et qui les dépassent. Lorette semble donner au verbe une dimension divine, ce qui certes va dans le droit fil de l'enseignement religieux mais, pour délivrer son message liturgique, et pourquoi pas prosélytique, Hildegarde use d'un vocabulaire inconnu de ses contemporains, indéchiffrable et sans doute jugé dangereux par qui ne le comprend pas. Je vois là une contradiction chez cette femme érudite et désireuse d'amener dans le giron de l'Église le maximum de gens, de témoigner par les mots comme elle le faisait par l'exemple, usant de la parole aussi bien pour enseigner que pour guérir, conseils personnalisés, livres ou prêches publics.

Je suis resté imperméable au message religieux mais j'ai, en revanche, été fasciné par la volonté de cette femme de marquer son passage sur terre, par sa personnalité qui correspond bien à celle des abbesses de ce temps, à la fois soumises au Ciel mais aussi autoritaires, érudites, contestataires et désireuses de s'affirmer face à une hiérarchie religieuse misogyne .

© Hervé GAUTIER – Août 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com]
Commenter  J’apprécie          121
Drôle de pari que d'avoir voulu méditer aujourd'hui sur la vie d'une sainte mystique du 12e siècle, docteur de l'Eglise depuis près d'un an (excusez du peu), et d'avoir voulu partager le choc de cette rencontre. Car, présenté ainsi, ça pourrait ne pas faire très envie et ne pas promettre le succès de librairie. Il y a en effet plein de gros mots qui sentent l'eau bénite (équivalent contemporain de l'ail pour les vampires) ou la naphtaline (équivalent moins contemporain de GTA2 pour nos otakus d'ados facebookés) : méditer, sainte, mystique, 12e siècle, Eglise... En outre, on se doute que ce n'est pas non plus un livre de fantasy et que donc la rencontre ne s'est pas faite dans des failles de l'espace-temps ou lors d'une visite guidée aux Enfers par Hadès en personne ou dans des rêves hypnotiques sous l'emprise d'un chamane amazonien aveugle ou avec un fantôme quelconque. Alors, d'où vient donc le fait que ce livre ne se soit retrouvé dans le rayon bondieuserie d'aucune librairie, ni dans le stand livres de toute paroisse ? Parce qu'il ne faut pas oublier le mot "choc". En effet, le texte exalté montre que l'émotion de cette rencontre avec celle que l'auteure appelle H., Hildegarde de Bingen de son petit nom, est de l'ordre de la fascination.

Cette attirance n'est pas d'abord admiration pour ses nombreux talents : religieuse, écrivain, poétesse, compositrice, médecin, botaniste, minéralogiste, conseiller des puissants, linguiste... et on aurait pu déjà s'arrêter là. Mais, Lorette Nobécourt a avant tout flashé sur la femme qui a pu être tout cela à la fois, et surtout sur ce dont sa vie témoigne. En effet, elle ressent que ce que porte cette vie, correspond depuis toujours à de fortes aspirations de la sienne.

Et pourtant le rapport entre une journaliste contemporaine, écrivain, mariée, mère de famille et une religieuse cloîtrée du Moyen-Âge semble aussi évident que la présence actuelle des Ecolos au Gouvernement. Eh bien, malgré cela, les deux femmes communient autour de leur appréhension de la liberté et de sa signification pratique dans le contexte de leurs vies. L'auteure la voit comme l'expression de la vie du Cosmos – la viridité selon les mots de H. – et sa participation à celle-ci. Ainsi pour en vivre, pour permettre de découvrir la beauté de cette vie, elle comprend que la condition nécessaire est l'insoumission à un certain ordre établi et à tout schéma de pensée et d'action, et que H. a fondamentalement exprimé cet anticonformisme toute sa vie durant. Dans le même temps, notre écrivaine prend acte du paradoxe que pour H. les conditions de la liberté, de l'insoumission sont celles d'un couvent où elle vivait recluse, celles de sa soumission à Dieu, celles de la foi vivante et vécue qui va au-delà de la croyance et du dogmatisme. Elle fait même de tout ce contexte le terreau favorable ("cette liberté d'être contraints"). Et c'est donc abritée dans cette clôture des merveilles, placée sous ce regard divin et plongée dans cette foi que cette conscience de la vie, de l'amour et de la beauté absolues a pu croître et s'épanouir.

Pour exprimer la profonde humanité de cette expérience singulière, Lorette Nobécourt s'est tenu éloignée du discours de la religiosité ou de la théologie. Mais, un peu à l'instar de H. qui a été jusqu'à inventer sa propre langue, seules l'expression et la verve toutes poétiques du livre étaient en mesure de transcrire tout le mystère et l'indicible de cette vie, et ont permis de rendre encore plus palpable l'émotion de cette rencontre, d'entraîner le lecteur dans l'extraordinaire de celle-ci.

Et finalement, l'origine de notre fascination est sûrement à trouver dans l'écho à toutes nos recherches de sens. En effet, le livre et son sujet nous confirment que nous continuons à être attirés par les mêmes idéaux de beau, de vrai, de bien, et à en chercher compulsivement les sources.

Au bout du compte, il est quand même étrange et sûrement peu glorieux qu'il faille remonter 9 siècles en arrière pour renouer certains fils de notre humanité. Avons-nous ainsi atteint le summum du syndrome « c'était mieux avant » ? Mais après tout peu importe, adoptons maintenant l'Httitude : « sur le branischiaz de nos vies, tels des larchizins, des korzinthios, comme H., écrivons la langue d'Aigonz ! » *



* ce qui signifie en petit H. illustré : sur le parchemin de nos vies, tels des scribes, des prophètes, comme H., écrivons la langue de Dieu.
Commenter  J’apprécie          81
Difficile de s'identifier à Hildegarde de Bingen, mystique et visionnaire du XII ème siècle, habitée et embrasée par le verbe de Dieu depuis son enfance.
Dans un langage poétique et enfiévré, l'auteure nous rend vivante celle qui a consacré toutes ses forces à la seule vie qui rend libre. Telle une lumière incandescente dans la nuit des hommes, elle a entraîné dans son sillage, tels des papillons de nuit, les éclopés de son temps et les assoiffés d'absolu. Après des siècles d'oubli, l'église vient de la nommer docteur au côté de Thérèse d'Avila, Catherine de Sienne et Thérèse de Lisieux.
Commenter  J’apprécie          60
Je ne sais quoi penser de ce livre, lu quasiment d'une traite emportée par sa poèsie, étonnée par la vie de cette femme enfermée dans ses visions dans sa foi et pourtant si en avance sur son temps....
Un livre à méditer.
Lien : http://keskonfe.eklablog.com..
Commenter  J’apprécie          10
Allez naturopathes de toutes obédiences, guérisseurs magiciens aux lampes orientales, oui allez à la rencontre d'Hildegarde de Bingen, qui vous redira du corps et de l'esprit les "mots" et les remèdes qui ressemblent tant aux vôtres... Prodigieuse convergence... Archéologie de l'esprit qui sur nos terres nous ramène, nous qui étions partis loin, ailleurs, chercher ce qui dormait sous nos pieds, enfoui par l'obscurantisme et l'oubli historiques, gommage seulement historique, pas essentiel....
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (124) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1716 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}