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Critique de hrousset


Je ne connaissais pas l'auteur (e). le titre de l'ouvrage : « Le chagrin des origines » est une invitation à découvrir le livre en même temps que par association s'impose à notre mémoire le titre des belles pages de Stig Dagerman : « Notre besoin de consolation est impossible à rassasier. » La bande-annonce conforte notre intérêt avec le beau visage épanoui de l'écrivain, en contraste avec des photos antérieures plus tourmentées. Il ne s'agit pas d'un roman, mais bien d'un récit et la quatrième de couverture nous confirme que cette sérénité acquise l'a été au terme (?) d'un long chemin douloureux dont les étapes sont déjà inscrites dans des publications antérieures sous des noms différents : Lorette Thibout, puis Lorette Nobécourt, avant de devenir Laurence Nobécourt.

On comprend alors qu'il s'agit bien d'un livre initiatique, marqué par l'écriture d'une vie à la recherche de son sens au prix d'une grande souffrance qui ne peut être transformée que par l'écriture même, et c'est là le fil conducteur, le message essentiel de l'auteur qui n'a de cesse de vouloir le faire partager à ses lecteurs , et dont on sait qu'elle anime depuis des ateliers d'écriture. Nul doute que l'ouvrage trouvera un écho chez beaucoup de nos contemporains, d'autant que l'épine irritative initiale, l'épine dans la chair est bien physique sous forme de démangeaisons intolérables qui ont d'ailleurs fait l'objet d'un premier roman (La Démangeaison, 2009). La mise à nu s'imposait avec la volonté exprimée tout au long du livre de mettre les maux en mots.

Rien à voir avec l'autofiction, mais plutôt avec l'auto-analyse. Evidemment cela n'est pas très nouveau, mais les références dans la littérature passent plus souvent par l'intermédiaire d'un « tiers instruit »,et l'on a en tête le livre de Marie Cardinal : « Des mots pour le dire », ou encore celui de Pierre Rey : « Une saison chez Lacan », et tant d'autres, avec par exemple pour leur qualité pédagogique ceux plus récents d'Irvi Yallow, psychiatre qui avec l'art du romancier montre l'intérêt du psychothérapeute pour prendre des raccourcis dans ce chemin douloureux de la quête des origines. Mais ici ,on comprend vite que l'invitation est celle d'un « travail personnel » qui multiplie les expériences guidées par les rencontres et les lectures : la philosophie (de Lao Tseu à Jean Louis Chrétien en passant par Spinoza, et curieusement Henri Maldiney, plusieurs fois cité et non référencé, la poésie (avec deux références essentielles, l'autre soi japonais : Yazuki,et le poète argentin Juarroz Roberto), les mystiques
(Hildegarde de Bingen), les champignons hallucinogènes... La liste des ouvrages utiles et très éclectiques se trouve à la fin du livre. On y retrouve un grand classique sur le sujet des rapports entre le corps et la psyché de Joyce Mc Dougall, et on n'est pas surpris d'y retrouver Groddeck et Jung, dans une approche qui est en réalité au fond très syncrétique, ce qui en fait à la fois l'intérêt par l'expérience des détours, et la fragilité par le flou des mots justement : Vérité, Lumière,Spiritualité…

Les mots ont leur importance, même s'il faut parfois utiliser des mots-valises dans la recherche d'une vérité qui reste toujours en tension entre les extrêmes : ainsi les rapports avec sa mère que l'on qualifierait volontiers de « hainamour » pour reprendre les termes de Lacan.

Au total, véritable guide du routier, marqué par une personnalité attachante, sur le chemin de la vie chaotique avec pour conclure, deux lectures qui pourraient le compléter : « Ecrire »  de Marguerite Duras, cité en exergue pour reprendre l'invitation à l'écriture, Saint-Augustin pour le viatique final : « Aime et fais ce que tu veux » et : « Deviens qui tu es. »
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