Ce tome regroupe tous les épisodes de la série de 2013/2014 : épisodes 1 à 10, et épisode 23.1 de la série "Justice League Dark". Tous les épisodes sont écrits par
Ann Nocenti, avec l'aide de Dan Didio pour le scénario de l'épisode la Justice League Dark. Il s'agit de la version "New 52" du personnage, après la remise à zéro de l'univers partagé DC en 2011 (voir Flashpoint et The new 52 Omnibus). Avant ces épisodes, ce personnage est déjà apparu dans l'équipe des Birds of Prey (à commencer par Trouble in mind). Puis elle a accédé à la Justice League à partir de World's most dangerous (en même temps que Vibe qui a aussi eu droit à quelques épisodes en solo : Breach).
À San Francisco, le quartier japonais a été surnommé Japantown. Tatsu Toro y a élu domicile, à la recherche de Shun, une jeune femme tatouée sur tout le corps, dont les tatouages contiendraient des secrets relatifs au passé, au présent et au futur. Bien vite, sous son identité masquée de Katana, elle se retrouve impliquée dans une guerre de clans maîtrisant chacun une arme différente. Son premier adversaire manie le ruban épée, et se fait appeler Coil. Tatsu Toro (Yamashiro de son nom d'épouse) utilise une épée mystique dans laquelle est enfermée l'âme de Masea Yamashiro, son défunt mari. Au fil de ces épisodes, Katana va donc se battre à plusieurs reprises contre Coil, puis Sickle (le frère de son défunt mari). Elle va également affronter Swagger (une autre bretteuse), Mona Shard (un esprit malveillant habitant le corps d'une enfant), Killer Croc (un ennemi récurrent de Batman) et le nouveau Creeper (Jack Ryder, déjà apparu dans Omactivate!). Elle devra même se confronter à la sagesse d'un SDF trop porté sur la bouteille.
Depuis l'abandon en 2001 de la continuité construite depuis Crisis on infinite earths (1985), les responsables éditoriaux de DC ont la responsabilité d'utiliser des noms de personnages préexistants pour les recréer. Pour ce personnage très secondaire (Même avant "Flashpoint". Elle faisait partie de l'équipe des Batman and the Outsiders), il échoit à Ann Nocenti de rebâtir son histoire. Nocenti s'était fait connaître dans les années 1980 comme responsable éditoriale de la série "Uncanny X-Men", puis comme scénariste de
Daredevil (Lone Stranger) et Longshot. Dans les années 2010, elle a recommencé à écrire des comics, cette fois-ci pour DC : Catwoman (à commencer par Death of the family) ou Green Arrow (Harrow).
Ann Nocenti bâtit son intrigue sur un affrontement entre plusieurs clans, avec une menace supplémentaire. L'épée de Katana (appelée Soultaker) a été brisée et 3 des esprits auparavant contenus à l'intérieur ajoutent à la confusion. L'intrigue est donc bien dense. Les combats sont assez sanglants, dans la mesure où ils se déroulent à l'arme blanche. Katana, elle-même, n'éprouve aucune arrière-pensée, en débitant des hommes de main, en les mutilant sans hésitation. À 2 ou 3 reprises, Nocenti évoque la nécessité de chaque combattant de maîtriser son arme, ainsi que l'éventualité que Katana ne maîtrise pas forcément son arme (plutôt que celle-ci influe sur ses actions, évoquant Stormbringer d'Elric), sans que cela ne devienne le thème principal du récit.
Nocenti n'emmène pas non plus son récit dans le sous-genre de la guerre des gangs. Ces derniers ne sont pas très développés, ils servent plutôt la fonction de fournir des opposants en grande quantité pour que le lecteur puisse se divertir en observant régulièrement des combats. le lecteur se rend bien compte qu'elle remplit les obligations éditoriales, en posant les fondations de plusieurs personnages : Creeper, Sickle, et Mona Shard.
Ces 11 épisodes sont dessinés par 4 dessinateurs principaux :
Alex Sanchez (épisodes 1, 2, 4, 5, 6, 7, 10), Cliff Richards (épisodes 3, 5, 6, 7, 8, 9, 10), ChrissCross (épisodes 9, 23.1, avec l'aide de
Thomas Derenick) et Fabrizio Forrentino. Chacun des ces artistes dessinent dans une veine réaliste, avec une attention sur les détails des personnages. En particulier, ils n'hésitent pas à passer du temps pour injecter de la substance aux tatouages qui recouvrent le corps de Shun. Ils n'hésitent pas non plus dessiner des gouttelettes ou des giclées de sang lorsque les armes blanches infligent des blessures, sans pour autant s'appesantir sur les blessures elles mêmes, ainsi ce comics ne vire pas dans le gore.
Globalement, ces différents artistes s'appliquent à dessiner des personnages à la morphologie crédible, et des environnements réalistes avec une réelle identité. Il est en particulier appréciable qu'ils représentent Tatsu Yamashiro (Katana) de manière normale, sans exagérer ses attributs sexuels, sans la mettre dans des poses mettant en avant ses fesses ou sa poitrine, sans la réduire à l'état d'objet sexuel.
Leur approche de la mise en scène des affrontements est moins convaincante. Ils ont pris le parti de ne singer ni les mises en scène des mangas d'art martiaux, ni celles des combats de superhéros. Cependant, ils ne réussissent pas à donner l'impression de mouvements, les combats n'étant pas chorégraphiés, ni même une suite logique de mouvements et de déplacements qui se suivent. Il en découle des images intéressantes, mais des séquences pas toujours fluides.
Il faut attendre une demi-douzaine d'épisodes pour voir apparaître une thématique plus personnelle dans la série. Lorsqu'Ann Nocenti commence à creuser l'histoire de Tatsu Yamashiro, son coeur balançant entre les 2 frères, elle dépeint une enfant et une adolescente sportive et décidée, un peu garçon manqué. Elle finit par épouser l'un des 2 frères, et Nocenti dépeint une épouse rangée. Elle développe ensuite la relation de Katana avec son épée, une arme à laquelle elle s'adresse et avec laquelle elle dort. le lecteur ne peut pas manquer le symbolisme sexuel et le questionnement sur l'épanouissement personnel de l'héroïne. Nocenti montre sans porter de jugement moral, ce qui suscite des interrogations sur la nature du bonheur recherché par Tatsu. Cette problématique disparaît avec la mort de son mari et son engagement à lutter contre une secte d'assassins.
Le lecteur ressort de ce tome avec une impression étrange. Les auteurs ont su développer une héroïne qui sort du moule habituel, qui s'éloigne des clichés des superhéros, sans tomber dans ceux des films d'action hongkongais. Ils éprouvent toutefois des difficultés à donner de la consistance aux gangs qui s'affrontent, et la personnalité de l'héroïne passe souvent après l'action et l'intrigue. Katana et ces gangs intègrent une autre guerre dans la série Green Arrow de
Jeff Lemire et
Andrea Sorrentino, dans The Outsiders war.