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3,43

sur 164 notes
La fille sans peau est l'histoire d'une enquête, celle d'un journaliste un peu fouineur qui n'hésite pas à exhumer une affaire vieille de quarante ans quand un homme est éviscéré sur la glace groenlandaise. Mais plus on avant dans l'intrigue, plus on réalise que ce n'est pas vraiment cette enquête qui constitue le coeur du livre, mais plutôt les abus sexuels sur les mineurs, fléau malheureusement répandu au Groenland.

Mads Peder Nordbo signe ici un thriller glacial, à l'image de cette île de l'Atlantique dans laquelle il se déroule, où l'homme est à la merci des éléments et les enfants sont à la merci des hommes. Les paysages, les tempêtes, le froid sont tellement vivants entre ces pages qu'on a l'impression d'y être, de fouler la neige du Groenland de nos baskets mouillées, avec Matthew et Tupaarnaq. Nous suivons leurs aventures solitaires, découvrant petit à petit le fil rouge sous-jacent de ces meurtres violents, et questionnant au fur et à mesure du récit la morale sanglante qu'ils incarnent : un homme qui viole sa propre fille ne mérite-t-il pas d'être puni ?

Force est de constater que l'auteur délaisse petit à petit l'intrigue policière et le suspense associé pour se concentrer sur la dénonciation des violences faites aux enfants, révélant peut-être un peu trop vite l'identité du meurtrier que Matthew et Jacob ont passé tellement de temps à chercher, puis tissant des liens entre les personnages pour faire ressentir d'autant plus vivement au lecteur l'atrocité de leur situation. Mais de toute cette noirceur, je retiendrais la neige aveuglante et les icebergs flottant dans l'océan, les yeux de Matthew sur le corps de lianes inextricables de Tupaarnaq, et la douceur de Jakob pour la petite Paneeraq – et je serais curieuse de suivre la suite de leurs aventures.
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Je lis de temps en temps des polars du grand froid et lors de ma dernière expérience, j'avais été assez refroidie, jeu de mot facile, par le deuxième opus de Lilja Sigurdardottir, faisant suite à Piégée. La déception n'aura pas sa place ici. J'ai été emportée par le dépaysement d'un grand nord beaucoup plus varié que je ne me le représentais. Il n'y fait pas seulement froid, très froid ou très très froid. L'humidité, le vent, la nuit omniprésente orientent l'action tout autant que les découvertes des protagonistes. Et puis, dans les bourrasques et les interstices d'une histoire sur plus de 40 ans, apparaissent les dimensions politiques, anthropologiques du rapport entre Groenland et Danemark, entre civilisations. Et toujours, l'universelle banalité de la monstruosité humaine, misérable et délétère. le regard sur les meurtres commis évolue à mesure qu'on comprend ce contexte beaucoup plus global. Les personnages sont misérables, ballotés par les éléments et une histoire torturée. Certains incarnent une rédemption possible, fêlée, improbable, mais possible et mon petit coeur de lectrice en soupire de soulagement tandis que se poursuit ma lecture frissonnante dans les ombres d'une ville abandonnée plutôt que détruite.
La fille sans peau est un roman âpre, profond, avec quelque chose d'essentiel. L'écriture est parfois abrupte, c'est vrai. La progression narrative est parfois un peu ardue à suivre et il faut relire deux phrases pour comprendre ce qui vient de se passer entre les personnages car l'auteur ne s'embarrasse pas de longues explications. Mais paradoxalement, c'est sans doute cela qui m'a tant plu, cette économie de moyens rendue par une narration presque frustre combinée à la profondeur des personnages dont les histoires s'enracinent bien au-delà de l'intrigue. Comme si le roman ne pouvait s'autoriser le raffinement d'une narration confortable. On parle d'éviscération et de corps dépouillé de sa peau à coup de ulo par des températures glaciaires, là. Pas de place pour le surplus, la longue explication des motivations ou les circonvolutions introspectives. du (mauvais) whisky, de l'action et du courage pour affronter l'indicible, rien de plus. La logique d'une trilogie ici initiée se justifie pleinement et j'ai hâte de pouvoir lire la suite.
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Dernier polar de la sélection du grand prix des lectrices Elle et…déception.

Pourtant le cadre de ce roman, le Groenland, était comme une promesse de dépaysement, de froid, de blanc et de nuits sans fins.

Ajoutez à ce cadre prometteur la découverte d'un viking parfaitement conservé dans la glace.

Voilà un début intriguant à souhait.

Mais le tout retombe, comme un soufflé raté.

Parce que le fameux corps du Viking va disparaître et que le policier qui était chargé de le surveiller va finir éviscéré.

Un journaliste va enquêter sur ce meurtre trouvant ses ramifications dans le sombre passé de la ville de Nuuk.

Alors oui, le héros est journaliste et pas policier. Mais bon, il a une vie familiale dévastée et un flair à toute épreuve. Il est gentil bien qu'un peu cabossé par la vie. Il réussit à mettre en confiance les gens, il est incorruptible, droit dans ses bottes et…il m'énerve.

Ajoutez au tout, une belle jeune femme rebelle, tatouée, pirate informatique à ses heures perdues.

Je soupire, espère me raccrocher à l'intrigue mais j'ai eu l'impression que cette dernière faisait des bonds, passant par des raccourcis en me laissant sur place.

Alors oui, les sujets principaux de ce roman sont des thèmes forts comme la violence sexuelle contre les enfants ou le sort des populations groenlandaises.

Mais bon, cela ne m'a pas suffit malgré un cadre atypique…dommage.
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Sur des icebergs, des cadavres d'hommes sont retrouvés horriblement mutilés. Un journaliste mène l'enquête aux côtés de la police locale et plonge dans un monde de secrets qui remontent à des dizaines d'années auparavant.

Un polar assez classique qui fait froid dans le dos, non pas tant à cause du climat polaire de Groenland mais plutôt par la violence de cette société...
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N'étant guère une fanatique des polars et/ou littérature arctique, je n'en lis pratiquement jamais.

Attirée par le résumé de la 4e de couverture, je me suis laissée tentée, et, j'avoue avoir été agréablement surprise par ce titre qui ne m'a pas déplu.

Le sujet est gore, dure au possible - mais peut être est ce dû aux conditions de vie au Groenland quelque soit la saison, qui veut ça - mais, l'enquête afin d'élucider des morts suspectes perpétrées à quelques années d'intervalles, laissent des traces dans tous les sens du terme tout en se posant de multiples questions, au fil des pages, quant aux motivations du tueur.

A l'heure actuelle, ce titre est bien le seul roman de littérature arctique sur lequel je ne me suis pas endormie dessus ...




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Un terrible accident a laissé Matthew veuf de sa femme enceinte d'une petite Emily, aussi, inconsolable, quitte-t-il le Danemark pour Nuuk au Groenland.
C'est donc lui que son journal envoie auprès de ce viking momifié qu'une faille a dégagé. Hélas, le lendemain, toutes ses photos ont disparu, la momie s'est envolée et le policier de garde est mort, éventré et éviscéré.
Or, dans les années 70, des meurtres similaires, jamais résolus, avaient été pratiqués sur des hommes soupçonnés d'abus sexuels envers leurs petites filles. Aidé par Tupaarnaq, une jeune femme révoltée par les nombreux abus d'enfants dans la région, Matthew va reprendre cette enquête qu'un policier avait été sur le point de résoudre jadis avant de disparaître mystérieusement

On peut déplorer que l'intrigue de ce roman soit fort simple, cependant il y a là de superbes peintures de ces paysages grandioses tout de pierre et de glace et d'autres, fort noires, de ces hommes violents et corrompus pour qui les femmes sont des servantes, les fillettes des objets sexuels et leurs ennemis pareils aux phoques qu'ils éventrent et dépiautent.
Toute cette violence s'inscrit néanmoins sur un fond de désolation, de tristesse et de solitude et c'est ce contraste là qui, dans ce livre, émeut et retient
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Pour le dévoilement du début de l'histoire, voir ailleurs !
Perso, je me borne à faire une critique, c'est à dire à essayer d'exprimer mon ressenti...
Tout d'abord, j'ai ressenti un grand dépaysement, pour le Marseillais que je suis.... quoique... il paraît qu'un de mes ancêtre, un nommé Pythéas, aurait poussé ses explorations jusqu'à Thulé !
Je suis donc entré de plain pied dans la culture groenlandaise; j'ai appris qu'au Groeland, on se mouille, on se caille, mais on s'amuse bien aussi, puis qu'on s'amuse à dépecer les phoques, mais aussi des hommes !
Plaisanterie mis à part, l'histoire se lit facilement, avec un minimum d'attention tout de même : les noms des personnages ou des lieux sont un peu complexes (avec beaucoup de "a" : Qequertarsuatsiaat , ou Tupaarnaq ). Attention aussi aux changements d'époque, ils arrivent sans prévenir.
Sinon, le récit est bâti en paragraphes courts, ce qui impriment un rythme au récit.

Un livre à découvrir. Celles et ceux qui ont lu Qaanaaq de Mo Malo ne seront pas dépaysé (e) s.
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Le Grand prix des lectrices Elle 2020 s'achève avec la lecture de la fille sans peau et heureusement pour moi, la dernière bouchée de cette aventure livresque aura été savoureuse.

Dans ce jury, nous avons eu à lire 9 polars et ça n'a pas été toujours une partie de plaisir tant l'ennui m'a souvent guettée au détour d'une page souillée d'hémoglobine. Je n'ai quasiment jamais réussi à m'intéresser à une enquête policière, les flics de l'un me semblaient ressembler en tous points aux flics de l'autre. Et puis, au milieu de tout ça, il y a eu de rares mais belles surprises comme La fille sans peau de Mads Peder Nordbo.

L'histoire démarre en 2014 à Nuuk, la capitale du Groenland. Matthew Cave, journaliste est dépêché par son rédacteur en chef sur un scoop susceptible d'intéresser le monde entier : la découverte d'un corps momifié d'un Viking. Une avancée scientifique majeure qui va se transformer en quelques heures seulement en point de départ d'un crime sordide quand la dépouille du Viking aura disparu et que le policier chargé de veiller sur elle aura été retrouvé éviscéré. Dès lors les questions fusent : pourquoi avoir volé ce corps ? Qu'avait-on à cacher ? Et pourquoi ce meurtre ressemble-t-il étrangement à une série d'assassinats perpétrés 40 ans plus tôt ? Pour percer ce mystère, Matthew va remettre le nez dans de vieilles affaires qui ont secoué la communauté inuite : des histoires d'incestes malheureusement très répandues dans certaines familles du coin…

Une fois ce résumé posé, vous vous demandez certainement ce que ce polar pouvait bien avoir de plus que les autres ? Trois choses selon moi.

D'abord, le personnage principal, Matthew Cave, n'est pas flic mais journaliste. Ca n'a l'air de rien dit comme ça mais pour la lectrice que je suis, ce changement d'univers est une vraie bouffée d'air frais. Moins de flingues, plus de scoops, voilà la clé du bonheur ! Ceci dit, et pour être tout à fait honnête, l'auteur n'a malgré tout pas résisté à en faire un énième énergumène cabossé par la vie mais celui-ci tient encore debout sans avoir besoin de s'envoyer des hectolitres d'alcool dans le sang. Il préfère la nicotine pour se détruire à petit feu, à chacun ses plaisirs…

Deuxième point positif : le décor. Avec ce polar je me suis découvert un intérêt totalement insoupçonné jusque-là pour les terres inhospitalières du Groenland (lecteurs de Qaanaaq, je vous vois venir… sauf qu'ici l'auteur est Danois et a vécu au Groenland, c'est un vrai de vrai en somme). Changement de décor mais aussi d'us et coutumes, ce que j'ai adoré. J'ai eu l'impression de partir en exploration et je compte bien placer lors de mon prochain dîner mondain - en 2045 si tout le monde respecte bien le confinement d'ici là - le mot ulu (ou ulo si vous préférez) dans une phrase du genre : "mince, je viens de faire tomber mon ulu, en auriez-vous un autre à me donner ?" Facile, n'est-ce pas ?

Enfin, troisième élément qui plaide en la faveur de ce roman : l'écriture. Et là je sais pertinemment que je vais à l'encontre de l'avis de pas mal des autres jurées qui se sont désespérées de cet enchaînement de "sujet - verbe - complément" mais de mon côté, ça m'a offert un peu de répit dans ce monde de circonvolutions littéraires. Je n'en pouvais plus de ces auteurs qui se gargarisent de leur style et se regardent écrire comme d'autres s'écoutent parler. J'ai eu un petit trop plein stylistique ces derniers temps avec l'impression de subir l'ego démesuré de certaines plumes magistrales mais oh combien fatigantes à lire à la longue. Alors oui, l'écriture est simplissime mais je ne la trouve pas pour autant mauvaise. Est-ce dû au style de l'auteur, à sa culture ou à la traduction ? Toujours est-il que je trouve cette écriture rythmée, efficace et factuelle. Surtout, elle est mise au service d'une intrigue sans temps morts, l'auteur ne cherchant pas à se lancer dans des descriptions interminables. Donc pour moi c'est une belle surprise là encore.

Maintenant, il y a quand même un point qui me chagrine dans tout cela : les noms des personnages ! Comment voulez-vous vous y retrouver au milieu de Tupaarnaq, Paneeraq, Ottesen et Leiff ? Ce doublement de lettres dans les prénoms m'a perturbée à plusieurs reprises (si quelqu'un en connait la signification, ça m'intéresse !). J'ai éprouvé bien des difficultés à me rappeler qui était qui mais cette perte de repères fait aussi partie du charme de ce roman.

Voilà donc un polar venu du froid qui m'a fait chaud au coeur.
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2014. Matthew Cave, Danois, travaille comme journaliste à Nuuk, Groënland. Il suit la découverte d'un corps déterré dans la glace, qu'on prend d'abord pour un Viking. Mais le corps disparaît. Pour s'occuper, il enquête sur des meurtres commis en 1973 sur quatre hommes groënlandais, qui ont été eux aussi ouverts de l'entrejambe au sternum et éviscéré, comme le corps dans la glace. Il suit alors les traces de Jacok Pedersen, un Danois qui a enquêté sur ces meurtres quarante ans plus tôt.
Un thriller bien mené dans un monde brutal.
L'occasion d'en savoir plus sur les relations compliquées entre le Groënland et le Danemark ; une relation de type colons vs colonisés, vieilles de plusieurs siècles, faite d'incompréhensions. Peu de Danois parlent le groëlandais : Jakob dépende de Karlo pour la traduction, et Matthew dépend de Malik. Et l'occasion d'en savoir plus sur la culture des Groënlandais (les esprits ; la chasse, la pêche...).
Mais rapidement la géopolitique disparaît au profit des relations humaines, qui ne changent guère d'un peuple à un autre.
Il est alors question d'abus sexuels, d'incestes, et de la place du père.
Le parallèle entre les deux Danois, Matthew et Jakob est intéressant. Matthew possède le carnet de notes de Jakob et suit donc ses hypothèses. Les parties alternent entre l'enquête du policier en 1973 et celle du journaliste en 2014. Les similitudes entre les deux personnages et leur situation sont troublantes. Tous deux sont danois. Tous deux sont aidés par un policier. Tous deux ont affaire à une hiérarchie frileuse. Une Groënlandaise gravite autour de chacun d'eux. Tous deux s'installent dans une location, sans toucher à la déco des précédents propriétaires.
Et il y a ce rapport à la paternité. L'absence du père (celui de Matthew, Américain a disparu de la base de Thulé) ; des pères pas à leur place ; des hommes qui feraient des bons pères mais qui n'ont pas d'enfants.
Bref, un bon thriller, à la fois dépaysant et tristement universel.
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Dans ce polar venu du nord, nous suivons Matthew Cave, journalise Danois, envoyé au Groenland pour enquêter sur la découverte d'une momie viking. L'intrigue partira très rapidement dans une toute autre direction (dommage, l'histoire initiale me plaisait bien). Matthew se retrouve mêlé à une ancienne enquête qui vient d'être ouverte de nouveau, un tueur en série ciblerait des pédophiles et les tuerait d'une façon particulièrement cruelle.
Nous suivons alors en parallèle l'ancienne enquête menée dans les années 70 par un policier aujourd'hui disparu, et l'enquête actuelle menée par Matthew. Il sera bientôt accompagné dans ses recherches par une jeune femme, sortant tout juste de prison, dont le corps est recouvert de tatouage et qui est bien décidée à faire la lumière sur cette affaire.
L'intrigue n'est pas sans rappeler celle de Millénium, le duo femme tatouée & journaliste torturé marche toujours aussi bien.
L'intrigue du polar tient plutôt bien la route, je ne m'attendais pas spécialement à ce dénouement, cependant, l'intérêt du livre se trouve surtout dans ses personnages et dans le contexte de l'histoire. La psychologie des personnages est complexe, Matthew se reconstruit après une dure épreuve et il n'est pas le seul. J'ai appris beaucoup de chose sur le contexte social du Groenland, la précarité et les injustices vécues par le peuple inuit, ayant beaucoup souffert de la domination danoise… le récit est malheureusement un peu confus, j'ai parfois eu du mal à suivre entre les 2 enquêtes, passées et présentes, les prénoms des personnages secondaires m'ont parfois embrouillé.
Un bon polar nordique, l'intrigue fonctionne, les personnages sont intéressants et le décor du Groenland fascinant.
Livre lu dans le cadre du grand prix des lectrices de ELLE 2020.
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