Citations sur Code 93 (359)
Devant le distributeur, Malbert commença la danse de celui qui cherche quelques pièces dans ses poches. Coste nourrit la machine et d’un geste désabusé l’invita à entrer le numéro souhaité. Potage tomate. Décidément, Malbert avait tout pour déplaire. La suite le conforterait dans cette idée.
Quatre voies grises et sans fin s’enfonçant comme une lance dans le cœur de la banlieue. Au fur et à mesure, voir les maisons devenir immeubles et les immeubles devenir tours. Détourner les yeux devant les camps de Roms. Caravanes à perte de vue, collées les unes aux autres à proximité des lignes du RER. Linge mis à sécher sur les grillages qui contiennent cette partie de la population qu’on ne sait aimer ni détester. Fermer sa vitre en passant devant la déchetterie intermunicipale et ses effluves, à seulement quelques encablures des premières habitations. C’est de cette manière que l’on respecte le 93 et ses citoyens : au point de leur foutre sous le nez des montagnes de poubelles.
Dans le XVIe, quand on gueule « police » tout le monde se paralyse, même ceux qui ne sont pas concernés. Quand on annonce « police » dans le 93, les racailles entendent « pool ! » et sortent les fusils.
Le métro charrie son flot d'usagers bien vivant qui passent devant ce bâtiment de briques rouges, ignorant les cadavres qui attendent à la morgue le moment de se confier une dernière fois. Parfois, à cette station uniquement, un relent particulier flotte dans l'air. Seuls les flics et les médecins sont capables de l'identifier. L'odeur de la mort. Incrustée dans la mémoire comme un warning. La thanatomorphose dans sa ronde immuable. Mort, refroidissement, rigidité, déshydratation, lividité, décomposition.
- J'arrive pas à concevoir une organisation pareille [...] juste pour une histoire de chiffres. C'est beaucoup trop gros. Elle est où l'histoire de fric, dans tout ça ?
- Comment t'en arrives à cette conclusion ?
- Le monde tourne autour de l'argent et du sexe, le reste n'est qu'une exception, et dans ce cas précis je ne vois pas de place pour le cul.
- Exact, je me suis posé les mêmes questions et c'est à peu près à ce moment qu'on m'a fait comprendre mon intérêt à en savoir le moins possible.
(p. 148-149)
- D'ailleurs, Scaglia, c'est corse, non ? Qu'est-ce que tu fous dans le 93 ?
- Ma mère est corse mais j'y ai jamais foutu les pieds, j'aime pas la mer, j'aime pas la montagne, j'aime pas les explosifs.
(p. 135)
– On est arrivé, Doc.
Sans même ouvrir les yeux, celui-ci commença à râler.
– Tout ça pour me taper un cadavre, vous faites vraiment chier.
– Tu parles aussi mal qu’un flic, Doc.
Longer les couloirs d'une PJ, c'est faire face à ce que l'homme recèle de pire en lui.
L'amour ça déborde comme un coloriage d'enfant.
- Le pauvre, je te rappelle qu'il a perdu ses couilles tout de même. C'est cher payé.
- Oui, je me demande d'ailleurs ce qu'on a pu lui faire payer pour ce prix-là.
- Jevric t'a raconté son histoire ? Le type qui s'est fait coupé un doigt pour un kil' de cannabis ? Alors si un doigt égal un kilo de shit, une paire de testicules égale ?
- Ça a l'air simple,les maths avec toi, tu devrais avoir des gosses, tu les aiderais sacrément pour les devoirs à la maison?