Entre deux mondes

Elle me parlait de l'Europe comme d'un monde magique. Son aîné m'a même appris qu'en France un avion décollait de Paris pour diffuser du parfum dans toutes les villes. Qu'en Italie il y avait un endroit où les habitants vivaient sous l'eau. Qu'en Amérique les gens mouraient de trop manger. Mais le plus bel endroit, il en était sûr, c'était l'Angleterre. ce pays dont sa mère lui parlait depuis le début des conflits.

Le poids des tristesses ne se compare pas.

Rassuré, Merle photographia les six visages et posa un regard envieux sur le lit douillet. Il était 3 heures du matin et la jungle se trouvait à plus de 5 km de l’hôtel.
- Ça vous dérange si je dors un peu pendant que vous regardez la télé ? Un vrai lit, ça fait longtemps.
Paris lui offrit son plus beau sourire.
- Ça m’étonne que vous ne les sentiez pas, les moments ou vous dites des conneries.
- C'est non, alors ?
- Cassez vous, Merle.

- Ouais. Non-assistance à personne en danger. Mais je vois toujours pas le rapport.
- Le rapport c'est qu'on fait exactement la même chose. Tous ces migrants, là, c'est comme s'ils fuyaient un assassin en série, qu'ils frappaient à notre porte et que nous, on faisait semblant de pas entendre.

- C'est le minimum. Ils le chargeront à bloc. Comme pour toutes les traversées. Comptez plutôt sur trois cent personnes. Les places valent plus que de l'or, elles valent du sang.

- Un Nissan Qashqai comme véhicule de police, déjà c'est pas commun. Mais avec un toit vitré ! C'est une blague ? Vous le collez où, le gyrophare aimanté, si vous n'avez pas de toit en métal ?
Cortex apprécia la remarque et y ajouta son opinion personnelle.
- On le tient à la main, ou on le met sur le tableau de bord, comme les flics dans les séries américaines. Tant que les décisions seront prises par des gens qui ne connaissent rien à notre boulot, c'est le genre de conneries qu'on devra supporter.

- Remarque, ça fait près de deux ans qu'on ferme les yeux, c'est pas pour les ouvrir aujourd'hui.

- Un Zodiac militaire, surplus de l’armée libyenne d’une capacité de deux cents places.
- Tant que ça ? s’inquiéta Nora.
- C’est le minimum. Ils le chargeront à bloc. Comme pour toutes les traversées. Comptez plutôt sur trois cents personnes. Les places valent plus que de l’or, elles valent du sang.

- Si les migrants ne comprennent pas, on lâche les chiens. Ou les CRS, y a pas grande différence. ( Cortex)

- (...) T'es un touriste tant que ça t'amuse. Le jour où t'auras envie de les buter au fusil, tu pourras te considérer comme un vrai Calaisien.