Citations sur Territoires (236)
Estelle Vesperini avait sauté une classe. A douze ans, elle terminait sa quatrième et sa mère [maire de cette commune du 93] se félicitait quotidiennement de l'avoir placée dans le privé.
« L'école publique, comme la paix dans le monde, c'est une belle promesse, mais dans l'attente de l'une ou de l'autre, armons-nous et protégeons nos gosses », avait-elle dit un jour au proviseur du collège Charles-Germain-de-Jouy qui lui avait répondu en riant bien fort qu'elle avait beaucoup d'esprit.
Un café à la main, un encombrant sac plastique de l'autre, Coste poussa du pied la porte du bureau 'Crime 1' qu'il trouva déjà squatté par son équipe. Ronan, comme à son habitude, s'amusait à persécuter Sam. [...] Un PC portable entre les mains, Ronan tentait de montrer à son souffre-douleur la vidéo tournée par les Stups quelques jours plus tôt.
- C'est une pièce de la procédure, va bien falloir que tu la mates.
- C'est bon, je sais ce qu'il y a dessus. Une exécution en direct. C'est rien d'autre qu'un 'snuff movie'. Le regarder, je comprends, mais ça fait quatre fois que tu le passes en boucle. Non seulement tu me soûles, mais en plus tu m'inquiètes.
(p. 48-49)
Emy arriva, passablement surexcitée. Elle tirait si fort sur sa laisse que sa respiration en devenait rauque. A l'autre bout, son maître tentait de la canaliser.
- Vous allez me la faire crever ! Dans le hall, déjà, elle en pouvait plus. Il est construit en shit, votre immeuble ?
Comme l'aurait été la maison de la forêt, dans 'Hansel & Gretel', si la sorcière avait été une toxico, s'amusa Johanna.
-Vous me faites marrer les mecs, les mecs, à croire que vous avez une baguette entre les jambes.
-Fais moi penser à écrire cette phrase sur un tee-shirt.
- Provoquer une émeute, c'est facile. Y mettre fin aussi. Par contre, ce qui peut se passer entre les deux, personne ne saurait le prédire.
Vesperini s'affaissa dans son fauteuil.
- Attendez... vous me dites que vous ne savez pas comment tout ça va évoluer ?
- Je ne tiens qu'une partie des quartiers, mais avec la mort du petit, vous avez lancé une invitation générale à descendre dans la rue. Une armée sans leader.
- Une armée sans aucun contrôle ?
Sa citation favorite lui revint, comme d'habitude, mais son sens n'eut jamais autant de force :
- Alors on a les mains dans la merde et dans le sang. Jusqu'au coudes.
- Pourquoi ? Vous imaginiez qu'on peut gouverner innocemment ?
Sur cette dernière phrase, il raccrocha. Et sur cette dernière phrase, Andrea Vesperini resta sans voix. Ce petit con connaissait Sartre et ce simple fait la terrifiait plus que toute autre menace.
Toujours plus compliqué de vendre de la verroterie à des Indiens éduqués.
Pourquoi la Seine-Saint-Denis aurait-elle un traitement de faveur ?
Parce que nous sommes le paillasson de Paris. Toute la politique est centrée dans la capitale et quand ça brûle en banlieue, l'odeur arrive jusque sous leur fenêtre. Nous sommes trop proches du coeur pour qu'ils acceptent que la situation s'envenime.
Le job de dealer, c’est comme celui de footballeur, les carrières sont courtes et il faut assurer l’après.
C'est facile de considérer le monde entre le Bien et le Mal. Le blanc et le noir. Alors que tout se passe dans la zone grise.
Bien, mes petites ballerines, comme vous avez pu le constater, on n'est plus à la "Manif'pour tous" des beaux quartiers de Paris. Ce soir au menu, ce sera autre chose que du catho versaillais. C'est pas des bébés et des poussettes qu'on va nous jeter à la gueule mais des parpaings et du mortier. Ça n'a pas le même goût.
-Putain, j'ai vu des salopes de toutes les sortes, mais elle, elle fait la synthèse.