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sur 3575 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quand on imagine une émission de télé-réalité, on pense à quelques imbéciles qui se pavanent en maillot de bain devant une piscine. Et pourtant, Amélie Nothomb a ici trouvé l'idée parfaite pour faire monter l'audience : un camp de concentration version réelle, avec famine, coups et morts version réalité.

Quand vous lisez cela, vous allez certainement vous dire que l'humanité, quoique déjà bien abrutie, ne peut pas s'abaisser à ça. Et pourtant, ce concept a soulevé en moi certaines questions : n'avez-vous jamais regardé une émission de télé-réalité pour vous « vider la tête » ou pour se moquer de la faiblesse d'esprit des candidats ? N'y a-t-il pas quelques chansons que vous connaissez par coeur alors que vous haïssez profondément leur parole, qui n'ont pas grand chose de français ? Jusqu'où sommes-nous près à nous abaisser, dans la bêtise ?

J'espère que l'on ne se rendra pas compte trop tard que nos actions, même celles de regarder un film sur son canapé, ont un impact. Je prends ce livre comme un avertissement, Amélie Nothomb tire ici la sonnette d'alarme contre l'espèce humaine. À nous de l'entendre.
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Amélie Nothomb naît en 1966 au sein d'une famille catholique de la noblesse belge. Elle obtient une licence en philologie romane à l'Université libre de Bruxelles, puis l'agrégation. Depuis 1992, elle publie de façon régulière un livre par année aux éditions Albin Michel. Acide sulfurique, son quatorzième roman, est une dystopie qui, pour la première fois pour Amélie Nothomb, déclenche une polémique lors de sa parution.

“Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffit plus ; il leur en fallut le spectacle”. Pannonique se voit arrêtée et débarquée dans un camp semblable à ceux pas si anciens des déportations nazies. A la différence près qu'en bonne téléréalité, il y a des caméras partout ! Elle deviendra de tous les détenus la cible préférée des caméras, l'égérie des téléspectateurs. Pourquoi ? Sa beauté ! Son matricule ? CKZ 114. Zdena se voit attribuer le poste de kapo, sans aucune autre qualification que d'être bête, méchante et brutale. L'émission « Concentration » a immédiatement des audiences records.

Tout est décidé d'avance : le temps (1 an), le lieu (un camp de concentration), la situation (des kapo sadiques, des détenus exécutés deux par deux), les dyades pulsionnelles (sado-masochisme, exhibitionnisme-voyeurisme). Et pourtant, il ne suffira que d'un peu de haut-médoc pour que tout change. La déshumanisation peut aller bon train, il suffit de si peu pour la faire dérailler, un prénom, une humanité. On dit d'ailleurs “faire ses humanités” pour dire l'étude des littératures grecques et latines. Se tourner un instant en arrière pour apprendre des erreurs du passé, ne jamais se détourner de l'horreur et se frayer une voie.

Gaultier
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Amélie Nothomb, avec "acide sulfurique" nous propose une satire de la téléréalité...
Ce roman est très original puisque " le jeu" de téléréalité représente un camp de concentration recréé avec toute son horreur, et personne ne réagit et au contraire les audiences font des bonds prodigieux.
Seul espoir de ce camp la jeune Pannonique qui va essayer de rester digne et d'insuffler l'espoir à ses codétenus.
Comme tous les livres d'Amélie Nothomb, c'est une lecture rapide, un roman de moins de 200 pages. Les personnages sont plutôt bien construit et attirent la sympathie.
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L'autrice belge aborde avec ce titre la télé-réalité dont elle nous livre ici une féroce critique. Avec comme toujours une économie de mots, ce qui ne le rend pas moins fort bien au contraire, ce texte dénonce la cruauté d'une forme de télé-réalité poussée à l'extrême et jette un éclairage cru sur certains travers de notre époque.

Le roman aborde de manière particulièrement accessible, la notion d'éthique en résonnance avec la seconde guerre mondiale car les parallèles sont nombreux et Amélie Nothomb les énonce bien volontiers.

Le récit se déroule de nos jours, on ne connaît pas la localisation si ce n'est que ce camp doit avoir pris ses quartiers dans un camp de concentration nazi. le titre de l'émission est Concentration, les participants à la téléréalité ont fait l'objet de rafles et sont arrivés à bord de wagons bondés.

Les personnes jugées aptes au travail se sont vus dépossédés de leur identité au profit d'un matricule tatoué dans leur chair, les autres (vieillards, enfants, bébés) ont été immédiatement gazés.

Et comme si l'horreur ne suffisait pas, tout se passe devant les caméras de télévision et le programme bat tous les records d'audience. Chaque jour, les téléspectateurs se repaissent des scènes de schlagues et des mises à mort tandis que les malheureux prisonniers se demandent comment le monde a pu devenir fou à ce point, comment les politiques peuvent-ils laisser faire jour après jour de telles exactions ?

Et en refermant ce roman, je comprends pourquoi ce titre est choisi par les professeurs de français car il y a beaucoup à dire et matière à discuter avec les adolescents autour de cette émission télé-réalité poussée à son extrême, là où l'homme atteint des sommets de barbarisme, la presse des sommets de complaisance, où l'odieux sert de divertissement aux masses laborieuses, qui en redemande tout en n'oubliant pas de s'indigner au passage.

Au-delà de la critique de la télé-réalité et des nombreux parallèles avec l'horreur des camps de concentration nazis, l'autrice aborde aussi l'importance du prénom, du langage et même de Dieu.

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Amélie Nothomb est une romancière belge que l'on ne présente plus. Elle écrit un roman par an qui sort par tradition en septembre (ce qui nous permet de savoir que c'est la rentrée). Elle est Commandeur de l'Ordre de la Couronne et le roi lui a accordé la concession du titre de Baronne. Depuis 2015, elle est membre de l'Académie Royale de la Langue et de la Littérature Française de Belgique.
"Acide Sulfurique" est son roman ou plutôt dystopie de l'année 2005.
Pannonique est prise dans une "rafle" pendant une promenade pour intégrer une émission de télé-réalité "Concentration". Ce programme s'inspire, comme son nom l'indique, des camps de concentration de la Seconde Guerre Mondiale. En parallèle, d'autres personnes sont recrutées pour être des "kapos". Chaque semaine, leur rôle est d'envoyer à la mort deux prisonniers. Une des kapos s'éprend d'une détenue...
Cette fable futuriste fait froid dans le dos. C'est une critique de la "mal bouffe" visuelle (idée de la bêtise humaine pour faire de l'audimat) en reprenant l'histoire des juifs déportés. On y retrouve tous les traitements et les effets de la déportation tels que :
- l'attribution d'un matricule pour que le prénom de la personne disparaisse,
- la famine qui va entraîner un manque de respect entre les détenus,
- les différentes résistances individuelles et collectives,
- comment une personne peut entraîner un groupe à la suivre dans une action.
Cette lecture est une perpétuelle lutte entre la dignité et de l'autre côté, la tentative de déshumanisation.
Les romans d'Amélie Nothomb sont assez courts à lire et sont souvent étudiés pendant les années de lycée depuis quelques temps (mon fils doit le lire pour son entrée en seconde). Son style dans ce livre est à la fois pétillant et morbide.
Ce livre a fait l'objet de polémiques à sa sortie.

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Je me suis fiée aux«  Babelio's » et j'ai bien fait!
Bien écrit, c'est évident,ce livre interpelle,dérange ...et si c'etait possible ce genre d'horreur??? D'ailleurs A.Nothomb ne fait que reprendre un fait historique dont nous sommes sensés avoir tiré la leçon et ne jamais oublier ,elle l'adapte et elle nous montre que l'on pourrait faire si ce n'est pire , en tous cas tout aussi sordide... toutefois pas de leçon de morale, mais une fable habilement écrite ,qui donne à réfléchir sur notre voyeurisme de spectateur télévisuel...
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Une dystopie bien construite et qui fait froid dans le dos, Amélie Nothomb imagine une émission de télé réalité basée sur le concept affreux des camps de concentration.
Un excellent roman avec de la bonne SF, l'auteure nous enchante avec tant d'horreurs qu'elle atténue grâce à sa belle plume.
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Acide sulfurique, je dis oui !

Comme à son habitude, Nothomb me surprend, je me délecte de ce roman, j'ai adoré son aplomb, tant par le choix du sujet que par la forme choisie.

L'histoire est simple ; une nouvelle télé-réalité voit le jour, tout bonnement nommée "Concentration". Les candidats sont des prisonniers enlevés au hasard, on les emmène dans des camps, on recrute des kapos, bref, on reproduit l'horreur des camps nazis, tout cela filmé et servi à l'oeil pervers des téléspectateurs. Tout y est reproduit à l'égale : on donne des matricules aux prisonniers, on les bat, on les sous-nourrit, on les déshumanise.

Pannonique est d'une beauté inédite, elle est prisonnière et refuse de succomber à l'auto-apitoiement, elle ne veut en aucun cas que les téléspectateurs se nourrissent de sa douleur provoquée par les coups de la kapo Zdena. Cette dernière, une jeune femme insignifiante et insipide, voue une adoration aussi immédiate qu'absolue à Pannonique. Très vite, une étrange relation va naître entre les deux femmes.

Ce que j'ai adoré dans ce roman, c'est le thème : la télé-réalité et l'abrutissement à l'échelle universelle. En théorie, c'est simple : personne ne regarde ces programmes, personne ne les aime, on les dénonce à tout bout de champ, on crie à l'horreur "Oh mon Dieu, voilà où nous en sommes!"... Mais qu'en est-il de la réalité ? Eh bien Nothomb le décrit avec perfection : tout le monde y succombe, c'est une "pandémie", et peu importe la raison pour laquelle on s'y met (par curiosité maladive ou malsaine, pour voir ce que c'est, pour voir ce que le monde fait de pire, pour voir ce que le monde fait de pire et ne surtout pas le faire...) bref, quand bien même les intentions seraient bonnes, le fait est que ces programmes ont bien trop souvent un succès injustifié.

Dans sa mise en scène qui fait écho à la pire tragédie humaine, Nothomb dénonce l'apogée de l'hypocrisie, en y impliquant le chefs d'Etat, les intellectuels, les érudits et bien d'autres encore.

Je lui dis un grand "oui" et merci !

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Par une coïncidence qui n'en est sans doute pas une^^, j'ai lu ce roman (qui m'avait été conseillé par une collègue) à la suite de "Cell.7" et les deux s'appuient sur une dystopie de télé-réalité pour dénoncer certains travers médiatiques et faire réfléchir sur des questions philosophiques plus larges.
Je ne suis pas fan de l'écriture d'Amélie Nothomb même si j'en reconnais la maestria et l'intelligence. C'est donc bien le thème et l'intrigue qui m'ont intéressée ici.
L'auteur a imaginé que, pour une émission de télé-réalité, des inconnus sont raflés de façon aléatoire dans la rue et déportés dans un camp de concentration où ils devront prouver leur aptitude au travail pour survivre. Les plus faibles étant exterminés.
Pannonique est une jeune femme brillante et très belle qui va focaliser les regards du public et des prisonniers mais aussi de la Kapo Zedna. Et de la relation de ces deux femmes va naître une forme de bras de fer dont l'enjeu est la liberté.
J'avoue avoir adoré le dénouement et il est clair que cette construction narrative est brillante.
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" Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffit plus : il leur en fallut le spectacle."
Une phrase d'Amélie Nothomb, qui peut résumer dans sa globalité cette dystopie : un camp de concentration qui sert de décor à une émission de télé-réalité..
Qui a même amené Amélie Nothomb et son ami Frédéric Beigbeder à s'expliquer dans une émission TV, tant cette histoire à dérangé.
Cette histoire fait immédiatement penser à la télé réalité, et à ce que le téléspectateur est près pour assouvir son besoin de vice.
Un thème psychologique, sociologique souvent étudié, utilisé par les auteurs de SF, je me souviens d'un livre non pas "Running Man" que je n'ai pas encore lu, mais de "Expérience sur l'obéissance et la désobéissance à l'autorité" de Stanley Milgram, relate les expériences sur la soumission à l'autorité, jusqu'où peut aller un être humain dans l'obéissance (même jusqu'à tuer), l'on peut y voir un parallèle sur les téléspectateurs et sur ce qu'ils veulent ou souhaitent aller, enfin au Pays-Bas ont a eu ce genre d'émission, par la suite retiré, je crois.


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