Acide sulfurique, je dis oui !
Comme à son habitude, Nothomb me surprend, je me délecte de ce roman, j'ai adoré son aplomb, tant par le choix du sujet que par la forme choisie.
L'histoire est simple ; une nouvelle télé-réalité voit le jour, tout bonnement nommée "Concentration". Les candidats sont des prisonniers enlevés au hasard, on les emmène dans des camps, on recrute des kapos, bref, on reproduit l'horreur des camps nazis, tout cela filmé et servi à l'oeil pervers des téléspectateurs. Tout y est reproduit à l'égale : on donne des matricules aux prisonniers, on les bat, on les sous-nourrit, on les déshumanise.
Pannonique est d'une beauté inédite, elle est prisonnière et refuse de succomber à l'auto-apitoiement, elle ne veut en aucun cas que les téléspectateurs se nourrissent de sa douleur provoquée par les coups de la kapo Zdena. Cette dernière, une jeune femme insignifiante et insipide, voue une adoration aussi immédiate qu'absolue à Pannonique. Très vite, une étrange relation va naître entre les deux femmes.
Ce que j'ai adoré dans ce roman, c'est le thème : la télé-réalité et l'abrutissement à l'échelle universelle. En théorie, c'est simple : personne ne regarde ces programmes, personne ne les aime, on les dénonce à tout bout de champ, on crie à l'horreur "Oh mon Dieu, voilà où nous en sommes!"... Mais qu'en est-il de la réalité ? Eh bien Nothomb le décrit avec perfection : tout le monde y succombe, c'est une "pandémie", et peu importe la raison pour laquelle on s'y met (par curiosité maladive ou malsaine, pour voir ce que c'est, pour voir ce que le monde fait de pire, pour voir ce que le monde fait de pire et ne surtout pas le faire...) bref, quand bien même les intentions seraient bonnes, le fait est que ces programmes ont bien trop souvent un succès injustifié.
Dans sa mise en scène qui fait écho à la pire tragédie humaine, Nothomb dénonce l'apogée de l'hypocrisie, en y impliquant le chefs d'Etat, les intellectuels, les érudits et bien d'autres encore.
Je lui dis un grand "oui" et merci !