Diane n'appartenait pas à la catégorie de ceux qui voient une forme d'expiation dans le supplice de leurs bourreaux. Même si elle approuvait Célia, elle trouvait terrible qu'il fallût fuguer et abandonner son enfant pour ne pas de venir nuisible
Surtout, mamie la regardait et lui parlait. Avec mamie, elle n'existait pas que le matin ou le soir. Elle existait sans arrêt, c'était excitant. Il arrivait même que mamie l'emporte à l'extérieur vivre des aventures étourdissantes. Ensemble, elles allaient au marché acheter des légumes, choisir des fruits, explorer l'univers. Il n'y avait pas de limites au pouvoir qu'avait mamie de rendre le monde intéressant.
C'est une phrase d'Alfred de Musset " Frappe-toi le coeur, c'est là qu'est le génie"
(p.93)
Diane cessa d’être un enfant à cet instant. Pour autant, elle ne devint ni une adulte ni une adolescente : elle avait 5 ans. Elle se transforma en une créature désenchantée dont l’obsession fut de ne pas sombrer dans le gouffre que cette situation avait creusé en elle.
Chaque jour était le trognon d'un jour et ce n'était pas elle qui en croquait la chair.
A quoi cela rimerait-il d'adresser des reproches à une personne incapable de s'analyser, à plus forte raison avec tant d'années de retard ?
« La bêtise, c’est de conclure », a écrit Flaubert. Cela se vérifiait rarement autant que dans les querelles, ou l’on identifiait l’imbécile à son obsession d’avoir le mot de la fin.
Il apparaissait maintenant à Diane que le mépris était pire que la haine. Celle-ci est si proche de l'amour, quand le mépris lui est étranger.
C'est donc cela, le sens, la raison d'être de toute vie : si l'on était là, si l'on tolérait tant d'épreuves, si l'on faisait l'effort de continuer à respirer, si l'on acceptait tant de fadeur, c'était pour connaître l'amour.
Il apparaissait maintenant à Diane que le mépris était pire que la haine. Celle-ci est si proche de l'amour, quand le mépris lui est étranger.
(P150)