Il y a quelques années, j'ai découvert Maggie O'Farrell en lisant « Cette main qui a pris la mienne ». Déjà, j'avais apprécié le style et la sensibilité de l'auteure. J'ai entamé la lecture d' «
Assez de bleu dans le ciel » avec de grandes espérances et à la fermeture du livre mon enthousiasme est encore bien vivant.
« Ma femme est folle ». Cette phrase prononcée par Daniel Sullivan, le « je » qui ouvre le récit, n'est pas commune et interpelle. Soit… Une drôle d'entrée en matière. Dès les premières pages, le mystère s'installe autour de cette femme prénommée Claudette, ex-star de cinéma qui, un jour décide de disparaître et de se réfugier avec son jeune fils Ari au fin fond du Comté de Donegal derrière douze portails.
Le roman est constitué d'une succession de chapitres mettant en scène différents personnages ayant tous un lien avec Daniel et/ou Claudette. Tour à tour, chaque personnage prend la parole et apporte sa contribution au puzzle qui se dessine et qui nous tient en haleine durant près de 480 pages. Il faut saluer la performance de l'auteure qui nous offre une incroyable galerie de personnages tous traités avec la même rigueur que les deux dits principaux. Cette alternance de narrateurs génère une certaine hâte et un plaisir à les retrouver quelques chapitres plus loin. S'étalant de 1944 à nos jours, le récit nous permet également de voir évoluer les personnages à travers le temps, d'en voir naître certains, disparaître d'autres au cours de cette formidable fresque. Ce voyage temporel nous emmène également aux quatre coins du monde.
Maggie O'Farrell décrit des héros perdus, blessés, rongés par les non-dits, sans cesse rattrapés par un passé qu'ils tentent de fuir à l'image de Daniel et de ses allers-retours entre les États-Unis et l'Irlande de ses ancêtres. Elle n'a de cesse de se renouveler et de nous surprendre par la diversité et la richesse de son oeuvre. Elle y mêle des passages d'une grande beauté, de l'humour, de l'amour, de la tristesse, de la noirceur avec l'espoir qu'il y ait
assez de bleu dans le ciel pour chasser les nuages.
Maggie O'Farrell nous offre un récit gigogne étonnant et original servi par des personnages attachants.
Que ceux qui pourraient être rebutés par un roman choral se rassurent, le récit est limpide et parfaitement maîtrisé. Au fond, le seul regret est d'avoir tourné la dernière page et de quitter nos héros sur la pointe des pieds, eux qui nous ont pris à témoin de leurs vies cabossées.
Merci à Babelio et aux éditions Belfond pour ces quelques heures passées à dévorer la plume magique de Maggie O'Farrell.