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Plaid Klaus (Illustrateur)
EAN : 9781534306684
144 pages
Image Comics (05/06/2018)
3.75/5   2 notes
Résumé :
From writer RYAN O'SULLIVAN (Turncoat, The Evil Within, Warhammer 40,000) and illustrator PLAID KLAUS (Turncoat) comes the story of Ana and Gabe, the last two humans left alive in the galaxy. They're low on fuel, they're low on food, and they're low on psychedelic space froot, but they're still determined to make it to the promised land: hippy-paradise super-planet Euphoria. This is the story of their journey, the friends and enemies they made along the way, and how... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il comprend les 5 épisodes, parus en 2017/2018, écrits par Ryan O'Sullivan, dessinés et encrés par Plaid Klaus qui a également assuré la mise en couleurs. Seul le lettrage a été confié à Aditya Bidikar.

Quelque part sur une lointaine planète désertique, Ana & Gabe sont en train de siphonner un camion-citerne de carburant venu réapprovisionner une station-service perdue au milieu de nulle part. Ana est une jeune femme humaine, perpétuellement sous l'emprise des propriétés psychotropes d'une plante appelée Froot dont il existe de nombreuses espèces avec des propriétés hallucinatoires différentes pour chacune d'entre elles. Gabe est un homme au moins quadragénaire qui essaye de faire entendre raison à Ana en lui expliquant qu'elle ne sait pas se servir de la pompe, alors qu'elle lui explique qu'ils peuvent vivre ainsi pépère à jamais en ne commettant que de petits larcins, et changeant de planète à chaque fois. Leur discussion est interrompue par l'arrivée du propriétaire de la fusée-citerne qui exige des explications. Ana répond qu'ils ont surpris un individu en train de siphonner sa citerne et qu'ils viennent d'intervenir en le chassant. le routier les remercie pour leur esprit d'entraide, et leur offre le plein gratuit. S'en étant tirés à bon compte, ils ne demandent pas leur reste et décollent pour s'éloigner dans l'espace. Alors que Gabe fait part de ses remords à Ana que ça n'émeut pas le moins du monde, elle repère une navette de police se dirigeant vers la planète qu'ils viennent de quitter, visiblement juste à temps.

L'individu conduisant la navette de police atterrit sur ladite planète à côté du routier et de sa fusée-citerne. le chasseur est un individu humanoïde, portant une amure intégrale et un fusil sur le dos. Il interroge le routier qui prétend n'avoir croisé personne. Ana et Gabe se sont écrasés sur une planète voisine. Ana est opposée à l'idée d'activer l'Intelligence Artificielle (IA) du vaisseau qui pourrait le réparer, car cela voudrait dire que l'IA les guiderait automatiquement vers leur destination la planète Euphoria et Ana trouve qu'alors ils ne la mériteraient pas. Finalement, ils se dirigent à pied vers la ville la plus proche pour aller prendre un verre au bar. Ils sont accostés par Hitch, un extraterrestre avec une tête en forme de pieuvre. Il accepte de prendre du Froot, et Ana & Gabe lui faussent compagnie. Mais il les rejoint à proximité de leur vaisseau toujours endommagé, alors qu'Ana manipule une épée d'énergie, son bonnet descendu sur les yeux.

La quatrième de couverture apprend au lecteur qu'Ana & Gabe sont les deux derniers humains encore en vie dans la galaxie, ce qui n''est pas explicite dans le récit en lui-même, mais effectivement ils ne rencontrent que des extraterrestres (tous humanoïdes) et quelques robots autonomes. Dans un premier temps, le lecteur découvre donc un récit de science-fiction, avec voyage dans l'espace dans un coin non identifié de notre galaxie. L'artiste dessine dans un registre descriptif, en jouant essentiellement sur la taille et la forme de la tête des extraterrestres pour les distinguer de simples humains. Ils peuvent donc être d'une taille plus petite qu'un home, avec une tête évoquant celle d'un animal (un hibou ou une pieuvre par exemple), ou une tête déformée (par exemple beaucoup plus grosse). du fait de ces déformations, ces autres races n'apparaissent pas menaçantes mais plutôt inoffensives (même quand elles ont beaucoup de dents pointues), avec un vague parfum humoristique neutralisant toute tension dramatique même quand elles s'en prennent à Ana et Abe, par exemple en les attachant à un poteau pour les préparer à la consommation. Les auteurs se lâchent encore un peu plus avec les robots humanoïdes dont le chef d'une faction qui dispose d'une bedaine lui donnant l'apparence d'une baderne. le lecteur apprécie l'exotisme de ces différentes races, tout en comprenant qu'il ne s'agissait pas pour les auteurs de se montrer perspicaces dans la xénobiologie.

Ce récit s'inscrit dans le genre de la science-fiction, également du fait qu'il se déroule dans le futur et que les voyages dans l'espace sont monnaie courante. Là encore, le lecteur ne doit pas s'attendre à une forme d'anticipation technologique réfléchie. Klaus reprend des idées déjà vues pour la forme des vaisseaux, voire effectue une transposition basique de certains éléments contemporains. Par exemple le vaisseau de police est représenté sous la forme d'une voiture de police, avec de vagues propulseurs à la place des roues. 2 ou 3 personnages manient des pistolets laser de facture très classique. Il apparait que l'artiste s'est fait plaisir en s'investissant plus dans la conception de la moto de type chopper conduite par Ana. Dans la même optique, le scénariste ne développe pas le principe qui permet des voyages dans l'espace, rapides et faciles ; il le présente comme un fait établi. À part pour l'armure du chasseur et un scaphandre spatial, les tenues vestimentaires sont également fort semblables à celle du quotidien du lecteur. le dessinateur applique les mêmes principes pour dessiner les bâtiments, à l'intérieur comme à l'extérieur, avec un air vaguement futuriste, mais surtout très familier, sans appliquer de couche esthétique pour louer le romantisme du progrès scientifique.

Le fil de l'intrigue se révèle simple et efficace : Ana et Gabe veulent rejoindre la planète Euphoria dont ils ont entendu parler comme étant une sorte de Paradis, mais sans trop savoir ce qu'il en est réellement. Toutefois ils atteignent leur objectif en milieu de récit, et il leur reste encore à réussir à échapper au chasseur, avec le risque de se faire trahir par Hitch. le lecteur se laisse porter dans ces péripéties par la narration visuelle, très agréable et inventive. Plaid Klaus effectue un travail de mise en couleurs très compétent, rehaussant le relief de chaque forme, donnant une idée de la luminosité et mettant en oeuvre une couleur dominante dans certaines scènes pour rendre compte de la source d'éclairement ou de l'état d'esprit du personnage principal. Il réalise des découpages de planche variés, d'un dessin en double page à des cases comportant 9 cases, en fonction de la nature de la séquence. de la même manière, il conçoit des prises de vue spécifiques à chaque scène, pour une grande lisibilité et un bon rythme. En outre le lecteur découvre de nombreuses visions fort inattendues, pouvant aller d'un cadavre flottant dans l'espace, à Ana chevauchant un chopper le torse nu, une sorte de croisement entre un biker et une hippie.

Effectivement O'Sullivan et Klaus mettent en scène des individus qui semblent vouloir vivre l'utopie hippie. Ils vivent de petits larcins qui ne portent pas trop préjudice aux individus qu'ils roulent dans la farine. Ils n'envisagent pas de commettre un grand vol pour pouvoir se mettre à l'abri jusqu'à la fin de leur jour, mais de rester dans cette forme de petite criminalité, juste de quoi subvenir à leurs besoins du temps présent, sans s'enrichir. Ana semble fort bien s'accommoder de ce style de vie, au point de ne pas s'investir pour réussir à parvenir à atteindre la planète Euphoria. le cas de Gabe est un peu différent : il se rend compte qu'il prend de l'âge et qu'il éprouve des remords. Il aimerait bien s'installer sur Euphoria, cette forme de Terre promise. C'est un peu malgré eux que ces 2 individus finissent par atteindre leur but. La traque du chasseur prend alors le dessus pour fournir la dynamique du récit. le lecteur se laisse prend au jeu de l'intrigue, finissant par se demander qui se cache sous le masque du chasseur, quel sens peut donner la révélation de son identité. La fuite en avant des 2 personnages principaux le divertit dans sa dimension comique, mais dans le même temps, il ne s'agit pas d'une farce, d'un récit comique pour le plaisir des bons mots et des situations cocasses. le lecteur finit par se dire que ces tribulations peuvent aussi se lire comme une métaphore d'une approche de la vie.

Ana et Gabe ne demandent pas grand-chose : juste de quoi vivre peinards et de se mettre la tête à l'envers pour y prendre leur plaisir. Pourtant cet espoir d'un monde euphorique les délivrant des tracas de la vie quotidienne est remis en cause par la traque du chasseur. Lui seul ne semble pas pouvoir s'accommoder de leur style de vie, les autres personnes qu'ils rencontrent sur leur chemin se montrant conciliants, ou incapables de contenir les débordements d'Ana et Gabe. Les auteurs ont la prévenance de terminer leur récit avec des robots évoquant le sens de ce qui vient de leur être raconté, discutant de la liberté dont sont assoiffés Ana & Gabe. le lecteur a la confirmation que ce récit peut également s'entendre comme un conte, ayant une forme de sagesse à transmettre.

En voyant la couverture, le lecteur s'attend à une histoire de science-fiction avec une bonne dose d'humour et de dérision. Il apprécie la narration visuelle professionnelle, inventive et pleine de verve, agréable à l'oeil, même si l'ambition des auteurs n'est pas de développer la fibre de science-fiction. Au fil des épisodes, il finit par s'interroger sur l'enjeu du récit et par se rendre compte qu'il s'agit d'un conte pour adulte, d'une réflexion vaguement désabusée sur la nature humaine, sur la soif de liberté de l'être humain. 4 étoiles pour un récit original et bien mené, mais manquant d'un peu d'épaisseur ou de folie pour être impérissable.
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