Un livre de martyrs américains

Naomi asked, “Was Jesus’s crucifixion a kind of suicide”
“Not if Jesus was resurrected. That’s the happy ending.”
“But – we don’t believe that Jesus was resurrected. Do we?”
“We don’t, but others do. Very likely, Jesus thought he would be resurrected, at least before the crucifixion.”
Kinch continued: “Remember, on the cross Jesus calls out in a loud voice – “My God, my God, why has thou forsaken me ?” – “Eli, Eli, lema sabachthani ?” – the saddest words in the New Testament. (But the words are an echo of the Old Testament Psalms. Jesus was a Biblical scholar !) The rest of the story, the death, the burial in the tomb, the resurrection and the rising to heaven – is obviously of another, later era. This is the fairy-tale ending – the prescribed ending. It’s the verses leading to the crucifixion that depict a stark sort of reality. The betrayal of Judas – the denial of Peter – the anointing of Jesus’s feet by Mary, as if he were already a corpse – the matter-of-fact words of Jesus presaging his death : “Yet a little while is the light with you. Walk while you have the light, lest darkness come upon you : for he that walks in darkness knows not whither he goes.

Elle ne pouvait aimer personne. Elle percevait toujours les autres à travers une sorte d’écran. Elle était préoccupée, dissimulée. Ce qui comptait le plus pour elle ne pouvait être partagé avec personne, c’était une sorte de maladie honteuse dont elle n’osait pas parler.
Elle avait toutefois appris à contrefaire l’« amour », l’« amitié »… jusqu’à un certain point. Habilement, elle s’était créé une personnalité à l’intérieur de laquelle elle pouvait vivre, comme elle aurait pu assembler un patchwork de pièces colorées et disparates, éblouissant l’œil.
À moins que ce ne fût un masque de marionnette ? Elle, en tout cas, était quelque part à l’intérieur, cachée.

Nous savions que notre mère n’allait pas bien et que nous n’aurions pas dû la juger durement. Mais nous n’avions (peut-être) personne d’aussi proche à qui faire mal.

Comme la plupart des filles, elle avait été entraînée à sourire dès l'enfance. Sourire à vos aînés, à ceux qui ont autorité sur vous. Sourire quand vous avez peur. Sourire quand vous n'arrivez pas à entendre tout à fait ce qu'on vous dit. Sourire pour vous montrer douce, docile, coopérative, suprêmement bien élevée, "bonne". Sourire aux hommes.

La seule restriction que j'aurais concernant ce médecin avorteur héroïque, c'est la sanctification absurde qui a suivi sa mort. Cet homme n'est pas un saint, un martyr... c'était un idiot. Il était parfaitement idiot d'agir comme il l'a fait, de pousser aveuglément, témérairement, les ennemis de la rationalité à l'"assassiner" - ce qu'ils font toujours avec plaisir. Ce sont des gens désespérés, des chrétiens fondamentalistes. On ne peut pas s'interposer entre des gens désespérés et leur Dieu : ils vous mettront en pièces. Par définition, un martyr est un idiot.

Et je penserais alors, comme je le penserais toute ma vie, qu'il y a des liens entre les gens, des liens secrets entre les gens qui vous sont par essence inconnus, qu'on ne peut comprendre, qu'on ne peut deviner. Et qu'on ne peut juger.

Chez les femmes, les faiblesses de l'homme sont multipliées par deux ou trois. Leur volonté de résister à la tentation du désespoir ressemble aux muscles de leurs épaules et de leurs bras, elle n'est pas assez développée.

Elle ne voulait pas être condescendante. Ses parents lui avaient appris : ne pas mesurer les autres à son aune parce que (souvent) vous aviez des avantages qu'eux n'avaient pas.

N'élève pas la voix. Si tu élèves la voix, tu as déjà perdu la partie.

Il était douloureux pour Edna Mae, comme pour d'autres membres de la famille, que leurs frères chrétiens de l'Ohio soient si nombreux à s'opposer à tout « adoucissement » du code pénal. Et les sénateurs de l'État soutenant la cause du droit à la vie étaient rigoureusement opposés à tout modification du statut de la peine de mort, ce qui pourtant aurait sauvé la vie de Luther Dunphy.