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Une jeune fille dont les parents dirigent un orphelinat souffre de la morosité du lieu. La présence des enfants l'insupporte, convaincue qu'ils lui volent son enfance. « Cet institut ... dont je suis la seule pensionnaire a y être née sans être orpheline. C'est cela qui a défiguré ma famille. » Néanmoins, Jun, un adolescent observé à son insu à la piscine, égaie ses mornes journées et lui inspire des sentiments très forts. La jeune fille a une autre distraction, plus perverse celle-là. Un jeu cruel avec une très jeune enfant qui lui procure un plaisir malsain, mais va se retourner contre elle, anéantissant du même coup ses rêves.

Avec une concision étonnante, Yôko Ogawa explore les tourments adolescents. Cruauté, quête d'absolu et de pureté, affirmation de soi, doute, expériences nuisibles, on découvre dans un univers feutré et en apparence inoffensif, une violence qui laisse sans voix. Remarquable.

Challenge MULTI-DÉFIS 2018
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La jeune Aya, narratrice de ce récit, est la fille de parents qui dirigent l'institut Hikari, qui recueille des enfants orphelins. Elle est proche du plus grand d'entre eux, Jun, qui a son âge, qu'elle connaît depuis déjà dix ans. le plaisir secret d'Aya est de venir s'installer discrètement sur les gradins de la piscine publique pour admirer Jun dont la passion est de plonger du haut du plongeoir. Ses muscles bien dessinés, son corps mouillé, ses gestes précis…Aya est fascinée et troublée par cette esthétique…

Mais quand elle n'est pas à la piscine et ne voit pas Jun, l'ambiance est morne à l'institut. Elle a le sentiment d'être finalement moins heureuse que les pensionnaires, sans doute plus choyés en raison de leur situation. Sa mère, une bavarde impénitente, lui semble étrangère, et son père n'apparaît jamais. Alors elle méprise la grosse Reiko, et pire, fait de la petite Rie, encore presque bébé, son souffre-douleur, en faisant exprès de la faire pleurer en se cachant soudain lorsqu'elles sont ensemble, histoire que la petite se croit abandonnée.

Heureusement, toujours, Aya retrouve bien vite la piscine, et se délecte par les yeux de la sensualité du corps de Jun…

Un jour, elle retrouve dans un tiroir de sa chambre un chou à la crème, oublié là depuis trop longtemps…Avant de le jeter, elle en propose la moitié à la gourmande petite Rie, et la regarde le manger, imaginant l'écoeurante acidité de son goût altéré, avec un certain sadisme. Peu après, Rie est malade, et doit être hospitalisée dans un état sérieux…

Aya n'en semble pas traumatisée, et part retrouver Jun…Elle savoure encore une plus grande proximité physique et leurs échanges, car Jun a bien compris qu'Aya aime l'observer au plongeoir. Il l'observe aussi, elle…Mais le charme, suspendu, fragile et maladroit, va contre toute attente se dissoudre brutalement.

Ce texte est un des premiers de la carrière de Yôkô Ogawa, datant déjà de 1990. Et c'est, déjà, un chef d'oeuvre. Il est gorgé de sensualité, une sensualité subtile, intellectuelle, pudique : il n'y a pas de sexe, ni même de caresses, mais elle passe par des notations, la peau, les muscles de Jun, l'ambiance mouillée, l'eau de la piscine et la pluie que les deux adolescents regardent tomber étroitement côte à côte…Aya ne l'exprime pas directement, mais aime à jouer avec l'idée sous-jacente de sexualité, avec ce Jun dont elle n'avoue, et ne s'avoue à aucun moment qu'elle l'aime. La psychologie de cette fille est complexe, elle a un côté malsain, peut faire preuve de méchanceté sadique, à s'en prendre à des jeunes déjà peu aidés par la vie. C'est son ambivalence, elle a une face lumineuse, une face obscure. Ogawa suggère, son style est imagé et poétique, tout en étant assez clinique, dur, car Aya ne se laisse pas aller vraiment aux sentiments, elle semble indifférente aux autres, et son obsession pour Jun apparaît presque inquiétante, centrée sur ces muscles, cela devient comme un objet de convoitise, qui satisfait une sorte de lubie égocentrique.

J'ai adoré cette ambiance, et pour le coup, il y a bien une chute dans ce court récit d'une soixantaine de pages. Un texte ancien d'Ogawa, qui laisse deviner déjà l'immense talent de l'auteure.
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Eau trouble
La narratrice, Aya, est une jeune adolescente. A la sortie des cours, elle va à la piscine admirer Jun qui s'exerce au plongeon. La jeune fille vit dans un orphelinat , que dirige son père, pasteur et sa mère, une femme toujours pendue au téléphone. Jun est un des rares orphelins de son âge. La plupart sont des petits dont Rié, dix-sept mois. Aya en a parfois la garde et prend plaisir à feindre de l'abandonner...
Le récit est troublant. Il raconte sans moralisme aucun les contradictions et la violence silencieuse d'une adolescente mal aimée qui se sent abandonnée par sa famille. Aya est jalouse des petits orphelins au point de leur faire du mal. D'un autre côté, elle aspire à la pureté représentée par Jun, le garçon parfait, toujours bienveillant, toujours propre dont le corps musclé baigne dans la douceur maternelle de la piscine. L'écriture est calme, posée, impassible, en opposition aux tourments de la jeune fille. Les descriptions des lieux et des objets sont en revanche particulièrement évocateurs de ses troubles.
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C'est toujours un moment magique de plonger dans l'écriture de Yoko Ogawa.
Dans cette nouvelle nous entrons dans l'institut Hikari qui recueille des orphelins, il est dirigé par les parents d'Ayan-Chan, la filette  vit donc à l'orphelinat elle semble désespérée et angoissée par sa condition, peut-être n'accepte-t- elle pas de partager l'amour de ses parents ?.
Un étrange sentiment de cruauté semble animer Ayan-Chan, elle est mechante et malfaisante envers ses petits camarades . Seul Jun un garçon athlétique qu'elle voit à la piscine excecuter de superbes plongeons, semble retenir son attention, son admiration et même sa fascination. L'amour rôde peut-être ?
     Cette nouvelle où se mêlent cruauté et beauté  est ambivalente, inquiètante et troublante. La nature est omniprésente, déchaînée et sonore : la pluie est diluvienne, le vent  souffle en typhon, la neige rentre dans la maison... l'atmosphère est pesante. Mais c'est magnifiquement écrit, yoko Ogawa a une écriture ciselée tout en finesse et poétique. Elle excelle dans ses descriptions très précises par exemple les lignes parfaites du corps de Jun en plongée et le trouble du regard de Ayan-Chan.
Ella le sens du suspens nous mène jusque dans le doute et nos interrogations intérieures.
Cette nouvelle étrange, fascinante est un sacré voyage !
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Courte nouvelle de Yôko Ogawa qui nous plonge dans l'univers d'une jeune fille dont les parents dirigent un orphelinat. Elle doit donc se plier à cette vie collective peu attractive pour elle. La présence de Jun, jeune adolescent athlétique dont elle assiste en secret à ses répétitions de plongeon à la piscine et la petite Rie qu'elle tourmente à plaisir, sont ses principales occupations.

L'auteur a su habilement créer une atmosphère particulière. Elle décrit finement les scènes et a su retransmettre toutes les émotions ressenties par la jeune fille.

Découverte troublante et une fois de plus intéressante de cette auteure japonaise.
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Aya-Chan vit dans l'institut religieuse Hikari qui fait office également d'orphelinat. S'y rendent toutes les personnes qui ont besoin d'être sauvées. Tous les enfants finiront par être adoptés et auront une vie plus belle, sauf elle.

La jeune fille se rend chaque jour en secret dans les gradins de la piscine, fascinée par Jun, ses plongeons, les reflets de l'eau.

Elle découvre en elle une profonde dualité qui aura de tristes répercussions.

Les métaphores avec l'eau (l'eau de la piscine, ses vaguelettes, son odeur de propre, la neige dans un endroit impromptu qui constitue le plus beau souvenir d'Aya, la pluie, les pleurs) représentent la pureté, les origines, le commencement, le secret, qui sont les thèmes centraux de cette nouvelle. 

Puis il y a les souvenirs d'Aya-Chan avec Jun, comme les vieilles lettres qu'ont gardent précieusement et qu'on relit parfois. Les nouvelles lettres qui ne viennent pas s'ajouter aux anciennes. 

" Je me vis tomber dans le bassin vide." 

Un texte très poétique, très troublant, où Yôko Ogawa mêle pureté, mémoire, cruauté, fin d'une époque, difficulté à exprimer ses émotions et des passages nauséabonds où la méchanceté est gratuite. Je suis certaine que si je relisais ce texte je découvrirais de nouveaux éléments. 

"Quand nous eûmes terminé notre évocation du passé, nous ne trouvâmes plus rien à nous dire. le bruit des heures qui dégringolaient entre nous s'était substitué au bruit de l'eau qui continua de s'écouler en un mince filet jusqu'à l'aube."

La piscine, p.45


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Voici un court écrit qui aborde de manière simple et très sensuelle les émois et les contradictions des adolescents, et surtout, de leur ignorance d'être vu et observé par les « grands » qui les entourent. Malgré quelques très belles phrases poétiques, j'ai été un peu déçu par un style (« pas assez japonais » à mon goût) non abouti. Mais je n'en reste pas là et d'autres ouvrages de Yôke Ogawa m'attendent qui , je l'espère, confirmeront le bien fondé des prix littéraires qu'elle a reçus.
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Voilà un petit bouquin pas mal foutu.
Une tranche de vie d'une adolescente qui se sent quasiment plus orpheline que les orphelins recueillis par ses parents.
On la dirait spectatrice de sa vie, une spectatrice amère et nostalgique.
Sa vie semble être d'une profonde monotonie troublée uniquement par 2 situations opposées. 2 moments qu'elle vit totalement au plus profond d'elle-même.
La narratrice nous offre un côté pur, lorsqu'elle admire son ami plonger à la piscine et un côté sombre, lorsqu'elle laisse s'exprimer sa cruauté envers une petite fille.
L'écriture peut se faire parfois très poétique et parfois d'une réelle froideur.
A lire.

Challenge YÔKO OGAWA sans limite de temps

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Cette petite nouvelle de Yôko Ogawa, nous confronte à l'adolescence difficile d'une jeune fille. Ses parents dirigent l'orphelinat où elle va grandir. Elle se retrouver seule parmi une multitude d'enfants abandonnés. Cette dilution des relations familiales : les petits mangent tôt avec son père, sa mère qui vit dans son monde va provoquer une perte de son innocence. Isolée, elle est partagée entre l'amour qu'elle porte à Jun, la cruauté qu'elle va porter envers une petite fille : Rie. Au début faire pleurer Rie lui suffit, puis il faut que les pleurs soient plus longs, plus forts. Elle sent un dégoût envers les petits : 'les enfants en bas âge et les animaux exotiques me glaçaient'. Sa cruauté va atteindre son paroxysme lorsqu'elle donnera un gâteau avarié à Rie : "de petites tâches roses parsemaient ses joues, ses mains et ses cuisses.C'était comme si le chou à la crème pourri avait corrompu ses viscères, donnant ainsi naissance à des moisissures roses". Elle taira son forfait afin de goûter la cruauté jusqu'à satiété.
Lien : https://nounours36.wordpress..
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Trois curieux romans, trois romans envoûtants qui pourraient tout aussi bien avoir été intitulés "nouvelles" car, outre le fait qu'il sont relativement courts, ces écrits ne traitent chacun que d'une situation, d'un portrait, d'un trait de caractère. Ils se lisent rapidement et mettent en évidence le talent alors naissant de Yôko Ogawa. le remarquable travail de la traductrice rend agréable cette lecture, bien que, comme on va le voir, la femme que l'on trouve sympathique peut être cruelle.

Dans une piscine, un jeune homme s'entraîne régulièrement au plongeon de haut vol. Une jeune fille vient tous les jours l'observer : elle contemple sa musculation. Un étrange climat absorbe le lecteur : alors que l'auteure, par touches délicates, dépeint le penchant de la jeune fille pour le garçon totalement consacré à son rituel sportif, elle nous fait découvrir une autre face de la même jeune fille, capable de maltraitance envers un bébé. Il y a là une sauce aigre-douce très curieuse à découvrir.

"Les abeilles" nous décrivent une autre atmosphère : celle d'une résidence estudiantine en décrépitude. de nouveau un étrange climat dans lequel évoluent une jeune femme appelée à rejoindre prochainement son mari à l'étranger et un homme amputé des deux bras et d'une jambe. Cette fois, pas de cruauté ; mais une curieuse empathie, quasi perverse.

Dans "La grossesse", réapparaît le thème de la jalousie et de la perversité. La jeune soeur d'une femme enceinte s'arrange pour que l'enfant à venir ait toutes les chances d'être victime de malformations. C'est du sordide distillé avec un air candide.

Bref, si vous aimez que l'on vous raconte des histoires autres que celles où "tout le monde est beau et gentil" et si vous ne craignez pas de démystifier l'image d'une Japonaise douce et attentionnée, lisez Yôko Ogawa.
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